Anonyme [1649 [?]], LE SALVE REGINA DE MAZARIN ET DES PARTISANS , français, latinRéférence RIM : M0_3578. Cote locale : A_7_35.
LE SALVE REGINA DE MAZARIN ET DES PARTISANS
LA frayeur qui nous espouuante, Poussée d’vn iuste courroux, Nous fait venir la voix tremblante, Vous dire humblement à genoux, Salue Regina.
Salue Regina.
Nous preuoyons vne misere, Qui nous menace pour tousiours, Si vous : ô Reine debonnaire, Ne venez à nostre secours, Mater misericordiæ.
C’est à vous que nos vœux s’adressent Pour obtenir nostre pardon : Desja les poursuites nous pressent, Ne nous laissez à l’abandon, Vita, dulcedo & spes nostra, salue.
Ne demeurez point irritée, Des vols que nous auons commis : La peine n’est pas meritée, Puisque vous nous l’auez permis, Ad te clamamus.
Ouy, nous crions à haute voix, Que nous n’y retournerons plus : Faites nous pardon cette fois, Ou bien nous sommes tous perdus, Exules filii Euæ.
Ceux qui sont mis en garde seure, Ou qui sont tenus prisonniers, Reine, vous disent à cette heure, Quand il faut rendre les deniers, Ad te suspiramus gementes & flentes.
Quand nous voyons vn camarade, Qu’on enuoye dans les prisons, Nous aimons mieux batre l’estrade, Qu’estre comme nos compagnons, In hac lacrymarum valle.
Apres auoir preueu l’orage, Nous nous sommes mis à resuer, Craignant qu’estant mis dans lacage, On nous contraindra de crier, Eia.
Et voyant que personne n’ose Venir deferer des premiers, Qu’est ce-qu’on demande autre chose, Qu’vn rembourcement de deniers ? Ergo.
On vous rendra cette Finance Faisant fonds de ce qu’auons pris, Et nous laissant en patience, Soyez vers le Roy vostre Fils, Aduocata nostra.
Vous le pouuez, ô grande Reine, Tout nostre trouppeau le predit ; Changés endouceur vostre haine, Chacun l’espere, quand il dit, Illos tuos misericordes oculos.
Le bruit de nos mal-heurs embarque Et au Ponant & au Leuant : L’amitié de nostre Monarque Comme elle estoit auparauant, Ad nos conuerte.
Rendez la liberté perduë, Pour tous les accidens diuers Vostre clemence est reconuë L’on chantera par l’vniuers, & LVDOVICVM benedictum.
Au lieu d’vn superbe carosse : D’vne charette, ou d’vn gibet, On nous menasse d’vne fosse : Intercedez donc, s’il vous plait, Fructum ventris tui.
Ostés nous la peur des supplices, Nous ne sommes que trop punis, Puisque nos charges & Offices Sont desia declarés vnis. Nobis post hoc exilium ostende.
Nous auons merité la corde, Ou vn semblable traittement, Faite faire misericorde, Au lieu d’vn iuste chastiment, O clemens,
Nostre confession de bouche, La satisfaction d’vn pecheur, Et la componction nous touche Iusqu’au centre de nostre cœur, O pia,
Ces bons Peres qui sont si sages, Nous ont promis dans nos besoins La plus grand part de leurs suffrages, Et nous la part de nos larcins, O Mater Anna.
Quand vous direz au Roy, Madame, Pardonnez à vos Financiers, Vous verrez que de cœur & d’ame Ils chanteront tous les premiers. Amen.
|
Section précédent(e)
|
Anonyme [1649 [?]], LE SALVE REGINA DE MAZARIN ET DES PARTISANS , français, latinRéférence RIM : M0_3578. Cote locale : A_7_35.