Saint-Julien,? [?] [1649], LE SIXIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_06.
LE SIXIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. A PARIS, M. DC. XLIX.
LE SIXIESME COVRIER FRANCOIS EN VERS BVRLESQVES.
LE quatorziesme & le Dimanche Que chacun met chemise blanche Iour à prier Dieu consacré Monsieur de Bayeux fut sacré Dans la Chappelle de Sorbonne.
Cependant que la Ville ordonne Aux chefs & maistres des maisons Nonobstant toutes leurs raisons De venir eux mesmes en garde Portans mousquet ou hallebarde Et d’estre chez leurs officiers Aux mandements particuliers : De suiure à beau pied, non sans lance, Leur Capitaine, & s’il les tance, Endurer sa correction Et souffrir iusqu’au morion : De venir quand on les appelle En faction ou sentinelle Selon que veut le caporal Qui bien souuent est vn brutal, Tousiours ignorant, parfois yure, Mais bien qu’il ne sçache pas viure, Fit-il en commandant vn rot, Il faut suiure sans dire mot Et là prendre mainte roupie Si le caporal vous oublie S’il cause, s’il dort, ou s’il boit, Sans oser sortir de l’endroit,
C’est aussi ce quinziesme iour Que le grand la Mothe-Houdancour Au Parlement prend sa sceance ; Permis d’y dire ce qu’il pense Et Conseiller ad honores.
On eut aduis le iour d’apres
Cependant lettre interceptée Au Parlement est apportée Sans addresse ou soubscription : Lettre pleine d’inuention Pour reuolter toute la France Que Messieurs par vne Ordonnance Mardy seize de Fevrier Commirent pour verifier, Auec ordre d’arrester l’homme Qui portoit ces lettres. Or comme Le Duc d’Elbeuf & ses enfans Reuenoient tous quatre des champs Ils trouuerent dans vne plaine Quelques picorreurs de Vincenne Qu’ils recogneurent au Chasteau, Leur chef resté sur le carreau.
Iour que les Gens du Roy marcherent Sous les passeports qu’enuoyerent Leurs Majestez pour le chemin, Ils s’en alloient à S. Germain Dire à la Reine en bonne amie Que par haine ce ne fut mie Que l’on renuoya son Herault Et qu’on cria sur luy harault, Et la prier qu’elle n’en grogne Quand deuers le bois de Boulogne, Ils virent arriuer d’amont Ce vaillant Mareschal Grammont Qui venoit leur offrir main forte Et qui leur fit tousiours escorte Tant qu’arriuez à S. Germain Ils eurent traittement humain.
Ce iour vne bande ennemie Vint sonder quelque Infanterie Que nous auions dans Charenton Et si par composition On pourroit derechef destruire Le pont que l’on a fait construire Et rendu derechef tout neuf Par l’ordre du Prince d’Elbeuf :
L’on eut aduis Ieudy dixhuict Que sur vn Regiment qui nuit Qui pille, qui fait rage en Brie, Regiment de Cauallerie Iadis au Prince de Conty Et dont le nom est conuerty Depuis en celuy de Bourgogne, Sur luy, dis-je, vn nommé Bourgogne Gouuerneur vigoureux & vert Sortit de Brie Comte-Robert Auec quelque caualerie Et des trouppes d’infanterie (Si le Courrier n’est point menteur) Il le rossa d’vne hauteur Qu’il ne se peut pas dauantage, Vangeant ainsi, par le carnage De six vingt tuez sur le champ Leur ancien Mestre de camp,
De Rouen il nous est mandé Que le beau-frere de Condé Longueuille l’inébranlable Refuse d’estre Connestable : Que son cœur est tousiours esgal Quoy que tante le Cardinal Qui croit le pouuoir par cet offre Remuer comme on fait vn coffre, Malgré sa generosité, Et l’attirer de son costé : Mais l’Eminence est abusée Elle en aura Mardy fusée.
Ce iour au Parlement on lût La lettre qui surprise fut De Cohon à son Eminence Sa lettre leuë à l’Audience, La Cour dit qu’on l’obserueroit Et gardes on luy donneroit, Comme on feroit à son confrere Certain quidam Euesque d’Aire. De plus qu’on prendroit au collet Vn Conseiller du Chastelet Homme d’vne mesme farine Launé dont l’ame est Mazarine : Mais chacun fut bien estonné Qu’on ne trouua plus de Launé, Il eut le vent de cette affaire, Tandis que quelque Commissaire Suiuant cet Arrest prit son vol Chez Cohon Euesque de Dol Pour apprendre ses monopoles, Mais il n’en eut que deux paroles, Assauoir que les Iuges Lais Pouuoient retourner au Palais,
Ce iour l’Archeuesque regla Et par son reglement sangla Messieurs de Ieusne & de Caresme Qui s’en venoient à face blesme
Le Vendredy vinrent d’emblée Les Gens du Roy dans l’assemblée Dire qu’allez pour descharger Ce dont on les daigne charger Aux pieds de la Reine Regente Qui ce iour fut d’humeur plaisante Elle leur fit ciuilité Et promit vne infinité De faueurs & de bien-veillance Dés que par leur obeyssance Messieurs de la Cour prouueroient Les respects dont ils l’asseuroient
Or fut ce iour bien ébahie Son Eminence d’Italie Quand elle apprit que son argent N’auoit pû destourner l’Agent Lequel l’Archiduc, de Bruxelle Enuoye à Monsieur de Brousselle Comme au reste du Parlement
Samedy vingt-cinq cent charettes Tant bleds comme farines faites Renforcerent nos magazins Au grand depit des Mazarins Qu’amena du costé de Brie Au nez d’vne trouppe ennemie Le grand Marquis de Noirmonstier, Homme qui sçait bien son mestier Qui sauua toute sa farine Du Gouuerneur de Graueline Appellé Comte de Grancé, Où le combat fut balancé : Mais nous eusmes victoire entiere Peu de no ; gens au cimetiere Encor quc le choq fut tres-chaud Monsieur de la Roche-Foucaud Et Monsieur de Duras le ieune Blessez par mauuaise fortune.
L’on eut aduis en mesme temps Que de Melun les habitans Ont défait sans misericorde Toutes les trouppes de la Borde Et fait rentrer auec roideur Au Chasteau ledit Gouuerneur.
L’on a des seize Colonelles Enroollé des trouppes tres-belles Et cent de chacune on a pris Pour le Regiment de Paris, Que conduira le Duc de Luyne Duc, dont l’on battoit en ruyne Le Chasteau Lesigny, qu’ont pris Le Dimanche les ennemis.
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Saint-Julien,? [?] [1649], LE SIXIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT FIDELLEMENT en Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2848. Cote locale : C_2_42_06.