Anonyme [1652], LES DELIBERATIONS Prises & arrestées en l’Hostel de Ville, pour la leuée des deniers, & subsistances des Trouppes distinées pour la deliurance du Roy, & destruction du Cardinal Mazarin, en presence de Son Altesse Royale, & de Messieurs les Princes. Et les Articles par eux accordées pour ce sujet. Du Lundy vingt-neufiéme Iuillet 1652. , françaisRéférence RIM : M0_993. Cote locale : B_11_27.
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LES
DELIBERATIONS Prises & arrestées en l’Hostel de
Ville, pour la leuée des deniers, &
subsistances des Trouppes distinées
pour la deliurance du Roy, &
destruction du Cardinal Mazarin,
en presence de Son Altesse Royale,
& de Messieurs les Princes.

Et les Articles par eux accordées pour
ce sujet.

Du Lundy vingt-neufiéme Iuillet 1652.

A. PARIS,
Ruë d’Escosse aux trois Cremailleres.

M. DC. LII.

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LES DELIBERATIONS
prises en l’Assemblée de Ville, pour la
leuée des deniers, & subsistances des
Trouppes destinées pour la deliurance
du Roy, & destruction du Cardinal
Mazarin.

Du Lundy 29. Iuillet 1652.

L’VNOIN de la Ville de Paris auec
Messieurs les Princes, & la Lieutenance
generale de l’Estat & Royaume de
France offerte, & acceptee par Son Altesse
Royale, estoient à la verité des moyens tresvtiles
pour la destruction de la tyrannie du Cardinal
Mazarin, & le restablissement de l’Estat
& de l’authorité Royale ; Mais comme le Corps
auec son Chef & ses autres membres demeure
languissant, & est incapable de faire sa plus noble
fonction qui est l’animalle, s’il n’est encore
pourueu des ses nerfs, qui sont les canaux par
lesquels il reçoit les plus vigoureux de ses esprits ;
Ainsi cette Vnion de la Ville, sans les Finances
qui font les veritables nerfs de la guerre, & les

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arboutans de toutes les grandes entreprises, il
estoit impossible de conduire à chef le projet
important de la ruine du Mazarin ; C’est pour
cette raison que la Cour du Parlement, agissant
selon sa prudence ordinaire, ordonna en l’assemblée
de Vendredy dernier, que Deputez de
chaques quartiers de cette Ville auec les Escheuins,
Conseillers de Ville & autres, s’assembleroientle
Lundy vingt-neufiéme de ce mois,
pour auiser aux moyens les plus doux & les plus
prompts, pour trouuer de l’argent pour la subsistance
des Trouppes qu’il conuient entretenir ;
Et le mesme iour, son Altesse Royale ; Messieurs
les Princes de condé, Duc de Beaufort, & autres
Seigneurs, se rendire en l’Hostel de Ville
sur les deux heures & demie de releuée, où se
trouuerent aussi Messieurs les Preuost des
Marchands, Escheuins, Conseillers de Ville,
Curez, & douze Deputez de cha que quartiers
nommez à cét effet. Tous estans assemblez à
le maniere accoustumée, Sadite Altesse Royale,
apres auoir exposé en peu de mots à la Compagnie
le sujet de l’Assemblée, & exhorté vn
chacun de donner son aduis en conscience
pour le bien public : On commença à colliger
les voix, premierement par Messieurs de
Broussel, Preuost des Marchands, & les Escheuins.

 

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En second lieu, par Messieurs les Conseillers
des Cours Souueraines qui estoient en ladite
Assemblée.

Tiercement, par Messieurs les Curez & Deputez
des Communautez.

Et enfin par les Deputez nommez de chaques
quartiers : La pluspart des auis desquels s’estans
trouuez conformes, Il fut resolu ce qui s’ensuit,

PREMIEREMENT.

Qu’il seroit fait vn fond de huit cens mil
liures pour faire subsister les Trouppes qu’il
conuient entretenir, pour deliurer Sa Majesté,
& chasser l’vsurpateur de son authorité.

Que pour cét effet il seroit fait vne taxe sur
chaques maisons de cette Ville, pareille à celle
qui fut faite pendant le siege de Corbic :

SCAVOIR.

De vingt-cinq escus sur chaques portes
Cocheres.

Dix escus sur chaques portes carrées, &
grands boutiques : & cinq escus sur les petites
portes.

Que pour obuier aux desordres qui pourroient
aduenir en la dispensation des deniers,

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leuez dont on a eu des exemples pendant
les dernieres guerres, il seroit nommé par la
Ville, trois sortes de Bourgeois pour la Recepte
& la mise desdits deniers, & qu’en cas
que les susdites taxes ne pussent faire ledit
fond de huict cent mille liures, il seroit pourueu
d’autres voyes en la premiere Assemblée
de la Ville.

 

En suitte de cette Deliberation, le restablissement
des Bureaux a esté proposé ou
apres quelques bons establissemens, & differens
aduis donnez sur le suiet, il a esté conclu
que lesdites entrées & Bureaux seront restabis
sur le pied, & en la maniere equ’ils
estoient anciennement ; Apres quoy sur les sept
heures & demie l’assemblée se leua, & tous
les Deputez sortirent auec autant de contentement
& de liberté, qu’ils eurent de desplaisir
& de peine, lors qu’vne populace
aueugle & insolente porta sa rage contre tant
de braues deffenseurs de la liberté.

De cette iudicieuse Deliberation qui ne
va aucunement à la foule de l’artisan & du
menu peuple, nous deuons esperer que bien-tost,
nous verrons la fin de nos miseres, &
le Mazarin celle de sa tyrannie, puis que les
trouppes qui se leuent iournellement contre
luy estant souldoyées. Et la discipline Militaire

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rigidement obseruée parmy elles, ny la
Compagnie ne souffrira les desordres & les
rauages à quoy la necessité obligeoit le soldat ;
Ny ceux qui protegent l’ennemy commun
de la France, ne demeureront pas longtemps
sans payer la peine deuë à leur temerité.

 

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