Anonyme [1652], RESPONSE DV ROY FAITE A MESSIEVRS les Deputez du Clergé, apres la Harangue faite par MR le Cardinal de Retz, par laquelle se void la saitsfaction que ces Messieurs ont receuë à la Cour sur le sujet de leur deputation, le 13. Septembre 1652. , françaisRéférence RIM : M0_3435. Cote locale : B_16_65.
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RESPONSE DV ROY, FAITE
à Messieurs les Deputez du Clergé, apres
la Harangue faite par Monseigneur le
Cardinal de Rets, par laquelle se voit la
satisfaction que ces Messieurs ont receu à
la Cour sur le sujet de leur Deputation.

MESSIEVRS,

Le Roy m’a commandé de vous
dire, qu’il a bien receu la Harangue faite
par Monsieur le Cardinal de Rets, qu’il sçait
auec quel esprit la Compagnie s’est portée
à cette resolution, & que neantmoins il luy
reste vn juste regret, que les pretextes que
ses Officiers prennent soient semblables à
ceux des ennemis de l’Estat pour leuer les
armes contre sa Majesté, laquelle eust pû se
promettre, que comme les desseins des vns
sont bien differends des autres, que par les
obligations & par les lumieres de leurs esprits,
qui penetrent assez la veritable cause
de ses mouuemens, ils pouuoient s’en separer

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aisément, & employer toute l’authorité
pour condamner la prise des armes par des
Sujets contre leur Souuerain, sous quelque
pretexte que ce soit.

 

Elle void encore auec déplaisir, qu’au
mesme moment que les rebelles s’opposent
à main armée & à viue force à son passage
pour son retour à Paris, la capitale ville de
son Royaume, elle trouue au deuant de soy
nombre de ses Officiers au nom de ce mesme
Parlement, qui jadis, durant le temps le
plus difficile des Siecles passez, a donné des
preuues de son inuiolable fidelité, pour concourir
se semble il à ce meschant effet.

La verité est que cette Compagnie si celebre
n’a point cette intention, & ne souffrira
point quel on pust dire qu’elle eust presté
des Offices secourables aux ennemis de
l’Estat, & aux Estrangers qui viennent pour
desoler la France.

Et neantmoins la posterité sçaura, que
les Estrangers, ennemis jurez de la Couronne
sont entrez dans le Royaume, ont trauersé
les Prouinces mis les Sujets du Roy en
proye, ruiné tous les peuples, exercé toutes
fortes de sacrileges & d’actes d’hostilité, que

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le canon de son Arsenal a roulé dans la ville
de Paris, pour combattre les troupes
Royales, que le Parlement a souffert & n’a
point donné d Arrest ainsi qu’il a accoustumé,
pour conuoquer le Ban & Arriere-ban,
afin d’exciter tous les François à
s’opposer courageusement à des attentats si
publics.

 

Sa Majesté verra dans vos Registres, que
les gens du Roy, ses Officiers particuliers
seuls honorez de ce nom, ont demandé auec
instance, Iustice au nom de la Couronne,
qu’elle ne leur a point esté accordée ; que
mesme on n’a point deliberé sur leurs conclusions.

Elle sçaura encore que sa Declaration
contre les rebelles a esté verifiée au Parlement,
que le temps de la grace que le Roy
leur auoit accordée pour se mettre en leur
deuoir est passé, & que l on pouuoit leur
faire sentir les peines deuës à leurs crimes, &
que par vn contraire jugement on en a surcis
l’execution.

Ces reproches d’vn Roy à ses Officiers,
d’vn Roy a ses Sujets d’vn Roy comme pere
à ses enfans sont si justes, qu’ils pourroient

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estre employez pour responses aux Remonstrances,
lesquelles dans les Siecles passez
ont bien plustost seruy pour allumer le feu
de diuision, qu’à l’esteindre.

 

Sa Majesté ne laisse pas de prendre asseurance
que cette premiere Compagnie du
Royaume, reprendra bien-tost son premier
esprit, pour se joindre auec celuy de son Souuerain,
en plaignant ensemble la fortune publique,
& la face de l’Estat, tout desolé par la
rebellion de quelques vns de ses Sujets, en
attendant que le Ciel fauorable à la France
fasse ressentir aux rebelles le poids de ses justes
armes, qu’elle luy aydera à abbatre entierement
par l’exemple qu’elle donnera de
son obeïssance toute entiere aux justes volontez
de son Monarque.

C’est l’vnique moyen d’establir le repos
dans le Royaume, qui affermira l’authorité
Royale, auec laquelle seule on peut faire
cesser l’extremité des miseres que le peuple
souffre.

Quand à Monsieur le Cardinal Mazarin,
il est sorty de France par le commandement
du Roy, & ainsi son obeïssance ne pouuant
estre criminelle, toutes les peines publiques

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preparées à l’en contre de luy sur ce sujet, ne
peuuent subsister.

 

Il a demandé justice à sa Majesté sur les
autres faits qui luy sont imposez ; & pretend
faire recognoistre que l’administration
publique, à laquelle il n’a pas eu part luy
seul, eust esté aussi aduantageuse à la France
dans les dernieres années de la minorité,
comme durant les premieres, si les factions
qui ont esté excitez dans l’Estat n’eussent
preualu.

Sa Majesté a pris resolution de luy rendre
la Iustice qui luy est deuë, elle attend les
charges & informations, & a enuoyé pour
cét effet ses Lettres Patentes au Parlement,
& aussi tost qu’elle les aura veuës, elle fera
response plus particuliere aux Remonstrances,
& vous enuoyera querir pour faire entendre
ses intentions à la Compagnie, &
témoignera par toutes ses actions, qu’estant
Majeur il veut regner auec justice.

FIN.

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