Anonyme [1649], L’ANTI-REQVESTE CIVILLE , français, latinRéférence RIM : M0_95. Cote locale : A_3_44.
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L’ANTI-REQVESTE
CIVILLE

M. DC. XLIX.

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L’ANTI-REQVESTE
Ciuille.

IE vous supplie insolents calomniateurs de supprimer
vos pernicieux libelles, & de ne donner pas tant de liberté
à vos langues, par lesquelles vous taschez de deschirer
la reputation, & ternir la gloire des plus illustres
Senateurs de l’Vniuers, de soüiller la pourpre de ce grand
Ministre d’Estat qui a le maniement des affaires de France
entre ses mains, & de ternir l’honneur de la plus sage &
plus vertueuse Reine qui a iamais porté Diadesme, il vous
en arriue de mesme qu’à ceux qui crachent contre le Ciel,
car leur excrément retombe sur eux. Ainsi les iniures &
les imprecations, que vous vomissez retournent en vous-mesmes,
accompagnées d’vne honte & d’vne confusion
sans exemple ; Vous estes semblables à ces peuples barbares,
qui sur le matin loüent & remercient le Soleil du
bien & de la faueur qui leur fait de leur communicquer sa
lumiere, & sur le soir, ces ingrats pour recompence, luy tirent
des coups de flesches. Lorsque la paix & la tranquillité
commençoit à estre restablie dans Paris, vous chantiez
des Peaus de gloire, & des louanges à nos Anges tutelaires,
& maintenant qu’ils l’ont entierement asseurée & confirmée,
vous décochez contre leur renommée mille reproches
& opprobres, sans que vous consideriez que si vous
iouïflez du repos que vous en estes redeuables à la diuinité
de leur esprits, & à la solidité de leur iugement ; Osez-vous
bien prendre la hardiesse de dire que non seulement par
leur conference : & leur traité, ils vous ont porté des preiudices ?
mais encores à nos Genera[2 lettres ill.] de Paris, & à tout le
peuple de la France : Certaintuient vous faites clairement

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voir que vous astes comme les enfans de Zebedée que
vous ne sçauez ce que vous demandez, ny ce que vous dites ;
Vous souhaitiez la paix, & vous ne voudriez pas que
l’on se feust seruy des moyens necessaires pour la restablir ;
Vous blasmez en vostre infame Requeste Ciuille, en particulier
& en general les Deputés de la Conference de
Ruël ; & Nosseigneurs du Parlement pour ce sujet, vous
alleguez que les vns n’estudient que leurs propres interests,
que ceux-là ne s’attachent qu’à la faueur, que les autres
sont trop timides, & que tous en general n’ont pas assez
de zelle pour le repos public ny pour le soulagement
du tiers Estat. Vostre resonnement nous fait croire, ou que
vous estes insensez, ou que Dieu ne vous veut pas faire cognoistre
la verité en punition de vos crimes : Si vostre proposition
estoit veritable ne serions-nous pas encore dans
les mesmes peines & inquietudes que nous estions au mois
de Mars dernier. Pauures aueugles detrompez-vous, &
soyez certains que ces grans hõmes se sont employez auec
tant de prudence & de passion à nous acquerir la paix, qu’ils
ont fait connoistre euidemment qu’ils estoient les vrays peres
de nostre patrie. Et tout ainsi que les peres bien sensez
preferent le bien de leurs enfans a leurs propres interests,
qu’aussi les autres ont mieux recherché la tranquilité & l’vtilité
du public, que non pas leur repos ny leur bien particulier.

 

Si scires quantum valet diadema nitorem,
Malles Sysiphei lupidis esse veus.

FIN.

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