Anonyme [1652], REQVESTE DES PAVVRES MANDIANS ET MANOVVRIERS de la ville & faux-bourgs de Paris, presentée à Son Altesse Royale, & donnée à Monsieur de Broussel, puis communiquée à Monsieur le Lieutenant Particulier. Pour la police du pain, contre les Boulangers, où est representé leurs tromperies & malversations. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_5_13.
SubSect précédent(e)

REQVESTE
des pauvres Mandians & Manouvriers
de la ville & fauxbourgs
de Paris, presentée à
Son Altesse Royale, & donnée
à Monsieur de Broussel, puis
communiquée à Monsieur le
Lieutenant Particulier.

A Monsieur le Lieutenant Particulier.

SVPPLIENT humblement tous
les Mandians & pauvres Maneuvriers
de la ville & faux-bourgs de
Paris, Disans, qu’ils ont presenté leur Requeste
à Son Altesse Royale, qui à l’instant
l’a fait donner à Monsieur de Broussel.

-- 4 --

lequel pour ses grandes occupations, n’a pu
jusques à present y travailler : Ce qui les fait
tres-humblement vous supplier de la faire
executer, & cependant permettre que ladite
Requeste soit imprimée, pour donner vn peu
de crainte & de terreur aux Boulangers, à ce
que les pauvres puissent auoir du pain pour
six deniers. Voicy la teneur de ladite Requeste.

 

Que dés l’instant que le Pape est éleu à
Rome, il se fait vne grande acclamation
d’vn nombre infiny de peuples, qui luy demandent,
que le pain soit à prix raisonnable,
& qu’ils en puissent auoir chez les Boulangers
pour six deniers. C’est le premier & principal
soin que prend Sa Sainteté aprés son
élection : Et pour faciliter ce moyen, ordonne,
qu’il ne se fera que de deux sortes de
pain, & qu’il se vendra au poids ; Que les Boulangers
en feront à tous prix iusques à six
deniers à ce que les pauvres en puissent auoir.

A son exemple, MONSIEVR, pour
l’amour de Dieu & la charité du prochain,
vous devez prendre le mesme soin de tous
les pauvres Mandians & menus peuples de
cette ville, qui sont en plus grand nombre

-- 5 --

que iamais : Et tous vous remonstrent, que
dans le temps, & presque souuent depuis
par intervale qu’il ne vient point de pain
de dehors, les Boulangers de ladite ville &
des faux-bourgs ont tenu & tiennent le pain
à si haut prix, qu’il est impossible aux pauvres
d’en pouvoir acheter : Et pour plus grande rigueur,
& le vendre encore davantage, ils en
estalent peu ou point en leurs boutiques, &
n’en font paroistre que de grands, qu’ils font
valoir trois ou quatre francs : Disans pour leurs
excuses, qu’ils n’ont point de farine, parce
que malicieusement ils la transportent chez
leurs voisins, ou autres de leurs amis, comme
la pluspart l’ont pratiqué pendant le blocus
de Paris : Cela cause tous les jours de grandes
rumeurs parmy le menu peuple, dautant
qu’ils ont acheté, & achetent souvent la liure
de pain dix ou douze sols, & d’ordinaire cinq
ou six, sans garder ny observer aucunes de
vos Ordonnances. IL vous plaise, mondit
Sieur, ordonner ausdits Boulangers, qu’ils
ayent à tenir leurs boutiques ouvertes & garnies
de pain en tout temps, & à tous prix, iusques
à six deniers, afin que les pauvres en puissent
avoir,& que la fleur & la substance n’en

-- 6 --

soient point ostées ni divertie par le nombre
de tant de sortes de petits pains : Qu’ils en
fassent porter aux places & aux marchez,
comme il leur a esté ordonné par le passé, &
qu’ils ne le vendent la liure que ce que vous
ordonnerez. Et faut tenir & notter pour
constant, que deux cent liures de farine blutée,
& tirée d’vn septier, toute la fleur produiront
en paste environ trois cent liures, &
cuites à perfection comme il faut, rendront
environ 240. liures de pain, qui sera donc
beaucoup plus que de farine : par ce moyen
l’on peut juger le gain & le prix raisonnable.
De plus, qu’il leur soit defendu, à peine de
l’amende, de n’vser d’oresnavant de leveures
de bierre, tant pour le grand que pour le petit
pain, comme tres-prejudiciable à la santé, &
qui cause beaucoup de maladie ; à quoy personne
n’a encore pris garde, estant vn excrement
sale & vilain, qui se gaste & se pourrit
en vingt-quatre heures,principalement en
la saison de l’Esté. Qu’il leur soit aussi enjoint,
comme autre fois, de marquer chacun
pain de leur nom, & le prix d’iceluy, afin
de ne le point survendre aux pauvres. Et pour
le soulagement des Commissaires de chaque

-- 7 --

quartier, ordonner que les Bourgeois s’employeront
l’vn apres l’autre pour faire la visite
desdits Boulanger : Et les pauvres supplians
prieront Dieu pour vostre santé & prosperité.

 

-- 8 --

SubSect précédent(e)


Anonyme [1652], REQVESTE DES PAVVRES MANDIANS ET MANOVVRIERS de la ville & faux-bourgs de Paris, presentée à Son Altesse Royale, & donnée à Monsieur de Broussel, puis communiquée à Monsieur le Lieutenant Particulier. Pour la police du pain, contre les Boulangers, où est representé leurs tromperies & malversations. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_5_13.