LE VRAY
FRANCOIS,
A
MESSIEVRS
DE PARIS.

SVR LES ACTIONS HEROIQVES
des Generaux des Armées du Roy, & de
Nosseigneurs de Parlement

NOVS ne sommes pas plus obligés
d’aimer ceux à qui la nature
nous attache, que ceux à qui le
bien fait nous lie, & il n’est pas
jusques aux brutes qui ne soiẽt susceptibles
d’obligation & de recognoissance ; la
nature prent d’elle mesme ces preceptes, lors
que sa subsistence tient aux bontés de quelque
main genereuse ; si bien que pour exprimer nos

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sentimens zeles pour les Protecteurs de la France,
nous auons seulement à dire qu’ils nous
ont acquis le pain au peril de leurs vies.

 

Que peut on dire de ce Grand & Illustre Prince
de Conty, qui par vn traict de la Prouidence
de Dieu, a esté choisi pour Generalissime de nos
Armées, auec vn tel témoignage de l’affection
qu’il a pour le maintien de la Couronne, que
tout le monde admire sa Prudence & ses sages
Conseils : Et pour preuue de cecy, ie ne voudrois
auoir d’autres témoins, que ceux qui sortans
du Conseil d’Enhaut, n’ont pû se lasser de
publier par tout l’Eminence de sa Sagesse.

Monseigneur le Duc de Longueuille, fait
voir aussi par ses Sacrés Deposts qu’ils nous a
donnés, la fidelité que nous deuons attendre de
son cœur ferme & illustre ; sa presence dans tous
les lieux qui ont l’honneur de le receuoir fait
des merueilles à l’auantage de ces desseins legitimes
& François ; & il sert peu de luy offrir
des montagnes d’or & d’vtilité, il n’a que l’honorable
dans son but & son objet ; & Dieu en
recompense luy donne tant de contentemens
& de benedictions, que nous en deuons loüer sa
diuine Bonté, & publier auec des chans d’alegresse,
les ordres admirables de la toute Puissance :
C’est vn bon-heur inestimable à la ville de
Paris, d’auoir receu du Ciel vn Prince qui sera

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l’ornement de sa magnificence, comme il est à
present l’honneur & le comble de ses plus hautes
consolations.

 

Ie ne puis dire que chose grãde de ce grand Duc
Delbeuf, qui nous fait gouster les fruicts de la
grande experience qu’il a aux Armées, lesquelles
il a commencé de commander en qualité de
General dés l’âge de dix-neuf ans : C’a esté le premier
qui s’est venu offrir pour soûtenir le bien
public, auec trois Princes ses enfans, qui ne degenerent
en rien du courage & de l’experience
de leur pere.

Monseigneur de Beaufort, qui n’a point d’autre
pensée que la conseruation publique, est
vn de ces dignes Liberateurs, qui agit sans cesse
pour euiter le desordre du temps, & de la disete ;
& au plus beau point d’vne jeunesse charmãte expose
cette belle & illustre vie, que toute la terre reuere,
pour empescher les deffaillãces de la nostre.

Ce grand Duc de Bouillon, de qui le nom à
remply nos Histoires, & occupé par l’expression
de ces valeurs, toutes les plumes desinteressées,
est encor venu sacrifier à la conseruation de cette
Reine des villes, les efforts de son bras triomphant,
& les ordres d’vn cœur glorieux & magnanime.

Mais tous ses grands Guerriers ne sont
pas sans riuaux dans la lice de leurs fideles desseins,

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il y a plusieurs pretendans à la gloire Françoise,
lors qu’il s’agit de conseruer le Royaume, à
vn Roy qui est aussi souuerain dans nos affections
que dans ses Estats.

 

Comme aussi ce genereux guerrier Monsieur
de la Mothe-Hodancourt, qui a toûjours esté
employé pour le seruice du Roy, il a esté Vice-Roy
en Catalogne, où il a fait paroistre les actions
heroïques de sa fidelité, montrera à nos ennemis
qu’il n’épargne non plus sa vie que son épee.

L’Eglise veut auoir part à cette passionnée
volonté, par les armes d’vn Coadjuteur, de
qui la naissance releuée ne peut auoir que
des mouuemens dignes de l’excellence de sa
personne ; c’est en ce digne Pasteur qu’on
admire vn meslange des graces qui emportent
vn ascendant supréme sur les esprits plus
portés à l’indiference : L’Eglise n’a jamais recogneu
vn apuy de plus haute veneration, ny Paris
vn Pasteur plus conforme à ses desirs & à ses
besoins : Qu’est ce qu’il n’entreprend pas pour
le seruice de Dieu & du Roy ? Ses actions sont
autant des miracles pour le bon-heur de nos
jours, la ruine de l’heresie, & l’augmentation de
la Foy Catholique : Les rentes de ce grand Prelat
sont les recours des pauures, la subsistence
des Doctes incommodés : Le grand Dieu qui la
fait naistre pour l’vtilité de son nom, & la gloire

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de son culte, nous le conseruera s’il luy plaist, &
par le torrent de son eloquence, & les vertus de
son ame pieuse & ardente à toutes les occasions
spirituelles & temporelles, ramenera le repos &
la Paix dans le sejour affligé des dissentions funestes
& deplorables.

 

Nosseigneurs du Parlement, qui n’ont jamais
que le seruice du Roy, & le bien du Peuple à sogner
par leurs sages conduittes, termineront
aussi toutes nos douleurs : Ce sont les Oracles de
nos Rois, les Tuteurs de leurs minorités, les Boucliers
du peuple, & les remparts de leurs foiblesses ;
C’est ce que nous deuons auec respect recognoistre,
& ne passer jamais au delà de leurs judicieuses
defences : Tout ce qui voit le jour contre
leur aduœu, doit estre condamné comme les
effets d’vne rebellion trop audacieuse & criminelle,
lors que la Iustice trauaille l’insolence
doit cesser : Nos sages Senateurs veulent punir
le temeraire & le sedicieux, par ce qu’ils imitent
la souueraine & eternelle justice de Dieu, qui agit
toûjours par les ordres de sa Sagesse ; donnons nos
vœux & nos acclamations à leurs saintes intentions,
& croyons auec fermeté, que ces puissances
bien pesantes, auront le Ciel & la terre pour
aprobateurs de leur zele, leurs Majestés pour arbitres
& Iuges, & le peuple pour spectateurs &
obligés dans leurs parfaites Chrestiennes & Françoises

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delibetations : Suiuons ces Anges de lumiere,
leur doctrine n’est point apocrife, ils ne
veulent point desobeïr au Roy, ils honorent son
nom & son authorité, celle de la Reine Regente,
qu’ils ont si agreablement confirmée par leurs
Religieux Arrests ; ils ne souffrent point le vice
ni la medisance, ils sont ennemis de l’vn & de
l’autre, & puniront ceux qui leur paroistront tachés
scandaleusement de tous les deux, pour empescher
le cours de ces infamies qui offencent
Dieu, & mettent le François en mauuaise odeur
parmi les autres nations, le temps s’oppose à ces
noires malices inutiles à toutes choses, & seulement
contraires à nostre salut, & au respect que
nous deuons à nos Superieurs ; Remettons nos
sentimens entre les mains du Seigneur, & de
ceux qui ont droit de direction dans les affaires,
nous en serons moins comptables & plus disposés
d’accepter ce qui nous arriuera, par les ordres
de celuy qui dispose de nous au gré de sa
Prouidence, sa misericorde accordera à nos soupirs
vn calme de Paix & d’amour, nous verrons
bien tost ce grand Roy que nous souhaittons, la
Reine Regente, & tous les Princes du sang
Royal, & rendrons mille actions des graces au
Seigneur pour vn retour si necessaire, & souhaité
de tous les bons & fidelles François.

 

Ie prie le Lecteur de m’excuser si j’ay manqué au rang
de ces Grands & Illustres Personnages.