Anonyme [1649], L’ENTREE ROYALE DE LEVRS MAIESTES DANS LEVR BONNE, CELEBRE, ET FIDELLE VILLE de Paris. AVEC LES PROTESTATIONS & resjouïssances de tous ses Bourgeois & Habitans. Presentées à leurs Majestés. , françaisRéférence RIM : M0_1230. Cote locale : A_3_54.
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L’ENTREE
ROYALE DE
LEVRS MAIESTES
DANS LEVR BONNE,
CELEBRE, ET FIDELLE VILLE
de Paris ;

AVEC LES PROTESTATIONS
& resjouïssances de tous ses Bourgeois &
Habitans.

SI jamais nous auons eu sujet de
faire parestre de la joye, c’est
particulierement à cette Entrée
Royale de leurs Majestés en leur
tres-bonne & tres fidelle ville de Paris : Ioye
qui doit estre d’autant plus grande, que nostre
tristesse a esté excessiue par le passé ; De plus,
comme il est asseuré que toutes nos disgraces
n’ont esté causées que par l’absence & l’éloignement

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de leurs Majestés de cette ville, qui
en mesme temps en ont éloigné & écarté
tous les plaisirs ; De mesme nous pourrons
infailliblement esperer que leur retour &
presence feront nostre bon-heur, mesme
plus auantageusement que le Soleil ne nous
recrée, quand il retourne vers nostre Hemisphere,
apres cinq ou six mois d’vn rude
& fascheux Hyuer, & apres auoir éprouué
les impetuosités de ses vents, les humidités
de ses pluyes, & la pointe de ses frimats,
qui tout à l’enuie les vns des autres prennent
plaisir à renuerser cette belle symmetrie, que
Dieu & la nature ont établie parmy leurs qualités :
C’est pourquoy sans feintise témoignons
tous ensemble, comme bons & legitimes
François, des mouuemens d’allegresse :
Montrons à cette entrée Auguste, que nous
n’auons rien qui ne soit auguste, rien qui ne
soit genereux, & que toutes les incommodités
que nous auons souffertes n’ont rien diminué
du zele & de l’affection que nous auons
toûjours euë pour nostre Roy, & pour le bien
de tout l’Estat ; C’est donc icy la fin de nos
douleurs, peuple fidelle, cessons de soûpirer
& de nous affliger ; nos Princes ont l’objet
de leurs belles actions ; la presence d’vn
Roy, (mais d’vn Roy qui est l’honneur de

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tous les Rois du monde, & qui a esté exprés
choisi du Ciel pour le gouuernement de cette
florissante Monarchie,) & d’vne des plus
vertueuses Princesses, qui changera nos maux
en plaisirs, & nos amertumes en douceurs. Loin
de nous Tambours & Trompettes, vostre
bruit ne nous fera plus souuenir de nos malheurs,
il suffit que nos oreilles soient seulement
frappées de ceux de la Garde de nostre
bon Maistre, & qu’ils nous fassent souuenir
d’éleuer nos vœux au Ciel, pour luy demander
la conseruation de ce viuant Caractere
& Image de ses plus rares perfections. Prosternons-nous
donc aux pieds de la Bonté diuine :
remercions la de tant de faueurs, & la
conjurons, auec tous les sentimens d’humilité,
de verser les infusions sacrées sur le jeune
Prince que nous auons receu de sa main
liberale, pour estre preposé à la conduite de ce
fameux Esta. Crions si haut, Viue le Roy,
que nous en fassions trembler l’Espagne : Viue
le Roy genereux habitans, & sans doute nous
recognoistrons vn jour que le mouuement de
zele & de fidelité nous cause mille benedictions,
sur nous, nos biens & nos familles :
Cét incomparable Senat n’a donné son enfance
& partie de sa jeunesse à l’étude des Loix,
que pour maintenir l’éclat de la Couronne ;

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Tant de Seigneurs depuis tant d’années se
sont montrés infatigables dans les plus grandes
difficultés de la guerre ; tous ou la plus
grande partie ont esté glorieux d’y trouuer leur
sepulchre pour le mesme sujet Pourquoy donc
de nostre part ne tâcherons nous pas de faire
voir, sinon par effet, au moins par affection,
que nous sommes legitimes François ? A bas,
ces vaines & lasches considerations, qui ne
peuuent seruir qu’à nous rendre criminels deuant
Dieu, coulpables deuant la Majeste Royale,
& ridicules dans l’esprit des plus sages : Ne
disons pas que nous auons paty depuis sept ou
huit mois, que les incommodités qui sont passées
ne viennent point troubler nos fantaisies,
puis que Dieu nous a enuoyé sa manne, & toute
sorte d’abondance, en nous faisant jouïr
paisiblement de la presence de leurs Majestés.
Il est doux & facile, mais que dis-je, c’est vne
felicité d’aimer & honorer ceux qui le meritent ;
& ce nous est assés pour nous persuader
nostre deuoir, que nous pensions que nous
auons vn Roy. Sus donc, grands Princes, qui
estes les flambeaux de cette Monarchie, continués
vos soins pour le bien de l’Estat : vos
Altesses seront toûjours inuincibles, tant que
le seruice du Roy sera l’honneur de vos armes :
La France peut subjuguer tous les autres

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Royaumes, si elle se tient dans ses deuoirs,
sans s’en éloigner aueulément ; Quelles
nations ne redouteront nos courages, nos forces,
& le nombre de tant d’incomparables
Guerriers, qui viennent asseurer sa Majesté
qu’ils s’estimeront glorieux de mourir pour
son seruice, & qu’ils n’apprehendent rien
moins que les blessures, si ce n’est celles de son
indignation. SIRE, qu’il plaise à vostre Majesté
ne refuser pas leurs vœux, & ne desdigner
pas leurs seruices ; Si vostre Majesté prend
la peine de regarder les postures d’vn châcun,
elle verra qu’il n’y en a pas vn qui ne soit rauy
de la posseder ; Elle verra vne trouppe innombrable,
aussi satisfaite que son absence l’auoit
renduë desolée ; Elle verra des ames crier à
haute voix, Viue le Roy, Dieu preserue nostre
Monarque, donnés-luy vn bon & salutaire auis ;
afin qu’il puisse regir en paix ses sujets, qui
n’ont & n’auront jamais de plus grandes passions
que de viure pour luy, mourir pour luy,
& se consacrer entierement pour luy.

 

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