Mengau, Jacques [1651 [?]], SECOND ADVERTISSEMENT A MESSIEVRS LES PREVOST DES MARCHANDS ET ESCHEVINS DE PARIS. SVR LE RETOVR FVNESTE DE MAZARIN. Comme aussi de la Descente que les Anglois pretendent faire en France, du costé de la Rochelle, Bordeaux, & Blaye, Ainsi que ie vous l’ay promis. Et la Garde que les Parisiens font maintenant de la personne du Roy. Vne Lampe d’Or, de Feu Inextingnible, se découurira en la ville de Tolose, qui fut enterrée du temps de Trajan l’Empereur. La ville de Nismes, ou partie d’icelle, sera ruinée par vn deluge d’Eau, qui arriuera de leur Fontaine. Et autres choses dignes de remarque, qui doiuent arriuer en plusieurs endroits de la France, cette presente Année. Predict par MICHEL NOSTRADAMVS. , françaisRéférence RIM : M0_446. Cote locale : D_1_37.
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SECOND ADVERTISSEMENT
A MESSIEVRS
LES PREVOST DES MARCHANDS
ET ESCHEVINS DE PARIS.

SVR LE RETOVR FVNESTE DE MAZARIN.

Comme aussi de la Descente que les Anglois pretendent faire en
France, du costé de la Rochelle, Bordeaux, & Blaye, Ainsi que ie
vous l’ay promis. Et la Garde que les Parisiens font maintenant
de la personne du Roy. Vne Lampe d’Or, de Feu Inextingnible,
se découurira en la ville de Tolose, qui fut enterrée du temps de
Trajan l’Empereur. La ville de Nismes, ou partie d’icelle, sera
ruinée par vn deluge d’Eau, qui arriuera de leur Fontaine. Et autres
choses dignes de remarque, qui doiuent arriuer en plusieurs
endroits de la France, cette presente Année.

Predict par MICHEL NOSTRADAMVS.

A PARIS,
Chez I. BOVCHER, ruë des Amandiers, deuant le Col. des Grassins.

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Extrait du Priuilege du Roy.

PAR grace & Priuilege du Roy, donné à Paris le dixiesme
jour de May 1649. Signé, Par le Roy en son Conseil,
GVITONNEAV. Il est permis à M. IACQVES
MENGAV, Professeur és Mathematiques, de faire imprimer
vn Dictionnaire seruant à l’explication des mots les plus difficiles desquels
les Anciens Cosmographes, Geographes, & Astronomes ont
parlé fort obscurement, soit par Enigmes, Emblesmes, Paraboles,
que par Figures, Portant deffenses à tous autres Imprimeurs
& Libraires de contrefaire les Oeuures dudit MENGAV,
pendant dix ans, à peine de deux mil liures d’amende, de
confiscation des Exemplaires, & de tous interests, comme plus
à plein est contenu audit Priuilege. Et a ledit Mengau remis
& transporté à Iean Boucher, Imprimeur-Libraire à Paris,
ledit Priuilege pour en joüyr pendant le temps porté par
Iceluy. Ainsi qu’ils ont accordé entr’eux, le premier jour
de Mars mil six cens cinquante-vn.

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SECOND ADVERTISSEMENT
A MESSIEVRS
LES PREVOST DES MARCHANDS
& ESCHEVINS de Paris.

MESSIEVRS,

Vous deuez sçauoir qu’il n’y a rien en la Nature,
composée des quatre élemens, qui ne soit conduit &
predominé par les Astres. Desirant sçauoir ce qu’il
doit arriuer la presente Année ; I’ay trouué à l’heure
que le Soleil fera son entrée au premier degré d’Aries,
le 21. de ce mois de Mars, nous aurons Mercure pour
gouuerneur de l’Année, lequel nous menasse de beaucoup
de malheurs, (que Dieu nous en vueille preseruer
par sa grace) ainsi que Michel Nostradamus a remarqué
dans ses Propheties, Centurie neufiesme,
quatrain cinquante-cinq.

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L’horible guerre qu’en l’Occident s’appreste,
L’An ensuiuant viendra la pestilence,
Si fort, horrible, que jeune, vieux, ne beste,
Sang, Feu, Mercure, Mars, Iupiter en France.

 

Par ce Quatrain, Nous voyons, MESSIEVRS,
que tout le Monde voudra Gouuerner, le Peuple d’vn
costé, les gens de Guerre de l’autre, les gens de Lettres
aussi. Les Princes ne les voudront pas souffrir ; O
Dieu, quelle pitié ! que d’effusion de sang ! C’est ce dequoy
l’Oracle nous menasse, si Dieu n’a pitié de nous ;
Qu’il faut entendre par ces paroles : Sang, Feu, Mercure,
Mars, Iupiter en France. Par ce mesme Quatrain Nostradamus
nous menasse de Peste l’Année prochaine, à
cause de la grande humidité qui arriuera cette Année,
pour raison des pluyes frequentes qui se feront pendant
le Prin-temps, & l’Esté, suiuies de gresles & tonnerres,
que le quatriesme Ciel en tremblera. La partie
Occidentale sera grandement affligée par Guerre,
& par eau, c’est à dire, la Guyenne.

I’ay promis de vous faire voir la suitte du Retour funeste
du Cardinal Mazarin, & autres choses digne de
remarque, qui doiuent arriuer la presente Année. Ie
n’estime pas vous auoir fait voir si bien la Fuitte ou esloignement
du Cardinal Mazarin (s’il le faut ainsi appeller)
comme aussi son Retour, que ie ne vous le fasse
voir encore mieux, mais bien plus clairement que
cy-deuant, ce sera par le Quatrain quatre-vingts douze
de la Centurie huictiesme, en ce que nostre Oracle
dit :

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Loing hors du Regne mis en hazard voyage,
Grand Ost duira, pour soy l’occupera,
Le Roy tiendra, les siens captif ostage,
A son retour tout pays pillera.

 

Vous voyez par ce Quatrain, Amy Lecteur, comme
Mazarin s’éloignera hors du Royaume, auec danger
de sa personne, qu’il faut entendre par ces mots :
Loing hors du Regne mis en hazard voyage. Cét éloignement
ne sera pas pour long-temps, puis que Nostradamus
dit, qu’il menera vne grande Armée pour la
conseruation de sa personne ; Il faut entendre par ce
mot, Ost, Armée, ou Ennemis, dautant que ce mot
d’Ost, deriue du mot Latin, Hostes, pour dire ennemis.
De maniere que quand Mazarin viendra auec l’Armée
qu’il aura faite hors de la France, il pillera par
tout où il passera, qu’il faut entendre par ces mots : A
son retour tout pays pillera.

Vn Homme bien consideré, ayant appris que i’auois fait imprimer
la Fuitte, & le Retour funeste du Cardinal Mazarin,
me vint voir ces iours passez, lequel aprés luy auoir fait voir
par cette Continuation, comme le Cardinal sera tousiours en
peur & en hazard de sa personne ; me monstra vne Lettre
qu’vn de ses Amis luy auoit escrite il y a peu iours, dont la
copie vous est cy-apres transcripte, par laquelle nous apprenons
la Routte que le Cardinal tient, qui est en partie conforme à ce
que nous auons dit cy-deuant par le Quatrain 92. de la huictiesme
Centurie.

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LETTRE D’VN HOMME DE CONDITION
escrite de Sedan, à vn sien Amy à Paris,
le 9. Mars 1651.

MONSIEVR,

Pour vous apprendre des nouuelles veritables, puis que
celles de la Gazette ne le sont pas. Monsieur le Cardinal n’a
pas esté en cette Ville, & n’a point passé Rethel ; Il en partit
Lundy sur les onze heures du matin, pour Bar-le-Duc, & de
là en Lorraine, & en l’Alsalse ; Ses Niepces & son Nepueu,
sont auec luy. Tout son monde, tant Maistre que Valet, montent
environ à cent cinquante Cheuaux. Tous les iours on le
quitte : Il est en mauuais équipage, sans hardes & autre commoditez
necessaires à luy & aux siens. Tout son chemin est par
trauerses, & depuis Peronne iusques à Rethel, ils ont eu du
mauuau giste souuent, bien-heureux d’auoir eu de la paille
pour se coucher ; les Niepces mesmes, comme les autres, ont couché
vestuës prés d’vn peu de feu de paille. Tout cela est sans
exageration. Monsieur le Cardinal à pris escorte des gens de
Rose, enuiron cent cinquante hommes auec luy, & autant qui
tiennent les avenuës de la Riuiere d’Aine. L’on dit maintenant
que Monsieur de Turenne le poursuit : mais il n’est à croire,
il a trop peu de Cavalerie, pour attaquer quatre à cinq cens
hommes qui sont à son Convoy. Madame de Longueville est allée
à Verdun, pour Paris. Monsieur de Turenne est à Stenay.
Monsieur le Gouuerneur de Mouzon a mis hors de la ville la
pluspart des Bourgeois ; Il n’en reste pas plus de trente.

Ce que j’admire davantage en ce quatrain est, que
nostre Oracle a fait couler en peu de mots, la Garde

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que les Bourgeois de Paris font à present pour empescher
qu’on n’enleve point le Roy, ainsi que l’on fit
il y a deux ans. Toutefois l’Oracle nous fait entendre
cette Garde à contre-sens, en ce qu’il dit : Le Roy
tiendra, les siens captif ostage ; Comme qui diroit, I’ay fait
vn prisonnier, mais il m’ameine. De maniere que par
ces paroles, il entend que les Bourgeois sont captifs
en se soûmettant à la garde du Roy ; Que si le Roy
nous eschape, il est à craindre, à ce que dit Nostradamus,
que Mazarin reuiendra, & pillera tout le pays où
il passera ; C’est pourquoy nous deuons preuenir ce
retour, & nous y opposer, si nous voulons faire mentir
l’Oracle.

 

Ie vous ay dit de plus, par le premier Advertissement,
cõme la France estoit menassée de deux grands
malheurs. L’vn par l’entremise du Cardinal ; & l’autre
par la Descente que pretendent faire les Anglois du
costé de la Rochelle, Bordeaux & Blaye ; c’est ce que
Nostradamus nous dit par la Centurie premiere, quatrain
90. & qu’à mesme temps l’on verra vn Monstre
qui doit naistre proche d’Orgon, qui est vne ville de
la Guyenne, lors qu’il dit :

 


Bourdeaux, Poictiers au son de la Campane,
A grande classe ira iusqu’à Longon,
Contre Gaulois sera leur tramontane,
Quand Monstre hideux naistra prés de Orgon.

 

Les Anglois ayant fait leur descente & pris terre,
comme il a esté dit cy-deuant, les Bordelois feront
sonner le Tocsin, pour en donner advis par tout le
Diocese, à celle fin qu’vn chacun prenne les armes,

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pour s’opposer aux Anglois, qu’il faut entendre par ces
paroles : Bordeaux, Poictiers au son de la campane, A grande
classe ira iusqu’à Longon, & par ces mots : Contre Gaulois
sera leur tramontane, il faut entendre les Anglois, lesquels
ayans vne fois pris terre poursuivront les François,
qu’il faut entendre par ce mot, de Gaulois, pour
le temps de la venuë des Anglois ; Ce sera à mesme
temps qu’vn Monstre naistra proche la ville d’Orgon ;
Ce ne sera que trop tost. Ne voit-on pas à present
comme les Anglois si preparent, si on les laisse faire.

 

Auant que d’entrer plus auant dans cette matiere,
l’ay pensé vous rapporter les Quatrains qui ont parlé
assez clairement de la Guerre de Bordeaux, contre le
Duc d’Espernon, pour vous asseurer dauantage dans
la croyance qu’il faut auoir sur la verité des Propheties
de Nostradamus, dautant qu’il n’a jamais menty
en icelles ; ainsi que ie vous feray voir par le Raisonnement
suiuant. Premierement, Nous trouuons comme
nostre Oracle a predit la Guerre qui se fit l’Année
passée contre Messieurs de Bordeaux & leur Parlement,
enuers Monsieur d’Espernon, qui dit :

 


Basaz, Lestore, Condon, Ausch, Agine,
Esmeus par Loix, Querelles & Monopole ;
Car Bordeaux, Tholose, Bay, mettra en ruine,
Renouueller, voulant leur Tauro-Pole.

 

Pour bien entendre ce Quatrain, il faut sçauoir,
premierement, comme Basaz, Lestore, Condon,
Ausch, & Agine, sont cinq Villes les plus considerables
de toute la Guyenne, aprés Bordeaux, lesquelles
furent suscitées par Messieurs du Parlement, pour s’oposer

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aux Impositions & Monopoles qu’on vouloit
mettre sur le Peuple, qu’il faut entendre par ces mots :
Esmeus par Loix, Querelles, & Monopoles. Messieurs de
Bordeaux & le Parlement, auoient de plus vne Querelle
particuliere contre Monsieur d’Espernon, de ce
qu’il les auoit fourbez, ce disoient-ils ; Qu’il faut entendre
par ce mot : Querelles. Et de là il arriua que les
Bordelois & le Parlement, se resolurent de demander
au Roy vn autre Gouuerneur ; qu’il faut entendre par
ces mots : Renouueler voulant leur Tauro-Pole. Pour vous
mieux donner à entendre le mot de Tauro-Pole, il faut
sçauoir, Que tout ainsi que l’on se sert de l’Estoille Polaire,
pour trouuer la disposition des Estoilles du Ciel ;
Il est de mesme des Gouuerneurs des Prouinces, pour
la cõduite des Peuples ; que l’on appelle les sept Estoilles
qui tournent à l’entour du Pole, le grand Chariot,
lequel est trainé par des Taureaux (metaphoriquement
parlant,) & de là est venu le mot de Tauro-Pole,
pour dire le Gouuerneur ou Conducteur, particulierement
au fait de la Marine, que les Matelots appellent
Estoille du Nord, & les Mathematiciens, Estoille
Polaire, pour trouuer les Climats. Ie veux dire par là,
si Nostradamus a predit par ce Quatrain la Guerre de
Bourdeaux, ainsi que nous auons veu, Pourquoy ne
croiray-je pas la Descente des Anglois, puisque nostre
Oracle l’a aussi predite ?

 

C’est ce qui m’a obligé de vous faire participans,
MESSIEVRS, de l’intelligence que i’ay acquise par
mon estude, depuis longues années que i’y ay occupé
mon esprit, pour expliquer les Propheties de Nostradamus,

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esperant d’y faire quelque profit, pour le bien
de toute la France, en luy donnant Aduis de tout ce
qu’il luy peut arriuer ; afin que par ce moyen l’on le
le puisse esuiter, & faire mentir l’Oracle, s’il se peut ; Si
on ne le peut éuiter en tout, à tout le moins en partie.

 

La premiere ouuerture que nostre Oracle fait du
dessein que les Anglois ont contre la France, ce voit
assez clairement par le quatrain premier de la deuxiesme
Centurie, en ces termes :

 


Vers Aquitaine, par Insuls Britanniques,
De par eux mesmes grandes incursions ;
Pluyes, gelées, feront terroirs iniques,
Port Selyn fortes, fera invasions.

 

Nous auons veu dé-ja, MESSIEVRS, comme les
Anglois ont commencé de prendre plusieurs Vaisseaux
François dans nos Ports, qu’il faut entendre par
ces mots : Port Selyn fortes fera invasions. Il faut remarquer
par ce mot, Port Selyn, Port de Mer, à cause que
les eaux de Mer sont sallées ; & de là est venu le mot de
Selyn. Et aprés toutes ces courses, les Anglois se jetteront
dans l’Aquitaine. Il faut entendre par ce mot
de Britanniques, les Anglois, dautant qu’anciennement
on appelloit l’Angleterre, comme l’on fait encores
maintenant, la Grand’Bretagne, pour la distinguer
de celle que nous auons en France. Or ce mot de Bretagne
est venu de Brutus, qui fut le premier qui l’a
subjuga, au grand estonnement de l’Empire Romain.
Et par ces mots, De par eux-mesmes grandes incursions,
faut sçauoir comme ceux qui ont courru la Coste de
cette Marine, pour prendre des Vaisseaux, l’ont faict

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sans ordre des Parlementaires ; mais d’eux-mesmes en
qualité de Pirates & Escumeurs de Mer. Pour le reste,
j’estime qu’il vous est assez intelligible.

 

Par le quatrain quatre-vingts trois de la Centurie
troisiesme, Nostradamus nous fait voir la suitte du dessein
que les Anglois ont sur la Guyenne. Il est à craindre
(que quelque mal-affectionné François) qui sera
du costé de la Rochelle, ne se jette de leur Party. Si
cela estoit, garde vne seconde Sainct Barthelemy.

 


Les longs cheueux de la Gaule Celtique,
Accompagnez d’estranges Nations,
Mettront captif la Gent Aquitanique,
Pour succomber à leurs intentions.

 

Pour entendre ce Quatrain, particulierement ces
mots, Les longs cheveux de la Gaule Celtique. Il faut sçauoir
comme la France a esté diuisée du temps de Cesar,
en Celtique, Narbonnoise, Aquitanique & Belgique ;
Et du depuis, Auguste la distingua en dix-sept parties,
laquelle diuision a esté du depuis gardée en France
dans l’Estat Ecclesiastique. Or cette partie de Celtique
a esté nommée autrefois, Gallia Comata, qui est cette
partie qui approche la Rochelle, de ce qu’anciẽnemẽt
en ce Païs on portoit les cheveux fort longs, (en signe
de liberté) Si bien que quelqu’vn de cette Contrée
pourroit se mesler auec les Anglois, comme nous verrons
plus amplement cy-aprés, Accompagnez d’estranges
Nations, faut entendre les Anglois. Mettront captif
la Gent Aquitanique ; c’est à dire, qu’ils subjugueront
l’Aquitaine ; mais en vain ; & pour peu de temps ;
Pour succomber à leurs intentions ; c’est à dire, pour cause

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de la Religion. Les Anglois ayant fait Descente du
costé de la Rochelle, Bordeaux & Blaye, comme nous
auons dit cy-deuant : Nous pourrons voir que Messieurs
les Bordelois, de Roüen, & de la Rochelle, s’vniront
ensemble, pour s’opposer aux Anglois, lesquels
joints auec les Flamens, les repousseront jusques bien
prés de Roüane. C’est ce que l’Oracle à remarqué
dans la Centurie troisiesme quatrain neufiesme.

 

 


Bordeaux, Roüen & la Rochelle ioints,
Tiendront autour la grand Mer Oceane,
Anglois, Bretons, & les Flamans conioints,
Les chasseront iusques au prés de Roüane.

 

Ce quatrain estant de soy assez intellible, nous ne
nous y arresterons pas ayant à faire plus long chemin
pour aller au deuant du Roy, & le prier de ne s’exposer
pas, comme il fera estant porté de passion & d’amour,
pour le soustien de son Peuple ; s’exposera à
toutes sortes de dangers & mauuais temps, ainsi que
l’Oracle a remarque dans la Centurie quatriesme,
quatrain 79.

 


Sang Royal, fuis Mon-heur, Mas, Eguillon,
Remplis seront Bordelois, les Landes,
Nauarre, Bigorre, pointes & éguillon.
Profons de faim, vorer de Lieges glandes.

 

La Guyenne estant remplie des Anglois, tout le
Païs circonuoisin armera, comme la Gascogne, la Nauarre,
& la Bigorre ; portant les vns des Mousquets,
plusieurs des Hallebardes, & d’autres des Bastõs ferrez
à deux bouts, comme les Nauarrens, ainsi qu’ils ont
accoustumé. De maniere que cela n’empeschera pas

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que les Anglois ne poussent nostre Armée jusques
bien prés de Roüanne ; parce que la plus grande partie
des Troupes Fraçoises, se trouuerõt investies par les
eaux, particulieremẽt les Bordelois qui seront refugiez
dans le bois qu’on appelle le Bois de la Reyne, autrement
dit Les Landes, lieu fort sablonneux. De maniere
que les Bordelois y estants, seront investis des eaux
qui desborderont, comme nous auons dit ; de sorte
qu’ils n’en pourront pas sortir ; c’est pourquoy ils y seront
affamez, jusques à tel point qu’ils ny viuront que
de glan que portent les arbres qu’on fait le liege ; qu’il
faut entendre par ces mots : Profons de faim, vorer de liege
glandes.

 

Nous auons dit comme le Roy s’y transportera, à
celle fin d’obliger les bons François de combattre les
Anglois. Nostradamus dit, Que si le Roy y va, qu’il ne
se mette point dans Monheur, Mas, & Eguillon, parce
que ces trois Villes sont toutes proches la Garonne,
l’eau venant à desborder, le Roy y pourroit estre
assiegé ou investy ; ce qu’il ne fera pas, en estant dé-ja
adverty ; Qu’il faut entendre par ces mots : Sang Royal,
fuis Monheur, Mas, Eguillon.

Les Anglois prendront si bien leur temps, que toutes
choses leur seront fauorables pour vn temps ; mais
aussi leur avãtage ne durera pas ; si bien, qu’il ne s’en retournera
pas vn seul en Angleterre. Pendant que ce
premier abord leur sera favorable, ils seront si hardis
de changer le nom à la Guyenne, qu’ils appelleront
Anglequitaine, mais aprés en contr’échange, les François
les ayãs vaincus, la nommeront Barboxitaine ; ainsi

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que l’Oracle a remarqué par la Centurie neufiesme,
quatre in six.

 

 


Par la Guyenne infinité d’Anglois
Occuperont par nom d’Anglequitaine,
Du Languedoc Ispalme Bordelois
Qu’ils nommeront aprés Barboxitaine.

 

Or tout cecy ne se passera pas qu’il n’en couste la
vie à plus d’vn million d’hommes, comme Nostradamus
a remarqué, ainsi que nous ferons voir cy-aprés.
Quant à ce quatrain, il vous appert comme les Catalans,
& Languedociens, viendront au secours des Bordelois,
auec telle furie, qu’ils mettront tous les Anglois
au fil de l’espée ; qu’il faut entendre par ces mots : Du
Languedoc, Ispalme, Bordelois ; qu’ils nommeront aprés
Barboxitaine. Il faut entendre par ce mot Ispalme, les
Catalans, dautant qu’ils tiennẽt vn peu de l’Espagnol :
Pour les Languedociens, leur valleur est assez connuë
à tous, depuis la deffaite de l’Armée Espagnole, commandée
par ce grand Capitaine Cerbelon, au Siege de
Laucate. Monsieur le Mareschal de Schomberg, qui
commandoit les Languedociens s’y porta auec tant de
generosité & de prudence, qu’il emporta le Baston de
Mareschal de France.

Nous auons dit cy-dessus, MESSIEVRS, comme
les Anglois changeront le nom d’Aquitaine, en celuy
d’Anglequitaine ; comme qui diroit, l’Anglois tient
la Guyenne ; Mais aussi, comme nous auons dé-ja dit,
les François luy rechangeront le nom, & l’appelleront
Barboxitaine, ainsi que nostre Oracle a remarqué.
Dautant que le General de l’Armée Angloise,

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portera vne grande barbe, lequel perdant la Bataille,
s’enfuira dans vne Caverne où l’on enferme les Chévres ;
si bien qu’on le fera prisonnier, & on l’attachera
par la barbe, comme vn Boucq par les cornes ; pour
lors on dira, Barboxitaine, l’on tient l’Anglois par la barbe,
prenãt vne partie pour le tout. Pour cét effet, ceux
du Languedoc, tant du costé de Tholose, que de Narbõne,
viendront au secours pour repousser les Anglois,
cõme aussi ceux de Marseille ; ainsi que Nostradamus a
remarqué par la Centurie 9. quatr. 38. & par la Centurie
premiere, quatrain 72. Par le quatr. 38. de la mesme
Centurie, vous remarquerez comme les Anglois
entreront en France du costé de Blaye & de la Rochelle.
Les Bordelois en ayant advis, envoyeront des
Courriers par toute la France, afin qu’on arme en
toute diligence ; si bien que le rendez-vous sera proche
la ville d’Agen, qui confronte la Garonne. Ceux
du Languedoc armeront du costé de Narbonne, comme
les plus proches entre tous ceux du Païs, lesquels
estans prets de marcher, on les amusera, sous faux-entendre ;
ce qui sera la cause que les Anglois prendront
avantage contre l’Armée Françoise, ainsi que nostre
Oracle a remarqué, lors qu’il dit :

 

 


L’entrée de Blaye par Rochelle & l’Anglois
Passera outre le grand Æmathien,
Non loing d’Agen attendra les Gaulois,
Secours Narbonne, deçeu par entretien.

 

Tout ce qui est contenu dans ce Quatrain, est assez
intelligible, horsmis ce mot d’Æmathien, qui veut dire
grande Armée, ou grande Pompe, c’est à dire, le tout
d’vne Armée.

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Et par le Quatrain septante-deux, de la premiere
Centurie, Nostradamus a remarqué comme tous les
Habitans de la ville de Marseille se mettront en Campagne,
pour aller au deuant des Anglois, qui auront
repoussé l’Armée Françoise, dont la plus grande partie
sera composée de Languedociens, qui seront du costé
de Narbonne, Tholose & Bordeaux. L’Attaque sera si
furieuse, qu’il en moura de tous les deux Partis environ
vn million ; ainsi que nostre Oracle rapporte, lors
qu’il dit :

 


Du tout Marseille des Habitans changée,
Course, & poursuitte iusqu’au prés de Lyon,
Narbon, Tholose, par Bordeaux outragée,
Tuez, captifs, prés que d’vn million.

 

Mais aprés tout cela, l’Anglois tirera ses chausses,
aussi bien que le Cardinal. Ie m’estonne fort qu’ils
ayent cette pensée de vouloir attaquer la France, ils se
devroient ressouuenir de l’Isle de Ré & d’Oleron, où
Bouquinkan y perdit son escrime. Ils troubleront la
France pour vn temps ; Mais aussi, si les François les entreprennent
vne fois, ils se peuuent asseurer, qu’ils n’en
demeurerõt pas quitte jusques à ce qu’on les ait subjuguez ;
ainsi que Nostradamus a remarqué en plusieurs
endroits de ses Propheties, que ie passeray sous silence,
jusques à la premiere rencontre, où ie vous feray
voir comme la France possedera l’Agleterre environ
trois cens ans, pendant lequel temps, ils se voudront
rebeller, mais en vain. En attendant cette occasion,
ie vous prie de voir le quatrain 100. de la dixiesme
Centurie, qui dit :

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Le grand Empire sera par Angleterre,
Le Pompotan des ans plus de trois cens,
Grandes copies passer par mer & terre,
Les Lusitains n’en seront pas contens.

 

En tout ce Quatrain, & duquel ie me reserue l’explication,
comme ie vous ay dit, il n’y aura que les Portugais
qui en recevront vn peu d’incommodité, quand
il dit : Les Lusitains n’en seront pas contens. Enfin, il faudra
qu’vn jour les Anglois changent de Tauro-Pole, aussi
bien que les Bordelois, ainsi que nostre Oracle a remarqué
dans la Centurie troisiesme, quatrain cinquante
sept, qui dit :

 


Sept fois changer verrez gens Britannique,
Taints en sang, en deux cens nonante an,
Franche, non point par appuy Germanique,
Aries doubte son Pole soupple Bastar-nan.

 

Les Anglois estants attaquez par les François, se
voyant à la veille de leur perte, se resoudront de faire
election d’vn certain Bastard pour leur Roy ; mais
Aries dit qu’il fait doubte d’vn certain Bastar-nan, c’est à
dire, qu’il ne le sera point.

Les Anglois devroient penser de bonne heure à
ce qu’ils pretendent faire contre la France ; s’ils ne le
font pas, ils obligeront vn jour le Roy de France, lors
qu’il sera Empereur, de les exterminer ; ainsi que Nostradamus
a remarqué dans la Centurie vnziesme, sixain
trente-neuf, quand il dit :

 


Le Pourvoyeur du Monstre sans pareil,
Se fera voir, ainsi que le Soleil
Montant le long la ligne Meridienne,

-- 18 --


En poursuiuant l’Elephant & le Loup,
Nul Empereur ne fit jamais tel coup,
Et rien plus pis à ce Prince n’advienne.

 

De maniere qu’il se voit par ce sixain, comme le
Roy de France LOVYS Quatorziesme à present Regnant,
doit estre dans quelque temps Empereur. Que
si les Anglois le fachent à present, il est à craindre pour
eux, qu’vn jour il ne les extermine ; Ainsi que l’Oracle
nous remarque par ce sixain, & autre quatrains cy-deuant.
Par ce sixain, Nostradamus nous monstre assez
clairement, comme le Roy sera non seulement
Empereur, mais aussi qu’il destruira le Turc & les Anglois.
Qu’il faut entendre par ces mots : Le Pourvoyeur
du Monstre sans pareil, dautant que le premier Fils de
France s’appelle ordinairement Dauphin, & le Dauphin,
selon les Naturalistes, est vn poisson de Mer qui
pouruoit à la nourriture de la Balaine, laquelle est le
plus grand Monstre de la nature : de maniere que par
cette metaphore, nostre Oracle entend parler du Roy
de France, sous ce nom de Pourvoyeur. Par l’Elephant
il entend le Turc, à cause que cét animal croist en ses
terres ; & par le Loup, il entend parler des Anglois,
ou l’Angleterre, dautant qu’en Angleterre il n’y a
point de Loups. Et en ce qu’il dit : Nul Empereur ne
fit iamais tel coup, ie dis que le Roy sera Empereur. Or afin
qu’on n’entre point en doute si le Roy LOVYS XIV.
à present regnant, sera Empereur, quoy qu’il n’en soit
icy parlé en terme generaux, lesquels se peuuent aussi
attribuer à vn autre Fils de France qui pourroit venir
aprés luy ; mais ie vous veux faire voir que non, & que

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se sera le Roy à present Regnant ; Comme ie dis auec
Nostradamus, par la Centurie sixiesme, quatrain soixante-sept,
disant :

 

 


Au Grand Empire parviendra tost vn autre,
Bonté distant, plus de felicité,
Regi par Vn, issu non loing de Peaustre,
Courrer Regnes, grande infelicité.

 

Pour bien entendre ce quatrain, MESSIEVRS, il
faut premierement sçauoir comme l’Empire Romain
a esté le plus grand du Monde, (& qu’il le sera encores
dauantage estant possedé par nostre Roy LOVYS
quatorziesme) que nous deuons entendre par ces
mots : Au grand Empire parviendra tost vn autre, Vn autre
parviendra bien-tost au Grand Empire, c’est à dire,
à l’Empire Romain ; Bonté distant, peu de felicité, lequel
ne sera pas si bon que celuy qui l’est à present ; mais
plus heureux & plus fortuné ; car Bonté distant, veut dire,
n’estre pas si bon, ou, estre plus esloigné de la bonté ;
plus de felicité, plus fortuné. Regi par vn, issu non loing
de Peautre, ce sera celuy-là qui sera gouuerné par vne
personne qui est sortie proche le Peautre, non loing,
veut dire, proche, ou, qui n’est pas beaucoup esloigné.
Or le Peautre, est vne terre d’Italie qui confronte la
Sicille & la Calabre, (qu’on appelloit ancienement
Peucetia.)

De maniere que le Cardinal Mazarin estant le principal
Gouuerneur du Roy, & aprés luy Monsieur le
Marquis de Villeroy : Et le pere de Iules Mazarin, Sicillien,
duquel il est sorty, (le Roy estant gouuerné jusques
à present, par ce Cardinal Mazarin, & son pere

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Sicilien ; c’est sans nulle difficulté que le Roy sera Empereur.
Si cela est, comme i’espere, puisque l’Oracle
le dit : A quoy penseront les Anglois de vouloir attaquer
la France ? c’est joüer à tout perdre, ainsi qu’ils feront,
Dieu y vueille donner bon ordre par sa Grace,
pour le repos de son Peuple.

 

Reste maintenant de voir ce que Nostradamus dit
de cette Lampe d’Or de Feu Inestingnible, qui fut
mise dans vne petite Cave sous terre, du temps de
Trajan l’Empereur, laquelle se doit découvrir cette
presente Année, ainsi que nostre Oracle nous fait voir
par la ruïne de quelque édifice, qui arrivera par certain
deluge d’eau, ou débordement de Riuiere. C’est
par la Centurie cinquiesme, quatrain soixante-six,
que nous en sçaurons vn partie de ces nouuelles, lors
qu’il dit :

 


Sous les antiques édifices Vestaux,
Non esloigné d’acqueduc ruiné,
De Sol & Lune, sont les luysans metaux,
Ardante Lampe, Traian, d’Or buriné.

 

Par ce quatrain Nostradamus nous fait voir comme
il fut enterré vne Lampe d’Or de Feu Inextignible,
dessous vn Convent de Religieuses fort ancien,
qu’il faut entendre par ces mots : Sous les Antiques édifices
Vestaux. Ce Convent doit estre proche d’vn Acqueduc,
qui sera ruïné, qu’il faut entendre par ces
mots : Non esloigné d’Acqueduc ruiné, dans lequel lieu
sera aussi trouué certain Tresor, qui fut enterré à mesme
temps que la Lampe, qu’il faut entendre par ces
mots : De Sol & Lune, sont les luysans metaux. Sur icelle

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Lampe se verra vn écrit buriné, qui dira comme quoy
elle fut mise dans ladite Cave auec le Tresor, du temps
de Trajan l’Empereur ; qu’il faut entendre par ces paroles :
Ardante Lampe, Traian, d’Or buriné. Voila tout
ce qu’on en sçauroit dire, mot à mot : mais cela ne suffit
pas, dautant qu’il faut sçauoir comme l’on se gouuernoit
en ce temps-là, pour raison des Religieuses
qu’on appelloit Vestales.

 

Vous deuez sçauoir premierement, que le mot de
Vestales, est venu de ce que les Religieuses portoient
anciennement de grandes robbes, à la mode des Dames
de ce temps qui se font trainer la queuë de leurs
robbes. De maniere que ce mot de Vestale est venu
de Veste, qui vaut autant à dire, que grande robbe.
Les Vestales estoient en telle veneration, qu’on les tenoit
au rang des Diuinitez ; aussi leur donnoit-on en
garde les Tresors des Dieux, qu’on portoit dans les
Temples. Et de fait, il ne falloit pas qu’elles demeurassent
sans lumiere, ou sans feu, dautant que comme
le feu nous represente la lumiere Diuine, il falloit que
les Religieuse ou Vestales, conseruassent le feu & la
lumiere chez elles ; Neantmoins s’il arriuoit qu’elles
fussent surprises sans feu ou sans lumiere, elles estoient
punies d’vne mort fort cruelle, c’est à dire, Qu’on les
enterroit toutes viues, auec vn peu de feu, du pain,
& du vin. Or comme cela arriuoit souuent aux paresseuses,
les Hommes, pour les garantir de cette mort
cruelle, trouuerent l’invention de ce Feu Inextignible,
ainsi que l’on verra par cette Lampe qui se doit
découvrir. L’on dit que leur veneration estoit de si

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grande importance, que venant à sortir de leur Convent,
& faisant rencontre de quelque patient qu’on
menoit au supplice, il auoit sa grace. Aussi ne marchoient-elles
jamais par la ville, qu’vn homme n’allast
deuant elles portant en main vne petite clochete
qu’on appelloit tintunabulum, afin de donner advis à
ceux qui conduisoient les Patiens de s’arrester, jusques
à ce que la Vestale fust passée, C’est ainsi que les Anciens
Historiens Romains en ont écrit.

 

Or cette Lampe d’Or, nous presage plusieurs grandes
choses dignes d’estre remarquées, qui doiuent arriuer
par toute l’Europe, lesquelles on ne sçauroit éviter,
si, par quelque grace particuliere Dieu, n’arreste
les grands deluges d’eau qui doiuent arriuer :
Il y aura des Provinces entieres qui en seront tout
à fait inondées, & en telle sorte qu’on ne verra que la
pointe des arbres parmy la Campagne Messieurs de
Tholose ressentiront vne partie de ce dommage, par
la ruïne de leurs Halles qui doiuent tomber par le débordement
de la Garonne : Et Messieurs de Nismes,
par celuy de leur Fontaine. C’est ce que Nostradamus
a remarqué par la Centurie neufiesme, quatrain 9. lors
qu’il dit :

 


Quand Lampe ardante de Feu Inextignible,
Sera trouuée au Temple des Vestales,
Enfant trouué, Feu, Eau passant par crible,
Perir eau Nismes, Tholose choir les Halles.

 

Voyez, MESSIEVRS, comme nostre Oracle
repete deux fois la découuerte de cette Lampe d’Or
de Feu inextignible. Ie dis deux fois, voire trois. Pour

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la troisiesme, ie n’en parleray point ; pour cause que ie
n’oserois dire. Pour celle-cy, Nostradamus nous asseure
de plus, comme cette Lampe sera trouuée dans
le Temple des Vestales, ainsi que nous auons dit, qu’il
faut entendre par ces mots : Quand Lampe ardante de
Feu Inextignible, Sera trouuée au Temple des Vestales.

 

Cette Lampe sera découuerte par vn petit Garçon
qui cherchéra des épingles, dautant que c’est la coustume
des Enfans du Languedoc, aprés qu’il a fait vne
grande pluye, de chercher des épingles dans les ruisseaux
des ruës.) Et parce que c’est Acqueduc qui doit
estre ruiné, où les eaux de la pluye passent, ou en partie
d’icelles, lesquelles entrent dans l’Acqueduc, du costé
de la Place du Saluy, & de là sous terre par dessous le
Convent des Religieuses de Saincte Claire, qui est
tout proche la Garonne. De maniere qu’vn Enfant
entrant dans cét Acqueduc ruiné, verra à trauers d’vne
grille de fer, la lumiere de cette Lampe, à laquelle
il courra auec ses camarades, qu’il faut entendre par
ces paroles : Enfant, trouué Feu, Eau passant par crible.
Et comme ce deluge d’eau qui doit arriuer, causera la
ruine des Halles de Tholose, à mesme temps la Fontaine
de Nismes desbordant, luy causera aussi vne
tres-grande perte, qu’il faut entendre par ces mots :
Perir eau Nismes, Tholose choir les Halles.

Il me souuient qu’en l’Année 1613. ie fus present
lors qu’vn Miracle se fit dans Tholose, lors que la Garonne
desborda. Messieurs les Capitouls firent porter
deux ou trois cens balots de fer sur le Pont de Bois,
qu’on appelloit de Sainct Subra, de crainte que la Riuiere

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ne l’emportast ; Et parce qu’elle croissoit & augmentoit
tous les jours, & faisoit de grands dommages,
ruinant plusieurs maisons qui estoient dans la ruë
de Tunis, Messieurs les Ecclesiastiques furent priez,
comme aussi tous les Ordres Religieux, de se mettre
en Prieres, pour demander à Dieu la grace de vouloir
destourner & arrester ce grand desbordement d’eau.
Pour cét effet, tout le monde se mit en Prieres, on va
sur le Pont en Procession, on implora l’assistance de la
Vierge, & des Saincts, où mesme on y porta tous les
Corps Saincts qui sont à Sainct Sernin. Les eaux continuoient
tousjours d’augmẽter qu’enfin, on y porta le
Chef de Sainct Nicolas, qui est dans l’Eglise du Fauxboug
Sainct Subra. Il fut veu tout à coup que les eaux
se retirerent, de la distance qu’il y de l’Eglise à la Riuiere.
Ce fut vne si grande acclamation du Peuple qui
assistoit à cette Procession, qu’on en rendit action de
graces à Dieu, par Prieres solennelles.

 

Ie veux dire par cét Exemple, qu’vn chacun se doit disposer
à prier ce grand Dieu Immortel, d’arrester non seulement
les grands deluges d’eau qui doivent arriuer ; mais encores de
cette grande innondation de sang, que les Astres nous menassent
cette presente Année.

Ie vous feray voir par la suitte que je vous donneray (si vous
l’auez agreable) comme le Cardinal Mazarin fera sa fortune par
le sang des Innocens, qu’il fera verser, ainsi que Nostradamus
nous le dit. Mais, dy-je, vne fortune si haute & si advantageuse
qu’elle surpassera les pensées des Hommes ne le voulans pas croire,
dautant Qu’il doit parvenir au plus grand degré d’Honneur de
l’Estat Ecclesiastique, à ce que nostre Oracle luy promet ; Contre
l’Odre accoustumé.

FIN.

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Mengau, Jacques [1651 [?]], SECOND ADVERTISSEMENT A MESSIEVRS LES PREVOST DES MARCHANDS ET ESCHEVINS DE PARIS. SVR LE RETOVR FVNESTE DE MAZARIN. Comme aussi de la Descente que les Anglois pretendent faire en France, du costé de la Rochelle, Bordeaux, & Blaye, Ainsi que ie vous l’ay promis. Et la Garde que les Parisiens font maintenant de la personne du Roy. Vne Lampe d’Or, de Feu Inextingnible, se découurira en la ville de Tolose, qui fut enterrée du temps de Trajan l’Empereur. La ville de Nismes, ou partie d’icelle, sera ruinée par vn deluge d’Eau, qui arriuera de leur Fontaine. Et autres choses dignes de remarque, qui doiuent arriuer en plusieurs endroits de la France, cette presente Année. Predict par MICHEL NOSTRADAMVS. , françaisRéférence RIM : M0_446. Cote locale : D_1_37.