Anonyme [1649], ADVERTISSEMENT POVR MADEMOISELLE, A L’ARCHIDVC LEOPOLD. Touchant le party qu’il doit prendre. , françaisRéférence RIM : M0_459. Cote locale : A_2_23.
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ADVERTISSEMENT POVR
Mademoiselle, à l’Archiduc Leopold :
touchant le party qu’il doit
prendre.

MONSIEVR,

Vos lettres & vos faueurs
sont inseparables, & l’on ne
peut receuoir les vnes, sans les
autres. Celle dont VOSTRE ALTESSE
IMPERIALE M’honore,
m’en a presenté de si grandes,
qu’elle fait assez voir que ie ne
vous suis pas la moins redeuable ;
aussi i’ose dire, MONSEIGNEVR,

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que vous sçauez gaigner
les cœurs magnanimes,
quand vous leur offrez le vostre :
vos plus grands ennemis se
rendent à de si fortes attaques,
& vostre douce generosité execute
toute seule ce que le fer
& la fureur d’vn million d’hommes,
trouueroient peut-estre impossible.
Ainsi vos moindres Conquestes
sont dignes des plus grãds
triomphes. Ne me demandez
point permission de venir icy porter
de nouuelles marques de cette
genereuse douceur, puisqu’on
vous y attend auec impatience, &
qu’on ne vous y verra qu’auec
beaucoup de ioye. Tout le mõde,
qui soupire aprés la paix, espere
que vostre presence toute seule la
peut donner à tous ; il ne se defie

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plus d’vne force ennemye que
vous auez en main depuis que
vous auez promis de l’employer
toute entiere pour le rendre paisible
sous l’authorité de son ieune
Monarque, la sincerité de vostre
intention vous fera conuoiter la
mienne, & quand vous irez pour
vn si iuste suiet, ie vous feray voir
de quelle recompense vous estes
digne. Ne m’ordonnez point de
demander la paix à la Reyne, c’est
à vos merites qu’elle reserue ce
prix, il ne me seroit pas bien seant
de vouloir obtenir auec des lauriers,
vn bien qui n’est deû qu’à
vostre valeur, vous deuez cõquerir
cette palme, elle sera bien plus
florissante au milieu de vos lauriers
qu’entre les mains d’vne simple
fille, outre que vostre puissance

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la gaignera bien mieux que
mes prieres ioignez vous à cét
Auguste Senat qui trauaille incessamment
à la felicité publique
& au repos des Princes, & pour
vous y obliger en quelque façon,
ie croy qu’il me suffira de vous
dire que vous trauaillerez au
mien ; vostre generosité me fait
esperer de me voir bien-tost libre
des mains de la tyrannie, & de
voir la fin de mes maux dans le
bon-heur que i’auray de vous en
voir triompher ; Si ma personne
vous est aussi chere que vostre
lettre le temoigne ne differay plus
de luy donner le plus grand des
contentements ou elle aspire vous
ne seruirez pas moins le publicq
en meslant sa cause auec la miene,
puisque mon bon-heur ne peut

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estre sans le sien, & que vous ne
pouuez rien faire pour moy qui
ne soit à son auantage. Ie vous engagerois
encore à cette entreprise
heroique par mes prieres, si
vous ne vous y estiez librement
offert, & si ie ne connoissois bien
que vostre propre vertu vous y
attache beaucoup plus puissamment
que tout les motifs dont ie
me pourrois seruir pour vous y
porter ie me contenteray seulement
de ioindre encore mes
vœux a cette mesme vertu pour
l’accomplissement d’vn si noble
dessein, & ie feray voir par là ce
ce que l’on doit à tous ceux qui
marchent comme vous à la conqueste
de la paix & qui ont entrepris
de la rendre aux peuples qui
la desirent si ardemment.

 

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