LETTRE DE MONSEIGNEVR
LE
DVC DE GVISE
à la Reyne Regente, sur son iniuste
detention à Naples, & sur son
affection pour Mademoiselle
de Pont.

MADAME,
I’auois tousiours esperé de vostre Majesté, que hasardant
ma vie, luy conquerant des Prouinces, luy assuietissant
des Royaumes, & maintenant par ma seule
resolution des peuples dans la fidelité, sans argent, &
sans pain, comme la guerre sans poudre, & sans soldats,
exposant ma personne dans les perils continuels,
où ie me trouue tousiours, ou de trahison, ou de poison,
& ne pretendant pour recompense de mes seruices,
que de pouuoir, apres tant de trauaux passer heureusement

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le reste de mes iours auec Mademoiselle
de Pons, elle la considereroit, pour me tesmoigner
auoir quelque satisfaction des soins que ie prens icy
de luy rendre des seruices si perilleux, estant trahy, &
abandonné de tout le monde, que ie peux dire estre
le seul qui eust osé penser d’entreprendre pareil.
I’auoüe, MADAME, que i’ay appris auec vn desespoir
extreme la rigueur, dont vostre Majesté a vsé enuers
elle, ie la supplie tres humblement de vouloir en consideration
de tout ce que i’ay fait, & de tout ce que ie
pretens faire pour les seruices de la Couronne, m’accorder
pour recompense quelle soit, & traictée &
cõsiderée d’vne autre façon Ce que i’espere de sa bonté,
si elle veut conseruer le repos & la vie de la personne
du monde, qui est plus veritablement, & auec plus
de respect,

 

MADAME,

De vostre Majesté le tres-humble, tres-obeyssant,
& tres-fidel suject, & seruiteur.