Anonyme [1649], LE PREMIER MERCVRE DE COMPIEGNE DEPVIS L’ARRIVEE DV ROY en ceste Ville, iusques à Ieudy 10. iour du mois de Iuin 1649. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_2850. Cote locale : C_4_54_01.
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LE PREMIER MERCVRE
DE
COMPIEGNE
DEPVIS L’ARRIVEE DV ROY
en ceste Ville, iusques à Ieudy 10. iour
du mois de Iuin 1649.

EN VERS BVRLESQVES.

M. DC. XLIX.

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LE PREMIER MERCVRE
de Compiegne, depuis l’arriuée du Roy en ceste
Ville, iusques à Ieudy 10. iour
du mois de Iuin 1649.

En Vers Burlesques.

 


Apres que d’vn coup de tonnerre.
Le Ciel eust mis à bas la guerre,
Que la discorde auoit forgé
Pour rendre Paris affligé
Le Roy nostre ieune Monarque
Qui desire que nostre barque
Flotte dans le courant du temps
Sans que les flots plus inconstants,
Luy puissent causer du dommage
Se resolut de rendre hommage
A la Vierge Mere de Dieu,
Afin que ce florissant lieu,
Qu’on nomme le centre du monde
En tresors & bonheurs abonde,
Et que l’on y viue à iamais
Dans la bonnace de la paix.
Et par ce qu’il sceut que la Flandre
Estoit capable d’vn esclande
Ayant appris que l’Espagnol,
Par sa finesse & par son dol

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Luy pouuoit causer du dommage,
A l’instant ce Royal courage
Remply de zele & de ferueur,
De faire esclatter sa faueur
A ses poup les à qui commende
L’autorité de sa guirlande
Fit ceste resoluion
D’aller auecque passion
S’opposer aux forces d’Espagne
Qui flottoient parmy la campagne
Espris d’vn genereux desir,
De faire regner le plaisir
Et l’allegresse dans sa terre
Où l’Espagnol trame la guerre.
Conçeut ce glorieux dessein
De sortir hors de Sainct Germain,
Et d’aller se rendre à Compiegne
De crainte qu’vn malheur n’aduienne,
Aux Flaments les braues Soldats,
Qui font trembler dessous leurs pas,
La terre, & qui font que la crainte,
De la mort soit aux cœurs empreinte
Des Espagnols les plus hardis,
Et qui viuent dans les credits.
Partant deuant que nostre Prince
S’esloigna de ceste Prouince
Plein d’amour de zele & d’esprit
A gracieusement escrit

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Aux Maires de Paris Augustes
Qu rendent ses forces robustes,
Et qui maintiennent la splendeur
De sa souueraine grandeur.
Sa lettre demandoit le zele
Que d’vn corps de ville fidelle
Que sa Majesté peut souhaitter
Et la grace de resister
Aux estrangeres entreprises,
Et de prendre garde aux surprises.
Promettant d’honorer Paris
De ses bienfaits & de ses pris.
En suitte le Roy suit sa route
Sans danger & sans aucun doute
De l’amour de ses Parisiens,
Ses seruiteurs les plus anciens
Estant ariué dans Compiegne
Pour y faire fleurir son Reigne
Comme au reste de l’Vniuers :
A dessein, que ses Lauriers vers
Nous guarantisse du Tonnerre,
Qui dés leur temps gronde sur Terre :
Il n’est pas plustost arriué
Dans sa ville qu’il est treuué
D’vn nombre infiny des personnes
Qui viuent dessoubs ses Couronnes :
Dont incontinant la pluspart
Commence à se mettre à l’escart,

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Pour publier l’exces de joye
Que sa presence leur r’enuoye,
Ils crient tous : Viue le ROY,
Viue le ROY. Viue le ROY.
Les Tambours auec la Trompette
Par leur grand bruict rendent la Feste
Recommendable en tous les lieux,
Ou son Peuple est ambitieux
D’oüir de ses bonnes nouuelles :
On vit les Feux, les estincelles :
Des Canons voller parmy l’aer :
Apres il entendit parler
Le Fameux Aduocat de Ville,
Qui dans son Harangue Ciuille
Faisoit sçauoir à nostre Roy
Le Zelle, l’Amour & la Foy
De ses Concitoyens sinceres,
Et leurs ambitions prosperes.
Le lendemain dessus le soir
On fit à sa Majesté voir
Dix ieunes belles Damoyselles
Habillées en Pastorelles
Qui danserent d’vn air fort gay
Des dances que le mois de May.
On a coustume de produire
Pour faire le printemps reluire
Apres ces pompes & ces jeux.
Le Roy de ces peuples sogneux

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Fait despecher de diuers ordres
Pour empescher que les desordres
N’arriuent point au Pays-bas,
Et que l’Espagnol aux combats.
N’emporte dans le Cathalogue
D’auantage sur sa Couronne.
Iamais Roy dans ce ieunes ans
N’a si bien employé son temps
Comme nostre ieune Monarque.
Et pour vous en donner la marque.
Vous sçaurez qu’apres quelques iour
Pour rendre plus beau son sejour,
Luy mesme traça l’edifice
Qu’il vouloit que pour son seruice
On bastit soudain dans ce lieu,
Il se plaist fort à seruir Dieu,
Toutes les Faictes solemnelles
Pour luy tesmoigner ses grands zelles,
Il assiste durant le iour
Auec la fuite de sa Cour,
Au seruice, qui dans l’Eglise
Cathedralle l’on solemnise
I’honnore sa deuotion.
Et i’admire l’affection
Qu’il porte à son vnique frere.
Le Duc d’Anjou, dont l’on espere
Que le bras guerrieres & puissant
Le rendra Maistre du Croissant,

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Ce ieunes Princes ont ensemble
Faict aller leur cheuaux à l’amble
Et chassant parmy des forrests
Et proche des diuers marrets
Leur Ministre d’Estat fidelle
Faict que son ardeur estincelle
Dans tous les affaires d’Estat,
Il ayme tant son Potentast.
Qu’à tous les momens il medite
Des nouueaux moyens, dont la suitte
Soit esgalle au commencement
Ces iours passez joyeusement
Il festina dans vne salle,
Le Roy, son Altesse Royalle,
Monsieur le Prince de Condé,
Qui pour lors estoit seconde
De Monsieur le Duc de Vandosme,
Et du docte Pere Richosme,
Du Mareschal de Ville-Roy
Qui tient certainement sa Foy.
Vous scaurez que Monsieur le Prince
Pour s’en aller voir la Prouince
Qu’il a pour son gouuernement
Partit de la Cour promptement.
Que le Mareschal de Mothe
D’Haudancourt dans ceste vilotte
Est arriué proche du Roy.
La Reyne Mere fous sa Foy

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Le receut auec allegresse
En luy faisant ceste promesse,
Que sa Majesté dans son cœur
N’auoit pour luy point de rencœur
Mon deuoir m’oblige de dire,
Ou bien plutost de vous escrire
Que la Reyne Mere du Roy,
Pour tesmoigner la viue Foy
Qu’il a pour Dieu nostre bon Maistre,
Faict sa deuotion paroistre
En ceste Octaue mesmement
Du tres-Auguste Sacrement
Lequel dans l’Eglise elle honore
Dans les Processions encore
Elle le suit de pres en pas
Deuant comme apres ses repas.
Le Roy pour imiter sa Mere
Tesmoigne sa candeur sincere
Auec Monsieur le Duc d’Anjou,
Nous qui viuons dessous son jou
Deuons croire que nostre vie
Sera d’vn grand bon heur suiuie
Les nouuelles qu’vn Messager
Rapporta que sans nul danger
La Flandre estoit en asseurance
Comme le reste de la France,
Et que l’Archiduc Leopold
Lequel auparauant a tort,

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S’estoit saisi de quelques places
A senty du Ciel les disgraces
Ayant perdu dans les combats
Toute l’eslite des soldats
Qui combattoient dans son armée
Rendirent la joye animée
De nostre Prince sans pareil
Plus esclatant que le Soleil.
Toute la Cour à son exemple
Eut vne liesse tres-ample,
Et par son imitation
Redoubla sa deuotion.
Dimanche dernier iour sixiesme
La Reyne qui tendrement ayme
Nostre Roy, nostre seul objet,
Dont Dieu benit le grand projet
Le pria d’aller oüir Vespres
Pour loüer Dieu, de qui les Sceptres
Dependent tres-absolument.
Il si portat deuotement
Accompagné de sa Noblesse
Qui reuerent sa gentillesse.
En suitte il oüyt le Sermon
Où l’on parla de Salomon,
De sa sagesse incomparable.
Ce discours luy fut agreable,
Il receut auec passion
La saincte benediction

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Du Sainct Sacrement tres-Auguste,
Qui comme vn autre Louys Iuste
Le fera reigner à iamais
Heureux en guerre & dans la paix.

 

FIN.

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