Anonyme [1649], L’HERACLITE COVRTISAN. Væ, væ, væ, Superbia commune Nobilitatis malum. , français, latinRéférence RIM : M0_1621. Cote locale : A_3_80.
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L’HERACLITE
COVRTISAN.

VÆ, VÆ, VÆ.

Superbia commune Nobilitatis malum.

LE commencement & la fin de tout peché
doiuent terminer & borner ce discours de part
& d’autre ; d’autant que nostre dessein est d’y
representer tout au long, comme en vn tableau
racourcy, l’Orgueil & la Superbe auec
les plus viues couleurs, que les meilleurs ouuriers
de toute l’Escole de la Philosophie Chrestienne
luy ont baillé ; & desquels je me sers, afin que, comme
dans vn miroüer, les Orgueilleux & les Superbes puissent se
connoistre. Disant, en passant, que personne ne me sçauroit loüer
ny blasmer, sans s’offenser soy-mesme. Car si quelqu’vn me
blasme, ce sera par vanité, & sous l’asseurance qu’il a de son propre
jugement, qu’orgueilleusement il fait juge de moy : Et d’autre
part s’il me loüe, autant luy en arriuera-il. De sorte que ie
me mets à l’abry de l’vn & de l’autre, me contentant seulement
d’estre veu, sans ostentation, par celuy qui en voudra prendre la
peine : Et tel me verra, qui ne sçaura pourtant de quel pied ou
artifice je marche ; d’autant que mon ordre est artificieux dans
son desordre. Que personne aussi ne me die auec l’Apostre, que
voulant enseigner autruy, je ne m’enseigne pas moy-mesme.
Car j’apprens que la Superbe est la racine de tous maux & la

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Reine de tous vices. Elle produit la vaine gloire, l’enuie, la
colere, la tristesse, l’auarice, la gourmandie, & paillardise, qui
sont autant de chaisnons par lesquels le mauuais Demon nous
maistrise : Et quelque œuure que l’on se puisse imaginer, si les autres
vices sont excusables & passables, la seule Superbe est odieuse.
Voila le premier traict de crayon, qui a poussé vn saint Pere &
Docteur de l’Eglise à dire, que la Superbe a donné commencement
à nostre salut : car elle a esté cause de nostre Redemption. Ie
souhaiterois bien volontiers que le commencement & la suitte
de tout ce discours fust le commencement de nostre connoissance,
& puis nostre salut : Ie parle en general, d’autant que ce vice a
son principe enraciné si fort en la masse de toute nostre Nature
humaine, qu’il seroit aussi difficile de l’arracher comme de tirer
vn thresor hors de terre.

 

Democrates grandement chargé d’années, s’efforçoit vn jour
de monter en vne haute forteresse, qui estoit dans la ville d’Athenes,
& luy plust de dire, en perdant halaine, qu’il faisoit ne
plus ne moins que tous les Citoyens de cette ville, c’est qu’il respiroit
beaucoup, & faisoit peu. Ne plus ne moins aussi qu’vn
membre enslé de mal n’est pas bien propre à faire seruice : de
mesme vn Esprit enflé de Superbe & d’Orgueil est mal propre à
tout bien : car il est emporté d’vn desir desordonné d’auoir & de
jouïr de l’honneur que luy mesme deuroit rendre à vn autre : ce
qui est vn defaut fort remarquable en ce que principalement il
heurte la Diuinité, & ne peut se borner ny captiuer dans aucune
regle ou mesure finie. Mais ie dis bien plus, comme ce vice a esté
le premier pour ces Esprits, qui ont perdu la gloire, il est aussi le
dernier pour ceux qui en veulent approcher La Palme (qui est le
symbole de la vertu) a cela de propre, que plus elle est affaisée &
abbattuë, plus elle se releue, & se remet en son premier estat : la
Superbe pareillement se veut faire voir d’autant plus, que l’on la
veut cacher & affoiblir : Mais au lieu de porter la personne à la
vertu, elle la rend du tout indisposée & inhabile à icelle.

Nous remarquons auec plusieure, que la Superbe ruine toute
sorte de bons desseins ; & quant aux biens de la Fortune elle est
comme vn vermisseau qui les ronge ; aussi est-il impossible à vn
superbe de les conseruer. Quant à ceux de l’esprit & du corps
par succession de temps elle les fait perdre. Elle est mere du

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Diable dans le Ciel, & a donné la mort à l’homme, qui se pouuoit
attendre à la Beatitude qui luy auoit esté promise. Bref, c’est la
mere de tous maux ; la fontaine de toute impieté, & de toute meschanceté.
Elle a mis bas Goliath ; fait pendre Aman ; tué Nichanor
& Antiochus ; submergé Pharaon ; perdu Sennacherib, auec
plusieurs autres Grands. L’on dit aussi, que les foudres tombent
plus souuẽt sur les hauts edifices ; & pour l’ordinaire nous voyons
aussi, que ceux qui ayant surmonté leurs ennemis, viennent à s’enorgueillir,
sont en peu de temps plus estonnez que ceux qu’ils brauoient
& moquoient. Artabanus dissuadoit par cette remontrance
le Roy Xerxes, de faire la guerre contre les Grecs. Phylisthion
disoit aussi, Que la Fortune se joüoit de l’hõme, l’esleuant
bien haut, pour luy donner vne cheute plus grande & plus rude :
ce qui est beaucoup plus remarquable que la comparaison faite
par saint Ierosme, qui dit, que comme le vin fait tort au beuueur,
lequel estant releué, n’a pied ny esprit qui puisse faire son office
ou deuoir ; & que toute tristesse & réjouissance cesse alors : L’hõme
superbe qui est plein de desseins ne viendra aussi jamais à bout du
plus aisé & plus facile. Il ressemble (dit Folengius) à la fumée, laquelle
veut toûjours monter : enfin estant paruenuë à l’air, s’éuanoüit,
& ne se connoist plus : le superbe a aussi cette volonté d’estre
par dessus tout ; & lors qu’il a bien monté, il se trouue perdu
& égaré, ce n’est plus luy. Et ne plus ne moins que le feu qui veut
estre seul, il n’a voulu se mesler ou joindre à quelque chose ; il est
passé, & où ?

 

Chacun sçait bien toutefois, que la Superbe a coustume de s’associer
auec les richesses. Mais quelle ingratitude est-ce (dit saint
Ierosme) de se bander contre celuy duquel on tient la vie, & de
mespriser ses commandemens, puis qu’il ne cherche que les occasions
& les sujets de recompenser ? Ne faut-il pas juger que c’est
manque de jugement ? Le Superbe est tel ; car il mesprise les Commandemens
de Dieu, duquel il tient tout ce qu’il est. Quant à la
Superbe, qui est voilée de quelque signe d’humilité, elle est encores
beaucoup plus estrange & difforme, d’autant qu’elle bat &
attaque les vertus, qui la ternissent de telle sorte, qu’à peine la
connoist-on que par quelques signes, comme par vne rudesse en
paroles, vne amertume au silence, vne dissolution meslée dans la
joye ; vne fureur dans la tristesse ; vne honnesteté en l’apparence

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deshonneste en l’action, vne aigreur parmy la reprehension : & pour
peu qu’il y ait de superbe meslée auec la vertu, elle perd son Iustre, ainsi
que peu de fiel est suffisant de rendre amer tout suc pour doux qu’il
soit. Platon ayant vn jour conuié certains Philosophes, & entre autres
Diogenes ; Il auoit fort bien preparé sa maison, & orné la salle en laquelle
il les deuoit traitter, de licts couuerts de beaux tapis, auec ses
plus precieux meubles. Diogenes si tost qu’il fut entré, il commença à
fouler aux pieds ses beaux tapis : Auquel Platon s’adressant, luy dit ;
Que fais tu là Diogenes ? Ie foule aux pieds, respondit-il, l’orgueil de Platon.
Mais Platon repartit de bonne grace, Voire, mais e’est par vn autre
orgueil. Le tenant d’vn plus grand fast & orgueil, dont il estoit saisi en
foulant ses tapis, que non pas luy mesme en les possedant. Que dirai-je
de cét autre Philosophe tant fameux, auquel à cause d’vn manteau
tout deschiré qu’il portoit, son compagnon reprocha qu’il voyoit par
les trous de son vestement, la Gloire & la Superbe qui estoit cachée
dessous. Et dit-on qu’il n’appartient qu’à vn Esprit grandement malade
de se laisser emporter dans le chariot de superbe, duquel les quatre
cheuaux attelez sont le desir de commander, la joye de sa propre
loüange, le mespris & la desobeïssance : & les roües sont l’ambition
& l’arrogance : le Cocher ou Conducteur, c’est l’homme meschant.

 

Ha ! si l’homme, qui n’est que terre & cendre, regardoit souuent, &
jettoit les yeux sur soy, sur les ordures & immondices qui sortent de
ses oreilles, de ses yeux, de son nez, de sa bouche, où passent les choses
qui chatouillent plus son appetit, & de tout son corps : quelle occasion
trouueroit-il au monde de s’enorgueillir ? De son Esprit, non : car
il est muable, changeant, inconstant, ignorant tout ce qu’il peut : Il
n’emporte que l’escorce des sciences, & ne sçauroit jamais venir à la
perfection ; & encores s’en esloigne-il lors qu’il se rend superbe : car ce
vice émousse la pointe de son Esprit, & obscurcit la verité de toutes
choses. Plusieurs Roturiers veulent faire les Nobles : plusieurs pauures
contrefaire les riches : plusieurs se contentent de changer d’habits, &
non pas de mœurs. Ce qu’ils ont acquis à prix d’argent, ils veulent faire
croire qu’ils l’ont obtenu par leurs merites : & le plus souuent sont si
fols, qu’ils s’imaginent estre aussi éleuez que les plus hautes tours du
monde, & plus encores. L’oiseau qui vole bien haut par dessus les filets
n’est pas pour cela plus hors de danger d’estre pris, que celuy qui
ne vole point du tout, ou du moins fort peu : d’autant que l’Oiseleur
l’attrape au glud, lors qu’il s’abat, & ainsi le prend à la main bien plus

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facilemẽt que s’il estoit dans ses filets. L’Orgueilleux & Superbe aussi,
bien qu’il marche sur la terre, & ne passe qu’en imagination par dessus
les buissons qui l’accrochent, il se trouue bien souuent enlassé dãs ses
passions, en sorte qu’il ne s’en peut dépestrer : Mais, qui plus est, il est
tellement enyvré & aueuglé de ses mesmes passions, que, comme vn
aueugle peut estre trompé facilement de tout le monde ; aussi est-il
aisé de le tromper. Or pour empescher de l’estre, il faut chasser ce
vent de faste & d’ambition, qui enfle sa presomption, & le fait pretendre
à tout ce qu’il se peut imaginer ; d’autant que ses desirs ne sont
point bornez.

 

Le Superbe ne butte pourtant qu’à choses grandement hautes &
dans le Ciel, comme à son origine, sans y pouuoir paruenir, pour autant
que l’Orgueil en a esté chassé, & que l’entrée luy en est interdite :
d’autant aussi qu’il en a perdu la piste & la voye, & s’est pleu depuis
aux injures, ne s’est peu accommoder à les supporter, il est deuenu paresseux
pour obeïr ; fort importun & fascheux enuers les vns & les
autres. Bref, il corrompt tellement la volonté des hommes, qu’on ne
les connoist plus, & semble que pour cela mal à propos on blasme les
richesses, disant, qu’elles orgueillissent l’homme. Et deuroit-on s’attaquer
à sa volonté, qui n’est pas conduite de la sorte qu’elle deuroit
estre. Car si le Superbe pouuoit, je dis pouuoit, mais il ne peut, il voudroit
paroistre beaucoup plus excellent, beaucoup plus riche, & beaucoup
plus grand qu’il n’est, qu’il ne peut, & ne pourra estre. O aueuglement !
ô fol appetit ! Saint Bernard dit, Que c’est vne honte effrontée,
& vne inciuilité intollerable que l’hõme, qui n’est qu’vn vermisseau
de terre, vueille estre prisé & estimé. Et le Fils de Dieu égal au Pere
Eternel, qui prend la forme de Seruiteur, veut estre humilié & deshonoré ;
& moy (homme) qui ne suis que poudre & cendre, qu’ordure
& que pourriture, veux estre loüé & estimé de tout le monde !

Il y a quatre moyens principaux & particuliers pour reconnoistre
l’orgueil d’vne personne : sçauoir lors qu’elle s’estime auoir quelque
bien comme de sa Nature, ou lors qu’elle croid le tenir du Ciel pour
recompense de ses merites : Ou lors qu’elle se vante & fait gloire de
jouïr de ce qu’elle n’a pas en sa possession : Ou lors qu’en méprisant les
autres, elle veut paroistre, tenir & posseder ce qui est hors de son pouuoir.
On y en ajouste encores quelques autres, cõme quand quelqu’vn
prefere son jugement à celuy de tous ses Confreres, se flatant dans la
bõne estime qu’il fait de soy, & se laissant emporter à l’opinion que son

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Esprit seul est Esprit de Dieu. Quãd aussi celuy-là se sert des dons ou graces
qu’il reconnoist en luy, sans penser qu’il en doiue sçauoir gré à persõne, non
pas mesme à Dieu. Or cõme d’vne vieille playe ou vlcere il n’en sort qu’ordure
& pourriture ; d’vne ame qui sera ambitieuse & superbe il n’en sortira
aussi jamais qu’ordure, que pechez, que vices ; soit en la proprieté des possessions
& des biens ; soit en la gloire des vestemens, en la volupté du corps,
par la bouche, en murmurant de quelque trauerse ou affliction ; ou en commendant
par trop arrogamment, se voyant dans les commoditez & les
prosperitez du monde : par le cœur en agissant d’vne propre volonté ; & par
son conseil ou aduis particulier. On dit d’Antisthenes, Qu’estant vn jour
auec Platon, il vit vn cheual qui bondissoit, & faisoit plusieurs ruades en
l’air, sans estre poussé de son Escuyer ; tournant apres sa veuë sur Platon, il
luy dit, Tu aurois esté, ce me semble, vn tres-beau cheual. Car le cheual est vn
animal merueilleusement superbe. Que Zenon voyant vn jeune mignard
& poupin, lequel allant par la ville, estoit vne heure à songer, où il mettroit
vn pied deuant l’autre, de peur qu’il auoit de se soüiller & gaster, dit, que ce
gentillastre auoit bonne raison de fuïr & se garder de la fange & de la bouë,
ne s’y pouuant voir comme dans vn miroüer. Esope s’adressant à vn jeune
homme tout semblable, luy dit, Que s’il s’attiffoit & mignardoit si curieusement
pour plaire aux hommes, il employoit le temps mal à propos : Que
si c’estoit pour plaire aux femmes, il auoit vn mauuais dessein. La femme
de Phocion estant vn jour en vn Bal, où il y auoit belle assemblée, & quantité
de femmes superbement vestuës, & habillées richement, fut veuë toute
seule n’auoir sur elle aucunes pierreries ; non pas mesme vn anneau d’or à
son doigt : quelqu’vn de la compagnie, qui fut plus hardy que les autres,
à luy demander pourquoy elle n’en portoit point ? respondit sagement
qu’elle faisoit gloire de la vertu, pour l’ornement de laquelle elle vouloit
plaire à son mary. Nous lisons, que Sulpitius ayant pris garde que sa femme
voulant sortir de sa maison, s’accõmodoit vn peu trop superbement, il la repudia,
& luy dit aigrement, que la Loy n’ordõnoit, & ne luy permettoit pas
qu’elle s’estudiast de plaire à d’autres qu’à ses yeux, & que de vouloir paroistre
belle aux yeux d’autruy, ce n’estoit pas sans soupçon & sans crime. Vn
nommé Pambo se pourmenant vn jour dans la ville d’Alexandrie, apperceut
vne femme superbement habillée, se prit à pleurer, & dire, qu’il regrettoit
la perte de cette fẽme ; & que faisant profession du Nom de Chrestien,
elle ne s’estudioit pas tant de plaire à Dieu par vne bõne & sainte vie, qu’elle
s’efforçoit de plaire aux hõmes débauchez par son luxe. Mais que n’eust-il
pas dit à la response de Iulia, fille de l’Empereur Auguste, laquelle estant
conseillée par quelqu’vn de quitter vne si grande pompe, qu’elle faisoit en

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ses habits, pour s’accommoder à l’humeur de son Pere, qui estoit vn grand
mesnager, respondit : Mon Pere ne se souuient pas qu’il est Cesar : mais quant à
moy je me souuiens bien d’estre la fille de Cesar. Hé ! que n’eust-il pas dit aussi à
Rhemnius Palaemon Grammairien, qui se vantoit, que les sciences estoiẽt
nées, & deuoient mourir auec luy : comme aussi lors qu’il appella Marc Varron
vn vray pourceau. Mais de Domitian, qui commanda vn jour qu’on
l’appella Dieu. Du jeune Maximin, qui faisoit baiser ses mains & ses pieds
aux Senateurs. Du Roy de Perse nommé Sabor, qui se fit appeller Roy des
Rois, frere du Soleil & de la Lune. De Menecrates & Salmoneus, qui vouloient
qu’on les prist pour Iupiter.

 

I’oserois bien dire auec saint Augustin, qu’il est vtile & profitable au glorieux
& superbe de tomber en quelque faute notable, afin qu’il en conçoiue
vn desplaisir bien grand ; voire plus grand que n’est le plaisir qu’il reçoit
en y tombant & la commettant. L’histoire de saint Pierre, auec plusieurs
autres, desquels la Superbe a passé toute raison, nous fait assez connoistre
combien Dieu & les hommes voyent & souffrent à contre-cœur. Et plust
à Dieu que nous ne vissions tous les jours ceux qui de grandemẽt humbles,
deuiennent superbes aussi-tost qu’ils sont paruenus à quelque qualité autre
qu’ils n’auoient : Nous n’aurions sujet de dire d’eux ce que l’on dit aussi de
l’Auaricieux, lequel est insatiable, & ne trouue rien qui puisse assouuir son
appetit : on ne verroit non plus ce que l’on a veu en ce grand Marius, & en
cét Empereur Diocletian, desquels l’ambition & la Superbe n’ont point eu
de tenuë. Mais qu’arriue-il, & que peut-il arriuer à ceux qui seront humbles :
c’est de connoistre que la Superbe precipite les orgueilleux du Ciel
au profond des Enfers : & au contraire l’humilité éleue de la Terre au Ciel :
L’Ange qui estoit au Ciel par sa Superbe est cheu dans les Enfers, & l’homme
qui est en Terre, monte au Ciel par l’humilité. Que l’humilité rend les
hommes semblables à Dieu & aux Anges : Et au contraire la Superbe rend
les Anges semblables aux Diables. Esope disoit vn jour à Chion, qui luy demandoit
ce que Iupiter faisoit dans le Ciel, qu’il abaissoit les choses par trop
hautes, & éleuoit les basses. Et bien que ce soit chose ordinaire à l’homme
de s’éleuer & s’estimer quelque chose, il faut toutefois se conduire auec
vne grande prudence, afin que voulant monter trop haut, on ne s’engage à
vne cheute tres-honteuse, outre qu’il faut que l’homme s’estudie d’establir
vne eternité par sa vertu, & non pas par la vanité de ce qu’il possede. Or,
comme nous auons dit, la fin de ce discours sera pareille au commencement,
pource que nous ne sõmes point sortis hors du sujet, & que le cõmencement
du peché de Superbe en l’Ange est le cõmencement de la gloire en l’hõme.
Vah, vah, vah.

FIN.

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