Anonyme [1652], LE RECIT VERITABLE DE LA CHASSE DONNÉE A L’ARMÉE Mazarine, par Monsieur le Duc de Beaufort. Ensemble ce qui s’est passé à la prise des Fauxbourgs de Gergeau, par les trouppes de son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M1_194. Cote locale : B_9_8.
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RECIT VERITABLE DE LA
Chasse donnée à l’armée Mazarine par Monsieur
le Duc de Beaufort : Ensemble ce qui s’est
passé à la prise des Faux bourgs de Gerieau,
par les trouppes de son Altesse Royalle.

Apres la prise de la ville & Chasteau de Montargis,
par Monsieur le Prince de Condé, & l’ordre
mis pour la conseruation, sçachant que le Cardinal
Mazarin auoit fait passer deux mille hommes sur
le Pont de Gien en Gastinois, en quatorze Regimens,
tant Cauallerie qu’Infanterie pour secourir lad.
ville de Montargis, & ne l’ayant peu faire, à la veuë de
l’armée de son Altesse Royalle ils s’estoient postez, sans
d’auantage auançer, au lieu dit la Bussiere en Gastinois
appartenant à Monsieur du Tillet Greffier en
chef de la Cour de Parlement de Paris, où il y à vne
Maison de Peres de l’Oratoire, lesquels sçachant la
venuë de ces trouppes Mazarines & comme elle
auoient pillé quantité de lieux sacrez prez Blois & ailleurs,
ils osterent tout ce qu’il y auoit de plus precieux
& de meilleur de leur Eglise & Maison, & enuoyerent
le tout à Chastillon sur Loin, à trois lieuës de la,
pour euiter le danger qu’il y auoit, que ces impies

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sacrileges ne les emportassent,

 

Auant que Monsieur le Prince partist de Montargis,
Monsieur le Duc de Beaufort prenant quinze
cens Cheuaux à l’eslite, cinq cens Dragons ou Mousquetaires
à cheual & enuiron huict cens fantassins
de son armée, sans bagage, alla droict audit lieu
de la Buissiere, ou les Mazarins faisoient mine de
l’attendre & de combattre ; Mais ils n’eurent pas
le temps de se mettre en ordre, car comme ils virent
que Monsieur de Beaufort auoit ordonné ses
trouppes en formes de croissant pour les enfermer
& les attaquer sans les laisser eschapper. Ils sonnerent
aussi tost la retraitte, laquelle ils ne peurent faire si
promptement qu’ils ne fussent chargez par la Caualerie
de son Altesse Royale, qui en defit plus de cinq
cens, ce qui a donné lieu au bruit qui courut que
l’armée Mazarine auoit esté deffaite, (ce qui n’estoit
pas) le reste de ces deux mille hommes repasserent la
Loire sur le Pont de Gyen & retournerent en Berry,
où elles attendent trois mille hommes que le sieur du
Plessi Belliere (apres auoir repris la ville de Xaintes)
ameine pour grossir leur armée, outre Courrier sur
Coutrier qui ont esté enuoyez au Comte d’Harcourt,
pour venir auec son armée ioindre les trouppes Mazarines,
& ensuite donner bataille.

Ces trouppes souffrent grande incommodité de
viures & de fourrage, le pain si vendant dix & douze
sols la liure de farine de seigle : Le pays de Sologne estant

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presque tout ruyné, ne pouuant fournir
de bleds ny de fourages à tant de bouches,
n’estant des meilleurs terroirs, & faudra
ou que ceste armée change de pays, où
quelle vienne à vne bataille, comme ne pouuant
autrement subsister.

 

La prise du grand Faux-bourg S. Denis
de Gergeau, par les trouppes de son Altesse
Royale.

LE Comte de Paluau Commandant vn
corps d’armée Mazarine en Berry, pour
tenir Mouron comme blocqué, fut com
mandé de s’auancer vers la Loire, pour ouurir
vn passage aux trouppes du Comte de
Vaubecourt, leuées en Champagne, & comme
la ville d’Orleans se fut declarée pour son
Altesse Royale, le Comte de Paluau eut
ordre d’assaillir Gergeau, comme il fit, & le
prit auec son Pont sur Loire, par lequel passerent
ces trouppes de Champagne : mais
quelques iours apres le Baron de Sirot Mareschal
General de Camp en l’armée de son

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Altesse Royale, fut commandé d’y aller auec
son corps-d’armée pour l’assieger, ce qu’il fit,
aux approches il y eut vn grand combat auec
perte de beaucoup d’hommes de part & d’autre,
auquel ledit Baron de Sirot fut blessé
d’vne mousquetade au visage, ce qui le fait
abstenir de la guerre, neantmoins les Mazarins
furent contraints de se retirer en la ville
& d’abandonner le Faux-bourg sainct Denis,
deux fois plus grand que la ville, où estoit
vne arche qui y passoit de la Ville, laquelle
fut rompuë, & s’est on grandement barricadé
contre ceste ville, qui ne sert à present
aux Mazarins pour passer leurs trouppes en
Gatinois, & n’ont que le Pont de Gien, mais
on à donnée si bon ordre aux enuirons, que
l’ayant passé au deça, il leur est fort difficile
d’auancer & s’eslargir : Ioinct la grande disette
d’argent & de viure qui est parmy-eux, sur
quoy ils ne peuuent faire grands progrez,
puis qu’ils auroient incontinent à leur trousses
l’armée de Monsieur le Duc de Nemours,
qui est en bonne resolution de se battre contre
les Mazarins.

 

FIN.

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Anonyme [1652], LE RECIT VERITABLE DE LA CHASSE DONNÉE A L’ARMÉE Mazarine, par Monsieur le Duc de Beaufort. Ensemble ce qui s’est passé à la prise des Fauxbourgs de Gergeau, par les trouppes de son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M1_194. Cote locale : B_9_8.