Anonyme [1651], RESIOVISSANCE PVBLIQVE SVR LA GVERISON DE MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT , françaisRéférence RIM : M0_3092. Cote locale : B_9_6.
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RESIOVISSANCE
PVBLIQVE
SVR LA GVERISON DE MONSEIGNEVR
LE DVC
DE BEAVFORT

M. DC. LI.

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REIOVISSANCE
PVBLIQVE
Sur la guerison de Monseigneur
LE DVC
DE BEAVFORT.

 


GRAND PRINCE, mon ambition
Sans importuner vos oreilles,
Auroit borné ma passion
A publier par tout ma ioye & vos merueilles :
Mais le sentiment du bonheur
Qui par vostre santé rend la vie & l’honneur
Aux Fleurs-de-Lys qui vont renaistre,
Me flatte d’vn espoir si doux,
Que ie n’ay plus d’yeux pour cognoistre
Que la plus digne plume est indigne de vous.

 

 


Le peuple dans l’affliction
Craignoit de voir bien tost ses crimes
Punis par la priuation
Du fruit qui suit par tout vos vertus magnanimes ;
Les seuls ennemis de l’Estat
Aux coups dont par vos maux la fievre nous abat,
One fait voir vn cœut insensible ;
Et ne coryant plus de BEAVFORT,
Ne trouuoient plus rien d’inuincible,
Et desia s’apprestoient à faire vn autre effort.

 

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Neantmoins ie me consolois
Quand ie repensois en moy-mesme
Que Dieu protege trop nos Rois
Pour priuer d’vn apuy leur riche diademe :
Les Astres repassois-je encor,
Font broüiller iour & nuit, & la lumiere & l’or
Sur l’azur que peint leur presence ;
Et le Ciel qui nous est plus doux,
Veut porter les couleurs de France,
Afin de témoigner comme il est tout pour nous.

 

 


Non, non, les ombres du tombeau
N’ont pas vne nuit assez noire
Pour pouuoit esteindre vn flambeau,
Qui toûjours sans mourir doit briller dans la gloire :
Tous les grands hommes de nos iours
Ont trop cousté de temps & cousteront toûiours
Au Ciel, dont ils sont les ouurages,
Pour si tost les abandonner
A l’effort des sanglans outrages,
Qui par vostre trespas vouloient nous ruiner.

 

 


La France en cette extremité,
Malade en son lict de Iustice,
Releue par vostre santé
Et tire ses enfans du bord du precipice.
Tout PARIS dans vn doux transport
De voir enfin sortir du couchant de sa mort
Vn bel Astre qui le domine,
Ne craint ny Saturne ny Mars,
Et sa vertu toute diuine
Aussi bien qu’en combat le vainc par ses regards.

 

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Fœbus qui n’a que vos exploits
Pour l’obiet de sa melodie,
Imposa silence à sa voix,
Et donnoit tout son temps à vostre maladie :
Maintenant que vostre santé
Luy permet de toucher son luth qu’il quitté
Va publier par tout le monde,
Que pour auoir sauué l’appuy
Où l’Estat des François se fonde,
Il ne tient son bonheur que de vous & de luy

 

 


Il est vray que toutes les fleurs
Dependent de son influence,
Mais quoy, nos Lys ont des couleurs
Qu’entretient vn Soleil plus propice à la France :
Ces obiets brillans de ses yeux,
Dont la racine d’or prend dans l’azur des cieux,
En tirent la splendeur des Astres,
Et font naistre l’heur qui les suit
Du sang dont pendant nos desastres,
Vostre bras arrosoit le champ qui les produit.

 

 


Ie ne vous donne point le nom
Ny de Cesar ny d’Alexandre,
BEAVFORT est vn plus grand surnom,
Et s’ils viuoient encor ils l’auroient voulu prendre :
Ces deux Chefs des fameux tyrans,
Pour monter à l’honneur de fameux Conquerans
Ont acquis le tiltre d’iniustes :
Vous comme heritier de Cesar,
Vous auez des vertus augustes,
Qui pour sauuër la France ont tout mis au hazard.

 

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Sans le fer que vous auez pris
L’enfant bazané de l’Aurore
Auroit fait succomber Paris,
Pour qui comme dans Troye il deuroit estre encore :
C’est en faueur de vos vertus
Que jusques dans ses murs & Cerés & Bacchus
Nous daignoient apporter la vie ;
Et qu’vne femme & cet enfant
Au trauers l’armée ennemie
Comme vous auez fait passoient en triomphant.

 

 


Aprestant de faits immortels,
Les François sans idolatrie,
Peuuent esleuer des autels
A la santé qui rend vn Pere à la Patrie :
En vain nostre grand Roy LOVIS
Verroit son Diadéme enuironné de Lys
Porté sur ses LL Royalles,
Si la mort auoit abbatu
Le seul dont les armes fatalles
Pour en suiure le vol ont assez de vertu.

 

 


GRAND DVC vostre protection
Vous desgage enuers nostre France,
Qui doit sa conseruation
A celuy qui tient d’elle vne illustre naissance :
Mais c’est trop vous importuner,
Permettez toutes fois qu’auant de terminer
Cet ouurage de mon caprice,
Ie m’adresse à Paris enfin,
Et qu’en luy parlant ie finisse
Les loüanges d’vn nom qu’il doit loüer sans fin.

 

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Paris ne prends aucun ennuy,
Puis que BEAVFORT est ton azile,
Ta querelle a pour son appuy
Vn Hector qui iamais ne trouueroit d’Achille :
Ou bien pour nous expliquer mieux,
Disons que dans luy seul nous receuons des cieux
L’vn & l’autre pour ta deffence,
Et que dans sa haute vertu,
Se trouue toute la vaillance
Que la Grece iadis & la Phrigie ont eu.

 

FIN.

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