Anonyme [1652], LES PALMES DV GRAND PRINCE DE CONDÉ. , françaisRéférence RIM : M0_2656. Cote locale : B_6_47.
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LES
PALMES
DV GRAND
PRINCE
DE
CONDÉ.

A PARIS,
Chez NICOLAS VIVENAY, Imprimeur ordinaire
de Monseigneur le Prince de Condé.

M. DC. LII.

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SONNETS
A LA LOVANGE
DE MONSEIGNEVR
LE PRINCE.

 


CONDÉ tes actions sont autant de miracles,
L’esprit ne les conçoit qu’auec estonnement ;
Et connoissant leur prix ie iuge sainement
Que pour les exprimer il faudroit des Oracles.

 

 


Tu braues des perils, tu forces des obstacles,
Qu’vn Hercule ou qu’vn Mars eust tentés vainement :
Par toy nos Ennemis défaits en vn moment
Deuiennent à nos yeux d’agreables spectacles.

 

 


Miraculeux Guerrier, aprés de tels exploits,
Aprés auoir reduit tant de chefs aux abois,
Sans crainte de reuers tu peux tout entreprendre.

 

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Nous verrons tout marcher aprés ton noble char,
Puis qu’en toy nous trouuons la valeur d’Alexandre,
L’esprit de Scipion, & l’art du Grand Cesar.

 

AVTRE POVR LE MESME.

 


Tremblez, tremblez, Tyrans, éuitez la tempeste,
Vn Heros inuincible, vn Alexandre, vn Mars,
Vn Prince plus vaillant que tous les vieux Cesars,
CONDÉ, dis-ie, en vn mot, à vous punir s’apreste,

 

 


Les Lauriers éclatans qui couronnent sa teste,
Monstrent qu’il a braué mille & mille hazards,
Montagnes ny Vallons, Fleuues, Tours, ny Ramparts,
Precipices, ny Mers, enfin rien ne l’arreste.

 

 


Quel torrent eut iamais vn si rapide cours ?
Des Dieux ou des Demons implorez le secours,
Rien ne vous peut sauuer des coups de son tonnerre.

 

 


Mais puis qu’il vous apprend par ses guerriers effets
Que Mars est moins que luy le Demon de la guerre,
Cherchez vostre salut dans le sein de la Paix.

 

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AVTRE POVR LE MESME.

 


DE nos vieux Ennemis Legions étoufées,
Et vous qu’il a couuerts de mõtagnes de Morts,
Champs fameux où ce Mars par d’illustres efforts,
Fist croire que son bras auoit des armes fées.

 

 


Vous, dis-ie, où sa valeur arbora ses trophées,
Venez nous témoigner les Miracles qu’alors,
Rompant vos escadrons il fist dessus vos bords,
Pour seruir de matiere aux chants de nos Orphées.

 

 


Mais quoy toute la terre est pleine de ce bruit !
Le bonheur l’accompagne, & la terreur le suit,
Et par tout deuant luy fait marcher la Victoire.

 

 


Ainsi ses beaux exploits nous prouuent auiourd’huy,
Que de Iuppiter même il surpasse la gloire,
Puis qu’il lance en effet plus de foudres que luy.

 

AVTRE POVR LE MESME.

 


Cette Fille de Mars, cette auguste Deesse
Qui defendit les Dieux soubs le nom de Pallas,
Qui des cruels Titans sçeut se rendre maistresse,
Et qui soûtient le Ciel bien mieux que son Atlas.

 

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La valeur en vn mot des vertus la Princesse,
Qui braue les perils, qui triomphe aux combats ;
Qui dompte, qui terrasse, & qui conquiert sans cesse,
Grand CONDÉ pour appuy n’a choisi que ton bras.

 

 


Inuincible Guerrier connoy tes aduantages,
Si celle qui sauua les Dieux de ces naufrages
Vient loger en ton cœur & briller en tes yeux ?

 

 


O Gloire de la France! & du siecle où nous sommes !
Possedant la Vertu qui protege les Dieux,
Ne dois-tu pas porter vn Sceptre entre les hommes ?

 

POVR LE MESME.

 


Prince il faut l’auoüer, iamais les Destinées
Ne firent à mortel vn sort pareil au tien,
Ta valeur de nos Lois est le parfait soûtien,
Et ton éclat fait ombre aux testes couronnées.

 

 


Deux ou trois seulement de tes grandes iournées
Effacent des Heros tout le lustre ancien,
Ta main de nos malheurs rompt le nœud Gordien,
Et fait tomber les fers des nostres enchaisnées ;

 

 


Comme Alcide tu vaincs les monstres en tous lieux,
Ainsi te faisant voir par tout victorieux,
Ta main, de cét Estat, asseure les Colonnes.

 

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Iugez donc, ô François, à voir tant de vertu,
Si celuy qui defend & donne les Couronnes,
Ne merite pas mieux de s’en voir reuestu.

 

AVTRE POVR LE MESME.

 


Honte des siecles vieux & du present la gloire,
Prince dont la valeur fœconde en beaux exploits,
Change au gré de ses vœux le sort des plus grands Rois,
Et semble à son espée enchaisner la Victoire.

 

 


Toy dont l’image éclate au Temple de Memoire,
Et qu’on nomme en tous lieux l’Alcide des François :
Quel autre comme toy triomphant mille fois
Par des faits si nombreux grossira nostre Histoire ?

 

 


Poursuy, braue Guerrier, le bon-heur qui te suit,
Monstre qu’vn grand Demon sagement te conduit ;
Du premier des Cesars suy les nobles vestiges.

 

 


Et croy pour t’animer dans vn si beau dessein,
Que bien que sa valeur ait fait mille prodiges,
A ton âge il n’estoit que Citoyen Romain.

 

Intende, Prosperè, Procede, & Regna,

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EPIGRAMME
sur le sujet
De ces quatre Paroles.

 


Prince i’explique ces trois mots,
Regnés, ie ne dy pas en France,
Rétablissez nostre repos,
Puis allez conquerir Bizance ;
Aprés tant d’exploits merueilleux,
Vous verrez ses murs orgueilleux
Trembler dessous vostre Tonnerre ;
Car si vous estes vn Cesar,
Les Peuples de toute la Terre
Doiuent suiure vn iour vostre Char.

 

FIN.

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