Anonyme [1652], MOYENS INFAILLIBLES, POVR FAIRE PERIR le Cardinal Mazarin, & la guerre à ses despens. , françaisRéférence RIM : M0_2517. Cote locale : B_12_47.
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MOYENS
INFAILLIBLES, POVR FAIRE PERIR
le Cardinal Mazarin, & la guerre
à ses despens.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, ruë
des Marmouzets, proche l’Eglise de
la Magdelaine.

M. DC. LII.

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MOYENS INFAILLIBLES
pour faire perir le Cardinal Mazarin, &
la guerre à ses despens.

LE premier, faire fonds de la somme de cent
cinquante mil liures, accordée pour le prix
de sa teste, dont l’asseurance & consignation
en doit estre effectiuement faite entre les
mains de personnes de probité, tant en cette
ville que dans les Prouinces, mesme hors le Royaume par
correspondance. Il y a des biens dans Paris appartenãt audit
Mazarin, pour plus de huict cens mil liures ; ainsi cette consignation
doit estre faite dans vingt-quatre heures, cela fait il
se trouuera beaucoup de gens d’honneur, mesme de ses domestiques
qui seront cette expedition si necessaire.

Le second, pouruoir à ses Benefices, il est à present au
pouuoir de son Altesse Royale, du moins commettre des
personnes de probité pour en perceuoir le reuenu qui est
par chacun an de trois cens mil liures, sans y comprendre
prés de dix mil liures en loyers de maisons, scizes en cette
ville, dependantes de deux de ses Abbayes.

Sera obserué qu’il est à present deub deux années du reuenu
de ses Benefices, qui peuuent monter à six cens mil liures
qui doit estre argent contant ; Les adiudications
ont esté faites à la Barre de la Cour à des particuliers habitans
bourgeois de Paris, lesquels n’ont deub payer à qui que
ce soit, sinon à Maistre Claude Martiner, Receueur &
Payeur des Officiers de la Cour, commis par Arrest les
Chambres assemblées, datté du septiesme Septembre mil
six cens cinquante-vn, lequel n’a receu aucune chose.

Il est vray que par l’addresse de Messieurs les Presidens

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Thubeuf, la Dame d’Aiguillon, & autres pretendus creanciers
de Mazarin, s’estans pourueus par requeste Ciuile contre
ledit Arrest ; Ils ont par autre Arrest fait ordonner dans
le temps des vaccations par deffaut & surprise, prononçant
Monsieur le President de Nouion, que sur ladite requeste
Ciuille & opposition, les parties auront audience au
premier iour ; Cependant que le nommé Maistre Nicolas
le Comte, pretendu Sindic des creanciers dudit Mazarin
fera les diligences & poursuittes, & receuroit tous les deniers
à l’exclusion dudit sieur Martinet. Il y a opposition à
l’execution de cét Arrest tres-iniuste, depuis lequel temps
il ne s’est fait aucunes diligences, de sorte que lesdits deniers
sont demeurez entre les mains des Adiudicataires ou de
leurs cautions, lesquels estans contraint, payeront incessamment,
on donnera leurs noms & demeure.

 

Desquels deniers on en peut faire deux choses tres-necessaires.

La premiere, consigner incessamment la somme destinée
pour faire perir Mazarin.

L’autre, on en pourra retirer beaucoup de ses meubles
qu’il a engagez à beaucoup moins qui ne vallent aux particuliers
nommez cy apres. Pour le tout, estre employé aux
frais de la guerre, dans ce rencontre il n’y a pas de temps à
perdre.

Il y a vne infinité d’Arrests de la Cour, pour estre procedé
â la vente desdits meubles qui n’ont point esté executez
par l’adresse des Mazarins, notamment de ceux qui ont
esté commis pour en faire les poursuittes, au contraire, s’y
sont opposez, les noms en sont assez cogneus au Palais.

Ainsi pour remedier à nos maux, il n’y a qu’à proceder
incessamment à l’execution des Arrests de la Cour suiuant
les memoires cy apres des biens dudit Mazarin, dans lequel
les noms de ses debiteurs & possesseurs de ses biens
meubles sont denommez.

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Memoire des biens meubles appartenant au
C. M. en cette ville de Paris.

Premierement, ledit Forme affidé du premier President
tient vne montre de la valeur de plus de cent mil liures,
engagée pour quatorze mil liures, il y a Arrest pour la
vente.

Le nommé Bidal Marchand à des tapisseries de grandes
valeur, engagez pour six mil liures.

Le Commissaire de Laistre est chargé de quantité de
meubles appartenant à Mazarin, trouuez dans la maison
de feu l’Abbé Mondain ; Il y a Arrest pour l’affirmation & representation
de l’inuentaire d’iceux, à quoy par adresse ledit
de Laistre n’a point obey.

La Damoiselle Bonard qui est dans l’intrigue des plus
considerez Mazarins, a aussi plusieurs meubles dudit Mazarin ;
On trouuera dans sa maison des memoires de ses
intrigues, son gendre Aduocat au Conseil, va & vient à la
Cour.

Dans ce rencontre, on peut donner les noms & domicilles
d’vne infinité d’espions gagez de Mazarin, lesquels
sont toutes les nuicts des assemblées en plusieurs quartiers
de cette ville, notamment dans l’vne des maisons dudit
Mazarin, lesquels ne tendent qu’à de pernicieux desseins,
dont Mazarin flatte son imagination & abaisse ceux qui le
proteigent.

S’il plaist à la Cour, accorder vn droict d’aduis, tant pour
le passé que à l’aduenir, à ceux qui donneront la connoissance
des biens dudit Mazarin. Il s’en trouuera beaucoup
d’autres dont n’a pas de connoissance, que les Mazarins
font retirer secrettement.

On peut adjouster encores que Mazarin a fait former des
oppositions à la vente de ses meubles sous le nom de plusieurs
personnes ses affidez, ausquelles il sera facile de faire
voir qu’il n’est rien deub

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En fin pour oster l’enuie à Mazarin de demeurer en France,
c’est de luy oster tous les biens qu’il y possede iniustement :
ainsi faire promptement proceder à la vente des
meubles, faire payer ses debiteurs afin d’auoir vn fond asseuré
pour le prix de sa teste, pour estre deliuré à ceux qui
auront fait cette expedition si necessaire pour le repos public.

On peut adiouster que le Lieutenant Ciuil doit à Mazarin
deux cens mil liures par obligation conceu sous le
nom de Cantarini, ladite somme faisant partie du prix de sa
charge. Et combien que l’aduis en ait esté donné, il y a plus
d’vn an. Il ne s’en est fait aucunes poursuittes.

On pretend que cette debte a esté remise depuis six mois
pour recompence des seruices, bien que contraire aux Arrests
de la Cour rendus contre Mazarin.

Pareillement le Procureur du Roy, Bonneau qui a entre
ses mains pour plus de six vingts mil liures de meubles precieux
dudit Mazarin, trouuez dans la maison dudit feu
Mondain ; Il y a des Arrests contre luy qui n’ont point esté
executez.

Et encores manque de poursuittes, la Mareschalle de
Rantzau emporte pour plus de cent mil liures, qui ont
esté baillez par nantissement par ledit Mazarin, constamment
il y a lieu de rendre responsable les Officiers qui n’en
ont ont pas vsé iudicieusement.

FIN.

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