Anonyme [1649], LE SECOND MERCVRE DE COMPIEGNE, DEPVIS LE SIXIESME Iuin iusques au dix neuf. En Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2850. Cote locale : C_4_54_02.
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LE SECOND
MERCVRE
DE
COMPIEGNE,
DEPVIS LE SIXIESME
Iuin iusques au dix neuf.

En Vers Burlesques.

M. DC. XLIX.

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LE SECOND
MERCVRE
DE
COMPIEGNE
Depuis le sixiesme Iuin iusques
au dix neuf.

En Vers Burlesques.

 


Dvrant ceste adorable Octaue,
Où l’Ame des pechez plus graue
S’humilie profondement
Deuant le tres Sainct Sacrement,
Sa Majesté qui suit l’exemple
De sa Mere qui le contemple,
Et regarde comme vn Soleil,
Qui n’a iamais eu son pareil,
A fait voir sa deuotion
Auec tant d’admiration,
Que ie suis constraint d’oser dire,
Que nous deuons dans cét Empire,
Esperer de sa Majesté,
Tout bon heur & felicité,
Durant les huict iours de la Feste,

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Ce ieune Roy la nuë teste
Suiuoit l’Olocauste de Dieu,
Et la Reyne Mere au milieu
Des Processions tres-scelebres,
Qui l’enuie dans les tenebres,
Ny les Demons mesme d’Enfer
Ne sçauroient iamais estouffer,
Le Conseil d’en hault le dixiesme,
Où courant d’vne ardeur extreme,
Fust scelebré dans le Chasteau,
Dans la Salle auec le flambeau,
Où ceste Auguste Compagnie,
Plaine d’vne amour infinie,
Pour les suiets de nos Estats,
Resolut de remettre à bas,
Les superbes desseins d’Espagne,
Laquelle iour & nuict n’espargne,
L’artifice & confusion,
Pour semer la discension,
Principalement aux frontieres,
Qui se mocquent de leurs carrieres,
Le Roy selon son bon Conseil,
Pour nostre bien vniuersel,
A resolu dedans Compiegne,
De peur que mal heur nous auiẽne
De se porter à Amiens,
Le logis des plus anciens,

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Tres Grands Monarques de la Frãce,
Nous deuons auoir esperance
Que l’Espagnol l’espee en main,
Ne forcera pas nostre sein,
Plusieurs & diuerses nouuelles,
Qui sont cause de nos querelles,
Sont cause encore que la Cour,
Fait dans Compiegne son seiour,
On dit que Chimielniski leue
Des Soldats pour rompre la treue
Des Turcs auecque les Chrestiens,
Et qu’il se sert des grands moyens,
Pour leuer vne grande armée,
Et sa rage estant animée,
Qu’il a fait mourir vn Bacha
Que l’on sur nomme Tapicha,
Les Turcs auecque les Tartares
Composent des Troupes Barbares,
Dont il est fait le General,
Et dessus la Mer l’Admiral,
Afin d’éuiter malencombre
Il tasche d’auoir vn grand nombre
Des Soldats de plusieurs pays,
Et vous seriez tous esbays
Si ie vous disois que les sommes
De Soldats sont deux cens mille
Agguerris & biẽ arnachez, (hõmes

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Nous esperons que leurs pechez
Rendront leur armée en fumée
Au lieu qu’elle soit animée,
Et qu’elle remporte le prix
Sur le troupeau de Iesus-Christ,
Sa Maiesté qui ne desire
Que de rendre son grand Empire
Aussi florissant qu’il est beau,
Espere apres le renouueau,
Où bien du moins apres l’Authône
Par le pouuoir de fa Couronne,
Former dans l’Europe la Paix
Afin qu’elle puisse en apres
Auecque les autres grands Princes,
Chastier toutes les Prouinces
De ces parricides Anglois,
Et les reduire en des abbois,
En punitions de leurs crimes,
Selon leurs Royalles maximes,
Le Roy durant cinq où six iours,
Lors qu’il eust ouy le discours
Que l’on faisoit d’vn grand Comete
A tenu sa langue muette,
Ce ieune Prince monstre assez
Le grand & violant excez
Qu’il a pour ses suiets fidelles
L’Amour auec ses estincelles

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Ambrase le fonds de son sein
Et luy fait auoir le dessein
De mettre fin en cette Guerre,
Et le Ciel qui cherit sa terre
Tesmoigne auecque passion
Auoir la mesme affection,
Il est tousiours dans l’exercice,
Sa Royalle humeur sans malice,
Montre de si grandes douceurs
Que l’õ diroit que les nœuf Sœurs,
Se sont renduës domestiques
De ses entretiens magnifiques,
Il sust le treize de mois
Voir le Duc d’Anjou dans vn bois,
Qui s’aygaioit sur la haquenaye
Qui le premier iour de l’année,
Luy fust donnée pour present
Par le Pape dit Innocent
Le Duc d’Aniou l’obiet du mõde,
Auecque sa perrucque blonde,
Le salua tres humblement
Et le Roy d’vn ambrassement
Luy tesmoigna l’ardeur extreme
Dont depuis son enfance il l’ayme,
Ils sont tousiours dans la forests
Parmy les chants & les marrets
Dans le doux plaisir de la chasse,

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Où dans l’entretien de Parnasse
Compiegne n’a qu’vn déplaisir
Quand le Roy change de desir,
De demeurer dans son enceinte,
Où son amour auec la crainte
Paroistront eternellement,
Car le temps par son changement
Ne pourra perdre la memoire
De son merite & de sa gloire,
Le quatorsiéme de ce mois,
Il receut en diuerses fois,
Les Harangues des grands Genies,
Et des plus doctes Companies,
Que Compiegne puisse garder,
Afin de luy recommander
Leur bonne & tres-chere patrie,
Six beaux garçons sans flatterie,
Luy presenterent de beaux vers
Sous du papier marbré diuers,
Apres des ieunes Damoiselles
Firent semblant d’auoir querelles
Et se plaindre contre le sort,
Puisqu’il leur rauissoit à tort
L’Amour & l’obiet de leurs ames,
Le Roy voyant leurs viues flammes
Auec que grande passion,
Leur montra son affection,

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Auec le Duc Aniou son frere
Qui pris d’vne douce colere,
Protestoit de ne point quitter
Ceste ville & d’y subsister,
Mais la Reyne Mere Regente
Rendit son humeur violente,
Fauorable à ce bon dessein,
Qu’elle nourrit dedans son sein,
De maintenir tousiours la France
Dans son heroïque puissance,
Si bien qu’on vit le l’endemain.
Que la Cour partit tout soudain,
Pour Amiens ville de marque,
Dans laquelle nostre Monarque
Doit donner des puissauts Edicts
Contre les crimes & delicts
Mal-heureux de la Felonnie,
Ce que personne ne dénie
Le Mercure qui suit apres
En doit faire vn recit expres.

 

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