Anonyme [1649], LE SIEGE MIS DEVANT LE PONTEAV DE MER: PAR l’ordre du Duc de Longueville. Que le Gouverneur & les habitans du lieu ont fait lever. Le Te Deum chanté pour la ratification de la paix avec l'Empire: Et ce qui s’est n’aguéres passé à la Cour. , françaisRéférence RIM : M0_3670. Cote locale : A_1_20.
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La levée du siége de Ponteau de mer investi par huit
cens hommes de pied & quatre cens Chevaux
du Duc de Longueville.

C’Est quelque chose de se bien deffendre
mais quand la valeur se trouve en des bourgeois

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dont on ne l’attendoit pas quand des gens
non aguerris & qui ne s’attendoi?t à rien moins
qu’à quitter leur trafic pour prendre les armes,
s’en acquittent aussi bien que s’ils estoient
de longue main expérimentez au fait de la
guerre, c’est plus de loüange, & vn tesmoignage
qu’on ne peut desormais douter de leur affection
envers leur Prince. Ce que vous allez
aprendre des habitans de Ponteau de mer, ville
de Normandie n’aguéres réduite au service du
Roy par le Comte d’Harcourt.

 

Tandis que ce Prince se maintenoit dans cette
Province, par la réputation de son courage
& de sa conduite jointe au respect qu’imprime
le parti Royal dans les cœurs du party contraire,
qui ont empesché le Duc de Longueville
de prendre aucun avantage sur luy, bien que le
renfort qu’il attendoit ne l’eust pas encor joint
comme il a fait depuis, à sçavoir le sixiéme de
ce mois.

Le sieur de Chamboy Capitaine Lieutenant
de la compagnie des gens-d’armes du Duc de
Longueville ayant choisi la nuict du deux au
troisiesme de ce mois pour n’estre point aperceu
au dessein qu’il avoit d’attaquer cette ville
de Ponteau de mer, il s’y rendit des la pointe
du jour du troisiesme à la teste de quatre cens
Chevaux & de huict cens hommes de pied.

Aussi tost qu’il fut arrivé il fit sommer le sieur

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de Folleville Mareschal de camp, que le Comte
d’Harcourt y a laissé pour commander, de lui
rendre la place, & voyant qu’il ne lui respondoit
pas à son gré, le fit sommer vne seconde fois :
à laquelle sommation ce Gouverneur lui ayant
respondu à coups de mousquet, ledit sieur
de Chamboy logea son infanterie dans le fauxbourg,
& fit ataquer les premières barricades,
mais ce Gouverneur estant sorti avec soixante &
dix soldats du régiment qu’il commançoit à lever,
il leur dit,Compagnons, si vous voulez que
je vous croye capables de servir le Roy, comme vous
me l’avez tous asseuré, il me faut montrer icy ce que
vous sçavez faire : dequoy vous voyez bien que j’ay
bonne opinion, veu que je me mets à vostre teste, sans
vous avoir veu encor l’épée à la main.Paroles, qui
animérent tellement ces nouveaux soldats,
qu’ils se jettérent à corps perdu sur les ennemis,
en tüérent quinze ou vingt sur la place, & donnérent
la chasse au reste.

 

Toutefois cette disgrace n’empescha pas que
le sieur de Chamboy, voulant tenir parole au
Duc de Longueville, ne fist encore quelques attaques
en d’autres lieux : mais ils furent si bien
repoussez par les bourgeois du lieu, desquels ils
pensoyent avoir meilleur marché, qu’ils n’avoyent
eu des premiers, que le grand feu que
firent ces braves habitans, de leurs murailles
& de leurs barricades, contraignirent ledit

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sieur de Chamboy & toute son infanterie & cavalerie,
qui avoit mis pied à terre, à se retirer cõme
auparavant, & ceux cy à remonter sur leurs
chevaux, pour se sauver avec plus de diligence :
non sans quelque honte d’avoir fait battre par
des bourgeois, des troupes enrollées, en vn si
grand nombre contre vn régiment non encore
parfait, les prémiers ayans particuliérement
donné des marques de leur fidelité & affection
au service du Roy, & le Comte d’Harcourt
n’ayant point esté obligé pour secourir cette ville
là de quiter son quartier de la Haye Malerbe,
d’où l’on nous a escrit ces nouvelles le cinquiesme
de ce mois.

 

Imprimé à Saint Germain en Laye, le dixième Mars
1649. Avec privilége du Roy. 

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Anonyme [1649], LE SIEGE MIS DEVANT LE PONTEAV DE MER: PAR l’ordre du Duc de Longueville. Que le Gouverneur & les habitans du lieu ont fait lever. Le Te Deum chanté pour la ratification de la paix avec l'Empire: Et ce qui s’est n’aguéres passé à la Cour. , françaisRéférence RIM : M0_3670. Cote locale : A_1_20.