L. D. R. S. [signé] [1650 [?]], LA VERTV TRIOMPHANTE A MONSEIGNEVR LE DVC DE VANDOSME, ET A MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT, SVR LE CHOIS QV’IL A PLEV A leurs Maiestez, de les gratifier de la charge de Grand-Maistre, Chef & Sur-Intendant General de la Nauigation & Commerce de France; & Monseigneur le Duc de Beaufort son second fils, pour la suruiuance de cette importante charge, & des premieres de la Couronne. , françaisRéférence RIM : M0_4022. Cote locale : A_9_23.
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LA
VERTV TRIOMPHANTE
A MONSEIGNEVR
LE DVC
DE VANDOSME,
ET A MONSEIGNEVR LE DVC
DE BEAVFORT,

SVR LE CHOIS QV’IL A PLEV A
leurs Maiestez, de les gratifier de la charge de
Grand-Maistre, Chef & Sur-Intendant General
de la Nauigation & Commerce de France ;
& Monseigneur le Duc de Beaufort son second
fils, pour la suruiuance de cette importante charge,
& des premieres de la Couronne.

Tout ainsi que le Soleil nous semble redonner
sa clarté auec plus de vigueur qu’auparauant,
quand par la directe opposition d’vne nuée épaisse,
qui la tenu long temps couvert, nous auons esté presque
entierement priuez de sa splendeur, & qui venant
à se dissiper tout à coup, semble faire renaistre
vn nouueau iour dans le iour mesme, tant les beaux
rayons de cét astre brillant, semblent clairs à nos
yeux apres ce petit esclypse passé ; il en est de mesme

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de la vertu, qui apres auoir demeuré quelque temps
comme aneantie par les vaines conspirations qu’on
auoit fait pour la destruire entierement, la voulant
estouffer sous vn faux manteau d’vn vice supposé,
vient auec plus de force qu’auparauant, faire esclatter
ses illustres brillans, afin que nous connoissions
éuidemment que Dieu ne permet iamais qu’vne chose
qu’il estime tant ; soit éternellement persecutée,
sans faire connoistre l’erreur de ceux qui taschent de
l’opprimer, parce qu’ils n’auoient pas vne entiere
connoissance de son integrité, ou parce que ces personnes
emportées de haine & d’enuie, ne pouuoient
pas conceuoir qu’vn Prince peut posseder à vn si haut
point la vertu, qu’elles sont acharnées à la tyranniser
pour la destruire.

 

Monseigneur le Duc de Vandosme dont la vertu &
la constance dans le seruice du Roy, ont esté si long-temps
persecutées, nous donne vn tres bon exemple
de cette verité ; qui dans le temps que sa fermeté pour
la gloire & pour le salut de l’Estat a semblé se precipiter
entierement dans vn abisme si profond, qu’elle
estoit desia menacée de n’en iamais releuer, ç’a esté
pour lors que sa generosité, & la fidelité qu’il a tousiours
eû pour la conseruation de la Couronne,
ont paru ouuertement aux yeux de tout le monde,
& auec d’autant plus de force & d’éclat qu’elle auoit
esté iniustement agitée, pour n’auoir pas esté bien
connuë de son persecuteur ; de maniere que Dieu
nous a voulu faire voir, que les oppositions qu’on formoit
pour faire choir ce grand Prince, n’ont seruy

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que pour faire son restablissement, & pour seruir de
fondement inesbranlable, sur lequel il peut appuyer
l’estime particuliere que sa Majesté fait de sa personne,
aprez quelle a d’escouuert les fauces impressions qu’on
luy donnoit contre Monseigneur le Duc de Vandosme,
qui vient de recompencer la vertu de ce Prince, de
la plus importante change qui se soit trouuée vacquante
dans le Royaume, affin que tout le monde voye clairement
la cincerité auec laquelle ce Seigneur à seruy
l’Estat, & affin que la posterité s’asche que nos Monarques
n’ont pas plustost connû la fidelité de leurs
sujets, qu’ils ne les comblent en mesme temps de
biens faits & de faueurs.

 

Aprés donc que le Roy a eû vne parfaite connoissance
de l’integrité de Monseigneur le Duc de Vandosme
par sa constance inuincible dans son deuoir, &
dans les interests de sa Maiesté, & par les bons tesmoignages
mesme qu’il en à rendu par le commandement
que le Roy lui a donné de son armée en Bourgogne,
où ce grand Prince à si genereusement attaqué, vaincu,
& rendu à l’obeissance de sa Majesté tous les mescontants
& rebelles qui s’estoient saisis des meilleures
places de cette Prouince & qui par sa bonne conduitte
ont esté sousmises à l’authorité Royaille, contre laquelle
elles s’estoient inconsiderement opposées, en
souffrãt que beaucoup d’interessis dãs la detention de
Messieurs les Princes ait cherché & trouué leur retraite
dãs leurs murs contre la volonté & les commãdements
exprez du Roy, qui considerant l’ardeur auec laquelle
Monseigneur le Duc de Vandosme s’estoit comporté

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à les reduires en moins de quinze ou vint iours,
sa Majesté luy a fait presant & recompence de ses bons
seruices de la charge de Grand Maistre, Chef & Sur-Intendant
General de la Nauigation & commerce de
France, dont il presta le serment de fidelité le premier
iour de ce mois entre les mains de la Reyne Regente
dans le Palais Royal, où ce Prince s’estoit trouué pour
rendre ses deuoirs à leurs Majestez sur l’assurance qu’il
auoit eû que le Roy partoit le lendemain deuxisme du
dit mois pour Compiegne, & n’eut pas plustost salué le
Roy, la Reine & son Eminẽce, qu’il fut prié de receuoir
cette charge en recompence de la bonne volonté que
ce Prince auoit pour le seruice du Roy, & en tesmoignage
de l’amitié que sa Majesté auoit pour luy, & pour
ceux de sa maison, donnant en mesme temps la suruiuance
de l’Admirauté à Monseigneur le Duc de Beaufort,
pour le zelle qu’on a connu que ce Genereux
Prince a eû pour la conseruation de l’Estat, & pour la
refformation des desordres du Royaume, dont la tranquilite
& le repos sont si necessaires à la gloire & à l’auantage
de la Couronne, qui reduira par ce moien les
plus forts ennemis de cette Monarchie, en deuoir de
venir demander humblement la Paix Generalle, que
les desordres qui ce sont insensiblement glissez dans
l’Estat ont differé iusques à present.

 

Considerez donc combien il est vtile & necessaire à
vn chacun d’estre fidelle & attaché constamment au
seruice du Roy ; puisque sa Majesté n’a pas si tost reconnu
les merites & la valeur de ceux qui luy rendent
quelques bons seruices, qu’en mesme temps les charges,

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les honneurs, & les biens ne luy soient versez à plaines
mains, ce qui doit obliger tous les bons François à perir
pour le seruice de nostre Monarque, & ny employer
pas seulement nos forces auec courage : mais aussi y
hazarder & perdre nostre vie auec plaisir, puisque nous
voyons que nos actions sont si bien reconnuës de sa
Majesté, qu’il anime par ce moyen tous ses suiets à faire
à qui mieux mieux, & ne point chercher d’autre interest
que celuy de sa Couronne, sçachãt bien que le repos du
particulier despend absolument de celuy du general ;
Courons donc tous à ce grand Monarque, faisons luy
connoistre que nous ne demandons qu’à faire voir nos
tres humbles obeissances, auec toute la fidelité possible
ambrassons courageusement les interests de sa Couronne,
afin que nous puissions tous participer au bien que
la France en receura ; & sa Majesté nous faira dans l’instant
gouster les fruits d’vne Paix Generalle, en nous
soulageãt entieremẽt des maux que la guerre nous fait
souffrir depuis tant d’années, & qui venant heureusement
à prendre fin là où elle semble le plus s’augmenter
nous faira encore iouïr d’vn nouueau siecle d’or ; au lieu
que nous sommes continuellement dans les tourments,
nous ne goutterons que du plaisir & de la douceur, n’ayant
plus d’autre occupatiõ qu’à vacquer à nos interests
particuliers, sans estre contraints de nous opposer à
ceux que nos ennemys cherchent dans ce Royaume,
chacun sera paissible dans sa maison, les Provinces ne
seront plus sujettes aux inuasions des Espagnols, les
peuples ne seront point foulez par des armées estrangeres,
les Frontieres ne seront point agittees & saccagées

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par les gens de guerre, il ne s’y parlera plus que de
repos, que de sureté, que de bien-veillance entre les
Couronnes, les commerces seront libres, les marchãds
trafiqueront en assurance, la charté diminuera de toutes
choses ; enfi il n’y aura plus d’amertume, il ne tient
qu’à nous suiuons le bon exemple de Monseigneur le
Duc de Vendosme & de Monseigneur le Duc de Beaufort,
qu’elles aduersitez & qu’elles persecutions qu’il
nous puisse arriuer ne nons despartons iamais desinterests
de nostre Monarque, que les biens & les honneurs,
n’y la conseruation mesme de nostre vie ne puisse nous
faire iamais destacher du seruice du Roy, il faut tousiours
estre constant & inuiolablement liez les vns aux
autres pour tous vnanimement coure auec ardeur &
auec plaisir au secour de nostre Couronne, il ne faut
iamais se rebutter ; Faisons comme ce Prince, qui
dans les plus grandes persecutions qu’il a souffert,
s’est monstré le plus inuincible, & a frayé auec tant
de courage toutes ces attaques, & tous les perils qu’on
lui faisoit risquer, qu’il a enfin rendu sa vertu triomphante.

 

Par vn de leurs plus obeissant
seruiteur.

L. D. R. S.

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L. D. R. S. [signé] [1650 [?]], LA VERTV TRIOMPHANTE A MONSEIGNEVR LE DVC DE VANDOSME, ET A MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT, SVR LE CHOIS QV’IL A PLEV A leurs Maiestez, de les gratifier de la charge de Grand-Maistre, Chef & Sur-Intendant General de la Nauigation & Commerce de France; & Monseigneur le Duc de Beaufort son second fils, pour la suruiuance de cette importante charge, & des premieres de la Couronne. , françaisRéférence RIM : M0_4022. Cote locale : A_9_23.