Anonyme [1652], APOLOGIE POVR MONSIEVR DE BROVSSEL CONSEILLER DV ROY, EN SON PARLEMENT, SOVS-DOYEN de la Grand’Chambre, & Preuost des Marchands de Paris. CONTRE LES IMPOSTEVRS qui le qualifient du Nom de FACTIEVX, dans les Edicts, Declarations, & Arrests du Conseil. , françaisRéférence RIM : M0_128. Cote locale : B_19_19.
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APOLOGIE
POVR MONSIEVR
DE BROVSSEL CONSEILLER DV ROY,
EN SON PARLEMENT, SOVS-DOYEN
de la Grand’Chambre, & Preuost des Marchands
de Paris.

CONTRE LES IMPOSTEVRS
qui le qualifient du Nom de FACTIEVX, dans les
Edicts, Declarations, & Arrests du Conseil.

A. PARIS,
Chez IACOB CHEVALIER, prés Saint Iean
de Latran.

M. DC. LII.

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APPOLOGIE.

VNE vertu reuerée de toute la terre, &
vne probité qui n’est plus ignorée de personne,
auroit plus besoing de silence pour
se deffendre, que de beaucoup de discours
pour se iustifier & se faire admirer. Mais
puisque nous sommes dans vn Regne où
les meschans veulent estouffer les bons, & que nous
voyons que les coupables s’emparent du Throsne de la
Iustice, & se mettent en deuoir de faire le proces à
ceux qui les iugent & qui les condamnent auec tant
d’equité ; il faut descouurir leur insolence, & s’opposer
à leur Tirannie, puis qu’vne submission plus respectueuse,
& vne obeissance plus aueugle ne feroit que
ruiner l’Estat, & renuerser les Lois & le peu de bon
Citoiens qui l’appuient & qui le soustiennent. La Iustice
qui deffendoit auttrefois les iniures & les satires, est
deuenüe aujourd’huy la source des calomnies, & le
siege de la medisance, puisque ceux qui se disent porter
la parolle du Roy, & qui publient ses volontez,
ont conuerty ses Edits en libelles diffamatoires, & les
Arrests de son Conseil en inuectiues honteuses & punissables.
Nous auons auec toute l’Europe vne lettre de
Cachet de sa Majesté du, 10. Iuillet, 1652. enuoyée à

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son Parlement de Rouen ; quatre Arrests de son Conseil
d’Estat tenu à Pontoise le, 18. Iuillet, le, 1. le, 14. &
le, 19. Aoust ensuiuant ; vne Declaration tres ample
faite à Pontoise le dernier jour de Iuillet de la mesme
année ; & vn Edict qui n’est pas moins remply de redites
donné à Compiegne au mois d’Aoust, 1652. qui
sont six parchemins, & vn papier qui declarent que
ce pretendu Conseil n’est estably que pour fomenter
le desordre & la diuision, & noircir la reputation des
gens de bien qu’ils ne peuuent corrompre, n’y attirer
à leur party. Et parce que Monsieur de Broussel est leur
PIERRE d’achoppement, & celuy dont la vertu &
l’integrité leur donne plus de honte & plus d’ombrage,
ils n’ont publiés ces pancartes que pour voir si des esprits
assez foibles, & assez remplis d’iniustice pourroient se
laisser persuader qu’vn Senateur de quatre vingt ans,
vn Magistrat sans blasme & sans reproche, & vn homme
qui à exposé son bien & sa vie pour le salut du
Peuple, & le soulagement de ses concitoiens, en puisse
deuenir l’ennemy & le destructeur en se faisant factieux
comme on dit, & renonçant à ceste tranquillité publique
pour laquelle il n’a plus de Paix n’y de repos
en la recherchant. Ceux qui le qualifient si sottement
de ce nom blasmable & odieux, se desrobent vn titre
qu’ils meritent & qui leur appartient, puisque les
actions & des vns & des autres font assez conoistre,
qu’il faut estre aussi meschant que remply d’imposture,
pour charger vn innocent des crimes que nous affectons,
& que nous vendons à beaux deniers comptans

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pour contenter nostre auarice & [3 mots ill.]
moindres politiques scauent, que Nonius marcellus
dit, que ; Factio dicitur malorum consensus & conspiratio ;
de quoy tout le monde demeure d’acord auec luy ;
& le prudent Saluste monstrant en six parolles la difference
qu’il y a entre Monsieur de Broussel Ioint aux
vrays seruiteurs du Roy, & le Conseil d’Estat qui ose
les accuser, dit que l’vnion qui se trouue entre les bons
& les vertueux comme luy, est appellée amitié, & que
l’assemblage qui se fait de quelques meschans comme
les flatteurs du Mazarin est qualifié cabale & faction ;
Inter bonos amicitia, inter malos factio. on conoit Monsieur
de Broussel pour vn Homme que le mesme Conseil
qui l’accuse & qui l’iniurie a voulu achepter par
les charges de Directeur des Finances, de Ministre
d’Estat, de Gouuernemens pour son cadet, d’offices
& de pensions pour son aisné, de sommes notables
pour marier mes Demoiselles ses Filles, & par tous les
emplois qu’il voudroit choisir pourueu qu’il trahit sa
compagnie, qu’il abandonna le Peuple, qu’il partagea
auec les Partisans, & qu’il consentit aux restablissement
du Cardinal Mazarin qu’il a condamné auec sa
Iustice & son Equité ordinaire. Et parce qu’il a mesprisé
toutes ces richesses que les autres ne peuuent
auoir en prostituant leur honneur & leur conscience
comme ils font, c’est vn factieux, c’est vn ennemy de
l’Estat, c’est vn criminel qui sera puny dans sa posterité
mesme, a cause qu’il ne veult pas tromper le public,
n’y augmenter le nombre des meschans qui se croiroient

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alles iustifies & asses puissans s’ils pouuoient altere.
sa vertu pour en couurir leur Tirannie. Si c’est
vn crime que destre aimé & de Dieu & des hommes,
il est vray que Monsieur de Broussel est
le criminel le plus illustre & le plus vniuersel que
nous puissions connestre, & si les peines ne sont plus
faites que pour les gens de bien, il faut certainement
qu’il perisse, & qu’il souffre le martyre pour se faire
declarer innocent. Pour sauuer Paris on l’a fait Preuost
des Marchands, & pour conseruer l’Estat on l’a forcé
d’accepter cette charge ; tout le Peuple l’a voulu d’vn
commun consentement, les Princes du Sang l’ont enleué
dans leurs carrosses pour l’en mettre en possession,
& le Parlement qui est le seul qui au horise legitimement,
& qui donne vigueur aux volontez de nos
Roys à confirmé son eslection. Et ce qui fait voir
que cét establissement n’est point vn effect ny de
l’inconstance, ny de la faueur des hommes, c’est que
ce rate Magistrat n’a pas plustost remply la place des
traistres qui en abusoient, qu’on a veu le calme dans
Paris, le Roy desiré, son authorité reconnue, le peuple
appaisé, le commerce r’estably, la police exercée,
le pain dans les Marchez, la viande dans les boucheries,
& les ports chargez de toutes les choses necessaires
à l’entretien d’vne Ville qui est la Baze & le soustien
de la Royauté. S’il est coulpable d’auoir accepté
cette charge, & de l’exercer, il en faut acculer Son
Altesse Royale Oncle de sa Majesté, tous les Princes,
le Parlement en corps, & vn million de bons François

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qui remplissent Paris qui le forcent à cela ; & si
on le punit & sa Posterité comme on l’en menace
par tant de pattentes iniustes & violentes, ce ne sera
qu’vn exemple qui fera cognoistre que les Tyrans
n’ayment que leurs semblables, & vne occasion pour
renouueller ce premier amour des peuples, & leur remettre
les armes en main pour deffendre & proteger
vne seconde fois celuy que l’on n’accuse que de les
trop aymer. Si bien que le nom de Factieux qu’on
luy donne auec tant d’injustice & tant d’aueuglement,
n’appartient proprement qu’aux faux freres qui
se sont vendus à vn Fauory insolent, qu’à ceux qui
quittent le lieu de leurs majeurs pour se soubmettre
laschement à trois ou quatre estrangers inconnus qui
composent le conseil de sa Maiesté contre les Loix fondamentales
de son Estat, & aux faussaires & aux seditieux
qui violants leur foy & leur serment font
vn amas & vne assemblés de perfides qui sont autant
de Factieux & de Perturbateurs du repos public, puisque
les mieux sensez sont d’accord qu’il n’y a que de
l’amitié entre les bons, & de la faction entre les meschans.
Le nom seul de Monsieur de Broussel vaut
mille Apologies, & la connoissance que l’on a de sa
Religion & de sa probité descouurira tousiours l’imposture
& la malice de ceux qui osent l’attaquer ; c’est
le vice qui a besoin de couleur & de desguisement,
la vertu n’est iamais si belle que quand elle est toute
nuë ; outre qu’il faudroit vn discours plus grand &
plus releué que celuy-cy pour estendre & mettre à

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descouuert celle de ce parfait Magistrat, & de cét incorruptible
seruiteur du Roy ; c’est ce que nous entreprendrons
dedans l’histoire de sa vie quand sa modestie
le permettra, & que nous voudrons laisser au
public vn pourtraict qui ne luy sera pas moins
agreable que l’original qui luy doit estre si recommendable.

 

FIN.

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