Anonyme [1649], TRIOLETS SVR LE TOMBEAV DE LA GALANTERIE, ET SVR LA REFORME GENERALE. , françaisRéférence RIM : M0_3871. Cote locale : E_1_45.
TRIOLETS SVR LE TOMBEAV DE LA GALANTERIE, ET SVR LA REFORME GENERALE. M. DC. XLIX.
TRIOLETS, SVR LE TOMBEAV de la galanterie, ET SVR LA REFORME generale.
Belles Infantes de Paris, Que triste est la galanterie ; En repos en sont vos maris, Belles Infantes de Paris ; Le petit Mignon de Cypris, En pleure incessamment et crie ; Belles infantes de Paris Que triste est la galanterie.
Mars ayant exilé l’Amour Des enceintes de cette ville ; Ennuyeux en est le sejour, Mars ayant exilé l’Amour : Vostre beauté n’a plus la Cour, Vostre aggréement est inutile,
Tous ses traicts les plus amoureux Qui blessoient les plus insensibles, Ils ne sont plus si dangereux Tous ses traicts les plus amoureux ; Ils ne font plus de langoureux, Leurs pointes ne sont plus nuisibles, Touts ses traits les plus amoureux Qui blessoient les plus insensibles.
Ces compliments, ces doux propos, Dont vos amants flattoiẽt vos charmes ; Ils sont maintenant en repos, Ces compliments, ces doux propos : Les douceurs, & les petits mots S’accordent mal auec les armes ; Ces compliments, ces doux propos, Dont vos amants flattoient vos charmes.
La fleurette est hors de saison, L’on ne parle plus que d’affaire, Parler d’Amour c’est estre oison La fleurette est hors de saison :
Helas ! que viure est ennuyeux Dedans de si fascheuses peines, La mort me plairoit beaucoup mieux, Helas ! que viure est ennuyeux, Dites belles, Pleurés mes yeux Et changés-vous en deux fonteines, Helas ! que viure est ennuyeux Dedans de si fascheuses peines.
Dans le caquet le plus galant Le meilleur mot est de farine, Et l’on parle de pain chalant ; Dans le caquet le plus galant, Chacun n’occuppe son talent Que pour combattre la famine, Dans le caquet le plus galant Le meilleur mot est de farine.
Vous aués fait ce Carnaual Plus qu’en Caresme penitence, Sans festins, sans foire, & sans bal,
Auecque tous les passe-temps L’allegresse est esuanouye : L’on ne l’a point veu dans ce temps Auecque tous les passe-temps ; On dira parmy nos enfants, Comme chose toute inouye, Auecque tous les passe-temps, L’allegresse est esuanouye.
Des prodigues enfarinés, Dont l’esprit gist en la despence, Le credit a cent pieds de nés Des prodigues enfarinés ; Vos plaisirs en sont ruinés Par le de faut de la finance, Des prodigues enfarinés Dont l’esprit git en la despence
Belles Infantes vos amours Ne se repaissent plus de bisque,
Il faut noyer cét homme aux glans Qui vouloit perdre nostre ville, Par luy vous perdés vos chalans, Il faut noyer cét homme aux glans ; Par luy le mestier des galans Est vn mestier bien inutile, Il faut noyer cét homme aux glans Qui vouloit perdre nostre ville.
Si la Reyne ne fait la paix Ne faut plus parler de vos charmes, Il faudra coudre desormais Si la Reyne ne fait la paix : Priés donc l’Amour que iamais Paris ne reprenne les armes, Si la Reyne ne fait la paix Ne faut plus parler de vos charmes.
Les plaisirs seront superflus,
Sans bals seront tous les Hiuers, Sans festins, & sans mascarades ; Les Printemps seront sans pois vers, Sans bals seront tous les Hiuers : Les Estés seront sans couuers, Sans plaisirs, & sans promenades : Sans bals seront tous les Hiuers, Sans festins, & sans mascarades.
La belle & la douce saison, Où Baccus espouse Pomonne ; Et qui se nomme auec raison La belle & la douce saison : Desormais sur nostre horison Sans vendange sera l’Automne La belle & la douce saison, Où baccus espouse Pomonne.
Que demandront vos affiquets, Si morte est toute l’amourette, Si l’on ne voit plus de coquets, Que deuiendront vos affiquets : Que deuiendront tous vos caquets, Si l’on ne chante plus fleurette : Que deuiendront vos affiquets, Si morte est toute l’amourette.
Vostre beauté s’aiuste en vain, A ses traicts l’on est insensible ; Alors que l’on ressent la faim, Vostre beauté s’aiuste en vain : Auecque le defaut de pain Tout amour est incompatible : Vostre beauté s’aiuste en vain, A ses traicts l’on est insensible.
Dans le Cours ce temple d’amour, On n’y fait plus de sacrifices, Vous n’y tenés plus vostre Cour, Dans le Cours ce temple d’amour, Mesmes tous les lieux d’alentour Sont despoüillés de leurs delices : Dans le Cours ce temple d’amour On n’y fait plus de sacrifices.
L’Alemant & le Polonnois S’ils vous y rencontroient, mes belles, Ils vous baiseroient en François, L’Alemant, & le Polonnois : Vous les trouueriés plus courtois Que les coquets dans vos ruelles ; L’Alemant et le Polonnois, S’ils vous y rencontroient, mes belles.
Ce grand & ce pompeux seiour De toutes vertus & de vice, Paris ne verra plus la Cour, Ce grand & ce pompeux seiour ; Tant qu’on y battra le tambour Autant perdra-t’il ses delices, Ce grand & ce pompeux seiour De toutes vertus & de vices.
Grands Dieux qu’on nomme si prudens Par le support de tous les hommes, Pour préuoir à tous accidens, Grands Dieux qu’on nomme si prudens : Que feront donc les faineants En ce triste siecle où nous sommes ; Grands Dieux qu’on nomme si prudens Par le support de tous les hommes.
Ces adroits & souples espris Qui viuent par leur industrie, Dedans ce temps ils sont bien pris, Ces adroits & souples espris : Les plaisirs de Lame Cypris Ne seruent plus de Metairi, Ces adroits & souples espris Qui viuent par leur industrie.
Vous Violon & Comedien, Et toute vostre aymable trouppe, En ce temps vous ne gagnez rien, Vous Violon & Comedien, Si le temps dure il faudra bien Faire vos festins d’vne souppe : Vous Violon et Comedien Et toute vostre aymable trouppe.
Vous qui viuez par le plaisir Que produit vostre ministere, Vous estes à present de loisir, Vous qui viuez par le plaisir ; Autre employ vous deuez choisir : Personne n’a de vous affaire, Vous qui viuez par le plaisir Que produit vostre ministere
Par la seule necessité De la bource l’argent se tire ; Quoy que Paris n’ait pas traité, Par la seule necessité, Et l’on faict auec liberté, Ce qu’en autre temps eut fait rire : Par la seule necessité De la bource l’argent se tire.
Necessité force les loix, Le cours maintenant est aux Hales, L’on y voit gens de tous emplois, Necessité force les loix : Les femmes de nos vice-Rois N’y sont pas les plus liberales ; Necessité force les loix, Le cours maintenant est aux Hales.
L’on voit au marché le patin Et le masque de Damoiselle ; Le poinct de Gennes, & le satin, L’on voit au marché le patin ; Que la seruante fait sur elle ; L’on voit au marché le patin, Et le masque de Damoiselle,
Reyne, qui pensiés nous punir Par cette malheureuse guerre, La France vous en doit benir, Reyne, qui pensiés nous punir : Nous allons voir à l’auenir Vne reforme en cette terre ; Reyne qui pensiés nous punir Par cette malheureuse guerre.
Nous verrons regner le bon-temps Et le mesnage de nos peres ; Que les François seront contens, Nous verrons regner le bon-temps : Pour moy ie l’espere & l’attens, Comme le fruict de nos miseres ; Nous verrons regner le bon temps, Et le mesnage de nos peres.
De soy-mesme le Parlement A commencé cette reforme Il se corrige promptement, De soy-mesme le Parlement : Il faut que tout pareillement, La France sur luy se conforme ; De soy mesme le Parlement, A commencé cette reforme.
Ces iustes & sages Censeurs Que toute la terre contemple, De Caton sont des successeurs, Ces iustes & sages Censeurs : Ils doiuent pour former nos mœurs, Nous donner le premier exemple, Ces iustes et sages Censeurs Que toute la terre contemple.
Ils ont exilé de chez eux Toute Financiere opulence, Et ce qui fait des enuieux, Ils ont exilé de chez eux ; Vn pauure, s’il est vertueux, Vaut mieux qu’vn sot dans l’abondance ; Ils ont exilé de chez eux Toute Financiere opulence.
Nos Seigneurs iront au Palais, Comme au temps passé sur des mules, Auecque vn Clerc & sans laquais Nos Seigneurs iront au Palais : Et ils ne souffriront iamais Ny des Armands, et ny des Iules : Nos Seigneurs iront au Palais, Comme au temps passé sur des mules.
Chez eux on aura de l’accez Sans passer par le Secretaire, Pour solliciter le procez Chez eux on aura de l’accez : Quoy qu’il ignorent ces excez De le sçauoir c’est leur affaire, Chez eux on aura de l’accez Sans passer par le Secretaire.
Mes Dames leur chere moitié, Ne trancheront plus des Princesses, Elles auront tapy de pied, Mes Dames leur chere moitié : Mais ce sera sans marche-pied En laissant l’estrade aux Duchesses ; Mes Dames leur chere moitié Ne trancheront plus des Princesses.
Viure à la mode de la Cour N’est pas chose bonne pour elles : L’on ne doit point en ce seiour Viure à la mode de la Cour : C’est là qu’en son trosne l’Amour Commande à baguette aux femelles : Viure à la mode de la Cour N’est pas chose bonne pour elles.
Cette pudique honnesteté Qui faisoit l’honneur de nos meres, Est en Cour vn nom inuenté, Cette pudique honnesteté : L’on y dit qu’auec la beauté C’est vn songe plein de chimeres, Cette pudique honnesteté Qui faisoit l’honneur de nos meres.
Ce qu’on nomme vn crime à Paris En Cour ce n’est que bagatelle ; Permis y sont les fauoris, Ce qu’on nomme vn crime à Paris : En Cour si l’on se fait maris Iamais on n’espouse pucelle ; Ce qu’on nommé vn crime à Paris En Cour ce n’est que bagatelle.
Ce Ialoux, & non sans raison, Qui fit chanter les Füeillantines, En Cour il passa pour oison, Ce Ialoux, & non sans raison : Il deuoit de cornes foison Souffrir sans faire tant de mines, Ce Ialoux, & non sans raison Qui fit chanter les Fueillantines.
Par leur sagesse et leur vertu Nos femelles seront des Anges ; On va voir le lucre abbatu, Par leur sagesse & leur vertu : Allons, ma Muse, qu en dis-tu ? Il leur faut donner des loüanges, Par leur sagesse & leur vertu Nos femelles seront des Anges.
La galande occupation De caquetter dans les ruelles Fera de la confusion, La galande occupation : La maudite tradition N’enseignera plus aux femelles La galande occupation De caquetter dans les ruelles.
Restablissez dans vostre Estat Vne reforme toute entiere, Auec l’amour du Potentat, Restablissez dans vostre Estat : Il est en pitoyable estat, Et tout proche du cimetiere ; Restablissez dans vostre Estat Vne reforme toute entiere
Dessus la personne des Rois, Il sçait qu’vn peuple prend modelle ; De reforme il estend les Lois, Dessus la personne des Rois : Car s’il a fait ieusner deux fois Le nostre, c’est par vn bon zele, Dessus la personne des Rois Il sçait qu’vn peuple prend modelle.
Toutes nos Dames de Paris Reforment leur coquetterie ; Et n’ayment plus que leurs maris, Toutes les Dames de Paris ; Elles font gloire du mespris, De toute leur affetterie ; Toutes les Dames de Paris Reforment leur coquetterie.
Ce qu’elles font pour la vertu Faictes-le pour la Politique ; Imitez d’vn zele assidu, Ce qu’elles font pour la vertu ; Elles ont tout luxe abbatu, Vous chassez toute gent inique ; Ce qu’elles font pour la vertu, Faictes-le pour la Politique.
Pour reformer ce grand fardeau, Qu’aysément le Chancelier porte Reine, separez-en le Sceau, Pour reformer ce grand fardeau : Cela ne sera pas nouueau, Sillery l’a veu de la sorte : Pour reformer ce grand fardeau Qu’aysément le Chancelier porte.
Le bien est chez les Partisans Et chez le peuple l’indigence, Tous François en sont déplaisans, Le bien est chez les Partisans ; Que dira-t’on, si dans les ans Qu’on compte dans vôtre Regence, Le bien est chez les Partisans Et chez le peuple l’indigence ?
Par vn équitable reuers, Leur fortune sera changée, Et nous les verrons à l’enuers, Par vn equitable reuers ; La France par eux mise aux fers, De leurs larcins sera vangée, Par vn equitable reuers, Leur fortune sera changée.
Ces gros pourceaux si bien nourris, Qui s’engraissoient dans la finance, Ils vont estre bien amaigris, Ces gros pour ce aux si bien nourris : Car ils rendront ce qu’il ont pris, Mesme peut-estre à la potence, Ces gros pourceaux si bien nourris Qui s’engraissoient dans la finance.
Tous ces beaux Palais enchantés Bastis de vols & de rapines, Ils ne seront plus habités Tous ces beaux Palais enchantés ; Ils sont de toutes nos Cités Esleués dessus les ruines, Tous ces beaux Palais enchantés Bastis de vols & de rapines.
Ces beaux ameublements exquis Qui faisoient honte à ceux des Princes, Ne pareront plus leur logis, Ces beaux ameublements exquis : On sçait bien qu’ils les ont acquis Du sang de toutes nos Prouinces, Ces beaux ameublements exquis, Qui faisoient honte à ceux des Princes.
Leurs tables vont changer de mets, Adieu perdris, adieu becasses, Vous n’y paroistrés plus iamais, Leurs tables vont changer de mets : Bien-heureux s’il ont desormais, Du pain bis dedans leurs besaces ; Leurs tables vont changer de mets, Adieu perdris, adieu becasses.
De monnoye & de Caroius Toute la source en est tarie, Et tout ce flus & ce reflus De monnoye, & de Carolus ; Le Parlement a le dessus, En retranchant leur volerie, De monnoye, & de Carolus, Toute la source en est tarie.
Ces gros messieurs nés paysans Parmy les sabots & les guestres, Deuenoient riches en deux ans, Ces gros Messieurs nés paysans, Plus Nobles que nos Courtisans Ces coquins vantoient leurs ancestres, Ces gros Messieurs nés paysan Parmy les sabots & les guestres.
Faudra prendre le bonnet vert, Pour se garantir de la cage ; Si l’an ressemble à cét Hyuer Faudra prendre se bonnet vert : Ils pourront se mettre à couuert, Par ce moyen de tout orage, Faudra prendre le bonnet vert Pour se garantir de la cage.
Quand on les renuoiroit tous nus, Ce n’est pas leur faire iniustice : Ils sont de la sorte venus, Quand on les renuoiroit tous nus, Leur oster biens & reuenus C’est pour eux le moindre supplice, Quand on les renuoiroit tous nus Ce n’est pas leur faire iniustice.
Grande Reyne, on l’attend de vous ; Cette reforme est necessaire, Ce supplice est encor trop doux ; Grande Reyne on l’attend de vous : De ces tigres deliurés-nous, Quoy qu’on vous préche le contraire : Grande Reyne on l’attend de vous, Cette reforme est necessaire.
Quand au monde estoit vostre espoux Vostre cœur sentoit nos miseres, Vos yeux en pleuroient auec nous, Quand au monde estoit vostre espoux : Mais lors qu’on a recours à vous, Vous estes sourde à nos prieres ; Quant au monde estoit vostre espoux Vostre cœur sentoit vos miseres.
Leurs fortunes ils ont basti De la France sur la ruine : Par la maltotte, & le parti, Leurs fortunes ils ont basti, Pour eux Paris est inuesti Pour vouloir punir leur rapine, Leurs fortunes ils ont basti De la France sur la ruine.
Par vn coup de vostre equité Daignés retourner la medaille, Changés leur luxe en pauureté, Par vn coup de vostre equité : Et changés en prosperité Tant de douleur qui nous trauaille ; Par vn coup de vostre equité Daignés retourner la medaille.
De faire vn chef-d’œuure parfait Que vostre bonté se dispose, Vostre cœur sera satisfait, De faire vn chef d’œuure parfait : Des vœux pour vous la France fait, Protegés-la dans cette cause, De faire vn chef-d’œuure parfait Que vostre bonté se dispose.
Le conseil n’est iuste, ny bon, Qui fait craindre vostre Regence, Il fait grand tort à vostre nom, Le conseil n’est iuste ny bon : Vous vous serués trop ; ce dit-on, Comme vostre espoux, d’Eminence : Le conseil n’est iuste ny bon Qui faict craindre vostre Regence.
FIN. |
Section précédent(e)
|
Anonyme [1649], TRIOLETS SVR LE TOMBEAV DE LA GALANTERIE, ET SVR LA REFORME GENERALE. , françaisRéférence RIM : M0_3871. Cote locale : E_1_45.