Anonyme [1649], REVELATION D’VN BON HERMITE, Sur la prochaine Paix generale & deliurance de Paris. , français, latinRéférence RIM : M0_3539. Cote locale : A_8_55.
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REVELATION
D’VN BON
HERMITE,
Sur la prochaine Paix generale &
deliurance de Paris.

A PARIS,
Chez CLAVDE BOVDEVILLE, ruë des Carmes,
au Lys Fleurissant.

M. DC. XLVIIII.

AVEC PERMISSION.

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REVELATION D’VN BON HERMITE :
Sur la prochaine Paix generale & deliurance de Paris.

AMY Lecteur, ayant vn desir extréme de contribuer
de ma part quelque chose au contentement
& à la ioye du public ; i’ay bien voulu te
faire participant de la Reuelation d’vn bon &
deuot Hermite, laquelle durant ces calamitez presentes
te doit fournir vn sujet capable de te réioüir & te consoler.
Connoissant donc de longue main ce bon Pere, dont
ie tais le nom & la demeure, à cause de sa modestie ; mesme
en ayant tousiours fait grand cas pour sa pieté & autres
vertus, ie me suis rendu si familier auec luy, qu’il n’a
point de difficulté à me découurir ce qu’il a de plus secret
dans l’ame. Depuis quelques iours estant venu à
Paris pour me voir, & apres quelques discours ordinaires
sur les troubles publics, me declara en cette sorte ce
qui luy estoit aduenu pendant les douceurs d’vn paisible
sommeil. Apres auoir acheué mes prieres, dit-il, & bien
versé des larmes, mes sens ne me sembloient qu’à demy
assoupis, tant les choses que ie vay vous apprendre, paroissoient
sensibles à mes oreilles & visibles à mes yeux,
lors que i’entendis vne voix qui s’addressa à moy en ces
termes : (Prens courage, tu auras en bref du soulagement
en tes trauaux, vn malheur estranger va causer la deliurance
de Paris :) Et à mesme temps, poursuiuit-il, ie vis
comme durant le serein d’vn beau iour, au plus haut de
l’air les Bannieres resplendissantes de l’Eglise Romaine,

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enuironnées d’vn nombre presque infiny d’Armes brillantes
auec les estendarts de l’Empire, de la France & des
Espagnes ; i’apperceu aussi les estendarts de quelques autres
Royaumes & Souuerainetez, mais ils paroissoient
fort peu : & le tout estoit porté ou conduit vers l’Angleterre
par vne petite legion d’Anges. Amy Lecteur, ie
crois que tu n’as pas besoin d’aucune explication pour
le recit de ces choses miraculeuses. Pour moy ie ne les
eus pas plustost oüis, que ma pensée se porta sur le detestable
patricide des Anglois, & sans m’arrester au rapport
de la ioye indicible qu’il en auoit conceuë, ie l’interrompis,
pour luy dire qu’asseurément Dieu par vne Paix
generale des Catholiques veut vnir les trois plus illustres
Potentats de la terre, assauoir l’Empereur, les Roys de
France & des Espagnes, afin de punir le crime abominable
de l’Angleterre, & qu’à ce dessein ils doiuent estre
secondez ou assistez de quelques autres Roys Catholiques,
Princes Souuerains, ou de puissantes Republiques.
Si l’on veut s’arrester à ce que predisent les Almanachs,
on trouuera qu’aucuns ont donné aduis de quelque chose
qui est conforme & approchant de ce que dessus : Dans
le mois de Feurier, disent ils, vn grand perira ; Et en suite
furieuse entreprise. Amy, Lecteur, par cette Paix generale
qu’on espere en peu de iours, tu dois attendre bientost
la fin des miseres ciuiles & intestines ; Et partant
prendre patience en tes maux, benir & loüer Dieu en tes
souffrances, & te consoler en s’escriant, que non est alius
qui pugnet pro nobis nisi tu Deus noster, puis qu’il veille continuellement
pour la conseruation de ton estre & de ta
vie. Adieu.

 

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