Anonyme [1650], LES FINETS AFFINEZ OV L’EMPRISONNEMENT DES FACTIEVX. , françaisRéférence RIM : M0_1396. Cote locale : E_1_24.
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LES
FINETS AFFINEZ,
OV
L’EMPRISONNEMENT
DES FACTIEVX.

 


PAR vn Conseil inesperé,
Ce que nous auions esperé
Fait cesser nos pleurs & nos larmes :
L’innocent reprend sa vigueur,
Et lors qu’on craignoit les Gensd’armes
Nous auons du sang & du cœur.

 

 


Nostre Dieu émeu de pitié,
A defendu la pieté,
Et l’a mise au degré Supresme :
Vn Peuple entier a reconnu
Que pour ternir vn Diadesme
On s’est seruy d’vn Inconnu.

 

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Ha ! qui auroit iamais pensé,
Qu’vn esprit du tout insensé,
Accompagné de ses Ministres ;
Eussent voulu fléchir le Sort,
Pour barrer les choses sinistres,
Qui publioient par tout son tort.

 

 


Dieu est iuste, l’on le void bien,
Quand d’vn Grand il en fait vn rier
En punissant ses vrais complices ;
L’Astre qui luit dissippe tout,
Et rend à neant les malices
D’vn Prince qui n’a point de bout.

 

 


L’ennemy de nos ennemis,
L’Ancelade des Fleurs de Lys,
S’est veu blasmé en cette affaire :
Mais comme vne Estoille qui luit
Au Ciel serain pour nous bien faire ;
Suiuons cét Astre qui la suit.

 

 


Il est de Royale naissance ;
Il a sur nous quelque puissance ;
Il hait tous les audacieux ;
Il veut qu’vn Paris ne s’effroye
De voir pâtir les Demi-dieux,
Qui en vouloient faire leur proye.

 

 


Ne faisons point d’Appologie
Contre la noble Astrologie,
Qui dit ; Vn Prince prisonnier,
Desesperant de sa fortune,
Doit carresser vn vieil Geollier,
Qui estoit du temps de Bethune.

 

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Cecy se voit tres-veritable :
Car celuy qui aimoit la table,
S’est veu enleuer nuictamment ;
S’il estoit seul, toutes nos armes
Seroient dans vn enroüillement :
Mais elles rompent tous les charmes.

 

 


Ils ont inuoqué vne Parque,
Qui n’a pû amener sa barque
Pour passer des cœurs innocens :
Vne verité les maistrise ;
Mais du Ciel on oit les accens
Qui ne publient que la franchise.

 

 


Le Soleil dans de noirs nuages,
A découuert tous les outrages
A vn vray Dieu qui l’a creé ;
Estant fasché, qu’vn cœur auarre
Portasse l’acier aceré
Pour dompter la France & Nauarre.

 

 


Qui croira que le changement
S’attache aux Princes mesmement ?
Que si l’orgueil s’est fait parestre
Dans vn cœur par trop éleué,
Il se void où l’on l’a veu naistre
Auant que Phœbus soit leué.

 

 


Ce coup est grand & admirable ;
Il rend heureux le miserable
Contre qui on faisoit effort ;
En voyant enchaisner l’Enuie
Qui vouloit déuorer BEAVFORT,
Luy ostant l’honneur & la vie.

 

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Mesme ce bon COADIVTEVR
Des pauures le vray Protecteur,
S’est mocqué de la tyrannie
De ces Superbes Factieux,
Possedez de lasche manie,
Qui pensoient gouuerner les Cieux.

 

 


L’Acheron n’a point de nasselle
Pour passer du noble BROVSSELLE
La Vertu, le los, le renom ;
Les Innocens ont de la gloire,
Et d’iceux on verra le Nom
Bien imprimé dans nostre Histoire.

 

 


Viuez MONARQVE des François,
Vostre Peuple cherit vos Lois ;
La trahison est découuerte ;
On ne peut que benir le jour
Qui a veu la prison ouuerte
Pour les Perturbateurs de Cour.

 

FIN

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