Anonyme [1649], ODE AV ROY. SVR LES MOVVEMENS arriuez à Paris, au commencement de l’année 1649. en suite de l’enleuement fait de sa Maiesté, par le Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2577. Cote locale : C_8_1.
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AV ROY, SVR LES MOVVEMENS
arriués à Paris, au commencement de l’année
1649. en suitte de l’enleuement fait
de sa Maiesté, par le Cardinal Mazarin.

ODE.

 


Vous à qui seul toute la France
Adresse ses vœux auiourd’huy,
Grand Roy, dont la iuste puissance
Est dans l’iniuste main d’autruy ;
Si celuy qui de vous dispose,
Vous a fait l’innocente cause
Des maux qu’on nous a fait souffrir,
Quelque force qui nous opprime,
Connoissez Nous exempts du crime
Dont il tasche de nous noircir.

 

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Si Paris sçeust les armes prendre
Apres le vol faict de son Roy,
Ce ne fut point pour se defendre,
Il songea plus à luy qu’à soy :
Quelque violence qu’en suitte
D’vne prompte & fascheuse fuitte
L’on craignit pour sa liberté,
Peut-estre eust elle esté soufferte,
S’il n’eust conneu ioincte à sa perte
Celle de vostre Maiesté.

 

 


Mais sçachant que son aduersaire
Auoit pour but de ses projects,
Destruisant Paris, de vous faire
Vn Roy sans peuple & sans sujects,
Chacun ses biens & son sang donne
Pour soustenir vostre couronne,
Chacun veut deuenir soldat :
On repousse force par force,
Et toute la Ville s’efforce
De destruire ce scelerat.

 

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Les François lassez de la guerre,
Quand Dieu vous mit le sceptre en main,
Auoient esperé dans leur terre
Voir la paix dés le lendemain,
Et que la Reyne vostre Mere,
Ayant eu part en leur misere,
Se plairoit à les proteger,
L’ordinaire des miserables
Estant de cherir leurs semblables
Et d’aimer à les soulager.

 

 


Cependant dés lors que sa teste
Se voit exempte de leur sort,
Elle les croit hors la tempeste
A cause qu’elle est dans le port :
Ses bons desseins se ralentissent,
Fort peu de beaucoup qui patissent
Par son moyen sont allegés :
Mesme il semble qu’elle se plaise,
Pour vn qu’elle met à son aise,
D’en voir mil autres affligez.

 

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Le soin de l’Estat l’incommode
Elle y commet vn estranger,
Qui le gouuernant à sa mode
En treuue le faix fort leger :
Il prend toute vostre Finance,
Vend vos reuenus par aduance,
Garnit d’Arrests les partizans ;
N’importe qu’vn peuple perisse,
Tout va bien pourueu qu’on fournisse
Bon nombre de deniers comptans.

 

 


Quand vn Parlement, que la France
Connoist pour Tuteur de ses Roys,
A ce Tyran fait resistance,
Et ne veut pas subir ses Loix ;
Il met toute chose en vsage
Pour abatre leur grand courage
Et gagner quelques-vns d’entre-eux,
Puis sa main perfide & traistresse
En vne publique allegresse
Enleue des plus Genereux.

 

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Si vos Subïets iugeants leur perte
Par celle de leurs Protecteurs,
Se veulent rendre à force ouuerte
Mal-gré luy leurs liberateurs ;
Il souffre cette violance :
Mais alors que moins ony pense
Il vous enleue en plaine nuict ;
Le iour mesme on blocque la Ville,
Tout autour on viole, on pille,
Et le plat pays se destruit.

 

 


Toutefois la bonté diuine
Ne nous laisse point au besoin,
Elle detourne la famine,
Et dẽ ce grand peuple prend soin :
L’on voit contre toute esperance
Venir des biens en abondancè
Par les ordres des Magistrats ;
Et vos Subiets cessants de craindre,
Se treuuent en chemin d’esteindre
Les desordres de vos Estats.

 

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Loüẽz la genereuse flamme
Qui les oblige a de s’armer ;
Ils n’ont autre dessein dans l’ame
Que de faire bien-tost regner
La Paix de dans chaque Prouince,
D’auoir leur legitime Prince,
Et le remettre dans son rang ;
Puis contents de cette victoire,
De sacrifier à sa gloire
Leurs biens, leur plaisir, & leur sang.

 

FIN.

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Anonyme [1649], ODE AV ROY. SVR LES MOVVEMENS arriuez à Paris, au commencement de l’année 1649. en suite de l’enleuement fait de sa Maiesté, par le Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2577. Cote locale : C_8_1.