Anonyme [1649], VERS SATYRIQVES SVR LES NOMS ET VIES des Partisans, &c. , françaisRéférence RIM : M0_4020. Cote locale : E_1_46.
VERS SATYRIQVES SVR LES NOMS ET VIES des Partisans, &c. A PARIS, M. DC. XLIX.
PREDICTIONS DE L’AN M. DC. XLIX.
Maladies d’esprit affligeront les hommes, Chacun se mouuera pour secoüer le fais Et des escus cachez s’amoindriront les sommes, Amassez par le dol, la fraude & les forfaits
Les possesseurs des vols faits par longues années Seront en grand danger d’estre tirez au col, Par Iustice, ou plustost par le peuple qui fol, Pousse sans y penser le cours des destinées.
Flatteurs incommodez, arrons troublez ce semble, Pour auoir trop gratté la playe du commun, Plusieurs seront surpris & attachez par vn, Qui a mis trop de biens & de tresors ensemble.
Le reglement ja fait perdra sa grand puissance, Et les desesperez crieront tout hautement, Dieu veuille encourager la Cour de Parlement, Qui trauaille à present pour reflorir la France.
Fa la la la.
Vsez de vostre puissance, Sire, chassez l’Eminence, Vous ferez vn bien en France Qui iamais ne s’oublira.
Fa la la la.
Si Monsieur a du courage Il fera mettre en la cage Mazarin & son lignage, Où bien il s’en defera. Fa la la la.
Gaston mettez la Riuiere Dans la mer ou dans la biere, Et Mazarin en poussiere, La France vous benira. Fa la la la.
La Reyne dans sa Regence Fait beaucoup souffrir la France, Pour proteger l’Eminence, Qui pourtant la trompera. Fa la la la.
C’est vn sot que la Riuiere, S’il ne fait passer carriere Sans remise & sans priere A Iulle Mazarina. Fa la la la.
A la prise de Brousselle Le siecle d’or renouuelle, Mazarin en a dans l’aisle Par ce beau miracle là. Fa la la la.
Le Prince dont la sagesse Rauissoit en sa ieunesse Les Docteurs & la Noblesse, Vit à present en Galba. Fa la la la.
Les vns font le Democrite, Les autres comme Heraclite, Mazarin la chatemitte, Dit qu’il les attrapera. Fa la la la.
Quoy que fasse l’Eminence Auecque sa complaisance, Il ne dit pas ce qu’il pense De tous les soupçons qu’il a. Fa la la la.
RESIOVISSANCE
Tous tes vœux seront exaucez, Car le Parlement continuë A trauailler faisant reueuë Des Iustes qui sont trespassez.
Desia d’Hemery enragé D’vn billet de son Eminence, Fait gille en grande doleance, N’ayant d’aucun pris son congé.
Mais pour cela ce n’est pas fait, Car dans peu Chambre de Iustice Luy doit ordonner vn supplice Correspondant à son forfait.
Le peuple est en impatience De voir estrangler d’Hemery, De crainte que Mazariny Ne le tire de la potence.
Car ie ne crois pas qu’on ignore Que par deux fois il a esté Tout prest a estre executé Mais son demon regnoit encore.
Contre d’Hemery chassé de la Sur-Intendance.
Messieurs du haut Conseil c’est fort bien disposé, D’oster au grand larron la bourse de la France, Mais s’il n’est despoüillé de toute la Finance, Ne croyez pas, Messieurs, l’auoir bien deposé.
Vn Greffier de la Cour disoit en son bureau, Qu’il falloit tout saisir iusqu’au moindre complice, Et les ayans purgez en Chambre de Iustice, Les faire tous perir par les mains du boureau.
De moy, quoy qu’il nous ait osté paix & repos, Pour faire à ce coquin plus de misericorde, I’appelle de l’Arrest qui conclud à la corde, Et requiers seulement qu’on luy rompe les os.
Epigramme.
François vous deuez auoir peur Que Mazarin soit infidelle, La raison en est claire & belle, Car son premier mestier fust celuy de pipeur.
Desespoir de Mazarin.
Mazarin est bien empesché, Il ne sçait plus où se caché, Chacun tasche de le surprendre, Rome a iuré de le brusler Madrid de le rouer ou pendre, Et Bruxelle de l’empâler.
Les Anglois & les Allemans Disent tous qu’ils seront contens
Les François disent hautement, Que quand mesme le Parlement Luy auroit accordé sa grace, Iamais il n’en eschappera, Et quoy qu’au contraire l’on fasse, Par la morbleu qu’il en mourra.
L’autre iour ils tinrent Conseil, Où quelques-vns d’auis pareil Le condamnoient à la potence, Mais tous dirent que c’estoit peu, Et que pour purger son offense, Falloit qu’il perit par le feu.
Qu’apres l’auoir tout fait brusler, L’on feroit ses cendres voller Par tous les endroits de la France, Afin qu’on sçache en chaque lieu, Qu’on a deffait son Eminence Pour faire sacrifice à Dieu.
Aduis general contre les Maltotiers.
OV mettra-on le Comte de Gien, Volleur de Sceau contraire aux gens de bien, Qui n’a bonté connuë ny secrette, Qui est rauy de porter vne aigrette ? O le vilain ! qu’il est remply de bouë, Vn tombereau qu’on le traisne à la rouë.
Où mettra-t’on l’infame d’Hemery, De l’Estranger l’orgueilleux fauory, Ce seroit peu de le mettre au carcan, Ou bien faudroit qu’il y fust plus d’vn an, D’autant qu’il est auteur de banqueroute ? Au Pillory mettez le c’est sa route.
Où mettra-t’on cet opulent Bordier, Mal gracieux pour fils d’vn chandelier, Pour descouurir des Partisans Linganne ? Comme vn pendart traitez-l’à coup de canne, Et s’il ne dit en bref la verité, A coups de barre il doit estre traitté.
Où mettra on celuy qui traffiquoit Des graces en blanc, des rogneurs profitoit Qui en faisoit à chacun bon marché, C’est Monthoron, qui deuroit estre haché ?
Où mettra-t’on Gandon, dit la Raliere, Qui encherit & le vin & la biere, Autheur d’imposts, de mille cruautez, Qui a les prix des choses augmentez, Et dont Paris a souffert l’insolence ? Iettez au feu sortant de la potence.
Où mettra-t’on ce morne charlatan Ce violon, ce fourbe Catelan, Cet orgueilleux, cet infame & faussaire, Qui a surpris & Sergens & Notaire ? Faut le tirant auec ses cheuaux Le demembrer pour expier ses maux.
Où mettra-t’on Tabouret qui menace Les gens d’honneur de porter la bezace, C’est luy qui a traicté de belles gens, Qui sçait l’escueil du Te Deum de Lens ? Puis qu’il est Iuif, estant fils de frippier, Il faut qu’il soit bruslé sur le trippier,
Où mettra-t’on le Febure ambitieux Plus qu’aucun autre auide & vitieux, Dont nous aurons vne excessiue ioye, Quand le boureau en aura fait sa proye ?
Où mettra-t’on les autres Partisans, Tous les fauteurs & suppots des Gallans, Des Cornuels & toute leur sequelle, Dont la naissance est toute telle quelle ? Auant Auril six cens quarante-neuf, Faut leur dresser vn gibet tout de neuf.
Cest là le fait de ces Monopoleurs, De ces hardis & scelerats voleurs, C’est là le cas de toutes ces harpies, Qui de nos biens ont leurs bourses remplies, Sans pardonner à l’infame mary, De la Petit, garce de d’Hemery.
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