Anonyme [1652 [?]], RELATION VERITABLE De ce qui se passa le Mardy deuxiéme de Iuillet, au Combat donné au Fauxbourg saint Anthoine, entre les Trouppes du C. M. commandées par les Mareschaux de Turennes & de la Ferté, & celles de Monsieur le Duc d’Orleans & de Monsieur le Prince. , françaisRéférence RIM : M0_3232. Cote locale : B_7_33.
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RELATION
VERITABLE De ce qui se passa le Mardy deuxiéme
de Iuillet, au Combat donné
au Fauxbourg saint Anthoine, entre
les Trouppes du C. M. commandées
par les Mareschaux de
Turennes & de la Ferté, & celles
de Monsieur le Duc d’Orleans &
de Monsieur le Prince.

A PARIS,
Chez NICOLAS VIVENAY, Imprimeur ordinaire
de Monseigneur le Prince de Condé.

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RELATION VERITABLE DE CE QVI
se passa le Mardy deuxiéme de Iuillet, au Combat donné
au Faux bourg saint Anthoine, entre les Trouppes
du Cardinal Mazarin, commandées par les Mareschaux
de Turennes & de la Ferté, & celles de
Monsieur le Duc d’Orleans & de Monsieur le Prince.

L’Armée de Monsieur le Duc d’Orleans &
de Monsieur le Prince, estoit campée à saint
Cloud & aux enuirons, lorsque l’on eut auis
que celle du Mareschal de Turennes qui estoit
aupres de Dammartin, marchoit pour venir à
S. Denis. Monsieur le Prince cõmanda aux Trouppes
de se retrancher proche de Suresne & du
Mont Valerien : mais à peine auoit-on commencé
de trauailler aux retranchements que le Comte
de Thauannes l’vn des Lieutenants generaux qui
commandoit l’Armée, fut auerty que les Ennemis
faisoiẽt vn pont à Espinay. Cela l’obligea d’enuoyer
le 29. du mois de Iuin 150. Cheuaux & 150. hommes
de pied detachés de touts les Corps, & commandés
par le Sieur de Gouille Mareschal de Camp
pour reconnestre le Pont & s’opposer au passage
des Ennemis. Gouille y demeura tout le iour
& toute la nuit, & fut releué par le Comte de Kinsqui

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auec pareil nombre d’hommes : quatre où
5 heures apres que Kinsqui y fut arriué il enuoya
auertir le Comte de Thauanes que le Pont estoit
fait jusques dans l’Isle, & que le Canon y estoit
deja posté : sur cet auis il partit de l’Armée auec le
Baron de Lanques, le Cheualier Descars, Rauanelle,
le Comte Dolac & quantité dautres Officiers.
Les Regiments de Caualerie de l’Altesse,
Condé, Anguien, Conty & Persan, Condé &
Bourgongne d’Infanterie, & deux Pieces de Canon.
A vne lieuë d’Espinay il laissa l’Infanterie &
le Canon, & alla auec la Caualerie reconnestre le
Pont, il treuua qu’il estoit fait jusques dans l’Isle,
que les Ennemis trauailloient pour l’acheuer de
deça, & qu’ils auoient encore posté sur les hauteurs
du Canon qu’ils tiroient incessamment, il se
retira dans le plus prochain Village de la Riuiere,
où estant arriué il fut auerty que les Ennemis passoient,
il retourna auec la Caualerie, & les obbligea
de repasser fort promptement apres qu’ils
eurent pourtant enleué vn petit Corps de garde
de 30. Soldats de l’Altesse. Il fit en suitte marcher
ses Trouppes pour retourner à l’Armée à la
reserue de 150. Cheuaux & de 50. hommes de l’Altesse
commandée par Chasan : mais à peine auoit
il marché vne lieuë qu’on luy vint dire que Monsieur
le Prince venoit à toute bride, ce qui l’obligea
de retourner auec sa Caualerie au mesme
Poste qu’il auoit tenu en presence des Ennemis.
Monsieur le Prince en passant, commanda aux

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deux Regimens de Condé & de Bourgogne de le
suiure auec le canon, & alla en diligence tout du
long de la riuiere reconnoistre les ennemis, qui le
saluerent plusieurs fois auec toute leur artillerie.
Là le Comte de Tauannes & tous les Officiers cõmandez
assurerent son Altesse qu’ils auoiẽt veu depuis
le matin iusques à midy, défiler la caualerie
ennemie au nombre de quarante escadrons qui
marchoient du costé de Meulan & de Pontoise, &
quelques païsans ayans asseuré que le Roy & toute
la Cour y alloit passer ; M. le Prince tint Conseil de
guerre auec les Officiers generaux, & sur les auis
qu’on luy donnoit que les ennemis auoient défilé
pour passer la riuiere & venir couper ses troupes, il
resolut de faire tenir son armée en estat de marcher.
Estant arriué à saint Cloud à cinq heures
apres midy le Lundy premier iour de ce mois, il la
fit défiler par le pont de pierre, & le pont de bateaux
& la fit passer par le bois de Boulongne, &
par Chaliot pour aller gagner le poste de Charenton.
Le bagage s’estant embarrassé aux portes
de la Conference & de saint Honoré, & la
marche des troupes qui le suiuoient en ayant esté
arrestée ; Monsieur le Prince leur fit faire demy
tour à droit & repasser par le Cours & par Chaliot
en prenant toujours les hauteurs, ce qui retarda
la marche de plus trois heures, pendant ce
temps la il vint au Palais d’Orleans conferer auec
Son Altesse Royale, il resortit en suite de Paris
par la porte de saint Martin, & defilant de la teste

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de son Armée à la queuë, & faisant marcher
le Bagage, il arriua le mardy deuxiesme de ce
mois au point du iour à la porte de la Conference.
Il enuoya diuers partis à la guerre du coste
de saint Denis & n’ayant point eu de nouuelle
des Ennemis, il commanda au Comte de Thouane,
au Baron de Clinchmp & au Baron de
Lanques de faire marcher l’auant Garde de l’Armée
du costé de Charanton ; & de passer par le
Faux bourg de saint Anthoine : incontinent apres
il renuoya Farnemont en party, il estoit à peine
monté sur l’Eminence de Montmartre, qu’il vit
l’Armée Ennemie qui se mettoit en bataille,
il en auertit son Altesse qui la vint reconnestre
Apres l’auoit reconuë, elle commanda à ses
Troupes de marcher en diligence, & de s’aller
poster à Picque puces & dans le Faux bourg de S.
Anthoine, & fit commander par le sieur Beauuau
au dernier Escadron de l’Armée commandé par la
Chambre Major de Clinchamp de demeurer sur
la hauteur de Mont Faucon pour obseruer les Ennemis
iusques à ce que toute l’Armée & tout le
hagage fussent passez.

 

Si tost que les ennemis virent parestre cét Escadron,
ils le firent pousser par 3. des leurs, cependant
leurs Troupes auançoient, & en auançant, elles se
mettoient en bataille dans la pleine. Ce que voyant
M. le Prince, il fit marcher les siennes en diligence
à la reserue des Regimens de Caualerie de Condé,
Anguien, Conty, Persan, Meilles, & les Compagnies

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de cheuaux Legers de S. A. R. & de Valois,
commandées par les Sieurs de Montmouton & le
Baron de Neufvy. La Caualerie ennemie s’auança
au grand trot pour charger ces Escadrons, mais
voyant qu’ils faisoient ferme sur la hauteur, elle fit
Alte, pensant que toute l’Armée estoit dans les
Fonds, & demeura en presence plus ďvne lieure,
pendant le quel temps, les Nostres firẽt diuerses escarmourches,
& donnerent loisir au reste de nos
Troupes de defiler & de s’aller mettre en bataille
à Picquepuce. Monsieur le Prince ayant gagné le
temps qui estoit necessaire pour cela, il fit defiler
les derniers Escadrons, & laissa le Sieur de Valon à
l’arriere garde, auec la Gendarmerie de son A. R.
& 50. Fuseliers pour fauoriser la retraite les Ennemis
les chargerent auec beaucoup de vigueur ; mais
ils furent encore plus vigoureusement repoussez
par Valon à la teste de Condé, soustenuë par Montmouton,
& le Baron de Neufvy, & 25. Gardes de
Guyenne de son A commandé ; par le Baron de
Montesquion, ausquels Monsieur le Prince ioignit
50. Mousquetaires detachez de Languedoc pour
fauoriser la Retraite de Condé. Les Ennemis
voyant que les Nostres le retiroient les pousserent
fort vertement iusques dans vn autre De filé ou
estoit Monsieur le Prince qui se mettant à la teste
de Condé les repoussa auec tant de vigueur, qu’apres
en auoir tué beaucoup sur la place, il força le
reste de se retirer.

 

Ayant ensuite visité toutes les aduenuës du

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Faux-bourg de Sainct Anthoine, il alla joindre ses
Trouppes qui estoient en Bataille à la teste de ce
Faux-bourg & deuant Picquepuce, & leur distribua
les postes qu’il falloit garder. Il mit le Regiment
de l’Altesse sur la gauche du Faux-bourg,
Languedoç, Valois & Langeron à la droite de
l’Altesse. Condé & Bourgogne à la droite de Languedoc
& Pellenis à la Barricade du chemin qui va
au Bois de Vincennes ; & n’ayant pas assez d’Infanterie
pour garnir tous les post s’il y mit vne partie
de sa Caualerie, & partagea le reste pour soustenir
l’Infanterie. L’Artillerie dont six pieces auoient
marché apres Valois d’Infanterie, & les Gens d’armes,
& deux pieces à l’Arriere garde estant arriuee
au dessus de Picquepuce S. A. commanda à
Sedilot de la faire marcher au bout du Faux bourg
S. Antoine, & d’y faire poster deux pieces qui tireret
sur les ennemis qui commencoient à défiler dans
vne plaine au dessous des moulins, & qui les obligerent
de prendre les fonds, & comme ils eurent
passé en partie S. A. donna ordre à Sedilot de faire
poster tout son canon aux auenuës en dedans du
Faux-bourg, scauoir deux pieces à la trauerse de la
grande ruë, deux autres à vne Barricade à droit venant
de la porte S. Antoine au Faux-bourg, lesquelles
furent menées & executees à la portee du pistolet
du poste qu’auoient pris en ce lieu là les ennemis,
& duquel ils furent chassez par deux fois, &
dans cette ruë plus bas par la trauerse, & le poste
des ennemis. S. A. commanda que l’on y mit le

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plus de pieces que l’on pourroit, ce qui obligea Sedilot
d’y en faire mettre encore trois qui furent si
viuement executées, que les ennemis qui paroissoient
fort auparauant dans ce poste se cacherent
& firent mine par plusieurs fois de se retirer.

 

Les ennemis auoient deux batteries, dont l’vne
estoit au dessus de la Barricade que gardoit le Comte
de Tauannes, & battoit la grande ruë de S. Antoine,
l’autre battoit la ruë qui respond à la grande
Halle du Faux-bourg.

Ils auoient disposé leurs troupes de sorte que
les Gardes Françoises, la Marine & Picardie deuoient
attaquer l’Altesse & Languedoc, les Gardes
Suisses & Turenne, Condé, Valois, & Langeron
commandé par le sieur de Neufuille, Lieutenant
Colonel.

Le Mareschal de Turenne ayant ainsi disposé
l’attaque, & obserué que nos troupes n’auoient
pas eu encore temps de se ranger dans leurs postes
commanda aux gens détachez de les charger,
croyant qu’en cét estat il seroit facile de les emporter :
Mais Monsieur, le Prince dont la prudence
ne peut estre surprise, preuoyant bien ce dessein
lors qu’il vit le ennemis à cinquante pas de nos
postes, il sortit auec les volontaires qui l’accompagnoient,
& dont les noms seront mis à la fin de
cette Relation, & les chargea si rudement qu’il
les poussa iusques dans leur Armée, & donna par
ce moyen le temps qu’il falloit aux troupes pour
se mettre en estat de soustenir l’attaque, apres

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quoy il alla dõner ses ordres dans les autres postes.

 

Cependant qu’il y estoit on luy vint dire que
Linguedoc, Valois & Langer on apres vne genereuse
resistance auoient esté emportez, il reuint
à toute bride auec les volontaires, & se mettant
à la teste de Condé & Anguien de Caualerie, il
chargea les ennemis qu’il trouua iusques aupres
de la Halle du Faux-bourg. Ce fut là que Son
Altesse accompagnée de Messieurs les Ducs de
Nemours, du Prince de Tarente, du sieur de Valon
qui commandoit au poste de Valois, & de ces braues
volontaires qui ne le quitterent iamais durant
tout le combat, ce fut là, dis-je, que S. A. fit sentir
aux ennemis les efforts extraordinaires de son courage ;
là se fit vn carnage horrible des Regimens
des Gardes, de la Marine & de Turenne qui furent
taillez en pieces, & ce fut en cette rencontre que
la valeur infatigable du Prince parut lasse de tuër
ceux qui s’estoient si temerairement engagez dans
le Faux-bourg, il poussa iusques dans la plaine les
Gensd’armes, & les Cheuaux-legers de la Garde,
& trois autres escadrons qui soustenoient cette Infanterie,
Languedoc, Valois & Langeron reprirent
l’espée à la main leurs postes, & en les regagnant
ils firent dix sept Officiers prisonniers, & prirent
cinq Drappeaux, le Major de Languedoc fut tué,
& 40. soldats du Regiment. Au commencement
de cette attaque, d’Artigolles & Barat, Capitaines
dans le Regiment d’Infanterie de l’Altesse furent
détachez auec 150. mousquetaires, à la teste desquels

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se mit Despouis, Lieutenant Colonel qui attaquerent
le Regiment de Picardie soustenu par la
Caualerie, ils furent repoussez & soustenus aussitost
par cinquante autres mousquetaires commandez
par Des. Moulins Capitaine dans le mesme
Regiment, & s’estant tous r’alliez, ils chasserent
Picardie du poste. Barat y fut tué, & d’Artigolles
blesse à la cuisse, & Cocherelle Enseigne Colonelle
du mesme corps y fit bien son deuoir. En mesme
temps d’Ardennes. Capitaine dans le mesme Regiment
donna sur la droite auec 60. mousquetaires,
& chassa les ennemis iusques dans la plaine, &
fut blessé d’vne mousquetade à la cuisse, c’estoit
dans le mesme moment que les Gardes & la Marine
apres auoir donné dans l’auenuë de Charenton,
& mis sur la place vnze Officiers de Valois &
de Langeron, marchoient tambour battant vers
la Halle du Faux-bourg, lors que M. le Prince enuoya
querir cent mousquetaires de l’Altesse commandez
par Cesan, qui apres auoir mis Brunier &
Meaux Lieutenans à la queuë de l’Infanterie, de
peur qu’elle ne pliast, s’en alla à la teste l’espee à la
main, & soustint la Caualerie auec Neufuille Lieutenant
Colonel de Langeron, qui se ioignit à luy, &
suiuant S. A. qui renuersa tout ce qu’elle rencontra
d’ennemis, eut part à la gloire que Languedoc,
Valois, & Langeron acquirent en regagnant leurs
postes.

 

Cependant Condé qui estoit sur la droite combattoit
tousiours contre les Suisses, & le combat

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de part & d’autre estoit furieusement opiniastré ;
peu de temps apres le Comte de Tauanes & le Baron
de Langues s’apperceuant que les ennemis faisoiẽt
mine de les vouloir attaquer, & qu’en effet le Marquis
de S. Maigrin à la teste des Cheuaux legers &
des Gensd’armes, & de ce qu’il y auoit de volontaires
s’auançoit dans vn defilé qui estoit prés de leur
poste, ils allerent receuoir si brusquement les ennemis,
qu’ils les contraignirent de faire volte face.
Dans cette occasion le Marquis de S. Maigrin fut
tué, & vint tomber entre les jambes du cheual du
Comte de Tauannes, la pluspart des volontaires
furent blessez. Cependant comme les ennemis
s’apperceurent dans le milieu du defilé, qu’ils n’estoient
suiuis que par vn escadron de 50. Maistres
ils firent ferme pour se r’allier, mais Tauannes &
Langues qui donnerent en cette rencontre comme
ils ont tousiours fait dans toutes les autres les
preuues de la derniere valeur, les rechargerent si
vertement, qu’ils les obligerent de gagner la campagne.

 

Les ennemis apres auoir esté repoussez dans toutes
leurs attaques se r’allierent encore, & vinrent
auec le Regiment de Nauailles qui iusques là n’auoit
point combattu, attaquer l’auenuë de Charenton,
ils la gagnerent & se posterent dans toutes
les maisons qui estoient prés de la Barricade. Dans
ce temps là le Regiment de Condé receut ordre du
Comte de Tauannes de le venir ioindre pour s’opposer
à ceux qui l’attaquoient ; il n’y fut pas plustost

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arriué que le Marquis de Gerzé commanda
de la part de M. le Prince à Deslandes qui faisoit la
charge de Major de Brigade de prendre 50. soldats
du Regiment de Condé pour reprendre le poste
que le Regiment de Nauailles auoit gagnè. Deslandes
estant arriué, S. A. luy commanda de commencer
l’attaque, & le fit soustenir par vn escadron
d’Allemans. L’attaque fut vigoureuse, mais la
deffence ne le fut pas moins, & les ennemis ne pûrent
estre forcez ; cela obligea son Altesse d’enuoyer
querir par le Baron de Gerzé 60. soldats de
l’Altesse, & 60. de Valois auec ce qui restoit
des soldats qu’auoit amenez Deslandes, & de
faire attaquer tout de nouueau la Barricade laquelle
ne pût estre emportée : Monsieur le Prince voyãt
que les ennemis faisoient vne si grande resistance
commanda à Deslandes d’aller faire prendre des
pics à l’artillerie, de faire percer les maisons de la
ruë afin de gagner le flanc de la Barricade & deposter
les ennemis, & en mesme temps fit venir
deux pieces de canon pour battre le front de la pallisade :
mais son Altesse sans attendre que toutes
les maisons fussent percées fit auancer tout le Regiment
de Bourgogne, à la reserue du sieur de la
Garde, premier Capitaine qui gardoit la droite du
poste du Comte de Tauannes, & qui le deffendit
lors que les ennemis allerent attaquer la barriere.
Monsieur le Prince se mit à la teste de Bourgogne
auec Messieurs de Beaufort, de Nemours, de Tarante,
de la Rochefoucault, le Prince de Marsillac, le

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Cheualier de Foix, Guitault, le Marquis de Gerzé,
le Ba en de Gerzé, le Marquis de la Rochegifart,
le Marquis de Flammarin, le Marquis de Valancé,
le Vicomte de Melun, le Comte de Montignac, le
Marquis de Villars, Marquessac, Cheuigny, le Baron
de Loresse, le Marquis de Cogné, le Comte de
Lussan, le Marquis de Ionsac, le Cõte de Toré, Magneux
Saintibal qui toute la iournée signala sõ courage
& sa conduite, Dormeni, le Comte de Castres,
des Fourneaux, Angeruille Enseigne des Gardes de
M. le Prince de Conty, la Motte Guyonnet, Frementeau,
la Martiniere, le Baron de Migennes,
saint Mars Gentil-homme de la Chambre de M. le
Prince & les autres Domestiques de son Altesse, le
Cheualier de Mercé, Dusesche, Bonnefons, du
Corail, Campan, Dupuy & Siorat Gentils-hommes
de Monsieur de Nemours, ceux de monsieur
de Beaufort, le Capitaine des Gardes du Duc de
la Rochefoucault, du Bourg, & les autres volontaires
la pluspart pied à terre à la reserue de son
Altesse : Ils attaquerent la Barricade auec tant de
vigueur qu’apres auoir donné les marques d’vne
valeur extraordinaire, & digne de ceux qui veulent
suiure Monsieur le Prince au trauers le fer & le feu,
ils l’emporterent : mais comme ils n’auoient pas de
pics pour rompre les portes des maisons qui flanquoient
la Barricade, ils furent contraints de se retirer.
Dans cette attaque Monsieur de Nemours
qui fit tout ce que l’on peut faire humainement
dans la guerre, fut blessé à la main, & receut sur sa

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cuirasse cinq ou six coups de mousquet, & deux
dans son chapeau, le Duc de la Rochefoucault dont
on ne peut pas assez louër l’intrepidité, fut blessé
d’vn coup mousquet au visage, les Marquis de la
Rochegifart & de Flammarins, apres s’estre merueilleusement
signalez, furent tuez, le Comte de
Castres blessé dans la cuisse & depuis mort de ses
blessures, Guitault qui s’estoit fait remarquer dans
toutes les occasions, blessé d’vn coup de mousquet
dans le ventre, le Cheualier de Foix blessé au bras
& à la jouë, le Marquis de Gerzé blessé au bras, la
Motthe, Guyonnet & la Martiniere Gentils-hommes
de S. A. tuez, des Fourneaux blessé à mort, le Vicomte
de Melun blessé, & le Marquis de Cogné & le
Baron de Loresse & Magneux, dangereusement
bleslez, Beauuau eut deux cheuaux tuez sous luy,
le Marquis de Ionsac son cheual tué, le Prince de
Marsillac le sien blessé d’vn coup de mousqueton,
Persenay Capitaine des Gardes du Duc de la Rochefoucault
le bras cassé, le Cheualier Desesche
Capitaine des Gardes du Duc de Nemours, Bonnefons
son Escuyer & Siorat blessez. Enfin de tous
ceux qui furent à cette attaque, il n’y en eut pas vn
dont les cheuaux ne fussent ou tuez ou blessez, ou
qui n’emportast quelque marque du grand feu
que les ennemis fa soient de toutes parts, & de la
vigoureuse resolution auec la quelle ils auoient cõbattu.
Le Duc de Beaufort qui durant toute la
journée auoit donné des témoignages illustres
d’vne valeur singuliere, receut en cette occasion

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quantité de coups sur sa cuirasse, & comme il estoit
pied à terre rudement attaqué par les ennemis, &
en danger de perdre ou la vie ou la liberté : Monsieur
le Prince vint fondre comme vn foudre sur les
ennemis, & luy donna loisir de remonter à cheual
& de se retirer, son Altesse fit faire en suitte vne
barricade auec des chariots à cinquante pas de là,
& l’on s’amusa le reste du iour à escarmoucher & à
tirer force coups de canon.

 

Le Baron de Clinchamp & le sieur de Valon
Lieutenants Generaux, qui de leur costé firent des
merueilles, & qui connoissoient du siege d’Estampes
ceux qui les attaquoient, ne les receurent pas
auec moins de vigueur dans leurs postes, & faisant
leur deuoir de sages Officiers & de braues Soldats
furent blessez, le premier d’vne mousquetade dans
le bras & legerement à la cuisse ; le second fut blessé
au costé : Toutes les troupes qui combattant sous
eux & le Comte de Tauannes, auoient fait leuer le
siege d’Estampes au Mareschal de Turennes : ne se
signalerent pas moins en le repoussant dans toutes
les attaques qu’il fit dans le Faux bourg, & témoinerẽt
par leur genereuse resistance qu’elles estoiẽt
animées par la presence d’vn prince inuincible.

Mais deuant que nous acheuions la Relation
de tout çe qui se fit hors de de la Ville, il est iuste
que le public soit instruit de se qui se passa dedans,
& que l’on sçache qu’en cette rencontre,
Paris n’a pas moins temoigné de zele pour la conseruation
de Monsieur le Prince & de ses Trouppes

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que son Altesse fit parestre de chaleur
& de courage pour la conseruation de
Paris, en s’opposant aux violens desseins du Cardinal
Mazarin, qui vouloit y entrer à main armée,
& y laisser auec le fer & le feu des marques de sa
tyrannie & de la vengeance qu’il medite, il y a si
longtemps contre tous les Bourgeois qui ne l’y
veulent point receuoir.

 

Mademoiselle ayant esté aduertie des le matin
que le Prince estoit aux mains auec les Trouppes
Mazarines, s’en alla à l’Hostel de ville, & fit dire au
Mareschal de l’Hospital, & au Preuost des Marchãds
qu’elle vouloit que sans perdre temps en de
longues deliberations ils enuoyassent promptement
vn ordre aux Bourgeois de prendre les Armes,
de marcher du costé de la porte saint Anthoine,
& de laisser passer par la ville le Bagage de
l’Armée des Princes : cependant cette genereuse
Princesse qui a fait parestre tant de fermeté dans
Orleans lors qu’elle empescha que l’Armée Mazarine
n’y fut receu excitoit le peuple à secourir en
diligence celle des Princes, & apres auoir obtenu
l’ordre qu’elle auoit demandé pour cela, s’en alla
dans la ruë Saint Anthoine où se rendirent pres de
Son Altesse, les Duchesses de Rohan, de Montbason
& de Chastillon, la Ieune Comtesse de
Fiesque qui à tousiours accoutumé de la suiure
dans toutes ses expeditions, Mademoiselle de Chabot
& d’autres Dames.

De l’autre costé Monsieur le Prince ayant enuoyé

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le Comte de Fiesque pour aduertir Monsieur
le Duc d’Orleans de l’estat des choses, S. A R.
bien qu’elle eut eu la fieure toute la nuict monta
incontinent à Cheual accompagnée du Duc de
Brissac, du Mareschal d’Estampes & de tous les
Gentils hommes & Officiers de sa Maison ; elle alla
par les ruës rasseurant le peuple, & l’excitant à
donner des tesmoignages de l’amité qu’il a si souuẽt
protestée à Son Altesse Royale : ce qui fut executé
auec des cris de joye & de nouueaux sermẽts
de perir plustost que de souffrir le Cardinal Mazarin.
Son Altesse Royale enuoya en suitte vn ordre
par escrit au Gouuerneur de la Bastille de faire
tirer le Canon sur l’Armée ennemie en cas qu’elle
approchât, & s’en retournant vers l’Hostel de
ville lele remercia l’Assemblée du bon ordre
qu’elle auoit enuoyé pour receuoir le Bagage de
son Armée, & son Armée mesme si elle vouloit
entrer dans Paris.

 

Cependant que le Duc de Rohan par l’ordre de
Monsieur le Prince faisoit defiler vne partie du
Bagage par la porte du Temple, & que le Duc de
Beaufort faisoit defiler l’autre par la porte de saint
Anthoine, & marcher quelques Compagnies
Bourgeoises hors de la Ville & dautres sur le Bouleuart ;
Mademoiselle monta sur le haut de la Bastille
pour voir ce qui se passoit dans le Faux-bourg.

Sur les cinq heures du soir on vint aduertir Mr.
le Prince que les Ennemys se retiroient, il resolut

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aussitost si la chose estoit vraye de se retirer aussi
afin de donner quelque repos à ses Trouppes, &
de les faire repasser par Paris, comme elles auoient
commancé de defiler il monta dans le Clocher de
saint Anthoine pour obseruer plus curieusement
la marche de l’Armée Mazarine, & comme il eut
remarqué qu’elle se separoit en deux corps, dont
l’vn marchoit du costé de Charonne, & l’autre du
costé de Rambouillet vers le bord de la Riuiere,
il jugea bien que c’estoit à dessein de coupper ses
Trouppes entre la Ville, & le Fauxbourg, c’est
pourquoy il commanda au Comte Dolac de s’aller
poster auec son Regiment à l’entrée de la ruë
qui va à Charonne, affin de fauoriser la retraitte
qu’il auoit commencée, & fit border par les Bourgeois,
le Bouleuard de saint Anthoine, de lautre
coste il enuoya 50. Mousquetaires, & vingt cinq
Caualiers ; pour garder le defilé qui va vers la Riuiere,
apres l’auoir enuoyé reconnestre par le Vicomte
de Lignon. Si tost que les Ennemis qui
auoient pris leur marche de ce costé la, parurent
dans la plaine, le sieur de Louuieres Gouuerneur
de la Bastille se ressouuenant & de l’ordre qu’il
auoit receu de son Altesse Royale, & de la Contiance
que les Bourgeois auoient eu en luy, lorsque
par le traitté de paix fait à Ruel, ils auoient desiré
que pour leur seureté cette place luy fust mise
entre les mains, fit pointer son Canon & salua de
16. volées, les Trouppes ennemies : ce fut le sieur
du Richau qui l’executa par l’ordre de son A. R.

 

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Le Mazarin qui estoit auec sa Majesté sur la
hauteur de Charonne, & qui durant tout le Combat
s’estoit réjouy du carnage qu’il voyoit faire de
part & d’autre, dit au Roy que dans peu de temps
il auroit le plaisir de mettre paris au pillage, que
la Bastille tiroit sur les Trouppes des princes,
que sitost qu’elles seroient taillees en piece, l’Armée
Victorieuse entreroit dans la ville, & qu’à lors
il seroit temps de prendre vne cruelle vengeance
contre tous les Habitans : mais sa Majesté aynt esté
aduertie que le Canon tiroit sur les Escadrons de
Monsieur de Thurenne, & qu’vne volée auoit emporté
quatre ou cinq Caualiers, ce Ministre changea
de visage, & par vne consternation extraordinaire
fit parestre la generosité qui l’accompagne
ordinairement dans les dangers.

Il auoit creu la deffaite de Monsieur le prince
si certaine, & ses Emissaires l’auoient tellement asseuré
que la ville se declareroit contre les princes,
& qu’il y seroit receu par l’vne des portes qu’vn
Capitaine de ses Creatures luy deuoit liurer, qu’il
auoit enuoyé le Comte de Miossans deguisé & qui
fut secrettement introduit dans le Carosse de Madame
de Brienne pour negotier auec son Altesse
Royale dans les derniers moments de l’occasion
& selon l’estat des choses luy proposer des conditions
plus ou moins fortes d’vn accommodement
auquel elle auroit esté necessitée de consentir.
L’Armée de Monsieur le Prince estant presque
toute rentrée dans la ville, Son Altesse y entra

-- 21 --

pour donner les ordres necessaires pour sa marche
& laissa le prince de Tarante à l’arriere Garde
afin dacheuer de faire la retraitte. Il fit marcher
entre la Caualerie & l’Infanterie Estrangeres, le
Canon, & retint pour faire l’Arrieregarde le Regiment
d’Infanterie de Bourgongne qui auoit merueilleusement
combattu toutte toute la journée,
Commandé par le Marquis de Sassé, & le Regiment
de Condé de Caualerie commandé pour
lors par le Baron de S. Mars de Prouence, Capitaine
du Regiment qui s’estoit signalé auec tous les
autres Officiers durant le Combat. Les Ennemis
qui s’estoit auancés parurent en mesme temps en
deux endroits du Fauxbourg, l’infanterie dans
vne ruë qui va du costé de Ramboüillet, &
quelques Escadrons proche de la Baricade de la
grande ruë, le Comte de Montignac, le Vicomte
de Lignon, Fontenailles & le ieune Beloy se detacherent
auec quelques Mousquetaires, & allerent
charger si rudement l’Infanterie Ennemie qui
s’aduançeoit par le defilé qu’apres en auoir tuë 25.
ou trente, ils forcerent le reste à prendre la fuitte :
de lautre costé le Prince de Tarante dont l’experiance
& la valeur sont dignes de toute sorte de
louanges, & qui dans le commencement du Combat
eut vn Cheual tué sous luy d’vn coup de
Canon, tourna teste contre la Caualerie qui s’estoit
approchée de la Baricade, & la poussa si vertement
qu’apres en auoir fait demeurer la meilleure partie
sur la place, il osta au reste l’enuie de l’inquieter

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dans sa retraitte.

 

Comme le Prince de Tarante fut entré dans la
Ville auec l’Arrieregarde, les Ennemis qui ne trouuoient
plus de resistance dans le Fauxbourg, parurent
dans la grande ruë les enseignes d’esployées,
ce qui réchauffa tellement l’ardeur des Bourgeois
qu’ils prierent le cheualier de Fruges qui venoit
de se rendre maistre de l’Arcenal, de se mettre à
leur Teste, afin d’aller combattre auec eux, ce qu’il
fit & auec tant de conduite qu’ils tuerent plusieurs
des Ennemis sans perdre aucun Bourgeois, durant
qu’ils escarmouchoient. Le sieur du Richau qui
commandoit l’Artillerie dans la Bastille, pointa
deux pieces de Canon contre les Trouppes Ennemies
qui estoient entrées dans la grande ruë du
Fauxbourg, & les executa si heureusement qu’ayant
fait vn grand carnage, il obligea les Ennemis
de se retirer.

Il seroit mal aisé d’exprimer la joye qu’eût tout
le peuple de voir l’armée des Princes en seureté, les
acclamations dont il accompagna Monsieur le
Prince, lors qu’il r’entra dans la Ville, les benedictions
qui luy furent données, & les graces que
l’on rendit à Dieu pour l’auoir conserué dans vne si
perilleuse journée. Mais il seroit encore plus difficile
de donner à sa valeur les justes loüanges qu’elle
merite : Il suffit de dire que dans vne occasion la
plus dangereuse & la plus belle que l’on ait veuë
depuis le commencement de la guerre, il a porté
par tout la terreur & l’effroy, que les ennemis l’ont

-- 23 --

rencontré par tout, qu’il a essuyé le feu de toutes
les attaques, qu’il a par son exemple rechauffé l’ardeur
des plus braues, qu’il a par son courage & sa
prudence r’affermy ceux que le grand nombre & la
mauuaise fortune auoient fait player, & qu’il a
montré que sa presence estoit capable de suppléer
à l’inegalité, d’vne armée plus foible d’hommes
que celle qui l’attaquoit, qu’enfin il estoit non seulement
capable de faire combattre & vaincre de
vieux soldats, mais d’en faire sur le champ, puisque
les Bourgeois de Parss qui sortirent hors de la Ville
le voyant à leur teste se creurent inuincibles, & allerent
aussi auant que les vieilles troupes.

 

Outre tous ceux que j’ay déjà nommez, le Comte
Dolac qui receut quatre coups sur ses armes, les
Marquis de Sassé, de Cleranbaut & Chauagnac, se
signalerent dans tous les postes où ils se trouuerẽt
ce dernier tua le Marquis de Nantoüillet qui de
son costé auoit fait le deuoir d’vn homme de cœur.
Le Prince de Guimene, le Duc de Sully, de Rohan,
les Marquis de Moni, les Comte de Brancas, de
Selles, le Cheualier de Bethunes, Fontenailles le
jeune, Beloy & quantité d’autres, accoururent au
premier bruit qu’ils entendirent du combat, & témoignerent
beaucoup d’impatience d’en partaget
la gloire.

Si dans cette relation quelqu’vn de ceux qui se
sont trouuez à l’occasion n’y trouue point son nom,
je souhaitte qu’il sçache que i’en auray plus de regret
que luy-mesme, lors que ie l’apprendray, ne

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desirant rien tant que de rendre à la verité les témoignages
qui luy sont deus : cependant il prendra
part aux loüanges que meritent generalement
toutes les troupes qui ont admirablement combattu.

 

Si cét heureux succez est secondé par les bonnes
intentions des Bourgeois de Paris, la justice de ce
party triomphera de l’insolence du card. Mazarin,
& les ennemis de M. le Prince rougiront de honte
d’auoir voulu par des calomniateurs à gage, décrier
sa conduite, puis qu’il expose sa personne
pour le salut de l’Estat, tandis que ces lasches enuieux
de sa gloire taschent de la ternir par des calomnies
sans fondement, puis qu’il court aux dangers,
qu’il combat & qu’il deffait les Mazarins, cependant
que ses ennemis font ce qu’ils peuuent
pour en maintenir le chef par leurs cabales, puis
qu’enfin paris est le témoin de sa conduite & de
leurs impostures, & qu’il vient de donner à nos
portes par vne action si fameuse le démenty solemnel
à tous ceux qui ne regardent qu’auec enuie
la prosperité de ses armes & auec regret la future
perte de l’Ennemy public, pour l’expulsion
duquel S. A. R. & M. le Prince ont pris les armes,
afin de pouuoir donner en suite par la Paix generale
le repos, apres lequel l’Estat souspire depuis
tant d’années.

Les Officiers de tous les corps se sont signalez
dans cette occasion, tous y ont payé de leurs personnes
& fortifié par leur vaillance le cœur de leurs

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soldats qui pouuoient estre estonnez par le grand
nombre des ennemis.

 

Dans le Regiment de Caualerie de l’Altesse, le
Baron de Beaupré commandant le Regiment y fut
blessé d’vne mousquetade à la teste.

La Marconniere Capitaine blessé à l’espaule.

De Saslade Capitaine blessé au trauers le corps.

Le Baron Mennessaire Capitaine eut vn cheual
tué sous luy, & receut deux coups dans sa cuirasse.

Le Comte de Lussan Capitaine, vn coup dans son
Bufle qui luy fit vne contusion, & vn coup fauorable
dans le chapeau.

Descoste Lieutenant du cheualier de la Motthe
eut le bras cassé.

Du Mas Cornette eut cinq cheuaux tuez sous luy.

La Croix Mareschal des Logis blesse à mort.

Chambellé Caualier de la Compagnie du Comte
Descars eut trois cheuaux tuez sous luy, & s’en retournant
à pied à la charge auec son mousqueton,
vn coup de canon luy brisa son espée, dont il fut legerement
blessé à la jambe.

Du Regiment de l’Altesse d’Infanterie.

Outre ceux dont il est parlé dans la Relation, Cesan
fust blessé de deux mousquetades tres legerement.

Basliac Enseigne fut tué.

De Riues Major de brigade de l’Infanterie de
son Altesse Royale paya fort bien de sa personne, la
Renerie & Rissan capitaines qui suiuirent M. le
Prince à cheual eurent leurs cheuaux tuez ou blessez,

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d’Alais eut aussi vn cheual tué en donnant sur
la droite auec son Altesse.

 

Du Regiment de Languedoc.

Outre le Major qui fut tué, Garriques Capitaine
fut blessé à la cuisse, lors que Monsieur le Prince
commanda que l’on enuoyât deux cent hommes
au poste de Monsieur de Nemours.

Dans Valois il y a eu huict Officiers tuez.

Il n’est pas juste d’oublier vne action heroïque
que fit dans le combat vn des Gend’armes de son
Altesse Royale, dont la compagnie estoit commandée
par le sieur Gedoüin, qui fit admirablement
son deuoir, ce Gend’arme apres auoir receu vn
coup dans la gorge se r’approchant du sieur Gedoüin,
& serrant sa playe luy dit, prenez garde Monsieur
voila des ennemis qui veulent vous enuironner,
& mourut en mesme temps.

Dans Condé de Caualerie.

Gouille mort apres s’estre fort signalé.

Le Cheualier de S. Iulien Capitaine qui commanda
le Regiment apres la mort de Gouille & la
prison de Choiseul blessé.

Chaselle Capitaine prisonnier.

Lionniere Capitaine prisonnier, il s’est sauué depuis.

La Roche Lieutenant, fort blessé.

La Lire Mareschal des Logis blessé & pris, il s’est
sauué depuis.

Bois[3 lettres ill.]din Mareschal des Logis prisonnier &
blessé.

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Dans Anguien de Caualerie.

Hauteriue Capitaine blessé.

D’Iso Capitaine blessé.

Le Cheualier de Frezé Capitaine blessé.

De Gironde Lieutenant blessé.

Vn Mareschal des Logis mort.

Dans Conty Caualerie.

Francheuille Capitaine mort.

Desmarests Capitaine blessé & prisonnier.

Dans Persan Caualerie.

D’Aseual Capitaine mort.

De Ganaudun Capitaine legerement blessé.

Vn Lieutenant & vn Mareschal des Logis morts.

Dans Condé d’Infanterie.

Le Cheualier de paillé qui le commandoit en
l’absence de du Montal prisonnier fut tué d’abord,
& Deslandes Major de Brigade se signala en commandant
le corps iusques à l’arriuée de Salerre, qui
arriua de Flandres lors que l’on alloit attaquer la
derniere Barricade, & qui fit bien son deuoir. Salerre
apportoit les nouuelles du secours qui doit estre
icy dans peu de temps.

Arsenay Capitaine, blessé.

Sermet Lieutenant, blessé à mort.

Menillet Lieutenant, blessé.

Aubrun, Coulombier, Valgrand, des Aubes, la
Prairie, Caumont, & du Mesnil, blessez.

Le Cheualier Fauuelet, & la Plante, blessez à
mort.

Quinze ou seize Sergens tuez ou blessez.

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Apres que S. A. eut fait attaquer trois fois la
Barricade, Salerre & Deslandes ayant assemblé
sept ou huict Officiers du corps qui estoient les
seuls en estat de combattre, & cent soldats, Deslandes
alla demander à son Altesse si elle desiroit
qu’ils attaquassent la Barricade & qu’ils esperoient
de l’emporter, mais M. le Prince ne le voulut pas.

Du Regiment de Bourgongne
Infanterie.

Du Terrier Capitaine, blessé à mort.

Baudoin Capitaine, blessé à la teste.

Lang la Capitaine, blessé au bras.

Blandin Capitaine, blessé à la cuisse d’vn coup de
canon.

Coulombier Lieutenant, blessé à mort.

Beaumond le ieune Lieutenant, blessé à mort.

La Palue L. blessé.

La Poterie L. blessé.

Du Buisson L. blessé.

Sainte Foy L. blessé.

Chastillon L. blessé.

Beaumont & Desescares, morts.

Soûpirant, prisonnier, & 13. Sergens tuez.

Dans Langeron commandé par Neuville Lieutenant
colonel.

Migneray Capitaine, y eut la iambe cassée.

Angeliq Ayde Major, blessé au visage.

S. Leger, prisonnier.

Guypi blessé à mort. Belleau Major du Regiment
fit fort bien son deuoir.

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Des Trouppes Estrangeres.

Dans le Regiment de Clinchamp il y eut vn
Lieutenant & six soldats blessez.

Dans Vvitemberg deux Capitaines, deux Cornettes,
deux Caporaux, & sept soldats.

Dans Brouc vn capitaine reformé, & vn soldat.

Dans le Regiment de Bossu, le Comte de Bossu
mort, le Lieutenant colonel blessé & prisonnier.
2. Capitaines, 3. Lieutenans, 2. Cornettes, 3. Caporaux,
2. Fouriers & 19. Soldats.

Dans Kinsqui le Colonel, le Lieutenant Colonel,
& vn Capitaine, blessez & prisonniers, vn Cornette
blessé, & 5. soldats.

Dans Vvestrun le Major blessé, trois Cornettes
2. Caporaux & 19. Soldats.

Dans Chermen le Lieutenant colonel blessé, vn
Capitaine, vn Lieutenant, vn Cornette, 2. Caporaux.

Dans Holac 2. Lieutenans & vn Cornette
blessez.

Infanterie.

Dans Barlo 2. Sergens & cinq soldats blessez.

Dans Touuenin deux Lieutenans, vn Enseigne,
trois Sergens, vn Ajutant, & neuf Soldats.

Dans Pellenis vn Capitaine, vn Ajutant, trois
Sergens & cinq Soldats.

Dans Pluyren vn Lieutenant, trois Sergens,
quinze soldats.

Dans Vvanghen deux Sergens & quatre soldats
tuez.

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Dans Giey vn Capitaine, vn Enseigne, vn Lieutenant,
trois Sergens & neuf soldats.

Dans la Motte vn Lieutenant, vn Enseigne, deux
Sergens, trois soldats.

De tous les corps tant de Caualerie qu’Infanterie
Françoise & Estrangere on a perdu deux à trois
cens soldats ou Caualiers.

Dans l’Artillerie.

Sedilot commandant blessé au bras droit legerement.

Neau Commissaire Prouincial blessé à la main
gauche & au col.

Beaumont Commissaire ordinaire de l’Artillerie
y a esté tué de deux coups de mousquet, l’vn à la
teste & l’autre au corps.

Deux Canonniers de blessez & 2. charpentiers.

Les Ennemis

Confessent qu’ils ont perdu dix-huit cent hommes
sur la place, & trois cens Officiers tuez ou
blessez.

Ils ont perdu vingt Drappeaux, qui ont esté apportez
à S. A. R. dont il y en a huict des Gardes.

Tout le Regiment des Gardes a esté taillé en pieces,
trois Enseignes tuez, Boyer Capitaine, prisonnier.

Villars Testu commandant la Marine blessé.
Tous les Officiers tuez ou blessez, & tout le Regiment
entierement deffait.

Le Lieutenant Colonel du Regiment de Turenne
tué, tout le Regiment taillé en pieces, tous les

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Officiers tuez, blessez ou pris. Esclainuilliers &
quantité d autres Officiers prisonniers.

 

Le Marquis de S. Maigrin Lieutenant des cheuaux-legers
de la Garde, tué.

Le Marquis de Nantoüillet, tué.

Le Comte d’Estrée, blessé.

Le Vicomte de Mepas, blessé.

Du Foüilloux la cuisse cassée.

La pluspart des Volontaires blessez. Le Manzin
nepveu du card. Mazarini est de ce nombre, comme
cette nouuelle luy fut apportee, il fit cent extrauagances,
& pleurant deuant le Roy luy dit que sa
Majesté luy estoit fort obligée puisqu’il venoit de
perdre son sang pour son seruice on en rendroit
vn notable à l’Estat si pour espargner celuy de tant
de braues François l’Arrest qui mot sa teste à prix
estoit heureusement executé.

FIN.

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Anonyme [1652 [?]], RELATION VERITABLE De ce qui se passa le Mardy deuxiéme de Iuillet, au Combat donné au Fauxbourg saint Anthoine, entre les Trouppes du C. M. commandées par les Mareschaux de Turennes & de la Ferté, & celles de Monsieur le Duc d’Orleans & de Monsieur le Prince. , françaisRéférence RIM : M0_3232. Cote locale : B_7_33.