Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1652], LA VERITABLE RESPONSE DV ROY, FAITE A LA HARANGVE DE Monsieur le Cardinal de Rets, en presence de Messieurs les Deputez du Clergé de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3955. Cote locale : B_16_67.
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RESPONSE DV ROY,
donnée par Escrit aux Deputez du
Clergé de Paris.

LE ROY a eu tres-agreable que
le Clergé de sa bonne ville de
Paris, dont sa Majesté fait vne
singuliere estime, luy ayt enuoyé
donner par ses Deputez
de nouuelles preuues de son affection & de
sa fidelité dans la conjoncture presente : Sa
Majesté en a receu d’autant plus de satisfaction,
qu’elle se promet que ceux de leurs
corps qui ont la direction des consciences
de ses peuples, tascheront tousiours de leur
apprendre autant par leurs enseignemens,
que par leur exemple, le respect & l’obeyssance
que la parole & la loy de Dieu dont

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ils sont les interpretes, obligent les sujets
de rendre à leur Souuerain. Sa Majesté
prend le Ciel à tesmoin, qu’elle n’a point
de plus violent desir dans l’ame, que de redonner
la paix à ses sujets, pour paruenir
de suitte à celle de toute la Chrestienté, &
qu’elle n’a rien obmis jusqu’icy de tout ce
qui a esté en son pouuoir pour faire jouyr
de l’vne & de l’autre tous ceux que Dieu a
mis sous sa conduite. La bonté auec laquelle
sa Majesté s’est disposée à pardonner
toutes les offenses qui luy ont esté faites,
& à faire publier vne Amnistie generale de
tout ce qui a esté entrepris contre son authorité
pendant ces mouuemens, a fait
voir clairement qu’elle ne refuse pas de sacrifier
ses interests plus sensibles pour le repos
public. Elle ne desire pas auec moins
d’impatience de retourner en sa Ville de Paris
pour y restablir la tranquilité & le bon-heur
dont elle a accoustumé de jouyr quãd elle est
honnorée de la presence de son Roy. Sa Majesté
à déja pris resolution de s’en r’approcher,

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a donné ordre de preparer son Chasteau de
sainct Germain pour y aller auec sa Cour au
premier iour ; Mais il est tres-necessaire, que
ses bons sujets de ladite Ville pour se mettre en
estat de profiter de ce bien, se deliurent des
obstacles qui les en ont priuez iusqu’à present,
& qu’ils n’y souffrent plus le pouuoir violent
de ceux, qui pour faire durer les troubles
qu’ils ont excitez, n’ont autre but que de tenir
tousiours les principaux membres de l’Estat
separez de leur chef. Les soins qu’ils ont
pris cy-deuant, quand sa Majesté a esté proche
de ladite Ville, de faire redoubler les gardes
aux Portes, de rompre les Ponts, d’occuper
& fortifier les passages, & de tenir toûjours
des gens de guerre entre la Cour & Paris,
ont fait connoistre éuidemment quel est leur
dessein, & combien il importe aux habitans
de ladite Ville pour leur propre bien, de s’y
opposer genereusement. Sa Majesté à sujet
d’esperer, que dans vne occasion si importante
à leur repos, & au salut de tout l’Estat, ils
témoigneront le mesme courage & la mesme

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affection que leurs predecesseurs, quand méprisans
tous les perils & les forces d’vne faction
beaucoup plus puissante que celle d’aujourd’huy,
qui auoit la Religion pour pretexte ;
ils chasserent ceux qui opprimoient leur
liberté, & se deliurerent des ennemis estrangers
& domestiques qui vouloient empécher
le Roy Henry le Grand, d’entrer en possession
de la Ville Capitale de son Royaume, Sa Majesté
ayant desia fait de sa part, tout ce qu’on
pouuoit desirer d’elle auec raison pour la seureté
de ceux, à qui les fautes passées pourroient
auoir donné quelque sorte d’apprehention, ne
peut croire que l’execution d’vn si glorieux &
si vtile dessein, comme est celuy de remettre la
plus noble Ville de l’Europe en l’estat ou elle
doit estre, puisse estre plus long temps retardée
par aucune consideration ; ny que des subjets
fidelles, comme les habitans de ladite Ville
qu’elle ayme tendrement, vueillent differer
d’auantage de se rendre heureux par le defaut
de certaines formalitez, où ils n’ont point
d’interest ; dont celuy qui a droict de commander

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ne peut se départir, sans faire preiudice
à sa dignité ; & ausquelles de leur part, ils
auroient tort de s’arrester, puis qu’ils peuuent
trouuer leur gloire & leur seureté dans leur
obeyssance. Fait à Compiegne le 13. iour de
Septembre 1652.

 

Signé, LOVIS.

Et plus bas,

DE GVENEGAVD.

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1652], LA VERITABLE RESPONSE DV ROY, FAITE A LA HARANGVE DE Monsieur le Cardinal de Rets, en presence de Messieurs les Deputez du Clergé de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3955. Cote locale : B_16_67.