Anonyme [1651], LE TEMPERAMENT AMPHIBOLOGIQVE DES TESTICVLES DE MAZARIN AVEC SA MEDECINE. Par Maistre IAN CHAPOLI, son Medecin Ordinaire. Tales sumus ex quibus nutrimur. , français, latinRéférence RIM : M0_3758. Cote locale : E_1_42.
LE TEMPERAMENT AMPHIBOLOGIQVE DES TESTICVLES DE MAZARIN AVEC SA MEDECINE. Par Maistre IAN CHAPOLI, son Medecin Tales sumus ex quibus nutrimur.
QVi croiroit cette verité, Que mon Maistre, Messire Iules, Aye acquis son Authorité Par l’effet de ses Testicules ? On le doit bien certainement, Puis qu’on a veu vostre Eminence, Monter au Trône de la France, Pour y commander pleinement ; Certes vous voila bien (cher Maistre) dans vn degré supréme, Si en voulant tout perdre, n’eussiez perdu vous mesme,
I’avouë que ce grand bon-heur, Vous venoit d’vne bonne source, Puisque pour vuider vostre humeur, Vous remplissiez tres-mieux la bource ; L’on croit pour article de foy, Que par la vertu de ce baûme, Vous possediez dans le Royaume Tant d’authorité que le Roy : C’est vn prodige sans pareil, que cete huille miraculeuse Vous aye fait regir ce Corps, par vne partie si honteuse.
Vostre Orvietan par son renom, S’étendant par toute la France, Vous fit acquerir le surnom De Grand-Maistre de la cheuance ; En quoy vous reussites si bien, Tant pour la basse qu’haute ligne, Que de vous en voir si insigne, L’on vous a crû Magicien : Mais on c’est trompé lourdement de vous tacher de ces faux tiltres Qu’on a voulu vous imposer, pour vous estre serui de filtres
L’on a veu que par vos parfums, Pastiles, eaux, & confitures, Auez fait sortir les deffuns Du profond de leurs sepultures : Car sans singler en haute mer, Par l’art de pescheur tres-insigne, Vous acrochiez à vostre ligne Les perles qu’on n’ose nommer : Ha ! quel art, quel secret, quel mestier est le vostre, Qu’on vous juge plutost faux Prophete qu’Apostre.
Chacun veut sçauoir ce Secret, Chacun m’en demande la cause, Mais comme Medecin discret, Sans vostre authorité, ie n’ose ; Mais puisque c’est le bien de Tous, Et qu’ardamment on le desire, Ie trouue à propos de le dire, Pour mieux faire parler de vous : L’on voit bien sans difficulté, que tous vos huiles sont Chimiques, Puisque tout vostre or vient du feu, de vos vaisseaux spermatiques.
Pour tout declarer hautement, Il est besoin que ie commance, Par l’illustre temperament Que vous auez eu de naissance ; Et sans longue digression : Vous auez tiré de Nature Vne chaude temperature, Et tres-mole complexion ; Cela fut vn grand préjugé de vostre vertu (Mon cher Iules,) Que si vous n’en auiez au Chef, vous en auiez aux Testicules,
Pendant cette tendre Ieunesse, L’on vous mit chez vn Cardinal, Qui vous voyant plein de molesse, Vous choisit pour son vrinal : Or vous y sçeutes si bien estre, Que dans peu de temps l’on vous vit, D’vne simple Gouge de lit, Plus excellent que vostre Maistre : L’on ne sçauroit assez loüer vostre humeur en tout exercice, Puis qu’on vous voyoit à tous coups accommoder à tout seruice.
Après, entrant en Puberté, Le titillement du Priape, Vous fit ouurir la charité, Pour fermer vostre fausse trape ; De façon qu’on ne vid jamais, Dans toute la ville de Rome, Vn plus habille à la Sodôme, Que vous y fûtes desormais : Vostre artillerie nous fit voir que vous seriez Champion de guerre, Puisque vous l’a dressiez plutost au cul d’vn garçon que d’vn verre.
Pendant vostre trentiesme année, L’on sçait que vous estiez tout feu, Et que vostre humeur Hymenée, S’augmentoit toujours peu à peu : Vous prîtes bien le vent en poupe, Puisque tant Garces que Garçons, Vous cherchiez de toutes façons, Afin de de nauiger en croupe : Il faut avoüer que vous fûtes tres-expert à la marine, Puisque sans Arbre ny Trinquet, vous marchiez bien de la Borine.
Mais en vostre Virilité, Vous auez tant fait de merueilles, Que pendant vne eternité, L’on n’en feroit pas de pareilles ; Car estant Ministre d’Estat, Par vostre grand concupiscence, Vous auez Nauigé la France, Qu’elle est dans vn piteux estat : Vous auez certes si bien fait, par ces quint-essences augustes, Que tous les méchans ont regné, pour mieux en écarter les Iustes.
Pour vous maintenir l’embonpoint De cette humeur Italiene, Vous n’auez manqué de tout point, De viure à l’Epicuriene ; Puisque parmy vostre boisson Vous mesliez force Camedides, Duema, Espices, Cantarides, Pour auoir de sperme à foison : Mais à quel propos tous ces fards, ses saûces, fort extrordinaires, Sinon pour fournir de l’empois à vos Bourgeoises & Lingeres,
(Cher Maistre Berlic & Berloc, Distilateur en Quint-essence,) Allez enseigner vostre Hoc En lieux fort loin de nostre France ; Car par vos jeux, & vos ressors, Vos Pastilles, & vos eaux pasles, Vous nous auez tant fait de râfles, Que tous nos Loüis en sont dehors : Croyez-moy, n’y reuenez plus, & craignez d’y faire rechute, Car vous rendriez tost au tambour, ce qu’auez gagné par la flûte.
Vostre bource plus qu’hydropique, Par l’excés des ses coictions, A rendu nostre France etyque, Pour assouuir ses passions ; A present chacun fait des vœus, Que vostre humeur Sardanapale, Passe la ligne Equinoxiale, Et qu’elle n’y retourne plus : Autrement si vous y venez (chere Eminence Mazarine) Assûrez-vous d’y receuoir les honneurs qu’on fit à Conchine.
Ce temperament de Moneau, Est si fort aimé dans la France, Qu’on en voudroit auoir la peau, Pour en garnir vne potance ; Et le reste de vostre côrs, Seroit en pompes honorables Encévely à tous les diables, Comme vous auez nos Tresors : Ce magnifique Enterrement, plus à souhaiter qu’il n’est à plaindre, Réjoüiroit tous les François, d’vn retour qu’ils pourroient bien craindre.
MEDECINE POVR MESSIRE IVLE MAZARIN, Ordonnée par Maistre IAN CHAPOLI son Medecin ordinaire, ce 24. May 1651. MON TRES-CHER MAISTRE, Ayant eu l’honneur d’auoir esté depuis Mil six cens
intemperie, par son trop long sejour, vous pourroient
R. fol. titimali, Iatri, mandragoræ ana. pug. viii. Rad ?
Si l’intemperie ne cede par la potion sus-écrite, on pourra R. Pulueris calcis viuæ lib. ii. auripig. g. iii. stercoris FIN. A COLOGNE. M. DC. LI. |
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