Anonyme [1649], RECIT VERITABLE DE CE QVI C'EST Passé de plus considerable au Parlement de Paris, & ce qui a esté fait par son ordre, pour le seruice du Roy, depuis l'enleuement de sa Majesté, fait le 6. Ianuier 1649. , françaisRéférence RIM : M0_3010. Cote locale : B_1_16.

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RECIT VERITABLE
DE CE QVI C'EST
Passé de plus considerable au Parlement
de Paris, & ce qui a esté
fait par son ordre, pour le seruice
du Roy, depuis l'enleuement de
sa Majesté, fait le 6. Ianuier 1649.

A PARIS,

M. DC. XLIX.

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RECIT VERITABLE DE CE QVI C’EST PASSÉ
de plus considerable au Parlement de Paris, & ce qui a esté fait par son
ordre pour le seruice du Roy, depuis l’enleuement de sa Majesté, fait le
sixiesme Ianuier 1649.

L’Enleuement du Roy hors paris, ayant fait cognoistre à
Messieurs de parlement que l’on se disposoit à les vouloir
perdre, comme de tres-obeyssans subjets, ils eurent recours,
à tres-humbles prieres, & enuoyerent les Gens du Roy vers la Reine,
pour par leurs submissions destourner cet orage.

Mais leur retour precipité, & le rapport qu’ils firent que l’on ne
les auoit voulu entendre, leur ayant fait connoistre que ce remede
estoit inutile ; & pendant qu’ils ne songeoient qu’aux supplications,
l’on inuestissoit la ville de Paris de Gens de guerre, ils creurent estre
obligez à vne iuste defense ; & pour cét effet rendirent l’Arrest du
huictiesme Ianuier, par lequel ils ordonnerent la prise des armes
pour la defence de la ville de paris, & declarent son ennemy, le Cardinal
Mazarin.

Le 9. Ianuier 1649.

Ce iour fut employé aux moyens de trouuer de l’argent pour
faire subsister cette iuste deffence ; pourquoy ils resolurent dans leur
Corps, & celuy des Maistres des Requestes, vne contribution de
neuf cens soixante mil liures: En suite dequoy la ville s’estant trouuée
esbranlée, par les lettres que luy auoit fait escrire le Cardinal
Mazarin, sous le nom du Roy, & par la crainte du siege, ils la r’asseurerent
par les tesmoignages d’vne ferme & constante resolution.

Le 10. Ianuier 1649.

Monseigneur le Duc d’Elbœuf vint dans leur Assemblée les asseurer
que si ses seruices leur estoient agreables il leur venoit offrir sa
personne, son bien, son sang & sa vie, & celles de ses enfans. A quoy
le Parlement ne peut mieux respondre que par l’eslection qu’il en
fit de son General, dont il presta vne espece de serment. Le Duc de
Brissac qui estoit auec luy fit vne pareisle protestation ; & furent en
suite à l’Hostel de Ville, & l’apresdisnée Monseigneur le Prince de
Conty, duquel-les bons desseins estoient desia cognus depuis vn
temps considerable à Messieurs du Parlement, vint en leur Assemblée
faire vne declaration pareille à celle de Monseigneur le Duc

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d’Elbœuf. Et il fut iugé à propos apres vn ample remerciement de
remettre au lendemain matin à regler les commandemens, & voir
la qualité que l’on luy donneroit.

 

Le 11. Ianuier 1649.

Messieurs le Prince de Conty, le Duc de Longueuille (qui auoit
fait mettre Madame sa femme & Messieurs ses enfans, en l’Hostel
de Ville, d’où ils n’ont sorty depuis) le Duc de Bouillon (qui fit apporter
auec luy ses quatre petits enfans,)& le Mareschal de la Mothe
Houdancourt, vinrent en l’assemblée, asseurer de leurs bonnes
intentions pour le party du Parlement. Ils furent accompagnez du
Prince de Marcillac, du Marquis de Noirmontier, du Comte de
Fiesques, & plusieurs autres Seigneurs de marque.

Là, Monsieur le Duc de Longueuille fit paroistre l’affection qu’il
auoit pour la cause commune, en se [1 mot ill.] de toute sorte de cõmandement,
de crainte de contestation entre luy & Monsieur le Duc
d’Elbœuf : Monsieur le Prince de Conty fut declaré Generalissime,
& Messieurs les Dues d’Elbœuf & de Bouillon, & le Mareschal de la
Mothe Generaux; Monsieur le Duc d’Elbœuf retenant la premiere
place au Conseil apres lux.

Le 12. Ianuier 1649.

Il fut resolu qu’vn de Messieurs les Presidens au Mortier, outre
Monsieur Payen, auquel tout le public est infiniment redeuable,
pour auoir releué par sa resolution du 8. les courages qui se trouuoient
vn peu esbranlez : Broussel & Menardeau se trouuerent au
Cõseil de guerre, & fust proposé diuerses choses touchãt les leuées.

Le 13. Ianuier 1649.

Il fut fait rapport de l’estat des leuées, & comme les Régimens de
Cauallerie auoient esté resolus, dont le premier auoit esté celuy du
Marquis de la Boulaye, qui auoit tesmoigné le premier son affection
à la cause du public. Ce mesme iour arriua le Duc de Beaufort, venant
ioindre ses interests à la cause commune. La Bastille se rendit
aprés quinze volées de Canon.

Le 14. Ianuier 1649.

Vn de Messieurs les Presidens au Mortier fit vn ample recit de ce
qui c’estoit passé au Conseil de guerre, ou l’on auoit resolu de mertre
14000. hommes de pied, & 6000. cheuaux en campagne, des
moyens qu’il falloit pour les faire subsister, & autres [1 mot ill.] concernants
l’estat present des affaires, & il fut en suite proposé de faire vne
taxe sur les Financiers, & ceux qui s’estoient meslez d’affaires pour

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suruenir aux frais de la guerre. Puis Monseigneur le Prince de Conty
nomma pour gouuerneur de la Bastille Monsieur de Broussel, & de
l’Arcenal Monsieur de Bernay Nicolay.

 

Le 15. Ianuier 1649.

Les trois Chãbres iugerent le procez de Monsieur le Duc de Beaufort,
qui fut renuoyé absous : Puis l’on assembla les Chambres, &
fut proposé d’arrester tous les deniers du Roy, tant des Prouinces
que de Paris, ce qui fut remis à la deliberation de l’apresdinée, qui
fust employée à donner quelques ordres necessaires pour l’armement,
& à receuoir la plainte & la protestation des Deputez du
Parlement de Prouence, qui donnerent parole que toute leur Prouince
estoit à leur deuotion, & qu’elle se ioindroit volontiers aux
interests du Parlement de Paris.

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Anonyme [1649], RECIT VERITABLE DE CE QVI C'EST Passé de plus considerable au Parlement de Paris, & ce qui a esté fait par son ordre, pour le seruice du Roy, depuis l'enleuement de sa Majesté, fait le 6. Ianuier 1649. , françaisRéférence RIM : M0_3010. Cote locale : B_1_16.