Anonyme [1652], REQVESTE DE LA IVSTICE, AV PARLEMENT. CONTRE VN DE SES Principaux Ministres, ses Adherans, & Complices, Papetiers & Torche-cul du Mazarin. Auec les noms des principaux Mazarins qui y ont assisté. , françaisRéférence RIM : M0_3471. Cote locale : B_8_16.
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REQVESTE
DE LA
IVSTICE,
AV PARLEMENT.

CONTRE VN DE SES
Principaux Ministres, ses Adherans,
& Complices, Papetiers &
Torche-cul du Mazarin.

Auec les noms des principaux Mazarins qui y ont
assisté.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Veufue I. GVILLEMOT, Imprimeuse ordinaire
de son Altesse Royale, ruë des Marmouzets, proche l’Eglise
de la Magdelaine.

M. DC. LII.

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A NOSSEIGNEVRS
de Parlement,

 


Vovs remonstre tres-humblement,
Le Tribunal de la Iustice,
Au Chef lieu de son exercice,
Disant que sa condition,
Est de donner protection,
A toute personne opprimée,
Dont elle est en vous reclamée :
Mais ses interests auiourd’huy,
La touchent plus que ceux d’autruy,
Et dans vne douleur cuisante,
La font deuenir suppliante,
Non pas contre les deserteurs,
De ses vrais administrateurs ;
Car leur faute est assez punie,
D’auoir quitté leur compagnie,
Leurs familles & leurs maison
Et de passer pour des oysons,
Preferant le chaume à l’ardoise
Et mettant Paris dans Ponthoise,
Rien dans ce monde n’est parfait,
Il n’est point de corps si bien fait ;
N’y de taille si glorieuse,
Qui n’aye sa partie honteuse :
Mais, le suppliant qui pensoit,
Que ce chetif lieu ramassoit,
Tout ce que d’impur & d’immonde,
Deuoit sortir du sein de l’onde,
Se plaint bien d’vn autre attentat ;
Non pas d’vn Conseiller d’Estat,

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Ny de ces gens plains de cautelle,
Que Iuges bottez on appelle :
Mais d’vn Iuge plus regulier,
Qui encore est beneficier,
D’vn vieil Conseiller de grand Chambre
De ce corps vn ancien membre,
Dont chaque lettre de son nom,
Commence ceux de son renom,
Par vn mistere hieroglifique ;
Il est mesme Ecclesiastique.
Mais il est auaricieux,
Extrauagant seditieux,
Qui ne suit rien que son caprice,
Puissant en biens & en malice,
Qui parle & dit plus qu’il ne sçait,
Graue & glorieux comme vn pet ;
Mais enfin comme vn homme riche,
Ne croit iamais l’estre, estant chiche,
Est tousiours en crainte & en soin,
Quoy qu’il n’en ait point de besoin ;
La Cour vn iour par sa prudence,
Resoluant quelque remonstance,
Par vne deputation,
Qu’on creut lors estre de saison,
Ce rare Conseiller d’Eglise,
Ne veut point que l’on temporise,
Il ne respire que le sang,
Il sort du deuoir de son rang,
Et l’intetest seul qui le touehe,
Luy tirant ces mots de la bouche ;
DEQVOY VIVRAY IE CEPENDANT ?
Vn de Messieurs sage & prudent,
Le voyant ainsi hors d’haleine,
Luy dist, n’en soyez point en peine,
Vous viurez des cent mil escus,
Qui vous sont restez du blocus.
Cette repartie fut prompte,
Bien plus que la fin de la honte,

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Et de l’affront qu’il en a eu,
Car du depuis on ne l’a veu,
Pourquoy qu’il y ait eu d’affaires,
Publiques ou particulieres,
Du Palais il s’est abstenu,
Il n’y est plus du tout venu ;
Mais pendant qu’il rongeoit son morre,
Il a fait autre chose esclore,
Il a corrompu les esprits,
Du menu peuple de Paris,
Et le vingt quatre de Septembre
Creut auoir la vertu de l’ambre,
La paille il void à tous porter,
Il veut l’attirer & l’oster.
Pour y paruenir. il s’acoste,
De quelques Maquignons de poste.
De simples gens de bois & d’eau,
De ces crieurs de vieux chapeau,
De simples Marchands d’esguillettes,
De rogatons & de Gazettes,
De ces pauures gaigne petit,
De gens sans adueu, sans credit,
Gens qui ne cherchent que le trouble,
Qui bien souuent n’ont pas le double,
Gens de corde, gens inconnus,
Gens sans mine & presque tous nuds,
Qui n’ont pas vn poulce de terre,
Et trouuent la Paix dans la Guerre,
Luy qui n’a iamais fait d’Amy,
Mazarin en Diable & demy,
Vn Parfumeur nommé le Maire,
Vn violon d’Apoticaire,
Caboud, baladin sans pareil,
Aduocat priué de conseil,
Deux Artisans du Pont de Geures,
Morien, & l’Escot Orfevres,
Ce chicannier de Menestrel,
Michel, Tassin & paparel,
Beaur ains Docteur en Medecine
Qui n’a n’y sçience n’y mine,

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Du Drot, le Vasseur, Poquelain,
Vn Clincaillier nommé Villain,
Et quelques Marchands de feraille,
Sont les chefs de cette canaille,
Qui vont auec ce desloyal,
Iusques dans le Palais Royal.
Sur les passans dans chasque ruë,
Chacun d’eux en foulle se rue,
Ils commencent par vn Drapier,
Luy firent prendre du papier,
Et par vne alarme craintiue,
Mettent au quartier le qui viue,
Veullent à tous faire la loy,
Et s’en aller querir le Roy, <l>Rendre la iustice & les Princes,
Vagabonds & gens de Prouinces,
Laisser la Ville & l’abandon,
Reduitte a demander pardon,
Faire aux battus payer l’amende,
Et que celuy qui doit demande.
L’esperance aussi du butin,
Dont on amorce le mutin,
Est ce qui met ce vent en poupe,
Est ce qui fait grossir la troupe,
Au gré de la pretention,
De l’autheur de la faction,
Et dans cette Maison Royale,
Qui sert d’azile à sa cabale,
Il les a tous voulu prescher,
Et pour ce luy fallut chercher,
Vne chaise à ce conuenable,
Imitant en cela le Diable,
Qui pour mieux tromper les humains,
Se sert, des Suiets les plus saints,
Au milieu donc de sa cohorte,
Vne chaise en fin l’on apporte,
Qu’on auoit prise aux Quinze vingts,
Car il falloit que tout conuint,
A l’aueuglement de cét homme,
Qui ne vaut pas que l’on le nomme,

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Suiuant l’escriture en ce point,
Qui comme on sçait, ne nomme point,
Ce mauuais riche qu’elle improuue,
Et que sous nul nom on y trouue.
Cét homme ainsi tout transporté,
D’vne chaise de verité
(Bien loing toutesfois qu’il y songe,)
Il en fait vne de mensonge,
Homme qui n’est point Orateur,
Encores moins predicateur ?
Homme de la plus riche taille,
Et qui craint que terre luy faille ?
Homme qu’on ne peut trop haïr,
Apres auoir voulu trahir,
Ses Concitoyens, sa patrie,
Son deuoir & sa compagnie ?
Esprit lasche & dans le traffic,
D’vn infame larcin public ?
Corps caduc & sexagenaire,
Qui loge vne ame mercenaire,
Quoy que son bien comme i’entends,
Luy produise bien tous les ans,
Trente, ou quarente mil liures,
Qui l’occupent plus que ses liures.
Et quelques promesses de Cour,
Luy feront faire vn lasche tour ?
Le corrompront luy feront faire,
Vne émotion populaire ?
Il adhere aux conseils meschans,
De mettre cette Ville aux champs,
Mais elle perdra sa colere,
Quand vn chastiment exemplaire,
Aura sçeu, venger l’action,
D’vne telle sedition.
Enquoy, la iustice oppressée,
Est bien la plus interressèe,
Car ce qu’il y a de plus saint,
L’on le viole, & l’on l’enfreint.
Cette fille du Ciel on tuë,
Si la Guerre l’on perpetuë.

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La Paix la sembloit embrasser,
Mais elle s’y void trauerser,
Par les entreprises sinistres,
De l’vn de ses premiers Ministres.
Qui rend le trouble indefiny,
Le voyant pres d’estre finy.
C’est vn sacrilege perfide,
Qui tient encor du parricide.
C’est dequoy luy, deuroit rougir ?
C’est ce qui l’a fait elle agir ?
Aussi n’est-ce que sa querelle,
Car il y va de tout pour elle,
Dont vous estes les Protecteurs,
CE CONSIDERÉ, Nosseigneurs,
Comme cette action si noire,
Laquelle est publique & notoire,
N’a besoin d’information,
Mais bien d’animaduersion,
IL VOVS PLAISE dans cét affaire,
Dire & iuger que ce faux frere,
Vous en viendra rendre raison,
Iusqu’a quoy il tiendra prison,
Pour respondre du demerite,
De cette assemblée illicite.
Que pour les autres factieux,
Il sera procedé contre eux,
Par toutes voyes raisonnables,
Et que ce reste de coupables,
Estant personnes de neant,
Soient traittez Preuostablement,
Maintenir tousiours la iustice,
Empescher qu’on ne l’establisse,
Hors de son Palais ancien,
L’y garder, & vous ferez bien.

 

La Preuue
s’en voit à la
fin.

PREVOST.

Prens, Rauis, Emporte, Volle, Oste, Serre, Tout.

FIN.

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