Anonyme [1649], LES EFFETS ADMIRABLES DE LA PROVIDENCE DE DIEV SVR LA VILLE DE PARIS ; OV REFLEXIONS DVN THEOLOGIEN enuoyées à vn sien amy solitaire sur les affaires du temps present. , français, latinRéférence RIM : M0_1199. Cote locale : C_7_64.
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Et premierement, quand ie considere l’insolente audace
du Sicilien, par laquelle, aydé de la facilité qu’il a trouuée
dans les esprits de nos Princes, s’estant éleué en vn degré
d’vne domination tyrannique & honteuse à toute la France,
auiourd’hui pour s’y maintenir, de voir qu’il ioüe à perdre vn
Estat si florissant, qu’il mette toute la France en combustion,
attaque la capitale du Royaume, veüille affamer vne si grande
Ville, faire perir tant d’ames innocentes, & sous pretexte
de quelques testes illustres à qui il en veut, qu’il ne se soucie
pas de perdre le general de toute vne ville, & d’enuelopper
dans vne mesme ruine, les innocens, auec ceux qui luy paroissent
estre coupables.

A vôtre aduis, mon cher Solitaire, ne voila pas dequoi fournir
suffisamment de la meditation à nos esprits, sur les dangereuses
extremitez, esquelles pousse les hommes, le furieux
appetit de regner, auec celuy de la vengeance. Autrefois Caïphe

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prophetizant sur l’vtilité qui deuoit reuenir de la mort
du Fils de Dieu prononça, qu’il estoit expedient qu’il mourut,
afin que toute la nation des Iuïfs ne perit pas. Cet homme-cy
semble tenir vn langage tout differend, & dire en sa maniere,
qu’il est plus expedient que toute la nation. Francoise perisse
plustost qu’il dechoie tant soit peu du feste de sa grandeur :
de maniere, qu’il est bien éloigné du zele du Prophete Ionas,
qui apperceuant vne horrible tempeste, & s’en reconnoissant
l’autheur, consentit d’estre ietté dedans la mer, afin que la
tempeste cessat. Ce Sicilien qui est cause de nos tempestes,
neyeroit tous s’il pouuoit, temoin qu’il y employe vne Riuiere
tant qu’il peut, sans parler de celuy de qui il est secondé
dans ce mesme dessein : Mais nous esperons qu’auec la misericorde
de Dieu nous pourrons dire, que, Desiderium impiorum
peribit. Car ie remarque que quoy que ce Ionas autheur
de nos tempestes, soit maistre de la riuiere, qu’il en occupe
les passages, que ie sache tres-bien que de tout temps
la Seine a esté appelée la mere nourrice de Paris ; neantmoins,
le Seigneur qui est le grand Pere nourricier de tous
les hommes, qui n’abandonne pas les petits des Corbeaux
qui crient à luy, comme dit le Psalmiste, il n’abandonne
point la ville de Paris, ny tant d’ames innocentes & religieuses
qui le reclament iournellement. Et quoy que l’on tienne
Paris inuesty, & qu’on en ferme les passages de tous costez,
neantmoins la main de Dieu qui atteint d’vn bout à l’autre
les ouure en nostre faueur, pour nous faire venir des viures
par des voyes toutes miraculeuses.
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Anonyme [1649], LES EFFETS ADMIRABLES DE LA PROVIDENCE DE DIEV SVR LA VILLE DE PARIS ; OV REFLEXIONS DVN THEOLOGIEN enuoyées à vn sien amy solitaire sur les affaires du temps present. , français, latinRéférence RIM : M0_1199. Cote locale : C_7_64.