Anonyme [1652], LE QVODE DE MESSIEVRS DE COMPIEGNE PRESENTÉ AV ROY. CONTRE Le Cardinal Mazarin, & ses adherans. Auec l’Affiche, Affiché dans la ville de Compiegne, du premier iour de Septembre 1652. contre le Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2956. Cote locale : C_12_51.
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LE QVODE
DE MESSIEVRS
DE COMPIEGNE
PRESENTÉ
AV ROY.

CONTRE
Le Cardinal Mazarin, & ses adherans.

Auec l’Affiche, Affiché dans la ville de Compiegne,
du premier iour de Septembre 1652. contre le
Cardinal Mazarin.

M. DC. LII.

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LE QVODE
DE MESSIEVRS DE COMPIEGNE,
Presenté au Roy, contre le Cardinal
Mazarin.

Auec l’Affiche, Affiché dans la Ville de
Compiegne contre ledit Cardinal.
AV ROY.

SIRE,

Toutes les Prouinces, ayant escrit à Vostre
Maiesté, par plusieurs fois, touchant les affaires
de Vostre Ministre d’Estat, Vostre Maiesté
aura pour agreable ce petit Quode, dressé
par les Bourgeois de vostre bonne Ville de
Compiegne, lequel Quode, est pour monstrer
à Vostre Maiesté, combien le Cardinal Mazarin
est nuisible à l’Estat, & incompatible auec
la France, dautant que les François, qui ont
esté tousiours nez dans la franchisse & ont accoustumé

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de viure en liberté, & non pas estre
estraint par vn Estranger qui n’a iamais aymé
que les fourberies, & lequel a trompé tous
ceux qui ont traitté auec luy, Plaise à vostre
Maiesté d’écouter l’Affiche des Bourgeois de
vostre bonne Ville de Compiegne, & il plaira
à Vostre Maiesté y auoir égard, afin de mettre
la Paix en vostre Royaume, & reunir toutes
vos Prouinces, & comme nous sommes obligez
à estre.

 

DE VOSTRE MAIESTÉ,

Vos Fidelles Sujets vos bons
Bourgeois de vostre bonne
Ville de Compiegne.

De Compiegne ce I. iour de Sept. 1652.

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Le Quode de Messieurs de
Compiegne presenté au
Roy.

Contre le Cardinal Mazarin.

Qvelle superstition plus inhumaine, &
plus barbare se peut on figurer dans le
monarque d’immoler l’vn des obiets le plus
digne d’amour, qui soit en la Nature, à des
ceremonies, qui n’ont point d’autre Religion,
& d’autre pieté que quelque attachement
honteux & sacrilege, aux erreurs mercenaires
& ridicule d’vne fausse Diuinité.

C’est neantmoins là l’origine des plus horribles
& plus funestes tragedie, qui ait paru
depuis la Creation du monde dedans tous les
coins de la terre, où l’on a veu des enfers de
supplices, pour ceux qui refusoient d’adorer
vn Idole. C’est ce qui a ietté dedans tant de
desastres, des maisons & des Villes entieres,

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qui a changé des plus belles Prouinces, en des
affreuses solitudes qui a renuersé les murailles
& detaché les fondemens des Republiques,
qui a reduit des Princes à la chaisne, mis des
familles à la nudité, condamné des enfans à
mort, qui n’auoient pas presque gousté les
douceurs de la vie, & prostitué des filles & des
femmes au des-honneur qui leur estoit mille
fois plus cher, & plus sensible que toute sorte
de supplices.

 

Enfin Monseigneur, vous auez desia vzé
de toutes ces sortes de manie, nous ne sçauons
quand vous cesserez vos cruautez & barbaries,
& quand vous appaiserez vostre malheureux
genie, Compiegne est desia las de voir vostre
Eminence, & le plutost que vous pourrez vous
en esloigner ce sera le meilleur. La piece de
Compiegne ayant esté imprimée, laquelle
vous condamne à mort, & comme l’on dit
que vous ne meritez que cela, tous vos grands
amis & Substituts se meurent, & si vous auez
pour agreable que l’on vous die le nom vous
n’auez qu’a les escouter tous gemissant & outré
de passion, de voir vostre Armée deffaitte,
& de vous voir vous qui estes leur Maistre condamné
à mort.

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Champlastreux, est extremement malade d’vne
fieure chaude. Bailleul, a vn mal de ventre,
lequel craint qu’on ne le face purger sa
bource. Caniuet, à vne fieure lente. Desterosses
a tousious son mal de cœur, lequel ira
au tombeau. Le Vasseur n’en peut plus. Cornuel,
a la migraine. Ragonois a la purcsie. Boutin,
à l’apoplexie. Bertaut à perdu le iugement.
Vaille, est dans la biere du desplaisir<lb/> qu’il a eu de vous voir condamner à mort. Le
Feubre, ne sçait ce qu’il doit faire. Marqua,
va respirer le dernier moment, La Forest pleure
nuict & iour. Margonne a vne melancholie
bien dangereuse, &c.

Vostre Amy le petit Bonneau vous parle de
la sorte Monseigneur, vous voulez faire des
rodomontades de Goliath comme il fit contre
les Suiets de Saül, lesquels voyant parestre vn
Geant nommé Goliath, homme inconnu, &
qui n’auoit rien de plus recõmendable qu’vne
grosse masse, effroyable de corps dont la hauteur
estoit au moins de six coudées, & qui pour
imprimer encore plus d’horreur & d’effroy aux
yeux de ceux qui le voyoient, auoit premierement
en teste vn grand casque d’airain, & sur
le dos vne grosse cuirasse chamaillée d’écailles,

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qui pesoit au moins cinq mil de cuiure, & puis
pour ne donner aucune prise aux ennemis, il
auoit des cuissarts, & vne certaine espece de
brodequins d’airain derriere le dos & vne rondache
la quelle estoit de mesme matiere que le
reste de son armeure, quet à ses armes offensiues,
il auoit vne lance dont le seul fer estoit du
poids de six cens & dont le fust estoit comme
vn gros chesne, de sorte que la mine de ce
Geant estoit seule capable d’estonner toute
vne armée.

 

Ainsi de mesme son Eminence vze de rodomontade,
il dit qu’il fera bien du mal, & il
est vray qu’il en fait, auec le pouuoir que l’on
luy donne, comme on le pourroit donner si
l’on vouloir au plus vil de tous les hommes, &
en luy donnant, de luy-mesme il en fait six
fois autant que l’on ne luy dit, c’est pour quoy
que le petit Bonneau l’accompare à Galiath
auec Achaz.

Hé ! bien miser able Sicilien que pense tu
faire, encore que tous tes Partisans sont extremement
faché de ton malheur, il faut neantmoins
que tu meure pour faire dire la verité
au petit Bonneau.

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C’est Cathelan ton grand fauory, qui ta accomparé
à d’Achaz Roy de Iuda lequel faisoit
mourir tous les Innocens, c’est donc là le malheur
qui entraisna ce Roy de Iuda, qui luy fit
prendre son propre fils pour l’immoler aux
Idoles Moloc, au pieds duquel il ietta cét enfant
dans vn brasier où il fut consumé par les
flammes, & consacré à cete fausse diuinité.

N’est ce pas là vne estrange ceremonie pour
consacrer le regne d’vn siecle & pour laisser à
la posterité des marques eternelles de son impieté.
Ie sçay bien neantmoins que Theodoret
& quelques autres, que Achaz se contenta
de passer ses enfans au milieu des flammes ce
qui s’est pratiqué non seulement parmy les
Amonites & chez les Egiptiens, mais encore
chez les Tartares & plusieurs autres Nations ;
ou les amis auoient coustume de preuenir leurs
sacrifices par ce triste appareil & par de semblables
preludes : Mais il est probable, comme
Iosephe nous l’asseure que ce cruel consuma
l’holocauste, & que pour rendre son sacrilege
plus remarquable, & plus celebre, il se porta
iusques aux derniers excez ou peut passer l’ardeur
des plus noires impietez.

Or sus Iules Mazarin, voyla a quoy on te

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peut accomparer, & voyla ce que tu ferois si
on te laissoit faire, mais nous tacherons auec
la Grace de Dieu d’y mettre ordre, & nous
sommes asseurez que Messieurs de Compiegne
nous presteront la main, pour t’exterminer.

 

Premier Affiche, Affiché
dans la Ville de Compiegne
le premier iour de
Septembre 1652-contre le
Cardinal Mazarin.

SIRE,

C’est la voix de tout vostre Peuple, de Compiegne
qui parle par ce present affiche, pour
faire entendre à Vostre Maiesté, que n’osant
vous dire de bouche, ce que nous disons pat
ce present escrit, & que nous ayons bien dessein
defectuer nostre volonté. Vostre Maiesté

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aura pour agreable, découter celle cy, qui
est de chasser le Cardinal Mazarin de la Cour,
& luy donner vn lieu de retraitte, car nous receuons
des lettres de tous costez, touchant ses
trahisons & nous vous disons, en verité, Sire,
qu’il enuoye tout vostre argent du costé de
Sedan auec plusieurs bagage, il plaira à Vostre
Maiesté, Sire, que d’aggreer celle-cy ou de
nous permettre de mettre main basse sur luy.
Sire, voylà pour la premiere fois. Fait ce premier
iour de Septembre 1652. Vos fidelles
Subiets les Bourgeois de vostre bonne Ville de
Compiegne, & autres Bourgeois qui ont eu
part aux affiches aussi bien comme nous.

 

FIN.

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Anonyme [1652], LE QVODE DE MESSIEVRS DE COMPIEGNE PRESENTÉ AV ROY. CONTRE Le Cardinal Mazarin, & ses adherans. Auec l’Affiche, Affiché dans la ville de Compiegne, du premier iour de Septembre 1652. contre le Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2956. Cote locale : C_12_51.