Anonyme [1652], LES CONTREVERITEZ DE LA COVR. QVIS VETAT RIDENDO dicere verum. , français, latinRéférence RIM : M0_788. Cote locale : B_17_29.
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LES
CONTREVERITEZ
DE LA COVR.

QVIS VETAT RIDENDO
dicere verum.

 


Absent de ma Philis toutes choses me fachent,
Mes biens sont sans plaisir & mes maux sans relasche,
Mes sens n’ont plus de sens & priuez de discours
Me font voir leurs objets presque tout à rebours.
Allans dedans la Cour reuenant dans les villes
Ie trouue les plus sots mieux que les plus habiles,
La Cour sans mal contens, le Perou sans escus
Les Princes sont valets, & les valets sont Princes,
Que comme les cheuaux on harde les Prouinces
Qu’il n’est auprez du Roy que des gens bien hardis
Que Theophile alla tout droit en Paradis.
Qu’on ne prend en l’Estat pour despecher affaires
Que de S. Innocent les fameux Secretaires,
Le President Duuair fut Marchand de pourceaux
Seguier est Chancelier, Molé Garde des Seaux
Pour gouuerner l’Estat & faire vn grand chef-dœuure,

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Le Cardinal de Rets est mandé à toute heure
Les Iuifs prennent la Croix & prechent Iesus-Christ
Et que le tiers Estat, porte le S. Esprit
D’Harcourt fait ce qu’il veut & que la bonne Reyne
Sur la foy du Lorrain ne se met pas en peine,
L’Empereur Ferdinand ayme le Palatin,
Monsieur de Montbason ne parle que Latin
De Boüillon court vn cerf, & Noirmontier la begue,
Rien de si biendisant que Madame d’Entrague,
Que la Cheureuse fait l’amour sans dire mot,
L’Euesque de Bayeux est crû pauure idiot,
De Mercœur en faueur aupres des Mazarines,
Est bien souuent faché d’auoir monstré ses mines,
Qui font venir en Cour vn folastre, vn broüillon,
Pour estre gouuerneur du grand pont à Moison,
Que le Duc d’Espernon renonçant à ses forces,
Vient en Cour sur la foy du Colonel des Corces.
Et que la Palatine adore Marillac,
Comme de Carignan le Marquis de Roüillac,
Que Monsieur de Paris explique l’Escriture
Et que le Duc d’Elbeuf dit la bonne auanture,
Madame de Guebrian[1 lettre ill.] sait de chastes leçons,
Et que le Mazarin n’ayme que les maçons,
L’Abbé de S, Victor a la barbe razée,
Et le Duc de Nemours a la teste cassée,
Le franc fils de putain & enfant legitime
Et le pere Vincent est grand joüeur de prime,
Que le Duc de Rohan est vn facheux jaloux
Et que Millors Germain sont accablez de poux,
On ne fait plus l’amour au quay de la Tournelle,

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Madame de Monglas a la gorge fort belle,
Que Mazarin n’est plus importun ny coquet,
Qu’on souffre sans ennuy son malheureux caquet,
Et Que le Duc d’YorKc rentré dans l’Angleterre
Le Mareschal des Suisses a du nez contre terre,
S. Luc n’est plus Roman, Crequy n’est plus Seigneurs,
Liencourt est bigot & Boneil est hargneux,
Duplessis ne sçait plus ny le temps ny l’histoire,
Le Comte de Limours a fort bonne memoire,
Et Monsieur de Chomberg est homme de loisir,
Et le Roy d’Angleterre n’ayme que son plaisir,
Le Prince est en colere contre les Atheistes,
Et le Duc de Beaufort entre dans les Iesuistes,
Que le Prince Thomas a soin de son honneur,
L’Archiduc Leopold sera vn grand Seigneur,
Montaigu, Digby ont perdu la parolle
Que l’aymé manchinny, craint d’auoir la verolle,
Que les hommes d’honneur ont la paralisie,
Que Iules mazarin mourera de pilepsie,
Le Marquis de Mosny est homme de raison,
Qu’aujourd’huy dans Paris l’argent est de saisor,
Que les hommes puissants sont des joüeurs de farces,
Que ceux qui disent vray sont si tost hors de graces,
Le cuisinier soldat dit que les Fauoris
Ne bougent des festins des bourgeois de Paris,
Rien de si genereux qu’vn rauageur Thuresne,
Lafferté Seneterre est vn tireur de laine,
Le Comte de Brissac grand abbateur de bois,
Villarceaux, Perochel jureront aux abois,
Le Marquis colonnel sera tousiours poltron,

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Comme fut son grand pere & le Duc d’Espernon.
Philis le deplaisir d’vne fascheuse absence,
Adjouste en mon esprit l’entiere connoissance,
Montrant la verité contraire à la raison,
Aussi l’extrauagance en est la guerison,
Puisqu’il me faut posseder celle qui me possede
La cause de mon mal en est le seul remede.

 

FIN.

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