Anonyme [1652], ADVERTISSEMENT ENVOYÉ AVX PROUINCES, pour le grand soulagement du Peuple. SVR LA DECLARATION DE Monseigneur le Duc d’Orleans, de Lieutenant General du Roy par toute la France, Païs, Terres & Seigneuries de son obeïssance. , françaisRéférence RIM : M0_456. Cote locale : B_5_32.
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SON ALTESSE APRES AVOIR
défait l’ennemy du Roy & de l’Estat, & rappellé la
paix, aura plaisir de se ressouuenir de la proposition
faite l’an 1617. en l’Assemblée des Notables de
France aux Tuilleries.

I.

De faire auoir en tout temps vne milice preste,
composée de cinquante mille hommes de
pied & de trente mille cheuaux capable de s’opposer
à toute sorte de puissance domestique &
estrangere.

II.

Et pour l’effectuer, chacune Prouince du

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Royaume entretiendroit nombre de Caualerie
& d’Infanterie tousiours preste à marcher au
premier mandement, selon son estenduë &
abondance d’Habitans.

 

III.

Que chacune Prouince esliroit ses Officiers
pour conduire & commander à sa milice. Sçauoir ;
Les principaux de sa Noblesse pour Capitaines
& Lieutenans sous vn Chef qui seroit
Gouuerneur de ladite Prouince.

IV.

Que pour la marche de cette milice, les Deputez
des trois Estats de la Prouince s’assembleroient
en la Ville Capitalle pour ordonner de
l’entretenement d’icelle, voir les Officiers choisis,
& donner les Ordres de ce qu’ils auroient à
faire.

V.

Que pour la subsistance de cette milice, se
feroit vn fond de Finance qui seroit mis en
l’Hostel de Ville de la Capitalle, sous la garde de
six notables qu’ils nommeroient : Qu’il y auroit
vn Magazin de bled en des lieux choisis qui
se renouuelleroit par chacun année, vn autre
Magazin pour l’Artillerie, & les armes en l’Arsenal
de la Ville Capitalle accompagné de pouldres,

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balles, mesche, attirail & autres munitions
de guerre.

 

VI.

Qu’aux Bois & Forests de la Prouince se feroit
des Harats pour y nourrir des cheuaux destinez
tant au seruice des Caualiers qu’à la conduite
du canon & du bagage, où seroient personnes
choisis & cognoissantes à telles nourriture.

VII.

Qu’en toutes les Festes & Dimanches les ieunes
hommes des Villes & Bourgades seroient
instruits aux armes, & feroient les exercices
sous des hommes experimentez à monstrer à
manier la picque, le mousquet & l’hallebarde,
& la Noblesse à monter à cheual par des Escuyers
gagez & entretenus, ce qu’estant bien
obserué, se feroient d’excellens soldats capables
de rendre de bons seruices, & pendant la paix ils
s’employeroient ainsi aux Festes deux ou trois
heures de leur temps aux exercices des armes, &
aux iours ouuriers trauailler chacun selon sa vacation.

VIII.

Que toutes les milices de France obeïroient
à vn Generalissime nommé par le Roy, & marcheroient

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selon les ordres qui seroient enuoyez
aux Gouuerneurs, Capitaines & Officiers de
chacune Prouince.

 

IX.

Que durant la guerre chacune milice auroit
son Tresorier, lequel par l’ordre des Directeurs
cette milice fourniroit la finance necessaire au
payement des gens de guerre, & leur General
des viures, qui auroit soin de les faire conduire
à l’armée.

Par cét establissement il seroit impossible de
voir aucune reuolte en France, car vne Prouince
venant à se débaucher & rebeller contre le
Roy, les Prouinces plus proches auec leurs milices
luy courreroient sus, & ne pourroit pas subsister
en sa rebellion.

Ainsi en la deuxiéme branche de nos Rois,
lors que quelque Grand authorisé en quelque
Prouince du Royaume se vouloit sousleuer, le
Roy commandoit aux Prouinces plus proches
de prendre les armes & marcher contre luy, le
combattre & le ramener à raison, & ainsi les
Rois de France n’auoient besoin de leuer des forces
ny d’enuoyer hommes, argent ny viures contre
leurs ennemis, les Prouinces estoient obligées
à cela.

Le Roy François I. ayant la guerre contre

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l’Empereur Charles V. fit establir de pareilles
milices aux Prouinces de France, lesquelles il
employa à cette guerre, & obligea l’Empereur
à se retirer.

 

Qui seroit le voisin quoy que puissant qui osast
attaquer vn Roy de France, lequel au premier
commandement auroit trente mille Caualiers
& cinquante mille hommes bien aguerris & armez
pour luy opposer.

Que si son Altesse Royale vouloit executer
cette belle proposition, elle rendroit le Roy inuincible,
& feroit jouïr la France d’vne heureuse
paix, sans estre plus le peuple chargé d’imposts
qui ne se leuent que pour entretenir la
guerre, le Royaume ne laisseroit pas de luy payer
le Tribut que Dieu luy commande ; mais il ne
seroit plus charge de Tailles, & auroit moyen
d’assister puissamment son prince d’hommes &
d’argent au besoin. Il n’y auroit plus guerre
à craindre des Financiers ny partisans qui
ne pourroient plus faire de griuelées. Le Roy
viueroit & regneroit heureusement, & paisiblement
aux cœurs de ses peuples sans craindre
ny apprehender personne, au contraire, il
seroit l’effroy & la terreur de tous les Princes de
l’Europe.

Ce sont les moyens addressez à son Altesse

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Royale, laquelle apres auoir défait Mazarin
& ses adherans, pourroit establir cette belle
Milice de France pendant sa Charge de Lieutenant
General de l’Estat & Couronne de France,
tous les peuples y consentiroient sans contredit
se voyant ainsi déchargez d’vne si rude
Taille & voyant vne paix asseurée, dans laquelle
ils viueroient en leur prouince auec
chacun sa milice, capable d’assister le Roy &
de se deffendre.

 

FIN.

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