Anonyme [1652], ADVIS TRES-IMPORTANT DE DOM GABRIEL DE TOLEDE, APPORTÉ A MESSIEVRS les Princes de la part du Roy d’Espagne. Pour faire avancer l’Armée du Duc de Lorraine en France. , françaisRéférence RIM : M0_550. Cote locale : B_8_51.
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ADVIS
TRES-IMPORTANT
DE DOM GABRIEL
DE TOLEDE,
APPORTÉ A MESSIEVRS
les Princes de la part du
Roy d’Espagne.

Pour faire avancer l’Armée du Duc de
Lorraine en France.

A PARIS,
Chez LOVYS HARDOVIN, ruë S. Victor.

M. DC. LII.

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ADVIS TRES-IMPORTANT
de Dom Gabriel de Tolede, apporté à
Messieurs les Princes, de la part du
Roy d’Espagne, pour faire auancer
l’Armée du Duc de Lorraine en France.

IL est bien difficile pendant le
regne des troubles de connoistre
les esprits ny sçauoir quel
party ils espousent, & dans cette
incertitude les deffiances ne
manquent non plus que les surprises & les
intelligences simples & doubles tant aux
Armées qu’aux Villes, aisées à cabaler & à
gagner, sous pretexte de tout bon traictement,
& des bonnes paroles auec lesquelles
on gagne les plus considerables d’vne Communauté,
lesquels bien souuent se voyent
abuser par la non-tenuë des promesses qu’on
leur aura faites, ou bien desabusez par la decouuerte
des trahisons, pretexter de belles
apparences de grands aduantages en paroles

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& nulles en effect : Ce qui est cause bien souuent
de la surprise des meilleures places, par
intelligence & de la ruyne des habitans, de
quoy au commencement il est bien mal aisé
de se garder, mais en telle chose, la deffiance,
mere de seureté, est tousiours necessaire.

 

C’est pour venir au sujet de l’enuoy de
Dom Gabriel de Tolede de la part de l’Archiduc
Leopold, c’est à dire du Roy d’Espagne
& de son arriuée à Paris [illisible]
iours, pour donner aduis à Messieurs les Princes
sur le sujet de l’Armée du Duc de Loraine
qu’il doit amener en France, suiuant les
Traittez qu’il en a faits, tant auec Messieurs
les Princes qu’auec le Roy d’Espagne, &
qu’ayant veu ses tergiuersations & les longueurs
donc il a vsé en la marche de ses
Trouppes. Cela a fait conjecturer qu’il auoit
quelque secrette intelligence auec le Cardinal
Mazarin, pour faire consommer les Armées
desdits Sieurs Princes & ne rien entreprendre
iusques à la conjoincture de ses
Trouppes auec les leur, par ainsi donner
temps & moyen à ce Cardinal de renforcer

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son Armée & d’executer ses mauuais desseins.

 

Dom Gabriel de Tolede a donc fait entendre
à son Altesse Royale & à Monsieur le
Prince de Condé, que la volonté du Roy
d’Espagne est, que le Duc de Lorraine execute
les Traictez qu’il a faits auec Messieurs les
Princes, & sa Majesté Catholique, de leur
amener son Armée pour leur assistance

Que sadite Majesté Catholique n’entend
aucunement que Monsieur le Prince luy
cedde les Places que ledit Duc luy demande
auant que venir en France, qu’elles demeureront
en l’estat qu’elles sont à present
sans y rien changer ny innouer

Que commandement sera fait de la part
de sadite Majesté Catholique audit Duc de
Lorraine, d’amener à nosdits Sieurs les Princes
son Armée au plustost.

Que ledit Duc y sera obligé, à peine de
perdre pour tousiours les Places à luy appartenantes,
& que sadite Majesté occupe à
present pour ostage de sa fidelité.

Que sa mesme Majesté Catholique, en

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cas de contrauention au susdit Traicté, fera
arrester tout l’argent que ledit Duc de Lorraine
amis aux banques és lieux & Villes qui
dependent de sadite Majesté.

 

Ledit Dom Gabriel de Tolede ayant ainsi
declaré à Messieurs les Princes le desir & la
volonté du Roy d’Espagne son Maistre, leur
a dit le commandement expres qu’il auoit
d’aller trouuer ledit Duc de Lorraine, & luy
commander que sans aucun delay il amenast
promptement son Armée pour la joindre à
celle desdits Sieurs Princes, à peine des choses
susdites.

Et ayant ainsi demeuré à Paris & tresbien
receu de son Altesse Royale & de Monsieur
le Prince, en est party auec cinquante cheuaux
d’escorte, que sadite Altesse Royale luy
à donnez le 28. iour de May, pour se rendre
prés ledit Duc de Lorraine, & l’obliger de
partir aussi-tost auec son Armée, sans plus
differer. Ce qu’il faut qu’il fasse.

Ce qui fera aisément connoistre par la
resolution qu’il donnera, s’il a fait quelque
accord auec le Cardinal Mazarin, comme

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on auoit creu : car il n’oseroit pas se declarer
ouuertement pour luy au preiudice des Traitez
faits auec Messieurs les Princes & auec le
Roy d’Espagne, qui le tiennent obligé de l’executer.
Et ledit Dom Gabriel de Tolede
a promis à son Altesse Royale de le faire
auancer au plustost sans differer, par le commandement
& les ordres expres qu’il luy
porte, auec deffences à ses Trouppes de faire
aucun acte d’hostilité aux lieux de France,
par lesquels son Armée passera, & ne prendre
aucune chose sans payer, à quoy faire ledit
Duc de Lorraine s’est obligé à Messieurs les
Princes, & de chastier seuerement ceux des
siens qui se gouuerneront autrement en leur
marche.

 

FIN.

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