Cinq-Cieux, Souil de [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DE PARLEMENT. Touchant les plaintes que Loüis Duc d'Orleans, beau-frere du Roy Charles 8. fit en Parlement, le 17. Ianuier 1484. Contre l'Enleuement de ce Roy par Anne de France Comtesse de Beau-jeu sa Sœur, sur ce que sa Majesté n’estoit en liberté, & que ce n'estoit point le Roy qui agissoit. AVEC DES OBSERVATIONS HISTORIQVES & Politiques. Par SOVIL DE CINQ-CIEUX. , françaisRéférence RIM : M0_1354. Cote locale : B_5_20.
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EXTRAICT
DES REGISTRES
DE PARLEMENT.

Touchant les plaintes que Loüis Duc d'Orleans,
beau-frere du Roy Charles 8. fit en Parlement,
le 17. Ianuier 1484.

Contre l'Enleuement de ce Roy par Anne de France
Comtesse de Beau-jeu sa Sœur, sur ce que sa Majesté
n’estoit en liberté, & que ce n'estoit point le Roy
qui agissoit.

AVEC DES OBSERVATIONS HISTORIQVES
& Politiques.

Par SOVIL DE CINQ-CIEUX.

A PARIS,
Chez IACOB CHEVALIER, prés Saint Iean
de Latran.

M. DC. LII.

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A MONSEIGNEVR
MONSEIGNEVR
LE DVC
D’ORLEANS
LIEVTENANT GENERAL
DV ROYAVME, PENDANT
L’ABSENCE ET LA CAPTIVITÉ
DV ROY.

MONSEIGNEVR,

Ceux qui ont mis de la fatalité dedans les Noms,
n’ont pas esté superstitieux par tout, puisque nous

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en voyons plusieurs qui ne produisent que des malheurs,
& d’autres qui semblent n’estre accompagnez
que de gloire & de felicité. Voicy vn Duc d’Orleans
qui dit que ses Ancestres n’ont iamais causé que du
bonheur à la France, & Vostre Altesse Royale fera
connoistre que ses successeurs sont les appuis de la
Couronne, & les restaurateurs de la Monarchie
Françoise. Toutes vos actions sont autant de preuues
de l’affection que vous auez pour appuyer vn
Throsne où vous auez tant de part, & ceux qui
ont voulu en condamner quelques-vnes, n’ont fait
paroistre que leur Tyrannie, & l’injustice qu’il vous
ont faite. Ce que vous poursuiuez aujourd’huy,
Monseigneur, n’est pas sans exemple, & la qualité
que vous prenez de Lieutenant General du Royaume
pendant l’absence & la captiuité du Roy vostre
Néueu, n’est point vne entreprise sur la Royauté,
mais vn deuoir que vostre rang & vostre naissance
demande de vostre authorité pour empescher qu’on
ne renuerse vn Sceptre que des mains prophanes
corrompent & taschent de Briser. Celuy qui le tient
n’en est qu’vsufructier, & n’en peut abuser ; & ceux
qui en sont les soustiens & les participans comme
vous, ont droit d’empescher que des estrangers ne s’en
emparent pour vous traitter auec plus de mespris
& plus d’insolence. Vous conoissez ces verités, Monseigneur,
& vostre Altesse Royale en doit apprehender

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la suitte & les euenemens ; pour regner
on viole tout, & n’y a plus rien de
sacré ; vne femme offencée & remplie d’ambition,
ne sçait plus pardonner ; & ceux qui
la gouuerner ne trouuans leur salut que dedans ;
vostre ruine & vostre abaissement, ne
luy conseilleront iamais que des choses funestes
& violentes pour se conseruér en vous
perdant Le pouuoir souuerain ne se partage
point, il n’y a plus de fidelité parmy les Courtisans,
& les Ministres d’Estat les plus nouueaux
ont pour Euangile, qu’il ne faut pas
estre à demy meschans. Vous verrez dans cét
Extraict, Monseigneur, comme le trop de respect,
& le trop de circonspection de Louis Duc
d’Orleans, ne fit qu’augmenter la haine & la
ialousie d’Anne de Beau-ieu sa belle-sœur,
& que sans considerer qu’il deuoit estre Roy
apres son frere qu’elle tenoit en captiuité, elle
le fit mettre prisonnier dedans la grosse Tour
de Bourges, d’où il ne sortit quasi que pour
monter sur le Throsne, & prendre le nom
de Louys XII. Les affaires d’Estat demandent
quelque chose de plus ferme & de plus pressant
que les Ordinaires ; & les maladies publiques
qui tourmentent tant de particuliers
innocens, veulent des remedes qui emportent

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la cause sur le champ, & qui ne se reïterent
point que pour en augmenter & redoubler la
dose. Pour guerir la gangraine qui est au bout
du pied, on ne marchande point pour couper
toute la iambe ; & qui pourroit d’vn seul
coup mettre le Royaume en Paix, & les Sujets
en repos, tres-asseurément il ne pourroit
estre que iuste & religieux, puis qu’il feroit
tant de bien, & causeroit tant de bonheur.
Toute la France, Monseigneur, vous a
choisi pour cela, elle vous regarde comme son
Consolateur, & son Liberateur, elle n’a plus
d’esperance qu’en vostre Iustice & en vostre probité,
& croit que vous laissant toucher de
ses maux & de ses miseres, vous vous lasserez
de la voir languir comme elle fait depuis tant
d’années. Et si Louys d’Orleans vostre predecesseur
a merité le surnom de Pere du peuple, qui
le rend si aymable & si glorieux dedans le souuenir
des hommes ; Vostre Altesse Royale fera
dire aux siecles à venir, que Gaston Duc
d’Orleans n’a pas esté seulement le Pere des
François, mais le Restaurateur de l’Estat, &
le Conseruateur de tous les Sujets de sa Majesté.
Nous attendons cette consolation de vostre
bonté sans égale, & que Vostre Altesse Royale
aura compassion de tant de languissans qui n’ont

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plus de voix que pour se plaindre, & pour luy
demander protection par la plume & les supplications
de

 

MONSEIGNEVR,

Vostre tres-humble, tres-fidelle,
& tres-obeïssant seruiteur,
SOVIL DE CINQ CIEVX.

A Paris ce 19. Aoust 1652.

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