Anonyme [1649], LES DIVINES REVELATIONS ET PROMESSES FAITES A SAINCT DENYS PATRON DE LA FRANCE, ET A SAINTE GENEVIEFVE PATRONE DE PARIS, EN FAVEVR DES FRANCOIS. CONTRE LE TYRAN MAZARIN. Apportées du Ciel en Terre par l’Archange S. Michel. , françaisRéférence RIM : M0_1164. Cote locale : C_9_78.
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LES DIVINES
REVELATIONS
ET PROMESSES
FAITES A SAINCT DENYS
PATRON DE LA FRANCE,
ET A SAINTE GENEVIEFVE
PATRONE DE PARIS,
EN FAVEVR DES FRANCOIS.

CONTRE LE TYRAN
MAZARIN.

Apportées du Ciel en Terre par l’Archange S. Michel.

A PARIS,
Chez CLAVDE BOVDEVILLE, ruë des Carmes,
proche Sainct Hilaire au Lys Fleurissant.

M. DC. XLIX.

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LES DIVINES
REVELATIONS Et promesses faites à sainct Denys Patron de la France, &
à saincte Geneuiefue Patronne de Paris, en faueur des
François.

Contre le Tyran MAZARIN.

Apportées du Ciel en Terre, par l’Archange sainct Michel.

LENFER estant ialoux des trion phes & des prosperitez
de la France, suscita Iules Mazarin pour estre le
funeste instrument de nos miseres & de nos malheurs,
Et quoy que cet estranger eût l’obligation entiere à cette
Monarchie de toute sa grandeur, pourtant par vne
ingratitude sans exemple, son esprit poussé d’vne noire malice a
fait tous ses efforts pour la ruiner, en prolongeant la guerre qu’il
eust pû esteindre à la gloire & à l’aduantage de l’Estat, en pillant
tout l’or du Royaume par mille vexations sur le peuple, en consumant
inutilement & honteusement nos armées de terre & de mer,
en hazardant la gloire & la vie de nos Princes du Sang, en ne payãt
point les gens de guerre, en retranchant les gages des Officiers, &
prenant les rentes de l’Hostel de Ville, qui pour la pluspart appartiennent
à plusieurs orphelins, & les pensions, qui sont les plus fermes
moyens par lesquels nos Roys s’acquierent des creatures &
affermissent leur authorité & leur trosne, en laissant perdre & cõsumer
les garnisons dans les meilleures & plus importantes places
de cet Estat à faute de payement : Et en vn mot en ruinant & mettant
an desespoir les grands & les petits, & taschant de faire perdre
aux plus vaillans & aux plus considerables l’affection & le zele
que la naissance & les loix obligent d’auoir pour leurs Princes &
pour leur Patrie.

Mais son execrable meschanceté & sa trahison (qu’on auoit desia
descouuert en plusieurs remarquables occasions) a entierement
esclaté & paru deuant les yeux de tout le monde par l’insolente

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hardiesse qu’il a prise d’enleuer nostre ieune Roy, & d’alumer la
guerre Ciuille dans le cœur du Royaume, aprés l’auoir saccagé &
reduit aux derniers abois par ses horribles concussions, estant assez
facile de voir par ce noir attentat, qu’il est d’intelligence auec les
Ennemis de cet Estat, & qu’il leur veut faciliter le moyen de se
venger de leurs pertes passées, & de reconquerir toutes les Villes
que la vertu & la valeur de nos Princes & de nos Generaux ont si
glorieusement gaignées ; Il veut dis-ie, non seulement fauoriser
les Espagnols, mais il semble qu’il vueille aussi consumer & destruire
le nom François, en allumant le feu dans la Maison Royalle,
en declarant la guerre au plus celebre Parlement du monde, & à
la plus belle & admirable ville de l’Vniuers : bref les furies infernales
ont tellement eschauffé son ame perfide, ambitieuse & ingrate,
que le venin qu’il exhale & le feu qu’il en iette seroient capables
de nous perdre de fonds en comble, si la main secourable du Tout-puissant
ne nous deffendoit contre ce denaturé vipere, & si nous
ne sçauions que toutes les Puissances celestes sont armées à sa ruine,
& que le Dieu des vengeances décochera bien-tost les traits les
plus aigus de sa colere contre cet insolent Salmonée.

 

Ouy, nous en sommes asseurez par la diuine bouche de Iesus-Christ
qui nous a annoncé la fin tragique & miserable de cet orgueilleux,
& afin que personne n’en doute, ie m’en vay vous décrire
ce qui se passa dans la Cour celeste sur ce suiet.

Le grand Apostre des Gaules, le glorieux S. Denis Patron de
cette Monarchie, & l’admirable sainte Geneuiefue Patronne &
protectrice de la ville de Paris, ayans cogneu les malicieux & detestables
desseins que le Mazarin auoit contre toute la France, &
notamment contre le Parlement & contre le peuple de Paris, &
voyant que si cela continuoit plus auant que la ruine & la desolation
entiere de l’vn & de l’autre estoit ineuitable, quitterent promptement
les sieges rayonnans de gloire, sur lesquels ils s’estoient
assis alentour du Trosne de Dieu ; & s’allerent prosterner aux pieds
de la Tres-saincte Trinité, qui comprend vn seul Dieu dans son
triangle ; & intercedans pour la France, prierent le mesme Dieu
qu’il luy pleust d’appaiser sa colere, & de retirer les fleaux de la
guerre & de la famine qui menaçoient les François : Alors le Tout
puissant respondit par la Sacrée bouche de son Fils, ces paroles
pleines de iustice & de merueille : Ne vous estonnez pas, Bien-heureux

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Saints, si les iniquitez des François m’ont obligé à desployer
mes yerges contre eux, & si estant leur pere, l’affection que
ie leur porte m’oblige à les chastier : Mais soyez asseurez de la continuelle
protection que ie veux porter au Royaume des Fleur-de
Lys & à son ieune Roy, lequel ie veux combler de toutes mes graces
& benedictions, rendant son Regne paisible & sa personne
triomphante de toutes les Nations de la Terre : & encore qu’il
vous semble que mon indignation soit extreme : Consolez-vous,
& vous resioüislez, & asseurez les François de ma part, que ie feray
bien-tost trebucher ce superbe Tyran qui les veut perdre, &
que ie vengeray son ingratitude dans son sang ; le suis le Dieu de
Paix, & le iuste Iuge, qui briseray comme du verre cet orgeuilleux,
& qui remettray ce Royaume en sa premiere splendeur, donnant
repos aux affligez, & confusion à ceux qui ont persecute les
innocents, & comme ie suis le Dieu Tout puissant, qui fonde
les cœurs & les pensées des hommes : Ie sçay bien que ce méchant
dont ie me suis seruy pour chastier toute la Chrestienté, n’a iamais
conceu que des choses mauuaises, pour enfanter les maux qu’il a
faits, & que son ambition extreme & son auarice insatiable l’ont
poussé à commettre plusieurs trahisons contre le Royaume de
France, duquel ie vous ay estably Patrons & Conseruateurs ; & que
ce meschant a secrettement fait sa Paix auec le Roy d’Espagne,
qui est son Prince naturel, aux despens de toute la France qu’il a
ruinée, à dessein de la rendre si foible qu’elle ne pût se defendre
contre ses Ennemys, qui autrement n’en sçauroient venir à bout ;
Mais soyez asseurez que ie tiens le sang des François si pretieux, &
la personne de leur Roy si chere, que ie dissiperay les desseins de
cet ingrat & perfide, & que ie m’en vay le rendre semblable à vne
petite nuée qui passe & qui s’éuanoüit en vn instant ; Car comme
ie vous ay souuent annoncé par mes Prophetes : Les hommes sanguinaires,
cruels & pleins de fraude ne paruiendront point à la moitié de leurs
iours.. Et pource que ce malheureux a ensorcelé l’esprit de la Reyne
Regente, & que s’est sous son authorité qu’il a commis impunément
tous les crimes. I’ouuriray & illumineray les yeux de l’entendement
de cette Princesse, & encore qu’elle soit incessamment
obsedée par les Pensionnaires de cet infidele Ministre, qui luy cachent
tout ce qui la pourroit obliger à luy vouloir du mal, & qui
ne l’entretienne iamais que de choses admirables & à son auantage,

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pour engager cette pauure Reyne à le cherir & à le proteger : Ie
dissiperay toutes ces pratiques d’iniquité, & feray voir à decouuert
tous ses crimes, en sorce que cette Princess, (dont le naturel, quoy
que les meschans puissent dire, est remply de bonté enuers son
peuple, & de denotion enuers moy) sera honteuse d’auoir supporté
si long temp ; ce traistre, & sera la premiere à le chastier de son
ambition criminelle. Et les Princes du sang qui le protegent à present
chacun pour son interest, seront confus d’auoir fait la guerre
à leur Patrie pour vn si meschant homme, qui n’a apporté parmy
eux que de tres meschantes & tres-pernicieuses maximes, contraires
à la generosité & à la franchise, qui regnoit auparauant dans la
Cour des Roys de France.

 

Estant au reste veritable, & ie le feray bien tost cognoistre aux
François, que le mal pour lequel ils gemissent à present, & pour
la guerison duquel ils m’addressent leurs vœux & leurs prieres, sera
conuerty en vn tres-grand bien parmon admirable prouidence, car
premierement ie vous declare que ie leur donneray vne victoire
entiere contre ce perfide Estranger : mais aussi ie feray en sorte que
estans plus fidelement gouuernez à l’aduenir, ie susciteray de tres-sages
Conseillers qui prefereront le bien & le repos du public au
leur particulier, & qui donneront de si bons mouuemẽs à la Reyne,
qu’estant desabusee de cette chimere d’Estat, & de ce vain pretexte
d’authorité Royale, ils luy ferõt cognoistre, que la plus grande force,
la plus grande richesse, & la plus grande authorité des Princes
Souuerains, consiste dans l’amour & dans l’affection de leurs suiets,
dans l’inuiolable obseruation des Loix, dans la recompense de la
Vertu & dans la seuere punition des crimes : mais sur tout dans la
pieté & dans la crainte qu’ils doiuent auoir pour moy, qui comme
i’ay souuent annoncé par la bouche de mes Prophetes & de mes
Apostres, est le commencement de toute la-sagesse humaine Ie
vous auertis aussi, dit Iesus-Christ ; Que i’enuoyeray mes inspirations
à la Reyne, afin qu’elle establisse proche de la personne de
ce ieune Roy des personnes plus sages & plus gens de biẽ que ceux
qui v sont à present, pour luy dõner la veritable teinture des Roys
& les plus salutaires preceptes qu’il faut qu’il suiue, pour se rendre
parfait, & pour se faire aymer & reuerer de tous les peuples de
la Terre ; Ie feray qu’il sera semblable à Melchisedech Roy de Salem,
c’est à dire, qu’il sera Roy de Iustice & Roy de Paix, & que par
le moyen de ces deux Colomnes, son Trosne sera estably & rendu

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florissant & perdurable.

 

Que s’il faut faire la guerre, ie luy donneray des mouuemens
si iustes, si Chrestiens & si genereux, qu’il aymera mieux mourir que
d’épancher vne goutte de sang Chrestien, & l’extirpation des Infideles
Mahometans, sera le seul but de ses royales armes, & esteignant
les flambeaux funestes qui embrasent la Chrestienté, il ita
en Affrique combatre ces Monstres qui sont Ennemys iurez des
Fideles & qui tiennent dans l’esclauage ceux qui croient en moy.

Aprés ces Diuines Promesses, Iesus-Christ semblant auoir finy
son Discours, sainct Denys & saincte Geneuiefue s’inclinerent &
se prosternerent aux pieds du Sauueur, & ayant rendu graces à sa
Misericorde & à sa Diuine bonté, ils le prierent encore auec beaucoup
de zele & beaucoup d’ardeur, de vouloir retirer Mr. le Duc
d’Orleans & Mr. le Prince du dessein qu’ils semblent auoir de proteger,
& de seruir de garde-fou à ce maudit Mazarin, & ne permettre
pas que de si vaillans & si glorieux Princes (qui se sont acquis
vn renon immortel par vne infinité de grands & admirables
exploits, que leur victorieuse espée auoit acheuez,) aprés auoir si
dignement conserué leur Patrie voulussent à present luy faire vne
guerre mortelle, & authoriser les trahisons & la tyrannie de cet
infide le Ministre. A quoy Iesus-Christ respondit : Il n’est encore
temps ny necessaire que ie vous descouure les moyens dont ie me
veux seruir pour paracheuer mon œuure, vous verrez vn iour, &
cela ne tardera pas beaucoup, que ces valeureux Princes, (qui
semblẽt à present faire vn cruelle guerre à la France & notammẽt
à la ville de Paris, qui crie desia contre eux, comme s’ils estoient
des Parricides) seront vn iour les plus puissans instruments dont
ie me seruiray pour la restauration de cet Estat ; & qu’ils seront
ceux qui haïront le plus ce meschant Ministre lors qu’ils auront
descouuert ses pernicieux desseins ; & vous verrez qu’ils luy
fairont rendre gorge ; car pour le present ces Princes croyent de
bien faire en obeyssant à la Reyne Regente, qui de son costé sera
bien tost desabusée, & ie feray voir à tout le peuple, que si elle a
failly, ce n’a point este à mauuaise intention, & qu’elle a creu que
le bien & le seruice du Roy son fils exigeoient d’elle toutes ces
choses.

Et quant aux Princes de Conty, d’Elbeuf, de Longueuille, de Beaufort,
de Boüillon, & le Mareschal de la Mothe-Haudancourt, qui sont les principaux

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Generaux des Troupes que le Parlement a mis sur pied pour sa legitime
deffence : Et encore tous les autres Princes, Ducs, Marquis, Comtes,
grands Seigneurs & Gentilshommes, ie les tiendray sous ma protection, &
sous l’ombre de mes aisles, & tant qu’ils procederont auec la generosité
qu’ils ont fait paroistre pour le bien du public, & qu’ils se despoüilleront
de toutes passions de haine, de vengeance & de rapine, ie beniray leurs armes,
& les rendray victorieux, pource que ce qu’ils font, n’est que pour
auoir vne paix durable, & pour banir l’iniquité, les rapines & l’iniustice,
qui ont regné iusques icy dans l’esprit des principaux Ministres, & sur tout
de Mazarin. Et pource que le Parlement de Paris n’a eu pour but que le
soulagement des oppressez, & qu’ils se sont monstrez les veritables Protecteurs
des Peuples, ie les beniray, & les conserueray contre leurs ennemis,
& i’inspireray à tous les autres Parlements de France de s’vnir auec eux
contre le Tyran, & l’ennemy commun de tous les François. Bref ce loup
rauissant estant exterminé, & sa memoire esteinte, ie mettray le troupeau
en seureté, & luy enuoyant mes plus sainctes benedictions, ie conuertiray
ses maux en des prosperitez de longue durée, & toutes les nations admireront
& beniront mon pouuoir, qui seul faira toutes ces merueilles.

 

Lors que nostre Dieu & Sauueur Iesus-Christ eut acheué ces admirables
promesses, tous les Saincts, tous le Anges & les Archanges qui assistent
deuant le Trosne de Dieu, commencerent à chanter diuers Hymnes, & Cãtiques
d’actions de graces, & S. Denis, & Saincte Geneuiefue reuinrent
benissans & glorifians Dieu, prendre leurs places dans leurs freges rayonnans
de gloire ; & Iesus-Christ commanda à l’Archange S. Michel, qui est
aussi vn des Protecteurs de ce Royaume, d’apporter en mesme temps ces reuelations
& ces diuines promesses dans l’Eglise de S. Denis, & dans celle de
Saincte Geneuiefue, & les poser sur le grand Autel d’icelles, où l’on les a
trouuées escrites en lettres d’or sur vn papier merueilleux de couleur azurée,
qui disparut au mesme moment qu’on en eut fait des copies. En sorte
que nous deuons admirer la bonté merueilleuse de nostre Dieu, & nous
abattre deuant sa face glorieuse, & adorer en toute crainte & humilité ses
Iugemens & sa Prouidence, & confesser que nostre pouuoir est bien petit,
& que sans son assistance miraculeuse il n’y auroit en nous que foiblesse, &
que confusion Gloire donc soit à luy aux siecles des siecles. Amen.

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