Nervèze, Suzanne de [1649], LE LYS ROYAL, ARROVSÉ PAR LES LARMES DE IOYE DES FIDELLES FRANÇOIS. Et l’explication des Armes de France. Presenté à leurs Majestés par S. D. N. , françaisRéférence RIM : M0_2338. Cote locale : C_3_106.
Section précédent(e)

LE
LYS ROYAL,
ARROVSÉ PAR LES
LARMES DE IOYE DES
FIDELLES FRANÇOIS.

Et l’explication des Armes de France.

Presenté à leurs Majestés par S. D. N.

A PARIS,
Chez Guillaume Sassier, Imprimeur & Libraire
ordinaire du Roy, ruë des Cordiers, proche
Sorbonne, aux deux Tourterelles.

M. DC. XXXXIX.

-- 2 --

-- 3 --

LE
LYS ROYAL,
ARROVSÉ PAR LES
LARMES DE IOYE DES
FIDELLES FRANÇOIS.

SIRE,

NOVS n’estimons pas que la
terre soit dans ses beautés, si elle n’est
émaillée des Fleurs ; puis que c’est de leur varieté
qu’elle emprunte son ornement & sa parure ;
Mais comme le Soleil produit toutes ses merueilles
dans le sein de cette feconde Mere, les attributions
de ces excellences luy sont aussi referées,
comme à l’Agent vniuersel de la nature, & au souuerain
Ouurier de ses œuures. SIRE, V. M.
peut disputer à cét Astre les auantages de ses effects ;
puis qu’elle fait éclatter son pouuoir par

-- 4 --

tous les lieux habitables, & qu’elle donne le jour,
la joye & le repos à ses peuples par l’honneur de sa
presence. Il est vray, grand Monarque, que toutes
les clartés qui ont paru à vostre Entrée sont les
garents de nos fidelitez, qui brilleront toûjours
autour de vostre Trosne, pour en afermir la legitime
domination.

 

L’Histoire nous apprent, que le LYS
ROYAL a esté porté miraculeusement à vos
Predecesseurs, pour marquer l’heureux changement
de leur erreur Payenne ; Les Rois infidelles
n’auoient que des Crapaux pour leurs armes ;
Mais les Monarques craignans Dieu, & obseruant
ses Loix, ils ont la Iustice & la pureté en partage :
Le LYS est le Symbole de la Candeur, &
par cette raison, SIRE, ie puis le presenter à
V. M. comme le Hierogliphe de celle que le Roy
des Rois a liberalement donnée à la beauté de
vostre Ame. Plaise à sa toute-Puissance d’en conseruer
le lustre, & de defendre V. M. de toutes
les pensées qui le peuuent ternir : Les premiers
des Cesars entreprenoient des grands bastimens
sans qu’ils fussent necessaires, seulement pour
embellir l’Empire, & faire viure beaucoup de
pauures gens, qui sont rauis de deuoir leur subsistance
à leur trauail. L’honneur de vostre presence,
Monarque inuincible, donne la vie à cent
millions d’hommes, qui meurent de faim par
son éloignement : Il est vray que vostre absence

-- 5 --

fait plus de rauage dans vostre capitale ville, que
tous les canons n’en sçauroient faire à vne place
battuë en ruine ; & ce qui est de plus rude, c’est
que tous les momens en sont funestes. Châcun
perit dans sa peine, parce que tous les remedes
sont dans cette douce, heureuse & souhaittée
presence de vostre Majesté. SIRE, vos Predecesseurs
n’ont pas eu ces puissans ascendans sur
les cœurs de leurs sujets, Dieu nous en ayant reserué
la gloire, preferablement à tous les Rois
qui ont possedé les affections des peuples. Charles
VI. fut surnommé le Bien aimé, mais il faut
auoüer qu’il ne le fut pas comme vostre Majesté :
Vostre heureuse naissance fit pleurer de joye toules
François ; Vostre premiere Entrée à Paris enchanta
tous ses habitans, & se nouueau retour rétablit
nos joyes, & nous met en estat de ne chanter
que des chants d’alegresse ; Les Autels sont parés
de Lys dans la saison, mais toute l’année le Lys
de vos Armes donne l’éclat à ses conquestes ; les
vaincus sont honorés dans vos triomphes, vos victoires
n’affligent pas ceux qui ont esté surmontés ;
mais elles communiquent vos gloires à tous
vos sujets. Si bien, SIRE, que c’est auec vne complaisance
passionnée que ce beau Lys Royal meslé
à tant d’admirables Lauriers, sort aujourd’huy
des mains de vos Sujets, pour estre porté aux pieds

-- 6 --

de vostre Majesté, & offert comme vne offrande
plus considerable pour son zele que pour sa valeur.
I’auouë, grand Roy, qu’apres ce que j’ay eu
l’honneur d’admirer de vostre Pieté pendant le
temps du Seruice diuin, il ne reste plus que des
certitudes de vos prosperités : Cette douce Majesté,
qui reluit sur son parfait & aimable visage,
auec cette attention à ces feruentes Oraisons, sont
les vrais Oracles des felicités de nos jours : Ce
grand Dieu ne sçauroit point refuser des prieres
presentées d’vne bouche si pure, & qui sont les
truchemens d’vn cœur remply d’amour pour son
Createur ; V. M. suit les traces de ce grand Louïs
le Iuste, son tres-honoré Pere, & de cette pieuse
Reine, de qui les exemples sont les preceptes d’vne
pieté admirable. SIRE, cette inclination aux
choses saintes ; c’est la benediction de vos Estats, &
la consolation de vos peuples ; & comme V. M. est
vniquement aimée & reuerée, Chrestiennement
elle aimera & soulagera ses pauures sujets ; aussi
est-il comme impossible que tant d’amour n’en
fasse naistre, puis que c’est le plus grand charme
de l’amour que l’amour mesme : Il n’est pas jusques
aux enfans de la mamelle qui ne tressaillent
de joye entendant crier ce Viue le Roy, qui penetre
les voutes azurées, & obtient de Dieu la continuation
de ces graces sur la personne de V. M.

 

-- 7 --

Les prieres publiques ne demandent au Seigneur
que la vie & la prosperité d’vn Monarque
si precieux ; les Autels ne fument que des accens
de nos prieres ; & j’estime que tout le Ciel en receuant
nos deuotions vous donnera la pleine
possession de tous les Empires & Estats de l’Europe,
& la grace de porter le Christianisme parmi
les mecreans. Saül fut choisi de Dieu pour
les qualités releuées qu’il auoit de l’esprit & de
corps, & destiné pour commander & conduire
le peuple de Dieu.

SIRE, vostre Majesté n’emporte pas moins
d’auantage sur tous les Princes & Potentats de
l’Vniuers ; il est doüé des graces extraordinaires,
& possede les cœurs de ses Sujets, non seulement
par la qualité de Roy, mais encore par celles
que nul ne peut exprimer que par des transports
d’alegresse, & des souhaits zelés pour la conseruation
de vostre Majesté, à laquelle tous les peuples
souhaittent passionnément des Triomphes
sans effusion, & des contentemens parfaits & sans
meslange de peine & d’incommodité ; c’est l’asseurance
vniuerselle de tous les bons François.

-- 8 --

Section précédent(e)


Nervèze, Suzanne de [1649], LE LYS ROYAL, ARROVSÉ PAR LES LARMES DE IOYE DES FIDELLES FRANÇOIS. Et l’explication des Armes de France. Presenté à leurs Majestés par S. D. N. , françaisRéférence RIM : M0_2338. Cote locale : C_3_106.