Roveyrol [signé] [1649], L’ORACLE DES VERTVS HEROIQVES ET CARDINALES DE MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONTY. , françaisRéférence RIM : M0_2603. Cote locale : C_8_8.
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L’ORACLE
DES VERTVS
HEROIQVES ET CARDINALES
DE MONSEIGNEVR LE PRINCE
DE CONTY.

A PARIS,
Chez PIERRE DV PONT, au Mont S. Hilaire,
ruë d’Ecosse.

M. DC. XLIX.

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L’ORACLE DES VERTVS
Heroїques & Cardinales de Monseigneur
le Prince de Conty.

 


MARS armé de fer & de soulfre,
Afin de regner à son tour,
Bannit l’allegresse & l’amour,
Et détient la Paix dans vn gouffre ;
Nos Princes en ce temps pour leurs jeux & balets
S’exercent à tirer des coups de pistolets,
Les concerts des canons leur seruent de Musique,
La discorde qui vit dans la rebellion
Tasche de peruertir ce bel Art politique,
Qui porte nos Heros à dompter le Lyon.

 

 


Lors que nostre Iuste Monarque
Pour laisser regner son Dauphin,
Voulut que sa derniere fin
Seruit de triomphe à la Parque :
Nos cœurs tous pantelãs & nos yeux pleins de pleurs,
De crainte de perir sous le faix des mal-heurs,
Dressoient mille beaux vœux au premier Roy des
armes,
Vn bon-heur sans pareil seconda nos desseins,
Cette mort qui deuoit nous perdre dans nos larmes,
Pour nous rendre immortels renforça plus nos mains.

 

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Au milieu du champ de Victoire
Vn esprit peruers & mutin
A forcé nostre bon destin
De ceder à sa vaine gloire :
La France dont le Ciel admire la valeur
Ne veut plus escouter ce rusé cajoleur,
Qui tasche de ternir l’esclat de sa Couronne ;
Et le Ciel amoureux de nostre Potentat,
Arme nos bons François d’Ægyde & de Gorgonne.
Afin d’exterminer ce Pilleur de l’Estat.

 

 


Paris la merueille du monde,
Et l’abbregé de l’Vniuers,
Ville qui se rit des reuers
Du sort de la Terre & de l’Onde ;
Cét adorable lieu, le parterre des Lys,
Qui font ressusciter les Roys enseuelis,
Demande que son Roy reuienne en son enceinte,
Les Demy-dieux qui sont l’honneur du Parlement
Fulminent des Arrests où la mort est depeinte
De l’Estranger qui veut regner absolument.

 

 


Armand de Bourbon vn des Princes
Qui sont au rang des grands Esprits,
Et qui seul emporte le prix
Sur les plus sçauants des Prouinces ;
Ce fils de Iupiter, cher objet de Pallas,
Veut seruir aux François & de teste & de bras,

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Par ses puissants efforts & ses diuins Oracles ;
Ce seul Chef peut mouuoir vn million de nos bras,
Et seul peut augmenter le nombre des miracles,
Puis qu’il peut rẽdre exempts de la mort nos soldats.

 

 


Espris d’vn doux entousiasme
Ie chante la gloire, l’honneur
De ce Iuste & Puissant Seigneur
Qui vit hors de soubçon de blasme,
L’esclat de son esprit rend le vice abbatu,
Son cœur est le Palais du Prone de Vertu,
Et l’honneur est meslé dans son sang heroїque,
Dessus sa douce face vn air graue est empraint ;
Mars parroit sur son frond d’vne humeur magnifique,
Et l’Amour innocent est en ses yeux dépeint.

 

 


Ce Royal & diuin genie,
Reuere Apollon & ses sœurs,
Qui font vn tableau de ses mœurs
Dans le propre sein d’Vranie :
Il est humble, deuot, tres-equitable & doux,
Charitable, benin & liberal à tous,
Et sa foy suit tousiours l’ordre de ses promesses,
Il n’est point inconstant en ses affections,
Il ayme les soldats, il leur rend des caresses,
Il leur fait mediter de belles actions.

 

 


Son doux aspect, sa bonne grace
Le rendent si doux & benin,

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Que les hommes pleins de venin
Le croyent le Dieu du Parnasse ;
Sa Prudence luy sert d’histoire & de conseil,
Qui le porte à poursuiure vn bien vniuersel,
Et le rend le puissant Protecteur de la France,
Il preuoit l’aduenir, il iuge du passé,
Cét Art diuin luy sert d’vne iuste balance
Pour sçauoir la valeur du Royaume oppressé.

 

 


La Vertu qu’on nomme Iustice
Est peinte dans ses passions,
Qui fait voir ses perfections
Sans la moindre tasche du vice,
Ses sublimes desseins conceus dans l’equité,
Naissent accompagnez d’vne sincerité,
Qui sans doute iamais n’a point eu son esgalle,
Il soulage les bons, il haїt les meschants,
Sa Iustice qui suit son humeur si Royalle,
Le fait aymer és Villes & craindre dans les champs.

 

 


Par sa generosité seule
Il renforce son tendre corps,
Et monstre en ses moindres efforts
Auoir la force d’vn Hercule,
Sa constance luy sert de bouclier & d’appuy,
La seule oysiueté luy cause de l’ennuy,
A seruir cét Empire il met tout son estude,
Il est infatigable en ses plus grands trauaux,
Si son esprit paroist auoir d’inquietude,
C’est lors qu’il ne voit pas plutost finir nos maux.

 

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Que i’admire la temperance,
Dont il vse dans ses plaisirs
Pour la forcer dans les desirs
Qu’il a de bien seruir la France ;
Il n’a point de relasche en son iuste dessein,
Il leue tous les iours des Guerriers vn essein,
Qui nous doiuent donner la paix par la victoire,
Son exemple qui fait mespriser les hazards
Met autour de son front la Couronne de gloire,
Et le fait estimer le Maistre des Cesars.

 

 


Ses actions & ses prodiges
Rendroient son renom immortel,
S’il ne deuoit point estre tel
Pour la gloire de ses deux tiges,
D’où glorieux il sort couronné des lauriers
Moissonnez par les mains des plus puissans guerriers,
Que iamais l’Vniuers ait eu dans son enceinte,
Les Bourbons sans pareils & les Montmorancis,
Admirent leur valeur & leur bonté sans feinte
En ce Prince qui vit pour nous dans des soucis.

 

 


Grand Prince, l’Amour de la France,
Et l’asyle des affligez,
Que nous vous sommes obligez,
Quand vous prenez nostre defence,
L’enuie desormais n’osera plus gronder,
Si vous prenez le soin de tousiours seconder
Les fideles desseins d’vn peuple debonnaire,

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Dieu recompensera vos glorieux projets,
La Thiare sera vostre iuste salaire,
Ce sont les vœux que font vos tres-humbles subiets.

 

 


François sans crainte d’vn naufrage
Flottons dans nostre ambition,
De CONTY sera l’Alcyon,
Qui nous defendra de l’orage,
Allons querir le Roy caché dans saint Germain
Par le traistre conseil d’vn Ministre inhumain,
Qui voudroit immoler la France à sa malice ;
Allons querir le Roy, nous y sommes tenus,
Sa presence ouurira la porte du delice,
Et clora pour iamais le portail de Ianus.

 

ROVEYROL.

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