Anonyme [[s. d.]], EVENEMENS INFAILLIBLES, TOVCHANT L'AVTHORITE DV ROY ENVERS SES SVBIECTS. , françaisRéférence RIM : M0_1312. Cote locale : A_2_67.
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EVENEMENS INFAILLIBLES TOVCHANT
l’authorité du Roy, enuers ses Subjects.

LE Parlement veut despoüiller le Roy de son
authorité pour s’en reuestir ; les Princes qui
se sont vnis au Parlement voudroient bien s’accommoder
de son bien & de ses places.

Et vous pauures Bourgeois de Paris sacrifiez vostre
repos, hazardez vostre vie, vüidez le fonds
de vos bourses, vous reduisez à la faim, prenez les
armes contre vostre Roy, & ne trauaillez qu’à vostre
ruine, pour appuyer sans le sçauoir les iniustes
pretentions des vns & des autres ; c’est bien se tourmenter
pour se rendre criminels & malheureux
toute vostre vie, quoy qu’il arriue. Car, ou le Roy
demeurera maistre, comme il y a grande apparence,
& si auant cela vous ne reparez vostre crime,
& ne regaignez son affection par quelque
marque de la vostre, il vous fera seruir vous & vos
familles d’exemple à la posterité par vn chastiment
memorable de la rebellion que vous commettez :
ou le Parlement & les Princes auront le
dessus (ce qui fait horreur seulement à le penser à
tout bon François) & au lieu d’vn Roy, d’vn legitime
Souuerain qui vous cheriroit auec tendresse,
& ne songeroit qu’à vostre soulagement & à
vous rendre heureux, vous aurez quatre cens tyranneaux,
qui vous deschireront & vous oprimeront

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de mille taxes, comme ils ont desia commancé,
& vostre opiniastreté n’aura seruy qu’à
allumer & nourrir vne guerre ciuile, qui rendra
la France la proye de ses ennemis, & changera vostre
ville la plus belle du monde & la plus heureuse,
en vn theatre d’horreur & de miseres.

 

Le Cardinal est vn meschant homme, parce
qu’il n’a pas voulu consentir à la destruction de la
Royauté, où aucuns du Parlement visent pour
gouuerner eux-mesmes : C’est vn perturbateur du
repos public, parce qu’il n’est pas tombé d’acord
de contenter Nouion, Blancmesnil, Viol, Broussel
& autres, ny les Princes dans ce qui leur estoit
venu à la teste de pretendre : Il trouble le Royaume,
luy qui a incessamment trauaillé & auec succez
à le conseruer en tranquilité pendant toute la
Regence & à la procurer au dehors. Il n’a ni luy ny
aucun de ses parens place, ny charge, ny gouuernement
ny establissement ; & c’est vn ambitieux,
vn interessé, vn perfide : Les autres pretendans
n’ont rien contribué comme luy aux conquestes
qui ont esté faites & ne laissent pas de demander
les meilleures places du Royaume, & des graces
qu’ils n’ont point meritées.

Le Cardinal s’entend auec les Espagnols pour
trahir l’Estat, pour les en rendre maistres : Il faut
qu’il soit bien habile, & qu’il les dupe bien finement,
de conseruer ainsi leurs bonnes graces lors
que le Royaume s’acroist toutes les années, de
places, & par fois de Prouinces entieres à leurs despens.

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Si le bon Dieu nous assiste d’auoir tousiours
des Ministres si meschans, nous mettrons bien-tost
en chemise le Roy d’Espagne de son consentement.

 

Le Cardinal est vn cruel, vn violent, vn sanguinaire :
cependant on void la Bastille remplie
depuis quinze jours de plus d’Officiers & seruiteurs
du Roy qu’elle n’a esté de meschans & de criminels
dans les six années de la Regence : où ie ne
sçay pas qu’il y ait eu autre sang respandu que celuy
d’vn Italien qui donnoit des aduis aux Espagnols.

Le Cardinal est vn Crœsus, vn voleur de deniers
publics, il a englouty tout l’argent de France : cependant
nous aprenons qu’il n’a pas dequoy viure,
& que sa Maison est tous les iours sur le point
de renuerser. Il faut qu’il soit bien cruel à soy-mesme
de ne mettre pas ses tresors au jour dans cette
occasion où il va du tout pour luy, & où il ne luy
seruiroit de rien de les auoir sauuez, s’il se perdoit.

Enfin les autres mettens tout s’en dessus desous,
font prendre les armes au peuple contre leur Roy :
cependant ils ne sont ny perturbateurs ny meschans,
ny gens qui se remuent pour autre interest
que pour le bien public. Pauure peuple desisle tes
yeux, permettras-tu d’estre sacrifié pour des interests
particuliers de nulle consideration, & detenus
pour des gens qui se mocquent de toy dans le
temps mesme que tu sers à leurs fins ? Ne sçais tu
pas que ses braues Princes passementez & brodez

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à tes despens boiuent tous les jours l’vn à l’autre à
la santé des badaus de Paris ? L’vn deux, disoit-il
y a quelques iours, qu’il falloit prier Dieu qu’ils
fussent long-temps dupes : l’autre, que c’est faire
vne guerre bien commode, d’auoir beaucoup
d’argent, coucher dans de bons draps, & ne se
batre point. Où sont ces deux cens mil hommes
qui deuoient sortir pour engloutir d’vn morçeau
les troupes qui t’affament ? Pour toutes les taxes
qu’on a faites sur toy, dont le Roy auroit pû leuer
cent mille hommes, qu’as-tu encore que deux
mil meschans fantassins, & huict cens cheuaux de
mesme qui n’osent monstrer le nez hors la ville
sans se recoigner aussi-tost dans tes portes tesmoin
la belle esquée de Corbeil ? Si tu ne m’en crois pas
par le nombre, donne toy la peine de les compter
aux reueuës, & ne te donne pas apres cela si
tout leurs exploits ne vont qu’a faire cuire quelque
pain aux fauxbourg, & à l’escorter à la halle pour
persuader aux niais qu’ils l’ont conquis à la pointe
de l’espée en rase campagne.

 

Tes Generaux & autres chefs, n’ont pas laissé de
toucher quatre à cinq cens mille escus : Il est vray
que la pluspart d’entreux clinquantez comme ils
sont valent bien pour le moins les troupés qu’ils
s’estoient chargez de suer. On controle les actions
du Roy quant il donne mille escus à des Officiers
qui vont respandre leur sang à la campagne contre
les ennemis de l’Estat : c’est vn prodigue, vn
dicipateur : Les Finances sont mal administrées

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quand on donne deux mille escus pour leuer vne
compagnie de cheuaux legers qui va en des pays
esloignez pour le seruice de sa patrie : & c’est estre
fort moderé, grãd œconome & bon mesnager des
deniers publics quand on donne icy des cinquante
francs en pure gratification à des particuliers qui
ont pris parti contre leur Souuerain, quand on paye
des quinze mil francs pour leuer vne compagnie
seule : Tu peut facilement t’esclaircir de ces veritez,
& si tu en doutes tant soit peu, la seconde touche
qu’on se prepare de donner à ta bourse ne t’en rendra
que trop certain, comme la troisième & la quatriéme,
qui suiuront bien-tost les autres, acheuerõt
de te mettre aux abois si tu ne prẽs auant cela quelque
resolution genereuse pour rompre les fers de la
tyrannie qu’on t’impose pourquoy souffrir si long-temps
au joug si rude qu’il ne nous soit pas seulement
permis de parler, parce que ceux que nous
faisons volontairement nos Maistres ne trouuent
pas bon que nous puissions faire que comme ils
nous siflent. Ils en veulent au Cardinal : Cependant,
qui ne sçait que s’il eust voulu satisfaire les chefs de
parti du Parlement que ie t’ay nommez, & conseiller
qu’on donnast Sedan, le Havre, Montreüil, &
autres choses, de pareille nature, le bien public se
fust bien porté, il n’en seroit pas le perturbateur, il
auroit esté le meilleur Ministre qui fut jamais, il
faudroit le canoniser.

 

Est-il possible apres ce que tu sois encore dupe, &
que tu laisses si long-temps abuser de bonté ? Vange

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plustost ton Roy d’obey, mal traicté, offensé, attẽd,
vange-toy toy-mesme de ce que tu souffres, & de
ceux où l’on ne se soucie guére de te plonger à l’aduenir.
Quand tu n’aurois autre chose à craindre que
de perdre pour tousiours la presence de ton Roy, ce
qui t’est infaillible si tu t’opiniastre en ta rebellion,
ne consideres-tu point quelle seroit pour toy la
grandeur de cette perte, & que cette presence est ce
qui t’enrichit, & te donne la splendeur & l’opulence
par dessus les autres villes ? Où irois tu chercher le
payement de tant d’argent que la Cour te doit ? Ne
t’aperçois-tu point que si elle faisoit son sejour en
quelqu’autre ville, tous tes artisans seroient à la
faim, & qu’il se dépenseroit à Paris moins de douze
milions de liures par an qu’on ne fait ?

 

Declare-toy seulement, & tu seras le maistre de
ces factieux criminels qui t’ont armé contre ta patrie :
tu auras les benedictions du Ciel, les graces de
ton Roy, & l’aplaudissement de tous les bons François :
Oblige le Parlement à sortir de Paris, & tu
obligeras ton Roy à y retourner, & auec luy le bonheur,
l’abondance, le commerce, la tranquilité, la
seureté, & enfin toute sorte dopulence, de felicité
& contentement.

FIN.

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