Saint-Julien,? [?] [1649], LE NEVFIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_09.
LE NEVFIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. A PARIS, M. DC. XLIX.
LE NEVFIESME COVRIER FRANCOIS EN VERS BVRLESQVES.
Mercredy dixiesme de Mars Vn Courrier pesant deux cents marcs, Car il est de taille assez grande, Nous dit qu’en la terre Normande Le Baron de Mare leuant Les soldats qu’il alloit trouuant, Cauallerie, Infanterie, Tout pour la Mazarinerie, Et pour ioindre au Comte d’Harcourt, Quelqu’vn de nos trouppes y court, Et que Chamboy guerrier habille Lieutenant du grand Longueuille, Poussant apres les Cardinaux Auec cinq ou six cents cheuaux, Eut aduis qu’au Chasteau de Chesne, Tremblants comme fueille de chesne, Ces soldats auoient rendez-vous, S’il y fut, le demandez vous ? Lecteur, tu sçauras que ce braue Les trancha plus net qu’vne raue ; Car suiuy de trente cheuaux Ayant fait faire alte à son gros, Sans dire qu’il estoit des nostres Il fut receu comme les autres Qui beuuoient en tirlarigot, Leur chef prenant l’air d’vn fagot, Lors Chamboy qui se fit connoistre Se rendit aisement le maistre, Et prit ces pauures Seignors-si Tant qu’il en voulut à mercy.
Ce mesme Mercredy dixiesme On nous mande du pays mesme Que Longueuille ayant iugé Que par Harcour seroit siegé Dreux qui se tenoit sur ses gardes Veu que neuf Enseignes des Gardes Et le Regiment Bourguignon Luy pouuoient porter ce guignon : Trouppes qui ioignoient ledit Comte, Auec de bons canons de fonte, Que ce beau-frere de Conty De Roüen bien viste est party Pour le secours de cette place, Ce qu’il fit par cette fallace, Il auoit huict à neuf milliers Tant fantassins que caualiers Il mit sur l’eau l’artillerie Et par cette supercherie Harcour crût la voyant ramer, Qu’il alloit à Ponteau de mer Ce que n’approuuant pas le Comte Et pour obuier à la honte D’auoir cette place rendu Il y courut comme vn perdu, Ainsi le Duc de Longueuille Qui n’en vouloit point à la Ville Mais seulement secourir Dreux La secourut selon ses vœux, Et trompa bien ces pauures haires, Car tirant huict cents mousquetaires Et quatre cents cheuaux de nuit Ce qui pour cette place duit Les nostres partirent & furent Receus à Dreux qu’ils secoururent, Le Duc à Roüen de retour.
Ieudy de Mars vnziesme iour Le Parlement regla la taxe
Autre Arrest permission donne A toute sorte de personne D’apporter des grains à Paris, Et de les debiter au prix Qu’ils presteront leur marchandise ; Ordre à tout Boulanger qu’il cuise Toute la farine qu’il a En pain bis, blanc, qu’il pestrira Afin que chacun puisse viure, L’vn de trois, l’autre d’vne liure Permis d’en cuire iusqu’à six, Mais passé ce poids, plus permis. Veut qu’à la halle soit conduitte Toute la farine non cuitte Que Paris reçoit chaque iour, Pour estre à chacun à son tour Liurée à diuerse mesure Sçauoir aux hommes de roture Auecque moderation Et selon leur condition : Pour Messieurs de la blutterie Gent qui fait fort la rencherie
Ce iour parut à l’audience Auecque lettre de créance Que dans ses poches il auoit, Vn Gentil-homme qu’enuoyoit Monsieur le Duc de la Trimoüille Qui voulant empescher la roüille De son courage Martial, A monté sur son grand cheual Pour le secours de nostre Ville, Et fait desia prés de huict mille La moitié monté sur roussins L’autre moitié de fantassins Qu’il n’attend rien pour mettre en voye Qu’vn ordre que la Cour enuoye Dont il demande l’vnion Auecque vne Commission Pour arriuer en diligence, Surquoy la Cour à l’audience Incorpora par son traitté Ce Duc de bonne volonté, Qui pour son secours s’interesse, D’Estissac, & d’autre Noblesse Qui s’attrouppe en diuers quartiers
La nuit les trouppes ennemies Que nous croyions estre endormies Vinrent voit ce que nous faisions Et le pont que nous acheuions De batteaux dessus la riuiere ; Cet ouurage ne leur plut guiere Et ces trouppes qui n’estoient peu En voulurent faire du feu, C’estoit du costé de la Brie Que ladite caualerie Parut pour allumer ce pont, Mais leur retour fut aussi prompt Qu’auoit esté leur arriuée Heureuse de s’estre sauuée, Puisque Messieurs nos Generaux Alloient les tailler en morceaux.
Vendredy douze retournerent Et les articles apporterent Que Nosseigneurs les Deputez A Ruel auoient arrestez Il estoit tard quand leur presence Nous donna beaucoup d’esperance.
Dés ce iour à tous fut permis De boire auec les ennemis ; Et l’on sçait que les deux armées Depuis ce temps se sont aimées Il n’est pas resté pour vn grain De badaut ny de Mazarin.
Et sur de grands batteaux en suitte Force farine fut conduitte Que l’on descharge à l’Arsenac, Que n’a pas predit l’Almanach, Luy qui disoit (qu’il aille au diable) Prise de ville esmerueillable,
Le Samedy du mois le treize Le Parlement ne fut pas aise D’apprendre que nos Generaux N’estoient qu’en termes generaux Compris au traitté pacifique, Sans auoir fourny leur replique Veu que personne de leur part N’auoit contesté pour leur part, Il voulut qu’auant l’ouuerture Et des articles la lecture Derechef tous les Deputez Allassent vers leurs Majestez Pour y traitter des aduantages De ces magnifiques courages, Et de tous les interessez, Tant les hauts que les rabaissez, Qu’ils supplieroient le Roy de mettre En vne seule & mesme lettre.
Ce iour on eut aduis certain Que le sieur du Plessis-Praslain Tira des garnisons voisines Vn gros de trouppes Mazarines D’enuiron trois mille soldats Auec lesquelles à grand pas Il marcha dessus l’asseurance Que Monsieur l’Archiduc aduance Entre les deux fleuues vers Han, Qu’il ne verra pas de cet an.
Le Dimanche la matinée Et la quatorziesme iournée Que la pluspart s’estoient bottez De nos Messieurs les Deputez, Lettre de cachet fut receuë
Lundy la teste defublée Nos Chefs entrez à l’Assemblée, Lesdits articles furent leus, Dont la Cour ne fit point refus ; Ains l’accommodement accepte, Et veut comme elle trouue inepte Quelque Article de ce Traitté, Qu’il soit derechef Deputé, Pour en obtenir la reforme Afin qu’en repos chacun dorme : Ordonné qu’on dira deux mots Au profit de nos Generaux Qui pour cela feront escrire Ce que chacun pour soy desire, Pour estre au Traitté de Paris Tous les interessez compris.
Ce mesme iour Courrier du Maine A mis nos esprits hors de peine Où long-temps ils auoient esté, Si le Diable auoit emporté
Mardy seize nos Deputez Sous des saufconduits apportez Ayant tous mangé d’vne souppe, Se sont acheminez en trouppe Pour leurs Majestez supplier Que du mois d’Octobre dernier La Declaration receuë Apres tant d’allée & venuë, Pour le commun soulagement, Ne souffre point de detriment.
Ce mesme iour Messieurs de Ville Firent vne deffence vtille, De laisser sortir desormais De Paris, poudre, ny boullets, Ny tout ce que la Ville enserre D’autres munitions de guerre, Et comme disoit la chanson Ny plomb, ny mesche, ny canon : Mandement à la gent soldatte De sortir de la Ville en haste Tant de pied comme de cheual, Tant celle pour le Cardinal Que pour nous : enioint que bien viste Ils aillent coucher à leur giste Dans leurs ordinaires quartiers, Sur peine d’estre tous entiers
Mercredy le Duc de Boüillon Ayant pris congé du boüillon Des medecines, des clysteres De Messieurs les Apotiquaires S’estant leué ce mesme iour, Releua la Mothe-Houdancourt, Dans le quartier de nostre armée Ou la pluspart s’est enrhumée.
Le mesme iour au Parlement Fut apporté le compliment De Monseigneur de Longueuille Dont l’humeur est tousiours ciuille Disant qu’il se feroit tuer Plustost que ne continuer ; A quoy voulut faire responce La Cour qui pese tout à l’once.
Fin du neufiesme Courrier.
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