Anonyme [1652], LES FOVRBES DES MAZARINS découuertes. AVX BONS BOVRGEOIS DE cette Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1406. Cote locale : B_12_52.
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LES
FOVRBES
DES MAZARINS
découuertes.

AVX BONS BOVRGEOIS DE
cette Ville de Paris.

A PARIS,

M. DC. LII.

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LES FOVRBES DES
Mazarins découuertes.

IL est d’accord Messieurs, & il n’en faut plus douter :
Le Prince de Condé a fait son traitté, mais
au lieu que les Mazarins publient que c’est auec
le Mazarin : il est certain que c’est auec le Duc
d’Orleans, auquel il a promis d’exterminer tout ce
qu’il y a de Mazarins dans le Royaume, & de luy en
rendre fort bon compte, s’ils sont assez temeraires de
se presenter en armes deuant luy.

Le Mareschal de Turenne est bien incorrigible,
il a opiniastré le Siege d’Estampes où il a fort bien
reüssy. Il a voulu faire celuy du Faux-bourg S. Antoine,
mais c’est pour s’instruire aux despens des pauures
Mazarins, & s’il continuë à se rencontrer souuent
auec Monsieur le Prince, il se formera plus en
six mois qu’il n’a fait jusqu’à present.

Les Mazarins veulent faire croire que le prince de
Condé ne trauaille que pour ses interests : Il est vray
Mazarins, mais c’est pour les interests d’honneur &
de reputation : Il ne veut pas perdre en combattant
contre vous qui estes des canailles, ce qu’il a acquis

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d’estime dans les rencontres qu’il a eu auec les Allemans
& Espagnols.

 

Mazarins, ie vous plains, le Prince est plus hardy
que vous pour les combats, plus intelligent pour les
negociations, & vos ruses ne preuaudront point en
cette ville à l’amitié que le peuple a pour luy, & au
respect qu’il a pour son A. R. & à la creance qu’il a en
tous les deux.

Encores si vous disiez qu’il est sorcier, & de pareille
maniere que jadis l’ont esté Alexandre & Cesar, on
le pourroit souffrir, & il y en a déja qui en sont persuadés :
Car comment voulés qu’vn homme à l’aage
de vingt deux ans ait gagné la bataille qu’il a gagnée
à Rocroy, pris Thionuille, gagné la bataille de Fribourg,
& celle de Nortlinguen, pris Philisbourg &
Dunquerque, gagné la bataille de Lens, qu’il soit sorty
de prison où il estoit injustement detenu par Mazarin :
Qu’apres qu’il a esté en liberté il ayt esuité les
pieges qu’on luy a voulu dresser, qu’auec vne poignée
d’hommes nouuellement leués, il ayt resisté à
toutes les forces du Royaume, en vne Prouince où
vne partie de la Ville luy estoit contraire, que de-là
il soit venu à Paris en cheuau [illisible] leger pour rendre
compte à son A. R. de toute sa conduite, & receuoir
ses ordres, en suitte desquels il a enuoyé si à
propos de la poudre dans Estampes, & fait vne si
belle retraitte de Sureines : certes Mazarins, principaux
Mazarins, Mazarins subalternes, & arriere Mazarins,
cela ne se peut faire sans magie, & vous serés

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bien aduisés si vous faites vostre fort sur cette article,
on vous croira facilement, à moins que d’estre
double sorcier : ce Prince de si haute naissance,
& de si grands biens : comment pourroit-il s’estre
priué en sa jeunesse des plaisirs, ausquels l’aage &
l’abondance conuient, pour s’addonner tout à fait
à la guerre, s’il n’estoit vn sorcier fieffé.

 

Vous reüssirez mieux sur cette matiere, & en ce
point que vous n’auez fait iusques à present, en voulant
attaquer sa probité, & la fidelité qu’il a voüée
à S. A. R. mais il y a à craindre pour vous vn autre
rencontre, qui est, que si vos Soldats, ces pauures
mal-heureux qui se sont engagez auec vous, sont
dans la pensée, qu’il soit magicien, ils ne se voudront
plus battre, ny se trouuer où il sera : car il y fait trop
chaud, & vous sçauez bien ce qui s’est passé au faubourg
Sainct Anthoine, où il a imprimé plusieurs
characteres de sa magie sur grand nombre de Regimens,
qui ne s’estoient pas preparez pour le iour du
Sabbat.

Vous n’estes pas mal embarassez en cette affaire,
quelque party que vous preniez il sera tousiours tres
mauuais, & il n’y en a qu’vn pour vous, qui est, que
vous vous saisissiez de la personne du Mazarin, &
que vous nous l’enuoyés pieds & mains liez en cette
ville, il n’y a pas à choisir du quartier auquel vous
ferez l’addresse, car il trouuera par tout des gens qui
le logeront comme il merite, & à l’instant vous verrez

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cesser tous les sortileges du Prince de Condé, qui
accompagnera son Altesse Royalle auec tous les habitans
de cette Ville, hommes, femmes, ieunes,
vieux, Religieux, Religieuses, Curez, Prestres, pauvres
& riches, pour aller querir le Roy & la Reyne,
& les conduire dans le Louvre auec milles acclamations
de joye, & de benedictions pour vous, qui
vous serez saisis de cet homme qui nous faut entretuer,
sans qu’il ait merité, qu’vn ver de terre mourust
pour son seruice, attendu qu’il n’a aucune bonne
qualité.

 

FIN.

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