Anonyme [1649], RELATION VERITABLE DE CE QVI S’EST FAIT ET passé dans la ville d’Aix en Prouence, depuis l’enleuement du Roy Louys XIV. fait à Paris, le sixiesme Ianuier 1649. Et en l’affaire du Parlement, où le Comte d’Alais, Madame sa femme, & Mademoiselle sa fille, le Duc de Richelieu, Monsieur de Sceue, Intendant, & plus de cent cinquante Gentils-hommes ont esté arrestez prisonniers. Apportée par le Sr T. enuoyé par Messieurs du Parlement de Prouence. , françaisRéférence RIM : M0_3202. Cote locale : C_9_26.
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RELATION
VERITABLE DE CE QVI S’EST FAIT ET
passé dans la ville d’Aix en Prouence, depuis
l’enleuement du Roy Louys XIV.
fait à Paris, le sixiesme Ianuier 1649.

Et en l’affaire du Parlement, où le Comte d’Alais, Madame
sa femme, & Mademoiselle sa fille, le Duc
de Richelieu, Monsieur de Sceue, Intendant, &
plus de cent cinquante Gentils-hommes ont esté arrestez
prisonniers.

Apportée par le Sr T. enuoyé par Messieurs
du Parlement de Prouence.

A PARIS,
Chez IEAN HENAVLT, au Palais, dans la Salle Dauphine,
à l’Ange Gardien.

M. DC. XLIX.

Auec Permission.

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RELATION DE CE QVI S’EST FAIT
& passé dans la Prouince de Prouence,
depuis l’enleuement du Roy.

LE Comte d’Alais Gouuerneur de Prouence, ayant
suiui les sentimens des mauuais Ministres, n’oublioit
rien de tout ce qui pouuoit seruir à la ruine du peuple,
& à l’oppression des gens de bien : Or comme il est
mal-aisé qu’vn Gouuerneur nouueau-venu dans vne
Prouince, puisse sçauoir les affaires, il faut necessairement
qu’il se serue des mauuais Patriotes, pour auoir
moyen de desoler les Innocens. Vn nommé Goffredy Aduocat au Parlement
de Prouence, homme ambitieux, & ennemy iuré de sa patrie,
s’estant introduit auprés du Gouuerneur, & ayant beaucoup de
pouuoir sur son esprit, luy donna plusieurs adresses pour des nouueautés
tres preiudiciables a toute la Prouince : Mais parce qu’il ne profitoit pas
assés dans des desseins si vastes, & que son ambition luy faisoit desirer
passionnément de l’honneur en sa personne, Il s’auisa de persuader au
Comte d’Alais de proposer à la Cour l’establissement d’vn Parlement
semestre, dans lequel il pretendoit vne office de President, preferant ce
vain tiltre au repos de son pais, & à l’iniustice qu’il faisoit à tant de gens
d’honneur, & de qualité du vieux corps ausquels par vn pur motif de
malice il faisoit perdre tout d’vn coup la moitié de leurs charges.

Ces pauures Messieurs surpris de cette resolution, n’ayans apris que
l’obeïssance, dans l’opinion que c’estoit la volonté du Roy, quitterent
leurs places, & laisserent establir cette pernicieuse nouueauté, sur l’esperance
qu’ayans porté leurs iustes plaintes au Roy, ils seroient entendus &
auroient pour le moins la mesme grace que le Partisan, au cas qu’il fallut
donner de l’argent. Ils ne perdent point de temps, deputent à la Cour ;
mais au lieu d’estre oüis, le Comte d’Alais à la suscittation de Goffredy,
les rend si odieux qu’on les chasse de la Cour, on fait des arrests contre
eux par lesquels on les exile ; On saisit leurs biens ; Enfin c’est vne persecution
sans exemple (& pourquoy ?) pour auoir obey, ou pour fauoriser
la passion du Comte d’Alais & de Goffredy, leurs ennemis.

Le Comte ayant abattu par ce moyen la puissance du Parlement qui
fait la meilleure partie de la Prouince, veut tenir toutes les villes de ladite
Prouince à luy, & parce que les peuples en ce païs là, deferent merueilleusement
à leurs Magistrats qu’ils appellent Consuls, lesquels ils

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créent toutes les années à certains temps par le suffrage d’vn Conseil
qu’ils establissent dans les villes, le Comte d’Alais depuis quelques
années voulant auoir ces Consuls à sa deuotion, auoit voulu changer
cét ordre, & obtenoit des lettres patentes de la Cour, lesquelles il remplissoit
du nom de ceux qui estoient de sa faction, & ainsi il ostoit le peu
de liberté qui restoit aux peuples de créer ceux qui les doiuent conduire,
& pour lesquels ils ont de la veneration, par ceste seule raison qu’ils sont
fais de leurs mains.

 

Mais comme le mal ordinairement reialit sur son Auteur, il s’est rencontré
que les Consuls d’Aix, que le Comte auoit fais par cette infame
inuention, ayant l’auersion de tout le monde au lieu de l’assister dans le
besoin, & lors qu’il vouloit opprimer les gens de bien de la ville auec
Messieurs du vieux corps du Parlement, le peuple s’est armé contre eux
& il a fallu se seruir de l’artifice que vous entendrés, dans la suite de ce
discours pour leur sauuer la vie.

Aprés l’enleuement du Roy, le Comte d’Alais fut auerty par
diuers Courriers de la part du Cardinal Mazarin, & de Monsieur le
Prince qu’il estoit temps d’executer ce qu’il auoit promis, depuis quelque
temps, à sçauoir de se faire Maistre absolu de la Prouince, & particulierement
de la ville d’Aix, & pour cet effet qu’il falloit exterminer tout
ce vieux corps auec les personnes de Condition qui les appuyoient ; sans
considerer que ce dessein embrassoit toute la Prouince, laquelle s’interessoit
dans le bien & le mal de ces Messieurs.

Sur ces auis, le Comte ne s’endort pas : ayant recognu que beaucoup
d’amis de ces Messieurs estoient dans Aix, pour les secourir si on les vouloit
mal-traiter, il fit faire vne criée par laquelle il ordonna à toutes
fortes de personnes qui seroient dans Aix sans affaires, de sortir la ville à
peine d’estre mis en prison, & par ce moyen le dixiesme de Ianuier il oste
à ces gens là tous les moyens d’estre assistés : à mesme temps il appelle
toutes les troupes qui estoient dans la Prouince, tant de Cauallerie qu’Infanterie,
les fait entrer dãs la ville, conuoque tous ses amis, & les Gouuerneurs
des places : prie le Duc de Richelieu General des Galleres de
venir à luy auec les officiers des galleres : Comme il se voit en cest estat ;
il ne fait plus difficulté de se declarer le 14. du mois, il fait prisonnier,
sans aucun suiet, vn Gentil-homme nommé la Tour, amy de Monsieur
de Beau-Reueil, Aduocat General du Parlement ; l’ont se plaind de cette
violence à Monsieur l’Archeuesque d’Arles, lequel estoit dans cette ville
depuis lõg-temps, pour empescher les desordres qu’il voyoit pouuoir
arriuer, par la violence de ce Gouuerneur, l’esprit duquel estoit aigry &
entretenu dans sa mauuaise humeur par le conseil iniuste de Goffredy, &
par l’auersion que Madame la Gouuernante a tousiours euë pour tous les
pauures innocens, & le prie de la part de ces Messieurs, de ne les traiter
pas si mal.

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Mais comme il n’y a rien qui nous oblige tant à nostre conseruation,
que lors que nous sommes à la mercy d’vn ennemy cruel & sanguinaire,
ces Messieurs voyans cette iniuste persecution, firent resolution de se
mettre tous ensemble, en cas qu’on en relançast quelqu’vn d’eux en détail ;
ils ne tarderent pas long-temps de voir l’effet de leur apprehension.

Le Lundy 18. Ianuier, le Comte d’Alais allant à la Messe accompagné
d’vne grande quantité des gardes, & suiuy de tous les Officiers de
ses Regiments, & grand nombre d’autres personnes, comme des Officiers
du Semestre & autres, vn de ses Gardes s’auisa de quereler vn Laquais,
qu’il disoit n’auoir pas osté son chapeau deuant Monsieur le Comte ;
le Laquais qui ne sçait ce qu’on luy veut dire, & qui se voit mal-traité,
s’enfuit. Le Garde ne pouuant l’attaindre, tire sa carabine sur luy,
luy casse vn bras, le met par terre ; les autres Gardes courent aprés, le
prennent, & le meinent dans la prison tout blessé. On dit, c’est le Laquais
de Monsieur Senier Conseiller au Parlement, il faut aller prendre
son Maistre. Ce bruit venu aux oreilles de tous ces Messieurs qui estoiẽt
menacez, les oblige de se mettre ensemble, & se sauuent tous chez Monsieur
le President d’Oppede, où estoit leur rendez-vous en cas de besoin ;
tous leurs amis s’assemblent auec eux, iusques au nombre de cinq à six
cens, se barricadent, & sont sur la deffensiue. Vne fille aagée de quinze à
seize ans, fust toute la iournée & toute la nuict, auec vne espée à chaque
main, à la porte dudit sieur d’Oppede, sans qu’on peut la faire retirer,
quoy qu’on luy peut dire, disant qu’elle vouloit mourir pour sa patrie
qu’elle voyoit opprimée. Le Comte d’Alais fait mettre ses gens en bataille,
au nombre d’enuiron deux mille, tant Caualerie qu’Infanterie, dans
la place des Precheurs, auec dessein de les venir tailler en pieces.

A mesme temps Monsieur le Comte de Carces, Monsieur l’Archeuesque
d’Arles, & Monsieur le President Seguiran, s’entremettant d’accommodement,
& aprés auoir parlé à Monsieur le Comte d’Alais, &
luy auoir remonstré que ces Messieurs auoient raison de se tenir sur leurs
gardes, aprés les violences de ses gardes, ils allerent chez Mõsieur d’Oppede,
où estoient Monsieur le Baron de Bras, Monsieur le Baron de Sainct
Marc, Monsieur du Canet, & vne infinité de gens de condition de la ville
& de la campagne, auec ces Messieurs du Parlement, & commencerent à
traiter d’accord. Ces Messieurs voyans Monsieur le Comte de Carces
parmy eux, le prierent de demeurer, disans qu’ils desiroient qu’il fust spectateur
de leurs deportemens, & que Messieurs l’Archeuesque d’Arles
& de Seguiran feroient les allées & venuës pour conclurre leur accord ;
lequel porta, que Monsieur le Comte d’Alais promettoit de ne parler
aucunement, ny escrire à la Cour de ce qu’on auoit pris les armes, lesquelles
ces Messieurs mettroient bas, & que dans trois iours il congedieroit
de son costé, toutes les trouppes qui estoient pour lors dans la ville,
& traitteroit l’accommodement du Semestre. Cela accordé, on fit suspension

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d’armes iusqu’au matin du Mardy, auquel temps on escriroit ce
qui auoit esté accordé, & Monsieur le Comte de Carces se chargeroit de
faire valoir la parole de Monsieur le Comte d’Alais.

 

Il est à noter, que ce qui fit consentir le Comte d’Alais à cét accommodement,
ce fut l’impuissance de ses Consuls, lesquels aprés auoir couru
toute la ville pour rassembler du monde pour luy mener, ils ne peurent
iamais auoir vn homme, ce qui l’obligea à leur faire reproche, & leur
dire, que ce n’estoit pas ce qu’ils luy auoient promis.

Le Mardy au matin les forces de ces Messieurs estoient si grandes
qu’ils auoient pour le moins vingt mille hommes : Mais bien que la pluspart
ne se voulussent pas desarmer, estans en estat de battre les trouppes
du Comte d’Alais ; le Baron de Bras & le President d’Oppede voulurent
tenir leur parole, & à mesme temps qu’on eust escrit, ils congedierent
tout le monde.

Le mauuais dessein, ny la rancune ne sortirent pas du cœur du Comte
d’Alais, au contraire, voyant ces peuples desarmez, il creut les auoir attrapez
& faisant dessein d’executer le lendemain iour de S. Sebastien, la
plus lasche trahison dont il fut iamais parlé, comme il auoit les clefs de
l’Hostel de Ville, par le moyen des Consuls qui estoient de sa dependance,
il y fit couler toute la nuict enuiron quatre-vingt Caualiers du Regiment
Colonel, & tint ces gens en estat pour se mettre en bataille le matin
à mesme temps que la Procession generale qui se fait toutes les années
pour la peste, à laquelle tout le monde assiste, seroit hors la ville, &
qu’on auroit fermé les portes ; mais Dieu qui veille pour les gens de bien,
aprés auoir souffert tant de malices, tant de persecutions, sans les punir,
ne voulut pas que cette trahison causast la perte d’vn peuple, qui n’auoit
en ce temps-là autre pensée que de le louër.

Pour cét effet, vn Paysan passant dans la ruë, vid deux hommes qui
parloient ensemble, lesquels n’estans pas de la ville, luy donnerent curiosité
d’escouter ce qu’ils disoient, & ayant entendu qu’vn d’eux auoit
dit : Voicy la derniere ruë, nous n’auons plus rien à visiter, il eust à mesme
temps vne inspiration qui luy dit : que c’estoit vne trahison. Il court
de ce pas à Sainct Sauueur, qui est l’Eglise Cathedrale, d’où cette Procession
estoit desia partie, donner auis de ce qu’il auoit entendu. On
prend l’allarme là dessus ; on court arrester la Croix qui alloit sortir de la
ville ; & à mesme temps ils se veulent saisir des trois derniers Consuls qui
assistoient à la Procession ; le premier estant auprés du Comte d’Alais :
mais ils se ietterent dans la Sacristie, où ils se cacherent. A mesme
temps, on sonne le tocsain, tout le peuple, hommes & femmes, pauures
& riches courent aux armes, chacun fait l’Ingenieur, & se barricadent
fort à propos. Le Comte entendant cela, fait mettre son monde en bataille
la place des Prescheurs. Le General des Galleres commande
sa Caualerie, les autres Officiers l’Infanterie. La Male du Bar Officier dãs

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son Regiment, voulant aller chercher du monde à vn quartier prés de
là, appellé les Fontetes, est rencontré & recogneu, on luy donne vn
coup de fuzil dans les reins, & se retire.

 

Deux heures aprés, toutes les auenuës du Palais & de la place des
Prescheurs furent fermées par des barricades ; l’on force l’Hostel de ville,
& donne la vie à ces Caualiers qui estoient dedans ; plus de huict cens
femmes l’espée à la main, les autres auec le verre & la bouteille, du pain
& de la viande & de quoy manger pour encourager le peuple.

Les gens du Comte s’estans barricadez du costé de la Magdelene, qui
est vne Eglise proche du Palais, tirent quelques mousquetades contre
vne autre barricade de ceux de la ville, qui estoit assez proche de la :
Mais on monte sur les toicts, & les ayans descouuert, & ietté les tuilles
dessus les soldats, il y en eut enuiron deux ou trois cens de tuez, & le reste
abandonna la place.

Tout le monde se porta en gens de bien, & ne voulut-on iamais mettre
la main au sang ny au pillage : au contraire, le President d’Oppede, &
le Baron de Bras ayans eu nouuelles qu’on pilloit la maison de Goffredy
auteur de tous les maux qu’ils ont soufferts, y accoururent, & empescherent
le desordre.

Goffredy sortit auec son fils, & s’enfuyrent le Mercredy parmy les
gens de guerre. Tous les autres Officiers du Semestre, se sont cachez
dans des tombeaux, dans des tonneaux, & autres lieux ; & bien qu’on
ait découuert leurs caches, on ne les a pas voulu poursuiure : au contraire,
on a mis vn corps de garde à leurs logis pour les conseruer ; Messieurs
du Parlement estans allez deputés en Robbe rouge, poser lesdits corps
de garde, pour arrester la fureur du peuple, qui les vouloit mettre en
pieces.

Monsieur l’Archeuesque d’Arles, poussé du zele de Dieu, du seruice
du Roy, & du salut de la patrie, se mesla parmy les armes, & recommença
à parler de paix à toutes les parties. Monsieur le President de
Seguiran s’y employa vtilement. Monsieur de Barbentane, & Monsieur
le Cheualier de Vins ne s’y espargnerent pas ; & ayans fait connoistre à
Monsieur le Comte d’Alais, la perte asseurée de ses trouppes, & celle
de sa personne, de Madame sa femme, & de sa fille ; luy firent trouuer
bon de conseruer tout cela, qu’on laisseroit sortir ses trouppes sans les
offencer, & que pour l’asseurance de sa personne, Monsieur le President
d’Oppede, & Monsieur de Venel, Conseiller au Parlement, se tiendroient
auprés de luy.

Ainsi ses trouppes sortirent sur les cinq heures, auec escorte, & prirent
la route que le Comte leur donna pour sortir de la Prouince. Tout le
reste, sçauoir l’Intendant nommé Monsieur de Sceue, Monsieur le Duc
de Richelieu, General des Galeres, auec tous les Capitaines & Officiers
qu’il auoit menez ; les Gouuerneurs des Places : comme le Sieur de Ramefort

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Gouuerneur de Sisteron, tous les Gentils-hommes & autres fauorisans
ce party, ont estés arrestez, au nombre de plus de cent cinquante.

 

Le mesme soir de S. Sebastien à huit heures Messieurs du Parlement
entrerent au Palais, où Monsieur le President de la Roque harangua dignement,
& Monsieur de beau Recueil Aduocat du Roy, qui venoit de
perdre Monsieur son Pere, ne laissa pas de donner des marques de l’exellence
de son esprit, par vn discours qu’il fit tres-beau, sur l’occasion presente.
Le Parlement fit arrest portant cassation du Semestre, fit encore
Arrest pour demander l’vnion auec le Parlement de Paris. Autre arrest
pour casser tous les Consuls qui auoient esté faits par lettres de cacher, &
que le Chaperon seroit rendu à Monsieur le Baron de Bras, & à Monsieur
de Seguiran Assesseur : autre Arrest qu’on ne recognoistroit les ordres
d’autre que de Monsieur le Comte de Carces Lieutenant pour le Roy
dans la Prouince.

Le lendemain Ieudy 21. Monsieur le Comte d’Alais ayant demandé
passe-port pour Monsieur le Marquis de Trans, & Monsieur Despinouse
Premier Consul, Monsieur le President d’Oppede le luy donna ; mais du
depuis on n’en a voulu donner à personne, Monsieur de la Verdiere,
Monsieur de la Barben, du Vernegue, de S. Audiol, & tous les Gentils-hommes
de la Prouince, Monsieur le Comte de Boulbon, le Sieur Tiran
de Marseille y a seruy fort vtilement, & autres ont trauaillé depuis à
la conseruation de cette ville, & de toute la Prouince : toutes les villes se
sont vnies, & ont enuoyé faire compliment à Monsieur le Comte de
Carces, & offrir leurs seruices au Parlement. Marseille, & Arles, Tarascon,
Sisteron, ont esté des premieres.

Les Galleres auoient besoin d’estre secourües de viures, par vne voye
extraordinaire, n’y ayant pas vn sol pour leurs subsistances, iusques là
qu’on estoit sur le point de defferrer la Chiourme pour aller chercher à
manger, maintenant la Prouince y donne ordre.

Les Consuls qui le iour de la Procession se cacherent dans la sacristie
de S. Sauueur, aprés y auoir demeuré quatre iours dans des allarmes
continuelles, ont esté conduits de nuit dans la Conciergerie.

Messieurs du Parlement se disposent à faire le procés à ceux qui ont
mal-versé dans les affaires de la Prouince, & sur tout dans les Finances.

FIN.

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