Anonyme [1649], L’ESPAGNE DEMANDANT LA PAIX AVX PIEDS DE LA MAIESTÉ ROYALLE, ET DV PARLEMENT. , françaisRéférence RIM : M0_1275. Cote locale : A_3_34.
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L’ESPAGNE
DEMANDANT LA PAIX
AVX PIEDS
DE LA MAIESTÉ
ROYALLE,
ET DV PARLEMENT.

L’orgueil de l’Espagne, & le dessein superbe de son temairaire
& pernicieux Conseil, n’ayant pas vn moindre object à sa
vanité que la Monarchie vniuerselle, ne considere tous les
peuples de la Terre que comme ses ennemis. Tous les Rois &
les Prince du monde, qui de leurs puissances veritables, bornent
la sienne imaginaire, sont des obstacles qu’elle considere auecques
fureur sa grauité audacieuse fronce le sourcil, & regarde de
trauers, toutes les forces qui confondent ses vastes pensées.
D’vne posture qu’on ne peut nommer qu’Espagnolle, & d’vne
mine fanfaronne autant que chagrine, elle souffle sur le bout
de son espée comme pour enleuer des orages, des foudres, & des
tempestes, contre toutes les nations de l’Vniuers : & si elle disposoit
du tonnerre qui gronde dans la nue, il n’y auroit plus au
monde que de ses sujects.

Dans ces furieux mouuemens, qui transportent cette vaine
Fille de la Terre, la France est la Monarchie qu’elle hait le
plus. Elle trouue ordinairement de la lâcheté, où de la complaisance
dans les autres Nations de la Terre, qui donnent quelques
ouuertures à ses esperances ; mais elle desespere de voir en cét
Estat tant de constance, tant de prudence, & tant de valleur.
Elle peut bien conçeuoir la conqueste de tout le monde s’il n’y
auoit point de François ; mais cette Nation victorieuse luy est vn
éternel obstaclé, & comme vn mors qui la retient & qui l’empesche

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tousiours d’aller plus auant, quoy qu’elle ait tres mauuaise
bouche. Et de fait cét Etat que Dieu à esleué pour estre le defenseur
& l’arbitre des autres, luy fait succeder au rebours ses injustes
projets ; & comme il prend ordinairement en main la cause des
foibles & des oppressez, que sa tyrannie persecute, apres les auoir
remis dans leurs premiers droicts, & l’auoir chassée des Terres de
ses voisins, il luy rogne encores les aisles, de crainte qu’vn autre
fois elle n’y reuolle.

 

C’est ce qui rend cette opiniastre Monarchie toute furieuse
contre vn si important & si redoutable aduersaire. Elle ronge
auec impatience & auecques rage le rude frain dont il la retient.
Elle me dite de renuerser par Terre ce maistre rigoureux & ferme
qui la tormente, & qui empesche sa grande & violente course.

Elle rue, elle ronfle, elle saute, elle fait la desesperée, elle
mord, elle se secoue, mais elle ne gaigne rien : quoy qu’elle se
tormente, sa fougue ne sert qu’à la lasser. C’et Estat tient toûjours
les resnes bien fermes ; plus elle s’eforce & plus il la serre
& la met en sang de coups d’éperons.

Nous auons veu la verité de toutes choses : & nos peres les
auoient veues longtemps, mesmes auparauant nous. En combien
d’occasions l’Espagne s’est elle monstrée nostre ennemie : quels efforts
n’a telle point faict pour nous renuerser ? ie redirois des choses
trop cogneues & desia trop dittes, si ie voulois par le menu les rememorer.
Chacun sçait assez que l’aduersion qu’elle nous porte est si
forte & si ancienne qu’elle en est deuenue naturelle ; & qu’il ne naist
point d’Espagnol qu’il ne vienne au iour vn ennemi des François.
Cette antipathie s’estant si fort enracinée en son ame,
elle a perdu quasi tout pour la suiure tous ses autres mouuemens.
La Monarchie vniuerselle n’a plus gueres de force en son ame :
Elle en a alenti l’ardeur pour on auoir plus contre nous : Elle iuge
pourtant bien il y a desia longtemps que toute sa force n’est
pas suffisante pour assouuir son dépit, elle voit par les pertes
qu’elle a faittes qu’il fait mauuais s’éprouuer contre de iustes &
de vigoureux combatans : Elle sçait assez qu’elle difference se
rencontre entre ces fanfarons & nos gens-d’armes : Entre ses
vains enfans & nos Genereux.

Cette connoissance l’a portée, & cedant à la force, d’vser de la
ruse : elle fait le Renard apres le Lion. En cette maniere de nous

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faire la guerre, il n’y a point d’arts qu’elle n’inuente : il n’y a
point d’intelligence qu’elle ne trame, il n’y-a point de Partisans
qu’elle n’entretienne dans le cœur de cét Etat.

 

Le principal qu’elle y ait eu depuis quelques années a esté le
Cardinal Mazarin ; elle l’a poussé par vne adresse extreme iusques
pres du Trône de nostre Monarque, pour lui dõner ses coups de plus
pres : & de fait nous auons veu quelles sanglantes playes il a fait en
l’Etat de ce grand Prince ; & à quelle extremité de malheurs il nous
a portez. Nous nous sommes veus si proche de ruine par sa malice,
& tellement au bord de labysme, que si nous mesme ne nous fussions
retirez, nous estions dedans. C’est iusques là que nous auons enduré
les trahisons visibles de ce perfide, pour l’amour de nostre Monarque
tous nos maux ne nous ont peu emouuoir, nous auons
demeuré cõme insensibles à tant de martyres de crainte d’offencer
nostre prince : & malgré la barbarie de ce cruel & de cet infidele
Ministre, nous auons auec vne constance inebranlable souffert tous
ses coups horsmis le dernier.

Il est vrai que tous prets de le receuoir de sa main inhumaine le desir
naturel de nostre salut nous a reueillez. En ce rencõtre nous auõs
fait ce que la nature & la raison nous ont apris de faire. Nous nous
sommes armés pour la necessité do nous deffendre, & comme nous
auons veu à quel comble d’oprobre ce Tyran exposoit nostre Prince
legitime, nous nous sommes deffendus par la necessité de le secourir.

Ie ne di point quelle terrible s’est montrée nostre iuste deffence :
l’Espagne en a fremi iusques dans Madric. Comme elle a veu le nõbre
estonnant de nos trouppes animées, ne doutant plus de la perte
de son partisan, elle a mesmes tremblé de la sienne ; & pour detourner
cét orage qu’elle a eu peur qui fondoit sur elle, elle n’a point fait cõscience
de l’abandonner. Elle n’a plus pense à entretenir les correspondances
qu’il auoit auec elle, ces intelligences sont mortes auec
l’espoir de leur succés.

Ce ieune & cét Illustre Roy qu’elle gouuernoit par vn de ses Ministres
ne luy faisoit pas de peur. Les foudres de ses armes ne la pouuoient
effraier tant qu’elles ont esté conduittes par son malheureux
Partisan. La Majesté venerable à toute la terre ne lui dõnoit point de
respect tant qu’elle a esté flestrie par l’indigne gouuernement de son
pensionnaire orgueilleux. Mais aussitost que cette Maiesté & ses armes
Royales arrachées aux mains de cét infame, ont esté remises en

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celles du Parlement, elle a senti les glaces de la peur & s’est fléchie
deuant cette Grandeur qu’elle auoit auparauant mesprisée.

 

Toute la Terre qu’elle a conuoitée l’a veue partir du fons de ses
Prouinces, pour venir demander la paix. Il est vray que pour cacher
l’humilité de ses pensées par la superbe de ses démarches, elle est venue
iusques au pied du Trosne de la Iustice de nostre Monarque aueque
quelque sorte d’inciuilité. Mais comme autre fois vn de ses Ambassadeurs
ayant resolu de garder la grauité naturelle deuant vn de
nos Rois, ne pût toutefois considerer la splandeur de son visage, sans
se ietter incontinent par terre ; & rendre vn homage extraordinaire
à la Puissance que par sa temerité il auoit il auoit offensée De mesme
elle n’a peu leuor les yeux sur cette Maiesté Royale, qui brille en
l’Assẽblée des Illustres & des fideles suiets de nostre Prince, qu’elle
ne se soit promptement abatue, & que deuenue humiliée elle n’ait
rendu l’action du corps conforme à la soumission de l’ame.

En cét estat, apres auoir obtenu la permission de s’expliquer deuant
cette glorieuse & redoutable Assemblée, elle a poussé du fons
d’vn cœur encor trẽblant quelques soupirs pressez qui ont fait passage
à ses paroles.

Vous me voyez à vos pieds Seigneurs illustres, où plutost, Majesté
Royale qu’en cet auguste Senat ie considere ; vous m’y voyez, di-je,
en vn estat moins conforme à la grandeur de mon courage qu’à la
sincerité de mes pensées : & toutesfois ie pretens respondre à l’vn &
à l’autre par ce iuste & ce veritable abaissement. Puis que vous donnez
des loix à toute l’Europe par Amour où par Force : & que tous
les Peuples Chrestiens ou vous aiment, ou vous obeїssent ; ie ne croi
rien faire en cette occasion de cõtraire au grand cœur qui m’anime
non plus qu’a la passion qui me conduit a vos genoux. Ie viens donc
ici poussée & par l’vn & par l’autre pour vous demãder la Paix. Puis
que tant de peuples sont où dessous vos loix, ou dans vos alliãces, ie
me priuez point de cette generale felicité. Il y a long temps que ie la
desire, & qu’au defaut de ma voix mes soupirs vous l’ont demandée.
Ne croiez pas (quoy qu’on puisse dire) ô Maiesté tres Chrestienne,
que ie sois cruelle iusques au point de n’aimer que le sang que nous
répãdons. I’ay des yeux pour verser des larmes & vn cœur pour estre
sensible à la perte de mes pauures enfans. Quand i’ay veu les campagnes
couvertes des corps mors des vostres & des miens tout ensemble.
Quant i’ai apperceu leur sang meslé enfler les ondes des riuieres

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sans separer mes soupirs, i’ay gemi pour tous. Ay je perdu l’humanité
en laquelle i’ai posé les fondemẽs de mon Empire, que l’on me croit
plus barbare que les plus sauuages animaux ? Mon Cõseil [3 mots ill.]
qu’vn monstre (comme quelques vns de vos suiects [2 mots ill.] auec trop peu de cõscience que l’õ ne le croie pas capable d’vn mouuemẽt
tẽperé par la raison & par douceur ? Ie suis tout autre que l’on
ne vous persuade, Souveraine Maiesté, i’aime la paix & ie haïs la
guerre. Il y-a long temps que ie souhaite de sortir de l’vne & d’entrer
dans l’autre. I’en ai cherché par tout le chemin & ie n’ai peu encore
le trouuer.

 

Du [1 lettre ill.]emps de vostre grand Armand combien pour cette paix ay-je
fait de souhaits inutilles : mais plus ie la desirois & moins ie voyois
d’espoir dans mes desirs. Ce grand homme, que ie ne sçaurois nommer
autrement, quelque mal que sa Grandeur m’aye peu faire, me
faisoit sentir la guerre de toutes parts, comme si i’eusse esté vn
hydre à mille te[3 lettres ill.]s il armoit mille bras pour m’exterminer. Tous
les iours ie receuois de sa main de nouuelles atteintes ; & i’auois
tant d’occupations à penser mes playes que ie n’auois pas le loysir
de vous implorer.

Vous diray-je de quelle sorte me traittoit vostre inuincible foudre
de guerre, vous diray-je de quelle sorte le grand Gassion me persecutoit,
ce Mars que i’ayme apres sa mort, autant que ie le creignis
en sa vie, quand ie n’eusse pas eu l’inclination bonne, m’auroit assés
fait venir l’enuie de la Paix. Ie brûlois donc, Maiesté souueraine,
ie brûlois de pacifier mes differans auec vous. Mais dans l’ardeur
de mes desirs ie ne sçauois de quel costé me prendre pour vous les
exprimer. Ces deux redoutables Heros m’estoient deux puissantes
barrieres qui m’empeschoient de m’approcher de vous.

Quand ie pensois à ces deux inuincibles aduersaires mes desseins
de Paix s’euanouïssoient Ie m’imaginois que toute la terre n’estant
pas assés grande pour des conquerans si formidables, en vain
voudrois-je conseruer mon Paїs. Qu’il estoit impossible de traitter
auec vous pendant que vous employriés deux hommes lesquels s’ils
auoient esté en vostre place ne m’auroient regardée que comme vn
esclaue. Ie ne sçay si i’auois raison, illustre Majesté mais au moins
ie n’auois point d’esperance. Quand ie voyois d’vn costé comme le
grand Armand estonnoit mon Conseil, & de l’autre cõme le grand
Gassion effroyoit mes guerriers, moy mesme ie ne pouuois me deffendre

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de leurs estonnement & de leur épouuante : & cette fierté
que la nature m’a donné m’abãdonnoit à chaque moment de sorte
que par excés de crainte l’on m’a estimée orgueilleuse, quãd ie n’auois
pas la force de decouurir mes iustes desirs, l’on en a creu que
i’en auois de mauuais.

 

Ce n’a pas toutesfois esté m’a seule crainte qui m’a en ce temps la
osté la parole ; vn reste de courage au plus fort de mon mal-heur m’ẽpeschoit
de vous de mander la Paix le ne voulois pas vous implorer
dans cette grande prosperité de vos armes & dans la deroute des
miennes. Vous eussiés pensé que ie ne cherchois le calme que par
necessité & pource que l’orage m’estoit funeste. Vous eussiés nõmé
Bassesse de courage mes plus legitimes mouuemens.

Apres la mort du grand Armand, comme j’ay creu que ie n’auois
plus tant a craindre & que ie pouuois encor esperer quelque chose ;
C’est lors que ie n’ay voulu pretendre que la tranquilité. Ie vous ay
fait cognoistre Majesté illustre quels desseins i’auois lors que i’en
pouuois auoir de plus grands. Ie voyois bien encor au monde ce
vainqueur superbe assés grand & assés puissant pour maruine, ce fier
Gassion si redoutable à tout mon Empire, mais ie le voyois sans l’aprehender.
Vostre Estat estant conduit par le Cardinal Mazarin,
qui par l’enuie qu’il portoit à la gloire de cet Heros destournoit son
foudre de dessus ma teste : m’ostoit toute la peur que i’auois eu deluy.
En fin, cõme vn de mes enfãs glorieux d’auoir fait vn si bel homicide,
eust osté ce grand guerrier à la terre, ie pouuois si i’eusse osté si
meschãte que l’on s’imagine, n’auoir plus tant d’ardeur pour la Paix.

Toutesfois ie ne perdis point de cette noble flame vne seule estein
celle : ie me vis deliurée des deux plus grãds fleaux dont iamais i’aye
esté batuë sans estre iamais detachee de ce noble & ce sainct desir.

Munster le sçait, le Duc de Longueville vous l’a deub apprendre,
i’ay fait ce que i’ay peu pour finir la guerre auec luy. Mais le Cardinal
Mazarin m’a rẽdu si mal-heureuse que malgré mes souhaits & les
vœux de ce bon Prince, cette guerre bien loing d’auoir esté finie
s’est ralumée ; on m’a veuë reduitte à me deffendre malgré moy de
ce deloyal. Ce n’est pas que dans les mouuemẽs de sa Politique ambitieuse,
i’aye eu sujet de me plaindre du succez de ces noirs desseins
ils ont si peu reussi à mon desauantage que du depuis qu’il gouuerne
i’ay moins perdu que ie n’ay gaigné : mais que ie treuue ce gain vne
cruelle & vne sensible perte, puis qu’il m’a fait desesperer de iouïr

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de la Paix que ie souhaittois. Que la grandeur trop absoluë des Fauoris
est fatalle & funeste à la gloire & à la felicite vniuerselle des
peuples, puis que disposans du cœur des Roys & de la puissance
des Empires, ils n’ont d’autre interests que de tout entretenir en
trouble pour subsister. Nous auons fait vne triste épreuue de cette
verité vous & moy, Majesté souueraine, en faueur de celuy que
vous auez iustement disgracié, vostre bonté s’accordoit auec ma
passion extreme, vous vouliés fermer le Temple de Ianus aussi bien
que moy, toute la Chrestienté ne demandoit autre chose que la fin
de tant de miseres ; mais ce mal-heureux esprit a renuersé tous les
projets d’vne si iuste entreprise. Il a fait de nos interests vn sacrifice
barbare aux siens, & ne s’est pas soucié pour faire fleurir sa fortune
de l’arroser du sang de tant d’innocens que Mars a depuis immolez
à sa rage.

 

Toutesfois Dieu est iuste, Majesté souueraine, ce perfide que
nous auons long temps veu pecher, enfin nous le voions punir. Il a
mis dans vos mains, Senat glorieux, le foudre que vous lancés sur sa
teste. Frappés, n’espargnez point, illustres vẽgeurs de vostre Prince.
Souffrez que dans le transport de joye que ie sens ie vous crie courage ;
accablez ce tyran si vous voulez que ie participe à sa deffaite,
ie vous offre tout le secours que vous pouuez esperer d’vne Puissance
iustement irrittée. Receuez le sans soupçon, comme sans
necessité, Parlementre doutable, faites moy la grace qu’il ne meure
point sans receuoir quelques vns de mes coups.

Ie sçay bien que de tous costés chacun demande cette mesme
grace, tout le monde à la main preste à percer ce cœur inhumain.
Mais i’ay plus d’ardeur que tout le reste ensemble ; comme i’ay plus
d’interest a sa perte ie m’y porte auec vne passion plus allumée &
plus vigoureuse.

Ne vous estonnés point du feu de mes paroles, Senat Auguste,
mõ secours ne vous est point offert de la part de vos ennemis C’est
d’vne veritable & pure chaleur que ie cerche auec ma vengeance
le moyen de vous faire seruice, mon discours ne cache point de
perfidie dans mon ame & mon cœur ne dement point ce que ma
bouche pousse dehors. Ie ne viens point icy vous presenter de la
hayne, ny vous surprendre par artifice ; ie suis ce que vous me voyez
& vous m’entendez, vne triste & fiere humiliée que ses longs malheurs
ont lassee, qui apres tant de peines & de fatigues vient chercher

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vn peu de repos : Qui en fin vous demande la Paix accablée
de guerre cette [1 mot ill.] que i’ay si longtemps appellée, & qui n’est
point venuë, & qu’en fin i’espere trouuer dans vos mains.

 

N’est ce pas elle qui sied sur ces Trosnes & qu’embrasse la Iustice
qui regne en cette auguste Assẽblée ? N’est ce pas elle pour laquelle
vous auez pris les armes, puis que vous en cõbattez son ennemy.
Ouy, c’est elle, ie n’en sçaurois douter ; c’est elle, & ie ne suis point
trompée d’auoir creu la trouuer icy. Il y a long temps que ie ne l’auois
apperceuë dans le Conseil de vostre Monarque : il y a long
temps qu’il n’y regne que violẽce & qu’ambition L’vn & l’autre de
ces deux inonstres sont abates par vostre courage. Senat Auguste,
l’vn & l’autre n’ont peu trouuer de lieu dedãs vos esprits genereux,
C’est ce qui m’ameine icy auec tant de franchise, & qui fait que ie
viens deposer en vos mains toute ma grandeur. Si iustes cõme vous
vous monstrez, vous estes Dieux nõmez ainsi par la bouche de Dieu
mesme, ie n’ay pas creu que ma Maiesté se fit tort de vous implorer.

Ie vous implore donc Assemblée toute puissante, disposés de mon
sort, il est dans vos mains. Dõnez moy la Paix que ie vous demande :
à quelques conditions que vous m’atachiez ie m’y soûmetray. Ie n’ay
point de reserue en cette occurance, ma politique ie ne t’entens
point : & quoy que tu vueilles que i’aprehende, que dois-je craindre
d’injuste de la Iustice qui regne en ce lieu.

Faites donc cesser ce grand orage qui depuis si long temps bouleuerse
toute l’Europe Astres brillans escartez ces funestes nuages
qui couurent toute la Chrestienté. Assez il en est sorty de foudres :
assez le Ciel irrité a tempesté dessus nos pechez ; Vous dont l’integrité
peut faire tomber ces funestes armes ; arrestez son cou roux
par vos vœux, & nous disttribuez le calme qu’il vous aura accordé.
C’est ce que ie demande & que i’attens de vostre pieté, digne de
conduire des Estats, puis qu’elle les meneroit tousiours dedans la
bonasse, & les feroit éuiter les escueils ou les orages de la guerre les
poussent ordinairement & les vont briser.

A PARIS,
Chez I. DEDIN, ruë Sainct Iean de Beauuais.

M. DC. XLIX.

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