Anonyme [1649], L’OYGNON, OV L’VNION, QVI FAIT MAL A MAZARIN, Auec quelques autres Pieces du temps, contre luy. , françaisRéférence RIM : M0_2638. Cote locale : C_8_12.
L’OYGNON, OV L’VNION, QVI FAIT MAL A MAZARIN, Auec quelques autres Pieces du temps, contre luy. A PARIS. M. DC. XLIX.
L’OYGNON OV L’VNION, QVI FAIT MAL A MAZARIN, Auec quelques autres pieces du temps, contre luy.
Qv’est-ce que cest Arrest d’oygnon, ou d’vnion Qui nous cause tant de grabouge ? Dit tout triste à son compagnon Le Pantalon au bonnet Rouge.
Lors vne femme qui l’entend, Et pense que par moquerie L’vnion des Cours il pretend Ainsi tourner en raillerie :
C’est oignon te fera pleurer, Et ne pourras le digerer Dist elle alors toute en colere ;
Vne autre dist : tu te deçois, Cest Italien, ma commere, Ne faict qu’écorcher le François.
Iules Mazarin conseillé de songer à sa SONNET.
Faictes vostre paquet, l’homme à la rouge-teste, Courez viste chercher vostre païs Latin, Il fait plus seur pour vous sur le mont Auentin, Qu’il ne faict à Paris auecque les Enquestes.
Voiez de toutes parts l’orage qui s’appreste, Et que vostre fortune en est sur le declin, Celuy dont vous portez le nom, vit son destin Finir dans le Senat par vn coup de tempeste.
Croyez que vostre sort sera pareil au sien : Car les peres Conscripts sçauent bien le moyen D’abbaisser soubs les loix le plus Eminent homme :
Gardez-vous de choquer ce sacré tribunal ; Et retournez plustost estre Mercure à Rome, Que de trahir l’Estat au Palais Cardinal.
Sur le nom de Iules. RONDEAV.
VN Iules, plustost vn malin Gouuerne auiourd’huy dans la France Vn Roy qui nous donne esperance De voir le Danube, & le Rhin Rangez soubs son obeïssance : Mais guidé par ce Tabarin, Il n’aura iamais la puissance Qu’acquit Iadis par sa valeur Vn Iules. Bien que d’vn Bonnet purpurin Nous luy voions couurir son crin,
Sur les Escuries de Mazarin. SONNET.
Orgueilleux bastiment où l’Iniuste abondance Monstre au peuple l’Autheur de sa nccessité, Sang-suёs qui sans voix reprochent à la France Ou son peu de courage, ou sa stupidité :
Ie ne puis contempler vostre magnificence, Que d’vn Esprit boüillant, & d’vn oёil irrité, Voiant que les cheuaux sont traittez d’Eminence, Et qu’on les va loger en ceste qualité.
Non ie ne vous puis voir esclattante escurie ! Que d’vn libre discours soudain ie ne m’escrie : O trop sensible abus d’vne minorité !
L’on peut croire aisément dans le siecles où nous sommes Tout ce que des Tyrans a dict l’Antiquité, Puisque par les cheuaux l’on fait manger les hommes.
Pour Mazarin, la Riuiere, & d’Hemery,
Trois hommes de basse naissance Le Cardinal, & d’Hemery, Et cet insolent fauory Qui peut tout sur Gaston de France, Sans honneur & sans iugement L’esprit plein de dereglement N’ont pour but que de nous deffaire : François preuenons ces mal-heurs, Et pour conseruer cest Empire Faictes pendre ces trois voleurs.
Sur le depart du Surintendant d’Hemery, pour aller
D’Hemery ne t’en va pas Iules te suit pas à pas, Attens-le.
Requeste presentée aux quatre Compagnies Souueraines
Arbitres de nos destinées, Astres qui sur nostre horizon, Ramenez la belle saison, Aprés tant de tristes iournées ! Que vos soings les fruicts de nos vœux Fassent pour vous & nos nepueux Tout ce que le Ciel vous inspire Pour vn peuple persecuté, En rendant à ce grand Empire Sa premiere felicité.
Des commencements si prosperes Nous flattent d’vn siecle plus doux : Et l’Estat vous regarde tous Comme ses veritables Peres ; Ce tiltre vous est glorieux, Et toute la France a ses yeux Dessus vostre auguste puissance Puis qu’estants iuges souuerains, Vous tenez dans vostre balance Le bien & le mal des humains.
Le Ciel aydant vostre courage, A vostre glorieux deuoir A remis enfin le pouuoir Pour acheuer ce grand ouurage : Poussez d’vn si beau mouuement Seruez vous glorieusement
Pauure France que l’on accable, Pour t’auoir trop tiré de sang ! Tant de Vautours rongent ton flanc Que tu n’és plus recognoissable. Mais tes maux ont assez duré, Et bien-tost vn siecle doré Rendra tes plaintes assoupies : Tu mangeras ton pain sans pleurs, Et l’on chassera les harpies Qui s’engraissent de tes mal-heurs,
C’est vne venimeuse insecte Qui cause la mortalité, Et qui flattant l’authorité, La rend odieuse & suspecte : Ces grands voleurs dignes des fers, Ne doiuent point estre souffers Auec vn commerce si lasche, Tous leurs supposts soient abolis, Et ne souffrez plus vne tache Qui ternit l’esclat de nos lis, Vainement les hommes d’affaires, Taschent de diuertir leur sort, La fortune ne faict essort Que sur des ames mercenaires ; Et vostre zele non suspect Ne defere point au respect Ny d’interest, ny d’alliance : Et le salut de deux ou trois Vous est de moindre consequence Que celuy de tous les François.
Regardez, sages politiques Dans nos villes & dans nos champs,
Assez a troublé nostre ioye Leur insolente cruauté ; Assez à leur auidité ; Nous auons tous seruy de proye : Ces gens de tous haïs & crains Perdent mesmes les Souuerains ; La disette de leurs Prouinces Oste la force à leurs proiets, Et l’incommodité des Princes Vient de celle de leurs subiets.
Il reste donc que nostre barque Si long-temps exposée aux flots, Par de si sages matelots Soit conseruée à son Monarque : Que de ce peril euident Nous passions au contentement D’vn sort qui n’ayt plus d’amertume : Que commençans à respirer, Nous changions enfin la coustume De ne iamais rien esperer.
Quand nos mal-heurs seront finis, Parmy des voluptez si pures, Tous nos esprits seront vnis : Ces reproches, & ces murmures, Ces desordres éuanoüis N’empescheront plus que Loüis N’aille comme vn foudre de guerre Partout se faire couronner,
D’vn potentat la gloire est grande, Qui des nations est vainqueur Mais Themis luy gagne le cœur De tous les peuples qu’il commande : La douceur du Gouuernement Fait porter bien plus gayement Le ioug d’vne grandeur supreme, Et l’insolent mespris des Loix Est la cheute des diadémes Qui ceignent le front de nos Rois.
Vaincre les cœurs est vne gloire Qui n’est point subiete aux hazards : Auguste l’honneur des Cæsars De Rome eust ainsi la victoire Les Regnes violens sont courts, Et le fer ne peut pas tousiours Ces feux domestiques esteindre Que la haine peut allumer ; Et c’est peu que se faire craindre, Si l’on ne sçait se faire aimer.
Le retour de ces iours plus calmes Signalera vostre vertu : Releuer l’estat abbattu Cest ceüillir d’eternelles palmes : Rendez de mon Roy quoy qu’enfant, Le Regne heureux & triomphant Et monstrez a toute la France Par des propices changements, Que vos Loix & vostre puissance En sont les plus seurs fondemens.
Iules aduerty de ce qu’il doit craindre par les AIR NOVVEAV.
Grand Cardinal que la fortune Qui t’esleuent en vn si haut rang, Ne te fasse oublier ton sang Et que tu es de la commune : Car l’on sçait fort bien dans ces lieux Quelle peut estre ta famille, Car l’on sçait fort bien dans ces lieux Quel est ton pere, & tes ayeulx.
Fais en sorte qu’il te souuienne Qu’vn Italien comme toy Dans la minorité d’vn Roy Aprés auoir bien fait des siennes, Fut enfin par reuers du sort, Quoy que Fauory de la Reyne, Fut enfin par reuers du sort Iustement puny de la mort.
Quoy que fauory de la Reyne. Autant que tu l’es auiourd’huy Enfin il a esté puny Pour auoir faict tant de fredeines Prends garde que les mescontens Ne t’en fassent bien-tost de mesme, Prends garde que les mescontens Ne t’en fassent bien-tost autant.
Autres Airs du temps.
Qvelle pitié de voir en nostre France Tant de voleurs & de secrets filoux Qui sans licence Comme des Loups Succent le sang des peuples les plus doux, Qu’en direz-vous.
Ce grand sceleur & bourlier de France Fait vn amas de testons & de souls Pour bien seance L’or le plus dous, Passe les monts conduit par des hibous : Qu’en dites-vous
Ce gros Pourceau qu’on nomme Particelle, A tant donné d’argent pour quelques coups A sa donzelle, Qu’il nous faict tous Mourir François & manger par les pous. Qu’en dites-vous ?
Ce bon Boucher instrument de maltoste Ne passera iamais au rang des fous. Sans cesse il oste Pistoles & souls : Si ces voleurs s’entendent ainsi tous Qu’en dites-vous ?
Vous les voiez, il vous faut satis-faire Et approuuer ce que vous voulez-tous Et pour desplaire A ces cagous. Mon Parlement prononcera pour vous : Qu’en dites-vous ?
Naples, Courtray, Beaufort & la Paulette Et de la paix la publication Troublent la teste De ce Coyon S’il faut laisser l’estat à l’abandon : Qu’en dira-on ?
Quand Guenegaud auec grande hueé Fut par les clers chassé comme vn poltron, Si l’assemblée, Outre l’affront Eust dechargé quelques coups de baston, Qu’en diroit-on ?
Sur la comparaison de Mazarin auec le Cardinal de
L’on dit que la comparaison Du grand Armand auec Iules Seroit bien aussi ridicule Que d’vn Aigle auec vn oyson, Ou d’vn barbe auec vne mule.
L’Humeur de Iules Mazarin.
ON dit, & on ne dit pas mal Que nostre belle armée de Flandre Rend tout, & ne sçauroit rien prendre : Au contraire du Cardinal, Qu’il prend tout, & ne sçait rien rendre,
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Anonyme [1649], L’OYGNON, OV L’VNION, QVI FAIT MAL A MAZARIN, Auec quelques autres Pieces du temps, contre luy. , françaisRéférence RIM : M0_2638. Cote locale : C_8_12.