PREDICTION
DV RETOVR
DV CARDINAL
MAZARIN.

IE ne suis ny faiseur d’Almanachs,
ny tireur d’Horoscopes, aussi ne
pretens-ie point appuyer sur les principes
de cette Science la Prédiction que
ie donne au public. Ie la fonde.

Premierement sur l’attache que la
Cour a témoigné auoir à ce Ministre,
en le mettant soubs la protection &
sauuegarde speciale du Roy, & en tentant
les dernieres voyes des armes pour

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le maintenir dãs le Ministere, sans auoir
égard à la Proscription qu’elle en auoit
faite par sa Declaration, aux promesses
reïterées de n’y point contreuenir, aux
Remonstrances de tous les Parlemens,
& enfin à l’auersion generale des Peuples.

 

Or quoy que la Cour pour ne se
mettre point en hasard de succomber
aux forces d’Espagne qu’on auoit fait
entrer dans le Royaume, se soit veuë
obligée à terminer cette Guerre Ciuile
par le consentement qu’elle a donné à
l’éloignement de ce Ministre, il est bien
aisé de voir que la passion qui l’attachoit
à luy conseruer cette dignité, n’a
receu aucune diminution, puisque l’Escrit
qui contient son Congé, bien loin
de le couurir de reproches, n’est autre
chose qu’vn Panegyre formé d’vn amas
de termes tres-avantageux à sa reputation,
qu’on n’a pû purger auec tant d’Eloges,

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sans faire connêtre à même temps
le regret auec lequel on souffre cette
separation. Ce qui estant ioint au préiudice
que la Cour estime auoir esté
fait à l’Authorité Royale, ne laisse aucun
suiet de douter qu’elle n’étudie
tous les moyens pour le faire reuenir.

 

Mais que dirions-nous si ceux qui
nous gouuernent contribuoient à ce
Retour par le malheur de leur conduite ?
L’An passé on demanda au Roy
qu’il enuoyast vne Declaration à son
Parlement contre ce Cardinal ; on l’éplucha ;
on la reforma ; on voulut apprendre
si cét éloignement n’étoit point
sans esperance de Retour ; enfin on recherchoit
auec chaleur toute sorte de
seuretez. Et pourquoy à present estre
moins soigneux à les prendre, aprés
que le Ministere a donné à la France
de cruelles preuues de son infidelité ?
On se contente auiourd’huy d’vn simple

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consentement ; On ne se met point
en peine de demander, comme autrefois,
si cét éloignement est sans esperance
de Retour ; On ne delibere point
d’enuoyer des Deputez pour obtenir
cette parole du Roy. Si on retient la
même auersion qu’on a cy-deuant témoigné
contre cét Estranger, pourquoy
ne se sert-on pas des mêmes moyẽs
pour luy fermer la porte du Royaume ?

 

Peut-estre auras-tu l’esprit de dire
que c’est vne negligence affectée ? Ne
m’oblige pas d’en dire dauantage. Tu
dois sçauoir qu’en matiere de Prédictions,
on est tousiours dispensé de s’expliquer
clairement.

FIN.