Anonyme [1649], HARANGVE AV ROY POVR LA PAIX. PAR VN ECCLESIASTIQVE. , français, latinRéférence RIM : M0_1541. Cote locale : A_4_18.
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HARANGVE
AV ROY
POVR LA PAIX.

PAR VN ECCLESIASTIQVE.

A PARIS,
Chez la vefue d’ANTHOINE COVLON,
ruë d’Ecosse, aux trois Cramaillieres.

M. DC. XLIX.

AVEC PERMISSION.

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HARANGVE AV ROY
pour la Paix.

PAR VN ECCLESIASTIQVE.

Viuat Rex, viuat Rex. viuat Rex. 3. Regum primo.
Viue le Roy, viue le Roy, viue le Roy.

GRAND Dieu des Armées toutes les Nations despendent
dés l’instant de leur creation, & de toute
eternité, conceus dans l’idée de vostre Maiesté
eternelle ; c’est la raison pour laquelle ils vous reconnoissent
pour leur Dieu Createur du Ciel & de
la Terre. De plus elles vous rendent graces de ce que vous
leur auez donné la haute intelligence de reconnoistre les Rois
que vous leur auez donnez (specialement les François) ausquels
vous en auez donné vn par miracle, surnommé DE DIEV
DONNÉ, pour lequel ils font assiduëment des vœux, afin
que luy, la Reine Regente sa Mere & son Conseil, soient inspirez
des graces du Sainct Esprit, Emitte Spiritũ tuũ & creabuntur :
desquelles graces estans comblées, ils destourneront les malheurs
qui menaçoient la France. SIRE voila les vœux & les
souhaits des fideles François, lesquels crient & crieront à vostre
retour de S. Germain en Laye, que vous puissiez viure corporellement
& spirituellement, & au delà de la durée de ceux qui
viuent. Viuat Rex SIRE, que vostre Majesté me permette,
comme celuy qui a puisé ses sentimens de l’Vniuersité de Paris
(nommée par les Doctes de l’Antiquité Fille du Roy) que
ie vous propose que depuis vostre depart de Paris à Sainct Germain,
toute la surface de la France a changé de visage dans vn
temps oportun, & importun, important & emportant :
oportun pour les affaires de vostre Estat & Conseil,
importun par les armes dispersées par toute la France,

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in circuitu mensæ tuæ important à vos incorruptibles, iustes &
tres augustes Parlemens ; emportant toutes les richesses de la
France dans vn desordre inoüy. Dieu s’y oppose par sa
diuine Prouidence contre les ressorts abominables de
ceux lesquels se sont qualifiez du tiltre qui n’ont iamais
merité, qui a esté l’inuention de tous les malheurs que l’on a
veus ci-deuant, & qui en ont trop abuzé. Vous y estes le premier
interessé, SIRE, puis que la puissance sans seconde de
Louïs le Iuste vostre Pere, que Dieu absoluë, ce genereux
Conquerant, vous a esté deposée entre les mains en la Regence
de la Reine vostre Mere, l’honneur de la France, y estant le
plus interessé vous vous y opposerez : toute la France n’est
armée que pour ce sujet & conseruation, & de vostre Estat.
Mais quoy si ie trẽble à la consideration de vostre portrait que
ie regarde mille fois le iour dans ma chambre, vous souhaittãt
aussi prés de moy que ce qui vous represente : la confusion & le
desordre qui m’assaillent maintenant, m’ostent la liberté
de la langue, & me font demeurer hors de moy : Car quand il
est question de parler du Roy, d’vn Royaume, de son bien, &
de son Estat, il faut trembler pour de tels motifs. Ie le fais
auec toute sorte de cirsconspection & reuerence, & deuote
exhortation ; arriere les belles paroles, venez icy Paris fille
tres-obeyssante à son Pere, subiette & vassale de son Souuerain ;
commencez par priere, par supplication & impetration,
vsant de la parole du peuple d’Israël à Salomon, quand
Dauid luy commanda qu’il fust assis en son Throsne, & qu’il
regnast estant ieune : Ce qui fut fair par la reuerence que ce
peuple deuoit à sa mere. Ce fut pour lors que tout le peuple
au commandement du Roy Dauid, & en signe d’approbation
de ioye, s’écria, Viuat Rex. Nous lisons en Daniel, que les
Sages de Babylone, lesquels pour lors faisoient l’Vniuersité de
cette contrée & Cité, que quand ils furent venus deuant le
Roy Nabuchodonozor pour exposer son songe, leur parole
estoit la nostre, Rex inquiunt in simpiternum viue.

 

Iean Gerson
Chancelier
de
l’Eglise de
Paris, la
nomme
fille du Roi.

Humilitas
excusatio.

Paralipom.

Inuitat
Sapientes
Babylonis.

2 chap.

O Roy, dirent-ils, viuez perdurablement. Viue le Roy, que
ie desire salüer de tout mon cœur de ces belles paroles, à
l’exemple de ses Sages, sont-elles pas releuées, le salut en est

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agreable. Paris en fit autrefois autant par la bouche de Messire
Iean Gerson Chancelier de l’Eglise de Paris, au Roy
Charles sixiesme. Et tous les François font le semblable à
Louis XIIII. Viuat Rex.

 

Est-il pas vray qu’entre les sciences acquises & naturelles,
desquelles les fleurs ne tariront iamais, que Paris est la Mere
des estudes, & de la science inspirée au premier homme dés le
commencement du monde au Paradis terrestre, descenduë par
succession de temps aux Hebreux par Abraham en Egypte,
comme dit Iosephe, d’Egypte à Athenes, d’Athenes à Rome,
de Rome à Paris. Cette ville, dis-ie, a eu les premiers rayons
de la Foy : Pourquoy elle a esté nommee autrefois l’Vniuersité
de la Foy, Maistresse de Verité, le Flãbeau de toute la Chrestienté :
C’est pourquoy elle peut mieux dire de present, Rex
in æternum viue. Dieu donne longue vie au Roy, Viuat Rex,
Viue le Roy. Estant de present la plus docte Maistresse de
tout le monde, elle considere fort bien, estant vostre fille legitime,
vostre bien & le sien, vostre Estat, & le repos de vostre
pauure peuple, sa garde, sa protection despend de vous comme
de son Chef, par benigne, ciuile & digne adoption, in salute
ipsius est salus sua.

Vnde processit
&
oritur Vniuersitas
Parisiensis.

Epitheta
Vniuersitatis.

Quelle merueille donc si auec le peuple de toute la France
elle prie la Maiesté de vostre Maiesté pour vostre longue vie,
& dit auec tous ces Citoyens, qui ne respirent que vostre presence,
Viuat Rex. De plus, SIRE, si elle est vostre fille, on ne
luy peut donner à present depuis tant d’années de plus noble
tiltre. O qu’il sort de chez elle de viues lumieres par tout vostre
Royaume ; que les yeux de ses sçauans personnages sont
clairs comme de vrais Soleils, & plus multipliez que ceux
d’Argus. Ie la compareray donques aux bestes que vid Ezechiel
pleines d’yeux dehors & dedans. Las ! que voit-elle en
cette consideration, elle void en ce temps miserable turbation,
tourment par tout, oppression des peuples ; pour Iustice, violence :
pour misericorde, peines : pour protection, destruction :
pour appuy, subuersion : pour charitables, preneurs : pour defenseurs,
persecuteurs : pour douceur, violence, prostitution :

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pour tranquilité, prisons : boute-feux iusques dans les lieux
saincts : prophanations des sainctes places. Et qui pis est elle
voit l’homme ennemy de soy-mesme par vn desespoir, pour les
maux qu’il endure. Et à vray dire on voit honteuse dissipation
de la France & de ses prerogatiues anciennes, qui luy estoient
acquises auec les sueurs & la Iustice de nos Rois. Voyez ce qui
est escrit au Liure des Machabées par le Iugement Dimas
Souuerain Prestre de la Loy, Sine Regali prouidentia impossibile
est rebus pacem dari, Sans la prouidence Royale il est impossible
que la paix soit donnée. Toute la France s’écrie maintenant
dans tous les desordres auec gemissemens & pleurs, Viuat Rex,
parce qu’elle est doüée de la pensée du Sage.

 

Quare Luteria
Filia
Regis.

Vrbs Parisiensis
oculos
multos
& claros
Ezechielis
10.

Prouidentia
Regalis
& pax se se
cõsequuntur.

Rex qui sedet in solio Iudicij intuitu suo dissipate omne mlaum.

Le Roy qui est assis au Throsne de Iustice dissipe par son
regard tout mal & malice. Et qui est son regard ? c’est son Conseil
de Iustice & d’equité : dequoy dit ailleurs le Sage, Ibi salus
vbi multa & bona Consilia. Là est le salut où sont plusieurs &
bons conseils, que le regard de vostre Maiesté dissipe tous les
maux, leur origine & racine, puis que Radix omnium malorum
cupiditas, laquelle maudite conuoitise nous y a renuersez, c’est
l’esperance de toute la France, des Ecclesiastiques, des Nobles,
& de la Iustice aussi bien que des roturiers & païsans qui sont
dans vne misere inconceuable.

Qui est celuy qui ne sçait pas, que la mere des Muses, la fille
du Roy auec la doctrine des Theologiens, iurisconsultes,
Philosophes Poëtes, par la determination de leur Escole nous
apprennent, que Royauté ou Regne, signifie Police ou Gouuernement
meilleur, & plus de durée, qui contient mieux &
auec plus de raison que quoy que ce soit à l’exemple du monde,
qui n’est gouuerné que par vn Dien souuerain. Le monde,
dit Aristote, ne se veut point mal gouuerner ; & la pluralité des
principautez est mauuaise, vnus ergo Princeps : Donques qu’vn
Prince ce sont les pensées mesme des plus idolatres, Hemere,
Platon, ainsi des autres. Ainsi l’homme n’a qu’vne ame raisonnable
qui le gouuerne. Nous auons au premier des Machabées,
second chap. qu’apres la mort d’Alexandre, qui estoit
seul, furent crées & diuisées plusieurs Seigneuries, dont voicy

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le texte. Et multiplicata sunt mala in terra, Les maux aussi furent
multipliés.

 

Doctrina
Vniuersitis
multiplex.

Policia Regalis
[1 mot ill.]
excellia
policias.

Nulla fides regni sociis omnisque potestas impatiens consortis erit, Ny Foy, ny Loy en ceux qui cherchent ensemble dequoy
dominer.

O qu’à bonne cause, & à iuste droit souhaitte la France
pour le gouuernement du Royaume & de l’Estat, que viue
son Roy, & son Souuerain ; c’est la raison qu’elle crie,
Viuat Rex, qui est celuy de la France, qui ne sçait pertinemment
les desordres qu’aportent & ont apporté les mal-heurs
du temps, à la veüe de l’Eglise de Dieu ? qui l’extirpera plustost,
que le Tres-Chrestien Fils aisné de l’Eglise & de la
France. Loüis 14. suiuant, l’exemple de ses predecesseurs,
c’est de ce majestueux Monarque, que nous souhaittons la
saincte Paix par toute la Chrestienté.

Desidérium
Galliæ.

Hortatur
ad destruẽda
Chismata.

Nous trouuons dans l’Escriture Saincte, que Noemie maistre
de la Loy, impetra du Roy de Babylone la liberation
ou redemption du Peuple d’Israël captif, & que le Temple de
Hierusalem fust réedifié : Il commença par ces paroles, Rex
in æternum viue : SIRE, Dieu vous donne vne vie perdurable.
A cét exemple la fille du Roy, maistresse de la Loy, qui
tend à la franchise & liberté des Peuples de France, & à la
restauration, non d’vn Temple materiel, mais spirituel
& mystique, par l’vnion & concorde des Princes Chrestiens,
le peut proferer, Viuat Rex. Qui seroit l’attentat &
le criminel, qui souhaitteroit la destruction d’vn Royaume
pour le commuer en polices partialisez ? Ie monstre & prouue,
que tel ne se monstreroit pas estre loyal fils de l’Eglise,
ny bon sujet du Roy ; Et resisteroit à Dieu par ces paroles
proferées de la bouche de Dieu par sainct Paul aux Romains.

Num. secundo.

Hoemias
Doct. legis
Templum
edificare
voluit inquit.
R. in
sempiternum
viue.

Resistere
Prelati
quid est.
Ad Rom.
13.

Omnis potestas à Deo est, & qui potestati resistit Dei ordinationi
resistit : Si toutes les puissances despendent de Dieu, donques
qui resiste à la puissance de son Roy resiste à la diuine Ordonnance.

Cecy a plus de lieu en la puissance Royalle de France qu’ailleurs :
La raison, parce que sa puissance est plus specialement

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approuuée & honorée de Dieu que les autres ; parce que sainct
Remy baptisant Clouis premier Roy Chrestien, l’oignit de la
saincte Ampoule enuoyée par miracle, & le consacra en si
gne de puissance Royale, & Sacerdotale, ou comme Pontificale :
Et veritablement celuy lequel repugneroit au miracle de
Dieu, seroit Schismatique & seditieux, ne consentant à cette
Priere, à ce beau Cry, que fait toute la France, loyale & tres-deuote
fille du Roy, Viuat Rex.

 

Potestas
Regalis
Franciæ
à Deo.

Sacre des
Roys de
France.
Quia Regalis
& Sacerdotalis.

Il est vray aussi que la matiere presente, laquelle ie dois
proposer & traicter, & au plaisir de Dieu bien terminer, a en
soy telle difficulté, que ie n’en peux bien parler, ny la bien
exposer, sans la grace du Sainct Esprit : Sine me nihil potestis
facere.

En la main du quel sont tous les Royaumes du monde, In
cuius manu sunt omnes fines terræ. A cette fin ie croy qu’il est necessaire
de commencer par l’Oraison, comme on a fait dans
ces temps, suiuant le commandement de nostre Reuerendissime
Archeuesque, par processions solemnelles, par les Sacrosaincts
Sacrifices, auec cette voix perseuerante, Viuat Rex :
Car le cœur du Roy, dit le Sage aux Prouerb. chap 3. V. I. est
en la main de Dieu ; sa vie, sa santé, son Royaume, sa prosperité.

Ioan. 10. 5.
Regis manus
Dei
sunt.

Impetratio
gratiæ
Dei fit tribus
modis.

Cor. Regis
in manu
Dei.

Sufficientia
nostra
ex Deo.

Et moy qui sens mon incapacité & insuffisance pour prononcer
& mettre en lumiere des paroles si releuées, & les prononcer
& exposer viuement auec les droicts, en vostre redoutable
& Majestueuse presence. Que dois-je faire : Où dois-je recourir,
qu’à l’aide de Dieu ; m’estant impossible de traicter d’vne
matiere qui touche vne si grande Monarchie, pour cét effet
esleuons nos cœurs en Dieu.

Et mettons nostre esperance, desir & confiance en son aide.

Et en son bon Conseil : Commençons chers Citoyens
de Paris, par cét Hymne mystique, lequel doit estre chanté
quand les saincts Conseils se font : afin que Dieu y assiste selon
sa promesse, quand il dit, Quand vous estes assemblés deux
ou trois en mon Nom, ie suis au milieu de vous : Entonnons
tous ensemble le Veni Creator Spiritus mentes tuorum visita imple
superna gratia, que tu creasti pectora : Venez sainct Esprit nostre

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Createur, descendez & visités les cœurs que vous auez crées,
& les remplisses de vostre grace, accomplisses les bons desirs
de nostre Roy & sa Mere, la Reine Regente, l’honneur des
Rois du monde, accomplissez les bons desirs de tous les
François, qui vous en prient les larmes aux yeux, & les cœurs
naurées, cela ce peut faire en vn clin d’œil, par vostre saincte
& secrette inspiration, & qui est ce desir, Dieu vous le sauues.
Viuat Rex, Viue le Roy, Domine saluum fac Regem, & exaudi
nos in die, qua inuocauerimus te : En vous aussi tres majestueuse
Reine, les Altesses Royales, tous les Princes, qu’il plaise
donc à vos Majestés entendre benignement N. que i’auois à
dire, ne prenés, s’il vous plaist, garde à l’exiguité de ma
personne, qui est trop incapable & indigne de le faire, auec
la rudesse de mon langage, puisque laboutissement & conclusion
de mes paroles, ne tend qu’à ce mot, Viuat Rex.

 

Excusatic.

En cette confiance de la grace de Dieu & de nostre bien-veillance,
parce que la matiere de laquelle ie dois traicter
espere vostre faueur, & la fille du Roy pour laquelle ie dois
parler, doit estre entenduë auec ses larmes : Grand Roy, vous
ne la tiendrez, s’il vous plaist, suspecte. Ie passeray outre :
mais auparauant ie rendray graces auec mes tres-humbles
supplications, les premieres à Dieu mon souuerain, à Nostre-Dame,
à sainct Denis, patron de la France, sainct Remy vn
de ses tutelaires.

Agit gratias.

Et à toutes les celestes Hierarchies : Et à vous (grand Roy
venu par miracle) que tous ses motifs soient dressees pour vos
augustes Parlemens, lesquels vous monstrent leurs intentions,
auec vn cœur sans dissimulation, la langue desquels la
vraye intention de vos pauures Sujets. Vos Parlemens sont
assemblés pour vostre bien, & pour l’authorité de vostre
Royaume, qu’ils doiuent deffendre dans vostre âge, pour
[2 mots ills.] moindre de vos commandemens : Ils s’assemblent
d’[1 mot ill.] accord, confirmé par serment & par lettres,
pour [1 mot ill.] & à quel but ? pour entendre à la bonne ordonnance
conseruation du Roy & de son Royaume. C’est tousiours
commencé, pour accomplir ce que le fils du Roy supplie.
Viuat Rex, Viue le Roy.

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Sus, agissons auec la bonne foy, (Auguste Conseil) il est
necessaire à la France, que tous soient vnis auec le Roy &
que les viels debats soient bannis, vne paix vaut bien mieux
que guerre, telle legitime qu’elle paroist, ou autrement monstrez
moy vn bon procede, & aduantageux pour l’administration
des affaires d’Estat. Valere dit que plusieurs Romains
dans les inimitiés & haines mortelles, dans l’assemblée venoient
dans l’accord, quand ils se voyoient esleus à la chose
publique, comme furent Marcus Emilius, Fuluius Flaccus,
Sextus Liuius : Et Nero contra Hasdrubal. Car si les Gouuerneurs
sont diuisez, ils viseront à nuire l’vn à l’autre, l’vn destruira
ce que l’autre fera : mais le bon accord & vnion confond les
mal-veillances, en donnant la ioye aux bons amis.

Val lib. 4.
cap. 2.

Habentes
discordias
ex assumptione
ad
administ.
rationes rei
pub. facti
sunt amici.

Car comme dit le Sage, celuy qui est l’aide de son frere ou
de son amy, est ferme comme vne tour bien bastie.

Discordia
multa mala
sacit.

Frater qui adiuuantur à fratre quasi ciuitas firma & virtus vnita
fortior est seipsa dispersa.

Concordia.

Iule Cesar, au liure de Bello Gallico, afferme qu’vn bon
accord & consentement de France, est agreable pour tous,
puisque tout vn monde n’y peut resister.

Iulij Cesar
de potestate
Regni
Franciæ.

Le moyen de l’executer, le pratiquer par les motifs & bonnes
intentions de Messieurs du Parlement, qu’ils feront conceuoir
à nos Altesses Royales, & à toute la Cour ; & à ceux qui
sont necessaires pour la deffence du sceptre de mon Roy,
Viuat Rex.

Car s’il y à diuision ou contention tout sera desolé : Regnum
diui sum desolabitur.

Effusa est contentio inter principes & errare fecit eos in inuio &
non in via.

Diuisio
principum.

A cecy vaut l’histoire de Macrobe du Roy d’Athenes, lequel
par cette consideration reuint, accordant son propre fils,
lequel l’auoit griefuement offencé ; helas nous auons [1 mot ill.]
pour nous mal faire on s’est assemblé. Herodes & [1 mot ill.] pour
Crucifier I. Christ se sont assemblez: combien de [1 mot ill.] pour
piller la France, qui sont autant d’ennemis qui l’ont greuée, le
moyen de s’en deffaire, & de nettoyer la France de cette confusion,
si ce n’est par l’estroitte & inuiolable vnion des Princes,

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& des Augustes Parlements, ou autrement la dissention
seroit nuisible, & tomberoit sur le pauure, quid quid delirant reges
plectuntur achini, quelque chose que les Seigneurs facent, le
peuple l’accepte, c’est Horace qui le dit : mais ce prouerbe est
vray.

 

Ofatio.

Rendons tous graces à Dieu, dans vn temps où la zizanie
estoit semée par tout, cette mauuaise semence, qui ne promettoit
à la France que des chardons & de l’yuroye, par l’inuention
pernitieuse de celuy que toute la France souhaitte estre
esloigné.

Redundat
in subditos.

O quel bien que l’vnion de la France, que la ioye, & quel
estrange metamorphose, Dieu y apporte la perseuerance.

C’est la supplication que nous ioignons à nos graces, que
vous perseuerez (Illustre Conseil) de mieux en mieux, où ce
seroit lateram leuare, ou comme toutes les autres nations diroient,
que la paix seroit fainte, ou de peu de durée, est-il
pas vray que cette dissimulation seroit nuisible à tous, il faut
oublier le temps passé, comme dit Caton, Post inimicitias iram
meminisse malorum, encor que dans tous les desordres, aucun
ne rapporte le mal-heur qu’à l’autheur des maux.

Ciceron dit en la loüange de Cesar, qu’il n’oublioit rien
sinon les iniures, ce fut le sujet de ses victoires, par son noble
courage.

Iul. Cæsar
obliuiscebatur
iniurias.

Ceux qui sont sujets à vn Prince, se rendent-ils pas entierement
complaisans, encor que dans ses affaires, les malins
ayent agy à la depression de l’vn, pour enseuelir tout le reste
dans vn autre mal-heur, faisant passer le plaire, pour commettre
le deplaisir au detriment de toute la France.

Octauien dit vn iour à Herodes, qui auoit esté pour Anthoine
contre luy : Et qu’il auoit voulu destruire Octauien,
pour bien seruir son maistre.

Non inuidemus virtutibus : Respondit Octauien, nous ne
hayssons la vertu ; si tu as esté loyal à mon aduersaire quand
tu le seruois, tu me rendras le semblable quand tu seras de mon
party, & luy pardonna tout ; mais il n’y à que cela de difference,
on ne peut dire cela de Mazarin.

Ie considere le procedé des Parisiens, sans hayne, comme

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entre sainct Paul & Barnabas, & cela est cogneu, quand on
sçait la volonté de Dieu, en ce qui est à faire : Comme nous
auons en Daniel des bons Anges, selon S. Gregoire (ja Dieu
ne veille qu’il y ait eu haine entre les Princes, ny des sujets
aux Princes, puisque tous leurs trauaux ne tendent qu’au seruice
de nostre Roy. S’il y en auoit eu, toute la France souhaitte
auec passion, que les desseins soient effacez & oubliez
entre eux, pour l’estat de leurs Majestés) pour le bien de la
France.

 

Dissentio
potest siue
odio.

Nous sçauons que les Grecs faisoient pour le bien commun,
mieux valloir vn commun accord, qui se nommoit Manestra,
qu’ils appelloient abolition, où tout estoit pardonné,
sans iamais rien demander.

Hortatur
principes
ad pacem
& tollenda
odia.

L’histoire des Romains nous enseigne, qu’ils aimoient
mieux souffrir la mort, que batailler contre leur propre patrie,
encor qu’ils eussent esté bannis iniustes : Il apparut par
Themistocle, que pour cette cause, en sacrifiant, il beut du
sang de Taureau, pour monstrer qu’il vouloit engloutir l’image
de la fureur.

Reconsiliatio
Græcorum.

Que toute l’vnion que l’on fera, soit pour le bien du Roy,
& soulagement du pauure peuple ; Le serment que disent &
preste ceux qui ont de l’authorité en cette matiere, n’est pas
petit.

Iuramentum
licitum
valde
obligat.

Nous auons des exemples assés dans les histoires, entr’autres
de Regulus, encor qu’il fut Payen, lequel ayma mieux
retourner parmy ses ennemis, cruels de Carthage, que de
fausser sa foy de Gentil homme, les paroles de ceux qui agissent
pour luy & pour son Estat se doiuent tenir.

Verbum
regis obligat.

Le Roy Iean, pour cette cause retourna en Angleterre,
Iephté n’espargna pas sa propre fille.

Ioannes
Rex Galliæ
rediit.

Ce ne sera donc pas merueilles (Illustre Conseil) Princes
& Princesses, si vous iurés auec concorde incorruptible pour
le bien de nostre Roy, de l’Estat, & du bien du Royaume.

Dans le temps qu’vn Roy iure ce serment, quand il y va
de la Paix & de son Estat, il faut faire sortir vn flateur, desquels
il se faut defier, puisque par des paroles feintes & plastrées,
si leur puissance se pouuoit estendre iusqu’à ce point,

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ils feroient battre les Anges, si on leur vouloit prester l’oreille.

 

Puisque c’est leur deuotion, leur Breuiaire, leur estude, que
de semer des maux, pour faire les bons valets : sçachant bien
que pour complaire, on entend mal dire de ce qu’on hayt.

Contra
adulatores
propter mala
que faciunt.

N’entendons plus parler que de Paix, qu’elle soit irreuocable,
perseuerez à sa poursuitte, Grand Conseil de Iustice,
elle ne demande, que la France pour sa demeure, que
celuy soit chassé & banny comme perturbateur & ennemy du
Roy, & de sa majestueuse Mere la Reine Regente, qui le
premier a voulu semer la diuision, Dieu nous en a preserué,
puisque toute la France n’a des armes que pour son Roy.

Tendimus huc omnes metam properarum ad vnam, Viuat Rex. Sous cette confiance ie reprendray mon texte, & declaré ce
que l’on demande à nostre beau cry. Viuat Rex.

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Anonyme [1649], HARANGVE AV ROY POVR LA PAIX. PAR VN ECCLESIASTIQVE. , français, latinRéférence RIM : M0_1541. Cote locale : A_4_18.