Anonyme [1649], LES VOEVX DES RELIGIEVX DE SAINCT DENYS, POVR LA PAIX DV ROYAVME, ENVOYEZ A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONTY. , françaisRéférence RIM : M0_4049. Cote locale : A_5_97.
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LES VOEVX
DES
RELIGIEVX
DE
SAINCT DENYS,
POVR LA PAIX DV ROYAVME,
ENVOYEZ
A
MONSEIGNEVR
LE PRINCE
DE CONTY.

MONSEIGNEVR,

QVI se pourra defendre
contre les mains sacrileges
des hommes, puis que les
lieux sacrés sont tous les jours
exposez à l’efort de leur colere ; Grand Dieu qui

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aués preserué les corps de vos seruiteurs de corruption
& de pourriture, gardez, s’il vous plaist,
par vos bontez ce Sainct lieu d’indignité & de
prophanation : Tant de Reliques qui honorent
cette Venerable Abbaye, ne pourront-elles pas
obtenir par le merite de ces Ames bien-heureures,
à qui elles estoient alliées, que les dissentions
qui nous affligent, soient par vn pur effet
de misericorde heureusement terminées : Tous
ceux qui nous attaquent & nous defendent ont
leurs ancestres chez nous, le Chef de l’Armée
qui nous trauaille est le frere de nostre digne
Abbé, l’vn & l’autre sont du sang Royal, & sortis
de cette belle tige de Bourbon, dont la pieté
ne sçauroit jamais trouuer d’assés dignes Ecriuains
pour l’explication de leurs faits heroïques :
ce pere & ce fils derniers decedez qui
ont esté si redoutables, nous estant les plus
proches & de plus fraiche memoire, apres auoir
fait trembler tout l’vniuers, ne sçauroient-ils imprimer
le respect & l’honneur deus à leur Maison,
& à leur Famille. Seigneur de qui dépend
le repos & la joye, jusques à quand serons nous
les objets de vostre courroux, & les plus affligés
Chrestiens du monde, nous vous offrons
comme des victimes d’oblation, les larmes
vniuerselles de tout vn peuple, la mort de ceux
que la faim & les armes ont cruellement fait
perir, la desolation funeste des Eglises & des

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Prouinces, & vous demandons la conseruation
de ce qui reste à ce triste Royaume : Enuoyés
grand Dieu, quelque Mediateur qui fasse cognoistre
vos volontez, & les exprime sans timidité
ny déguisement à nostre Reine Regente, &
à Messieurs de la Iustice & de la Police ; le vous
en conjure, mon Sauueur, par le plus Sainct de
tous les Rois, dont nous conseruons les cendres :
Ceux qui considerent la Minorité d’vn jeune
Roy, qui n’est pas encor en âge de sçauoir, que
tout le sang qui se verse dans ces deux partis diminuë
ses forces & son Estat, donneroit volontiers
leur vie pour vne prompte paix. Mais, mon
Dieu, ce n’est pas l’ouurage d’vn homme, s’il
n’a vos Decrets pour tiltre : Cette guerre est allumée
par nos pechez, si bien qu’il faut vostre misericorde,
pour changer les Arrests de vostre indignation ;
tous ces Princes & Princesses decedées,
qui voyent en vous lès desordres des mortels,
intercedent aussi deuant vostre face pour la
pacification de nos troubles : Il est vray que
nous ne combattons en ce lieu venerable que
pour le pain cotidien, que vostre Bonté veut que
nous luy demandions tous les jours ; mais ne
prenant point de morceau qui ne coûte la vie à
plusieurs hommes ; nous vous en conjurons,
mon Sauueur, qu’il vous plaise, que nostre nourriture
cesse d’estre sanglante : Ce grand Apostre
de nostre France, & le particulier Patron de cette

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sainte Maison, fauorisera de ces intercessions
les Vœux que nous faisons pour le repos public,
& rendra la personne Royale de nostre grand
Abbé victorieuse dans ces pieux & genereux desseins :
Oüy, MONSEIGNEVR, vostre Altesse,
assistée de toutes les Hierarchies Celestes, rétablira
vostre Maison, & celle de nostre Venerable
Fondateur, il a joint ces interests aux vostres,
& l’vn & l’autre vous donnerez vos charitables
efforts à la gloire d’vn Dieu, à celle du Roy, qu’il
nous a donné, à celle des os sacrés qui reposent
ceans, & à la compassion d’vn pauure Peuple,
qui craint la perte de son pain : Continués, MONSEIGNEVR,
vos œuures excellentes, puis qu’vn
nombre innombrable de personnes affligées enuoyent
tous les jours leurs prieres au Ciel pour
la prosperité de vos jours, & le bon heur de vos
armes legitimes, Françoises & Chrestiennes ; le
soin de vos Enfans exige en ce triste moment vn
puissant effet de vostre generosité ; nous vous
demandons nostre salut, & nous voüons nos vies
& nos seruices à la digne & mal-aisée recognoissance
de vos heroïques Actions : Mais qu’est-ce
que nous deuons offrir à vn grand Prince, qui
donne à nostre deffence, sesveilles son cœur & sa
pieté, qui est armé de toutes les vertus, les
graces & les bontés qui se peuuent souhaitter
à vn grand Prince du Sang, à vn Generalissime
d’vne Armée, composée de grandeur, magnanimité

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& force : MONSEIGNEVR, il est
vray que nous sommes defectueux dans nos
gratitudes, nos vœux seulement & nos respects
sont les Agens de nos mouuemens passionnés,
que vostre Altesse les reçoiue, s’il luy
plaist, & en vous souuenant que nous auons
l’honneur d’estre vos enfans, & les depositaires
des os de vos Predecesseurs, permettés-nous
s’il vous plaist, d’esperer auec confiance
d’estre deliurés par vostre main Royale & bien
faisante. Peuple de Paris, joignés vos vœux aux
nostres, puis que vostre subsistance vous lie
dans l’obligation de nostre grand Prince, son
Altesse, qui n’ignore point les siennes, n’en
trouue point de plus vtille à sa gloire que celle
ou la charité luy aprent à preferer vostre conseruation
à toutes les conquestes imaginables ;
Chantés les merueilles de ces bontés, & referés
à celle du Tout-Puissant cette diuine grace ;
Voüés auec nous tout ce que vous estes capables
de conceuoir de fidelité & de zele pour
vostre & nostre digne liberateur : MONSEIGNEVR,
que vostre Altesse, dans le cours d’vne
saison d’alarmes, voye s’il luy plaist celles ou
nous sommes reduits, & qu’elle croye auec
certitude que Dieu a permis cette desolation
pour signaler son cœur à l’aduantage de la
France, & à l’admiration de toutes les nations :
Toutes les Histoires parleront des prodigieuses

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effets de vostre sagesse, & vous la signalés en
tant d’occasions, que nous en remercions sans
cesse cette premiere & increée sagesse, qui vous
en a tant communiqué ; Plaise à sa bonté d’estre
l’apuy de vostre conduitte, comme il veut
que vous soyez le nostre ; Nous prions le Sainct
Esprit qu’il soit le parfait Ascendant de vos
pensées, & qu’il penetre dans tous les cœurs obstinés
pour leur en changer les mouuemens,
afin qu’vne paix souhaittée & necessaire nous
vnisse tous en celuy pour qui & en luy-mesme
nous vous offrons nos vœux, nos seruices, &
les plus submis & passionnées respects de ces
cœurs qui sont si fidellement acquis à vostre
Altesse.

 

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