Anonyme [1649], TRES HVMBLE REMERCIEMENT faict au Roy & à la Reyne Regente, par les Bourgeois & habitans de Paris, du bon traittement qu’ont receu à S. Germain Nosseigneurs les Deputez du Parlement, auec supplication tres humble de r’amener le Roy en son Palais Royal. , françaisRéférence RIM : M0_3809. Cote locale : A_8_23.
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TRES HVMBLE REMERCIEMENT
faict au Roy & à la Reyne Regente, par les Bourgeois
& habitans de Paris du bon Traittement
qu’ont receu à S. Germain Nosseigneurs les Deputez
du Parlement, auec supplication tres-humble
de r’amener le Roy en son Palais Royal.

SIRE,

Vos tres-humbles, tres-fidels &
vrays subjets de vostre bonne ville de Paris,
rendent tres-humbles graces à vostre sacrée
Majesté, de la faueur qu’elle leur a fait de vouloir
entendre les Deputez de vostre Parlement, en
leur tres-humbles supplications & iustes remonstrances.
Ils s’imaginent bien Madame,
que leur vœux & leurs prieres qui ont eu accez
enuers Dieu, seront enfin exaucez de Vous, &
que vous entendrez par leur bouches les pleurs
& les gemissements d’vn million d’Ames innocentes,
qui ne respirent que de voir l’heureux retour
en cette ville de leur Roy & de vostre Majesté,

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& qui n’ont point autre malheur parmy
tant de troubles de guerre & de desordre, que
l’apprehension qu’on leur forme de vostre disgrace
& de vostre indignation : Mais Madame,
ils esperent que cette prouidence Diuine, qui les
soustient depuis six semaines de vostre depart &
qui les fait viure malgré les ennemis du Roy, de
vostre Majesté & de l’Estat, & qui nonobstant
leurs efforts les maintient & les conserue, que
cette mesme bonté Diuine touchera vostre
cœur, en telle sorte que vous cognoistrez la sincerité
des intentions de vostre Parlement de
la ville de Paris & de tout le Royaume, qui n’ont
de but ny de desir que la tranquilité publique, le
bien & repos de l’Estat, la paix generalle & vne
iuste administration des Finãces du Roy, qui est
le veritable maintien du Royaume, ils estiment
Madame, que si vostre Majesté fait ce bien au
Parlement d’agreer vne Conference, que cette
imposture qu’on oppose à leur Zelle, disant
qu’ils veulent changer l’Estat Monarchique en
vn gouuernement monstrueux, se destruira en
telle sorte qui n’en restera aucun doute en vostre
Esprit, que vostre Majesté recognoistra Sire, par
de veritables effets, que la Iustice est belle & admirable,
qu’en elle toutes les vertus sont sommairement
comprises, que la grandeur des Roys

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ne se mesure que par la justice qu’il rend à leurs
peuples, qu’auec iuste raison les Poëtes ont feint
que Minos l’exemplaire des Princes justiciers
estoit fils de Iupiter, que Thenis & Dicé estoiẽt
assis à ses costez, & que c’est auec sujet que l’Escriture
nous apprend que c’est par justice que les
Roys regnent, que celuy mesme qui portoit la
figure du Fils de Dieu auoit le nom de Melchisedech,
c’est à dire Roy de justice, lequel fut Roy
de Salem, c’est à dire Roy de paix, pour monstrer
à tous les Roys de la terre, que de la justice
despend la paix qui est la mere de tous les biẽs du
Ciel & de la terre. Mais nous supplions vostre
Majesté Madame, d’obseruer que ce qui fait demeurer
fermes & inebranlables les Estats, que
c’est la justice, qu’on a eu raison de dire que l’Empire
de Troye, fut renuersé par le moyen de l’Image
de Minerue qui fut rauie & enleuée, pour
vous monstrer Sire, que ce qui fait subsister ce
grand Empire, c’est cet Auguste Senat qui est le
veritable Paladium de la Monarchie, le maintien
& le gardien de vos ordonnances, lesquels
demeurant en leur entier, nous osons esperer
vne eternelle paix, laquelle nous demandons
tres-instẽment à vostre Majesté, auec vostre retour
en son Palais, priant Dieu Madame, qu’il
veüille combler de grace la grande administration

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qu’il vous a commise, & faire connoistre à
vostre Majesté, Sire, la sincerité des intentions
de ce grand peuple, qui n’a de plus passionné desir
que l’agrandissement de vostre Monarchie,
la prosperité de vos armes, & de vous faire cognoistre
auec tous les respects imaginables,
qu’en le malheur qui les accable, de la mesme
soubmission qu’ils osent leuer les yeux au Ciel,
ils se disent de vostre Majesté

 

SIRE,

Tres-humbles, tres obeïssans & tres-fidels
seruiteurs & sujets.

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Anonyme [1649], TRES HVMBLE REMERCIEMENT faict au Roy & à la Reyne Regente, par les Bourgeois & habitans de Paris, du bon traittement qu’ont receu à S. Germain Nosseigneurs les Deputez du Parlement, auec supplication tres humble de r’amener le Roy en son Palais Royal. , françaisRéférence RIM : M0_3809. Cote locale : A_8_23.